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Politique Publié le vendredi 2 novembre 2012 | L’intelligent d’Abidjan

Situation sécuritaire / Traitement des informations dans la presse : K. Hyacinthe et Des Ivoiriens se prononcent

© L’intelligent d’Abidjan Par DR
Crise post-électorale: éléments des Forces républicaines (FRCI)
Photo: soldats des ex-Forces armées des forces nouvelles en route quittant Bouaké
Depuis Août 2012, des attaques de postes des FRCI par des assaillants qualifiés de pro-Gbagbo sont récurrentes en Côte d’Ivoire. La presse ivoirienne en fait ses choux en barrant à la Une de ses parutions des alertes d’attaques. Mais, dans un pays où existent des services de renseignements généraux, est-ce le rôle de la presse d’avertir à chaque fois et dénoncer des velléités d’attaques ? Y-a-t-il un intérêt à écrire qu’il y a des assaillants infiltrés à Abidjan ? Les Ivoiriens ont donné leurs avis.
Améa Jacquot, chef d’entreprise : ‘‘La presse doit s’inscrire dans le processus de la réconciliation’’
«Ce qu’il y a lieu de faire, c’est d’être objectif dans les écrits. Qui fait la presse ? c’est vous les journalistes. Vous êtes avant tout des hommes. Donc, lorsque vous détenez des informations sur la situation sécuritaire du pays et que vous aimez votre pays. Ce n’est pas la peine de publier, puisqu’on est en plein dans un processus de réconciliation. Lorsque vous écrivez pour alerter sur d’éventuelles attaques, sachez que ça peut décourager les investisseurs. Que ce soient des investisseurs ivoiriens ou étrangers. La presse doit s’inscrire dans le processus de la réconciliation. C’est ce dont le pays a le plus besoin aujourd’hui. Si vous aimez votre pays, c’est d’être objectifs dans vos écrits et faire en sorte que ces écrits n’enflamment pas une fois encore le pays. Il y a des sujets que vous ne devez pas aborder actuellement.»

Essoh Edjeme, sans emploi : ‘’Les titres alarmants stressent la population’’
«Effectivement, les titres alarmants stressent la population. Quand on se lève le matin et que les titres des journaux annoncent qu’il y a une attaque qui se prépare par-ci, ‘’des assaillants par-là’’. Pour nous qui sommes en quête d’emplois et qui nous débrouillons avec de petits métiers, nous avons peur de sortir. On a peur de sortir parce qu’on pense qu’il y aura effectivement des attaques. Nous avons vu ce qui s’est passé en 2011, pendant les attaques lors de la crise postélectorale, et donc quand c’est comme ça, chacun est sur ses gardes. Ce n’est donc pas opportun que la presse dans son ensemble barre à la ‘’Une’’ avec ce genre de titre. Et puis très souvent, ça ne s’avère même pas exact. Quand la presse avertit, il n’y a pas d’attaques et le jour où aucun journal n’a averti, des attaques surviennent. Vraiment, c’est mélangé et on a l’impression que c’est uniquement de l’intox que les journaux nous servent sur cette question. Si la presse a des informations concernant d’éventuelles attaques, c’est mieux d’informer la brigade de recherche de la gendarmerie, la police pour enquêter que d’écrire pour alarmer la population. Ainsi, les autorités en charge de la sécurité des Ivoiriens prendront leur disposition et nous, on sera tranquille. En conclusion, je pense que ce n’est pas opportun de donner ce genre d’informations»
Adjoumani Jean, agent immobilier : ‘‘Certains organes ont annoncé les attaques de Noé, l’on a pensé que c’était de la fiction, mais c’est arrivé’’
«Je pense qu’il n’est pas mauvais d’informer. A mon sens, la presse a pour rôle d’informer et d’éduquer la population. Elle a aussi pour rôle de prévenir. Voyez-vous, avant la rébellion 2002, vous avez remarqué que la presse avait commencé à en parler, à annoncer, à avertir. Mais, le pouvoir en place n’a pas pris ce fait au sérieux et nous avons vu ce qui est arrivé. Donc, ce n’est pas mauvais en soi pour la presse d’annoncer des faits sur la sécurité intérieure, sur d’éventuelles attaques qui pourraient arriver ou d’assaillants infiltrés. Certains organes ont annoncé les attaques de Noé, l’on a pensé que c’était de la fiction, mais c’est arrivé. Pour ce qui est des investisseurs, ces annonces bien au contraire devraient leur permettre de prendre leur disposition avant de venir investir. Il n’y a pas un pays au monde avec la tolérance zéro en matière de sécurité. L’investisseur est d’abord et avant tout, quelqu’un qui doit avoir le goût du risque. L’investisseur, même en période de paix, doit prendre des dispositions sécuritaires personnelles pour la pérennité de son affaire».

M. Diby Séraphin, Sociologue : ‘‘La psychose est pendante. C’est donc normal que, l’Ivoirien soit régulièrement informé’’
«Votre question renvoie à savoir, si l’Ivoirien doit être au fait de ce qui se passe dans son pays du point de vue sécuritaire. Dans le contexte actuel, c’est normal que les Ivoiriens aient des informations sur ce qui se passe dans le pays. Non seulement les populations ont subi les affres de la guerre. Il y a eu des pertes en vies humaines. Certaines personnes sont aujourd’hui sans famille. Et la psychose est pendante. C’est donc normal aujourd’hui, que l’Ivoirien soit régulièrement informé objectivement de la situation sécuritaire. Mais, quand c’est de trop et que les informations sont erronées, ce n’est pas bien. Par contre, il est bon de rappeler qu’il n’y a pas de développement sans sécurité. Il peut avoir investissement massif, il peut avoir ensuite développement qu’en période de sécurité durable. Mais avec cette psychose, imaginez-vous un instant ce scénario : les investisseurs vont s’emmener en Côte d’Ivoire pour créer leurs entreprises et dans deux ou trois mois après c’est le chaos, leurs entreprises prennent un coup. Il met la clé sous le paillasson et des pères de familles vont au chômage. Je pense qu’après ce que je viens de raconter, il est mieux qu’on ait au jour le jour des informations sur la sécurité, sur d’éventuelles attaques pour que chacun prenne ses dispositions. Je le dis, parce que sociologiquement, vivre dans un environnement d’insécurité raccourcit l’espérance de vie».

Yao Norbert Etranny, homme de Culture : ‘‘Cette manière de faire n’est pas la meilleure manière de vendre le pays’’
«Moi, je pense que d’abord, vis-à-vis de la population, quand on a traversé ce qu’on a vécu, rien que les titres, traumatisent la population. Donc il faut être prudent. Ce n’est peut-être pas le mot mais il faut y mettre de la mesure. Il ne faudrait pas mettre de titre qui laisse penser que finalement, l’on n’est pas sorti de cette situation. Et que ça peut exploser à tout moment. Même si c’est vrai, il faut utiliser un peu de culture diplomatique. Quand vous mentez devant un diplomate, que de vous dire : ‘’vous mentez’’, il trouvera une autre formule pour vous le faire savoir. On peut donc traduire autrement la situation que par des titres à la Une qui traumatisent la population. Naturellement, cette manière de faire n’est pas la meilleure manière de vendre le pays à l’extérieur. Si moi, je suis investisseur et que je ne suis pas encore venu en Côte d’Ivoire et que je consulte la Côte d’Ivoire sur Internet à travers sa presse, naturellement, ce n’est pas avec des titres pareils que je viendrai investir. Je pense qu’il y a une espèce de journalisme militant et je ne suis pas en train de vous dire de ne pas mettre le doigt sur les risques que nous courrons. Mais, il faut le faire autrement et ne pas mettre des choses à la Une qui soient traumatisantes pour les Ivoiriens et qui pourraient décourager d’éventuels investisseurs».

Nouho Evariste, cadre d’entreprise : ‘‘Il faut que la presse essaie de mettre en veilleuse le côté commercial’’
«Sur ce sujet, je pense qu’il faut que la presse essaie de mettre en veilleuse le côté commercial. C’est en réalité, l’aspect commercial qui mène la presse à user des titres alarmants. La presse doit essayer de faire partager ce qu’il en est exactement de la situation sécuritaire sur le terrain pour que les Ivoiriens soient informés au jour le jour de la situation du pays. Après ce que nous avons vécu, c’est normal qu’on dise aux Ivoiriens ce qu’il en est de leur sécurité dans le pays. Ça permet à chacun de pouvoir prendre ses dispositions parce qu’actuellement, on ne sait pas où est-ce qu’on on va avec ces attaques.»
Ben T.
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