Beaucoup n’en reviennent pas. Le mercredi 31 octobre 2012. Houon Pierre, artiste-musicien, ingénieur du son est décédé dans la nuit du mardi à mercredi, dans sa chambre d’hôtel à Yamoussoukro. Houon Pierre y était en tant qu’ingénieur du son de l’artiste Meiway pour la Caravane de la réconciliation nationale qui marquait, après l’étape de Korhogo, une escale à Yamoussoukro avant de poursuivre le mercredi matin à Abengourou, dernière étape avant de regagner Abidjan. Un départ qui se fera difficilement à Yamoussoukron sans Houon Pierre. Son corps a été conduit à Abidjan, dans la soirée de mercredi, à la morgue de Ivosep, à Treichville où se sont rendus des membres de sa famille et des membres du club des amis du Nandjelet.
Le «Nandjelet » est un espace culturel et gastronomique appartenant au défunt. Jouxtant le siège de la RTI, à Cocody, le Nandjelet (qui a eu sa renommée au départ, en bordure de lagune à Cocody-Blokauss avant de se délocaliser), était le repère du musicien Houon Pierre. Quand nous y arrivions entre midi et deux le mercredi dernier, un air de tristesse souffle, l’ambiance est inhabituelle et le regard des employés du Nandjelet, grave. Ceux-ci n’ont pu ranger tout le bazar de la veille. Du Nandjelet, nous nous rendons à son domicile, à Cocody Val Doyen où une bâche est dressée. Au salon, très abattue, son épouse Clémentine soutenue par Mme Vako, reçoit les condoléances. Les frères du défunt, André et Paul sont, présents. Selon ses proches, il était convalescent, mais Houon Pierre avait décidé de reprendre le travail…
Dehors sous la bâche, le club des amis du Nandjelet présidé par Guézé Germain sacrifie à la tradition. Quand arrive le corps à Abidjan en provenance de Yamoussoukro, des membres de la famille et amis de Houon Pierre se rendent à Ivoire Sépulture (Ivoire Sépulture). Hier, son épouse Clémentine et Houon Ange Didier dit Arafat s’y sont rendus.
Né à Adiaké en 1955, de père d’origine guéré (ouest de la Côte d’Ivoire) et de mère agni (Affiba), Houon Pierre a eu 57 ans. «C’est maintenant qu’il doit vivre. Mais Dieu en a décidé autrement», a confié hier, le musicien Djabo Steck, rencontré à son domicile à Angré. Il connaît Houon Pierre depuis 1973. «Quand quelqu’un meurt, les gens ont l’habitude de parler avec le bec enfariné mais Houon Pierre était très sympathique. Je le connaîs depuis les années 73. Je le sais très nerveux mais, une colère passagère. Il était réactionnaire, mais un homme gentil et très disponible. C’est pour sa sollicitude et sa disponibilité que, même malade, il a été utilisé. Il a été obligé d’aller faire plaisir à ses amis. Il est mort au combat. S’il y avait dans la nuit (du mardi) un spectacle, il mourrait sur le pupitre ! Voici les preuves de sa disponibilité et de sa sollicitude. C’est ça Houon Pierre. Une amitié remplie de fraternité sans hypocrisie. Je suis consterné et affligé par sa mort», a traduit Djabo Steck, ex-batteur de feu Amédée Pierre et Ernesto Djédjé qui retient du défunt sa stabilité.
«C’est quelqu’un de stable. Légalement, il s’est marié avec Tina (Spincer). Ils ont connu quelques déboires. La vie est faite de déboires mais il faut rester fidèle au destin. Il s’est remarié avec Clémentine et resté avec elle jusqu’aujourd’hui», souligne-t-il.
D’une famille de musiciens avec ses frères Doh Albert et Tah Paul (ex-membre des Mewlessel), Houon Pierre compte parmi ses enfants deux artistes : TV5 et Arafat. «Les gens connaissent plus Arafat (Yorobo, Commandant Zabra, Baracuda) mais ils ont oublié TV5 qui, comme son père, est discret», fait remarquer Djabo Steck. Il y a trois (3) semaines, Djabo (consultant) devait recevoir Houon Pierre à une émission musicale sur Fréquence 2 avec l’animateur Papous Kader. «Il m’a dit qu’il avait un problème de gorge et ne pouvait être à l’émission mais, si je le voulais, il m’enverrait le disque (propre à Houon Pierre). Voyez-vous sa disponibilité ! Je lui ai répondu, tu es malade, tu ne peux te déplacer, mais tu seras programmé une prochaine fois. C’est-à-dire le 4 novembre après la caravane. C’est dimanche dernier que Kéké Kassiry a été donc reçu», témoigne-t-il.
De Houon Pierre à Wompi
De sa carrière musicale, Houon Pierre totalise six albums. Parcourant sa discographie, Djabo Steck souligne que Houon Pierre était un musicien talentueux. «Houon Pierre et Yacé Marcelin étaient deux virtuoses. Ils jouaient presque de tous les instruments de musiques. Guitare, clavier, batterie, percussions, etc. Ce sont des hommes orchestres», dit-il. Une qualité permettra à Houon Pierre d’être le chef d’orchestre du Bélier Andralex (avec qui il réalise deux œuvres) et Doh Albert, le directeur artistique. Produit par Saco Disque, ‘’Orange’’ sera la première œuvre de «Doh Albert et Houon Pierre». L’on peut écouter sur l’album, se rappelle Djabo, les titres Moya, Ninsèmin, Oyin Nokohi, Manfédédé et Cafri Mousso qui est un titre de Houon Pierre chanté en malinké. L’album sera un disque d’or. Pour le deuxième album, ‘’Vert’’ sorti dans les années 79 – 80, ce sera «Houon Pierre et Doh Albert». Mindjamanho, N’nin, Always, Amiangouan et Afiba et Wasika sont les titres. Les deux derniers sont de Doh Albert, précise Djabo. «Ils ont fait beaucoup de tournées. John Yalley, Alvares (décédé) ont joué avec eux», se souvient Djabo Steck.
«En 81-82, il est admis au Burida comme auteur-compositeur. Seul, il part en France (82) réaliser l’album Otéyalè, sur lequel il y a slow N’seyanoui qui a marché comme de petits pains. En 83-84, Houon Pierre sort un single et devient Wompi. Son quatrième album, il le sort en duo avec Tina Spincer (alors son épouse)».
Arrangeur, il l’est également. Parmi les œuvres d’artistes dont il a signé l’arrangement du son, il y a Adjoussoumalè de Djabo Steck lui-même. «Les arrangements de beaucoup d’artistes ont été faits par Houon Pierre. Il a fait deux albums avec Lougah François : Zazou et Mami Wata», soutient t-il. Doh Albert, Tolio Anatole, récemment Ba Eugène (…) ont eu pour arrangeur Houon Pierre. «C’est un surdoué», écrit sur sa page facebook le chanteur Fadal Dey, qui est de la caravane. Aussi rappelle-t-il, que le mixage des titres tels Barakissa, Conflit à l’ouest, Bôyôrôdjan sur son album ‘’Jahso’’ est signé de Wompi. «C’est une grande perte pour la culture», écrit-il.
Inquiet, Djabo Steck l’est pour la relève. «Marcelin Yacé n’est plus là, les techniciens tel Alain Mechou, Cissoko ne sont plus ; Komara Mamadou est à la retraite. Quels autres ingénieurs du son y a-t-il ? Je n’en connaîs pas même s’il en existe», s’interroge –t-il.
Koné Saydoo
Le «Nandjelet » est un espace culturel et gastronomique appartenant au défunt. Jouxtant le siège de la RTI, à Cocody, le Nandjelet (qui a eu sa renommée au départ, en bordure de lagune à Cocody-Blokauss avant de se délocaliser), était le repère du musicien Houon Pierre. Quand nous y arrivions entre midi et deux le mercredi dernier, un air de tristesse souffle, l’ambiance est inhabituelle et le regard des employés du Nandjelet, grave. Ceux-ci n’ont pu ranger tout le bazar de la veille. Du Nandjelet, nous nous rendons à son domicile, à Cocody Val Doyen où une bâche est dressée. Au salon, très abattue, son épouse Clémentine soutenue par Mme Vako, reçoit les condoléances. Les frères du défunt, André et Paul sont, présents. Selon ses proches, il était convalescent, mais Houon Pierre avait décidé de reprendre le travail…
Dehors sous la bâche, le club des amis du Nandjelet présidé par Guézé Germain sacrifie à la tradition. Quand arrive le corps à Abidjan en provenance de Yamoussoukro, des membres de la famille et amis de Houon Pierre se rendent à Ivoire Sépulture (Ivoire Sépulture). Hier, son épouse Clémentine et Houon Ange Didier dit Arafat s’y sont rendus.
Né à Adiaké en 1955, de père d’origine guéré (ouest de la Côte d’Ivoire) et de mère agni (Affiba), Houon Pierre a eu 57 ans. «C’est maintenant qu’il doit vivre. Mais Dieu en a décidé autrement», a confié hier, le musicien Djabo Steck, rencontré à son domicile à Angré. Il connaît Houon Pierre depuis 1973. «Quand quelqu’un meurt, les gens ont l’habitude de parler avec le bec enfariné mais Houon Pierre était très sympathique. Je le connaîs depuis les années 73. Je le sais très nerveux mais, une colère passagère. Il était réactionnaire, mais un homme gentil et très disponible. C’est pour sa sollicitude et sa disponibilité que, même malade, il a été utilisé. Il a été obligé d’aller faire plaisir à ses amis. Il est mort au combat. S’il y avait dans la nuit (du mardi) un spectacle, il mourrait sur le pupitre ! Voici les preuves de sa disponibilité et de sa sollicitude. C’est ça Houon Pierre. Une amitié remplie de fraternité sans hypocrisie. Je suis consterné et affligé par sa mort», a traduit Djabo Steck, ex-batteur de feu Amédée Pierre et Ernesto Djédjé qui retient du défunt sa stabilité.
«C’est quelqu’un de stable. Légalement, il s’est marié avec Tina (Spincer). Ils ont connu quelques déboires. La vie est faite de déboires mais il faut rester fidèle au destin. Il s’est remarié avec Clémentine et resté avec elle jusqu’aujourd’hui», souligne-t-il.
D’une famille de musiciens avec ses frères Doh Albert et Tah Paul (ex-membre des Mewlessel), Houon Pierre compte parmi ses enfants deux artistes : TV5 et Arafat. «Les gens connaissent plus Arafat (Yorobo, Commandant Zabra, Baracuda) mais ils ont oublié TV5 qui, comme son père, est discret», fait remarquer Djabo Steck. Il y a trois (3) semaines, Djabo (consultant) devait recevoir Houon Pierre à une émission musicale sur Fréquence 2 avec l’animateur Papous Kader. «Il m’a dit qu’il avait un problème de gorge et ne pouvait être à l’émission mais, si je le voulais, il m’enverrait le disque (propre à Houon Pierre). Voyez-vous sa disponibilité ! Je lui ai répondu, tu es malade, tu ne peux te déplacer, mais tu seras programmé une prochaine fois. C’est-à-dire le 4 novembre après la caravane. C’est dimanche dernier que Kéké Kassiry a été donc reçu», témoigne-t-il.
De Houon Pierre à Wompi
De sa carrière musicale, Houon Pierre totalise six albums. Parcourant sa discographie, Djabo Steck souligne que Houon Pierre était un musicien talentueux. «Houon Pierre et Yacé Marcelin étaient deux virtuoses. Ils jouaient presque de tous les instruments de musiques. Guitare, clavier, batterie, percussions, etc. Ce sont des hommes orchestres», dit-il. Une qualité permettra à Houon Pierre d’être le chef d’orchestre du Bélier Andralex (avec qui il réalise deux œuvres) et Doh Albert, le directeur artistique. Produit par Saco Disque, ‘’Orange’’ sera la première œuvre de «Doh Albert et Houon Pierre». L’on peut écouter sur l’album, se rappelle Djabo, les titres Moya, Ninsèmin, Oyin Nokohi, Manfédédé et Cafri Mousso qui est un titre de Houon Pierre chanté en malinké. L’album sera un disque d’or. Pour le deuxième album, ‘’Vert’’ sorti dans les années 79 – 80, ce sera «Houon Pierre et Doh Albert». Mindjamanho, N’nin, Always, Amiangouan et Afiba et Wasika sont les titres. Les deux derniers sont de Doh Albert, précise Djabo. «Ils ont fait beaucoup de tournées. John Yalley, Alvares (décédé) ont joué avec eux», se souvient Djabo Steck.
«En 81-82, il est admis au Burida comme auteur-compositeur. Seul, il part en France (82) réaliser l’album Otéyalè, sur lequel il y a slow N’seyanoui qui a marché comme de petits pains. En 83-84, Houon Pierre sort un single et devient Wompi. Son quatrième album, il le sort en duo avec Tina Spincer (alors son épouse)».
Arrangeur, il l’est également. Parmi les œuvres d’artistes dont il a signé l’arrangement du son, il y a Adjoussoumalè de Djabo Steck lui-même. «Les arrangements de beaucoup d’artistes ont été faits par Houon Pierre. Il a fait deux albums avec Lougah François : Zazou et Mami Wata», soutient t-il. Doh Albert, Tolio Anatole, récemment Ba Eugène (…) ont eu pour arrangeur Houon Pierre. «C’est un surdoué», écrit sur sa page facebook le chanteur Fadal Dey, qui est de la caravane. Aussi rappelle-t-il, que le mixage des titres tels Barakissa, Conflit à l’ouest, Bôyôrôdjan sur son album ‘’Jahso’’ est signé de Wompi. «C’est une grande perte pour la culture», écrit-il.
Inquiet, Djabo Steck l’est pour la relève. «Marcelin Yacé n’est plus là, les techniciens tel Alain Mechou, Cissoko ne sont plus ; Komara Mamadou est à la retraite. Quels autres ingénieurs du son y a-t-il ? Je n’en connaîs pas même s’il en existe», s’interroge –t-il.
Koné Saydoo