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Politique Publié le mardi 6 novembre 2012 | Nord-Sud

Ténéna Gounougo Mamadou, vice-président du Collectif des députés suppléants : «Les titulaires ont trahi les suppléants»

Vous vous êtes ligués contre les députés, n’êtes-vous pas allés trop loin ?

Pas du tout. D’abord, je voudrais préciser que nous ne sommes pas un syndicat, encore moins une association. Notre objectif est de corriger une injustice. Et nous utilisons les voies légales pour cela. Les relations entre les députés titulaires et leurs suppléants sont tendues, très tendues dans certaines localités. Et c’est déplorable. Parce que nous constituons avec les députés titulaires un couplé qui doit rendre compte.

Quelle est l’origine de cette tension ?

Beaucoup de titulaires pensent que les suppléants veulent partager avec eux leurs salaires. D’autres pensent même que les suppléants veulent la moitié de cet émolument, alors qu’ils n’en sont pas eux-mêmes satisfaits. Des titulaires ont coupé les relations avec leurs suppléants. Nous sommes allés aux élections par couplés pour permettre la tenue de l’élection du 11 décembre. C’est ce qu’exigeait la loi de 2004. A notre grande surprise, après les élections, le couplé ayant été élu, on rejette aujourd’hui le député-suppléant.  Et on ne reconnaît que le député titulaire.

C’est pourtant ce que dit la loi ; n’est-ce pas ?

Comme on le dit, nul n’est censé ignorer la loi. Cette loi de 2004 a été adoptée par décret présidentiel. Mais nous disons que c’est la deuxième session de la deuxième législature de Côte d’Ivoire qui a institué cette loi. Nous concédons que nous n’étions pas censés l’ignorer, dans un premier temps. Mais il y a le côté sociologique de la chose. Et je pense qu’une loi doit être fondée sur cette réalité.

Quelle est cette réalité sociologique ?

La réalité est simple : les populations nous sollicitent au même titre que les députés, parce que nous avons sollicité leurs suffrages. Et pendant la campagne, il n’a pas été dit que nous n’étions que des faire-valoir. Elles nous ont vus ensemble. Donc nous sommes sollicités pour des parrainages, le règlement de certains conflits. Croyez-vous que nous puissions répondre à ces sollicitations sans moyens afférents ?

Votre mérite n’est pas récompensé ; c’est cela le problème ?

Les suppléants ont été pour beaucoup dans l’élection des couples. Nous connaissons des zones où l’on s’est appuyé sur des suppléants résidents pour faire élire la liste. On a vu parachuter les titulaires qu’on ne connaissait même pas dans ces localités. J’ajoute qu’au départ, nous n’étions pas partis pour être des suppléants. Nous étions partis pour être candidats aux législatives et nous avons constitué les mêmes dossiers. Il faut qu’on reconnaisse au député suppléant le statut de député plein.

Confirmez-vous néanmoins que des députés versent un pécule à leurs suppléants ?

Oui. Pour la plupart, ce sont ceux qui ont passé des accords avant la constitution du couple. Mais je dis que ces protocoles d’accord ne tiennent pas en réalité. C’est la loi qui devait dire que le député titulaire doit reverser tel ou tel montant à son suppléant.

Pourquoi avoir accepté d’être suppléant sachant bien le contenu de la loi ?

Quand nous avons pris connaissance de la loi, nous avons constaté qu’il n’y a que des interdits pour le député suppléant. C’est dire que vous ne pouvez être député titulaire que lorsque votre titulaire est appelé à des fonctions qui sont incompatibles avec la fonction de député, poste ministériel, ambassadeur…En dehors de cela, vous ne pouvez pas suppléer votre titulaire, même en cas d’absence prolongée. Et même les cinq prochaines années, si le candidat titulaire est candidat, vous ne pouvez pas être candidat. Donc c’est une loi qui ne fait que des interdits aux députés suppléants.

Mais cela ne vous a pas empêchés d’être suppléants ?

Nous avons accepté d’aller à ces élections sur instruction de nos partis et par respect de la discipline de nos partis respectifs. Il nous a été demandé en coulisse d’accepter la chose  et que cette loi n’était rien qu’une loi votée par des députés, donc susceptible d’amendement par ces mêmes députés que nous serons. Il faut dire au passage que la loi n’a pas été mise à la portée de tous les candidats. Et on s’est rendu compte que si on devait prendre en compte ce qu’elle stipule, il n’y aurait pas eu d’élections le 11 décembre, parce que personne n’accepterait de se faire le mouton du sacrifice que la suppléance réservait au député suppléant. Et donc, il y a eu beaucoup de négociations au niveau des différents partis. Des candidats suppléants ont signé des protocoles d’accord avec leurs titulaires. D’autres ont écouté le message du parti qui évoquait la possibilité d’amendement de la loi. Et c’est justement ce qui a motivé beaucoup de suppléants à accepter d’accompagner leurs titulaires.  Mais personne ne parle d’amendement en ce moment.

En clair, vous réclamez l’amendement pour avoir un statut?

C’est cela notre préoccupation. Nous nous attendions à cela. Cette loi votée par les députés Fpi et Pdci reposait purement et simplement sur la sorcellerie. Parce qu’on vous dit que si on laisse la possibilité au suppléant de succéder à son titulaire en cas de décès, le suppléant va tuer le titulaire. Elle n’était faite que dans le seul but de protéger certains barons du régime. Notre première préoccupation est que nous voulons participer à la reconstruction et au développement de ce pays. Si la loi reste en l’état, lors des échéances prochaines, il n’y aura pas de suppléants en Côte d’Ivoire parce qu’il n’y a aucun avantage.

Entretien réalisé par TBO
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