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Politique Publié le mardi 6 novembre 2012 | Nord-Sud

Assemblée nationale : L’argent divise les députés

Le duo gagnant député-suppléant des législatives s’est transformé en duel. Conséquence, le couplé d’élus censé être un tandem tend à se disloquer.


Plus rien ne va entre des députés titulaires et leurs suppléants. L’audience accordée aux derniers cités par le Médiateur le 30 octobre a révélé la profondeur du malaise qui ronge les couples sortis des élections législatives du 11 décembre 2011. «Nous pensons que la Grande Médiature est l’instance habilitée à résoudre ce genre de problèmes», se conforte Mamadou Ténéna Gounougo, vice-président du collectif des 253 députés suppléants. A les en croire, la plupart des titulaires ont rompu les amarres avec eux une fois élus. La tension est réelle au point où des titulaires refuseraient de prendre au téléphone leurs suppléants. «Il est vrai que la loi ne nous reconnaît pas de statut. Elle ne nous fait aucun droit, mais le bon sens voudrait que le couplé qui s’est présenté devant les électeurs garde les contacts», a fustigé Nanougui Soro, député-suppléant de Karakoro. Pour lui, la population ne fait pas de différence entre un suppléant et un titulaire. «Nous sommes sollicités de la même façon, alors que nous ne recevons rien comme salaire», se désole-t-il. «Je pense que l’origine de la tension entre les titulaires et leurs suppléants réside dans une affaire d’argent. Les suppléants veulent que les députés leur reversent une partie de leur salaire», a soutenu une députée qui a requis l’anonymat. Selon elle, les suppléants ne devraient pas être aussi exigeants. Mais, elle pense qu’un devoir de mémoire et de reconnaissance devrait interpeller les titulaires. La balle est dans leur camp. «On nous réserve les premières places dans les cérémonies et nous savons combien cela coûte à celui qui est ainsi honoré», précise Ibrahima Kamagaté, député-suppléant d’Adjamé. Une situation qui a conduit certains élus à quitter leurs localités. C’est le cas de celui de Danané, El Hadj Savané. «Je suis imam. Et depuis que je suis devenu député-suppléant, relate-t-il, les regards des populations ont changé à mon endroit. Moi à qui on faisait des offrandes, je me suis retrouvé dans une situation où on me sollicite. N’ayant pas de moyens pour répondre aux nombreuses sollicitations durant le mois de jeûne, j’ai dû quitter Danané pour Abidjan». Il s’en veut : «Je regrette d’avoir accepté d’accompagner les gens dans cette entreprise. Je me rends bien compte que la politique est vraiment affreuse». Le titre de député s’avère être une étiquette pesante aussi à Treichville où Thérèse N’goran Brou, vendeuse de poissons, et suppléante, en souffre. «Quand je suis retournée vendre mon poisson, mes sœurs sont venues me dire : Thérèse, ta place n’est plus au marché. Nous t’avons élue pour aller siéger à l’Assemblée nationale, au Plateau». Et depuis, je n’arrive pas à me remettre de l’affliction de ce jour. Quand on m’appelle ‘’honorable’’, je pense que les gens me narguent», s’offusque-t-elle. Les cas d’indigence sont légion. Interné depuis le mois de juillet au Chu de Yopougon, le suppléant Vassoulemana Traoré de Massala-Dualla (Séguéla) souffre d’un diabète chronique. «Je dois dire merci à un opérateur économique, fils du département, Karamoko Traoré dit Yéyémassa, qui m’a soutenu. Sans lui, se lamente-t-il, je serais mort». Histoire de dire qu’il n’a reçu qu’une seule fois la visite de son titulaire.


Ténin Bè Ousmane
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