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Société Publié le jeudi 29 novembre 2012 | Nord-Sud

Manque de restaurants, toilettes fermées… : Université FHB / La galère des étudiants

© Nord-Sud Par PRISCA
Année académique 2012-1013 : la direction de l` Université de Cocody et les étudiants se concertent
Lundi 24 septembre 2012. Abidjan. Une réunion de concertation entre les étudiants et l`Instance dirigeant de l`université FHB pour une année académique réussite
Nouveaux locaux, beau cadre. L’université Félix Houphouet-Boigny de Cocody a fière allure. Mais les étudiants sont confrontés à des soucis d’ordre… primaire. Ambiance !

Deux filles se dirigent vers le Centre africain de management et de perfectionnement des cadres (Campc). La première, plus avisée, porte une jupe volante. La seconde est vêtue d’un pantalon jean très moulant. Près du Campc, il y a une petite forêt entretenue par l’université qui les attire. Elles courent vers le bois. Celle qui est en jupe se met derrière un arbre et urine tout en prenant soin de vérifier qu’aucun passant ne l’aperçoit. Mais la seconde a des difficultés à se débarrasser de son jean moulant, alors que le besoin se fait pressant. Elle aperçoit des passants et s’enfonce dans le bois sous les rires moqueurs de sa copine. Rassurez-vous, cette scène ne se passe pas sous nos yeux. C’est plutôt Justine Grâce Kouao, l’étudiante en jupe volante qui nous la raconte plus tard. «A chaque fois que je viens à l’université, j’ai ce souci dans la tête : comment uriner si l’envie m’en prend», s’indigne cette étudiante en lettres modernes. Malheureu­sement, c’est à ce genre de spectacles qu’on assiste depuis environ deux mois à l’Université Félix Houphouet-Boigny. Ces étudiants dont la foi était grande de retrouver leur cadre d’études retapé sont plutôt crispés et angoissés dès qu’ils franchissent le portail de l’établissement. Le problème : il n’y a pas encore de toilettes pour plus de 50.000 étudiants qui fréquentent ce joyau architectural. Les anciens cabinets rénovés ne fonctionnent pas. Les nouveaux, au sein des amphis A et B du district, sont souvent fermés. C’est l’enfer !
Ce mardi à 8h, tout paraît normal dans l’immense cour de ce temple du savoir. Les bâtiments présentent fière allure. Les étudiants affluent sur les ruelles qui mènent dans les différentes Ufr. Devant la présidence, c’est un véritable spectacle : des femmes et des hommes habillés en tenue de couleur orange balaient les bouts de papier qui sont à la traîne. Les tondeurs s’activent à mettre les gazons au même niveau. La fontaine fait jaillir de l’eau fraîche. Ça sent la propreté. Mais aventurez-vous vers le versant entre le Centre national de floristique et le Campc. Une odeur acerbe de pipi agresse les narines. De fait, cet endroit est devenu une vespasienne géante. Difficile de passer une minute là sans voir un étudiant ou une étudiante courir vers le bois qui s’y trouve pour se soulager au vu et au su de tous. Les plus embarrassés arrivent à se retenir, com­me Lacina Bakayoko en sciences économiques. «C’est difficile à faire, j’arrive à contrôler ma vessie jusqu’à mon retour à la maison», se vante-t-il. Mais beaucoup, comme Justine Grace Kouao, ne sont pas aussi forts. Et ce sont les herbes autour des amphithéâtres qui en pâtissent. Hélas ! En plus de l’odeur de l’urine, il n’est pas rare de voir certains étudiants aller au petit coin, aux abords des routes. Une situation qu’on aurait du mal à imaginer dans ce cadre d’études relooké. Mais le calvaire des étudiants ne se limite pas à ces besoins pressants. «On se croirait dans un désert. Il n’y a pas à manger sur la Fac», s’inquiète Jean Koffi. En effet, comme l’indique cet étudiant en licence 2 de géographie, il est très difficile d’avoir la nourriture sur le campus. Les réfectoires ne sont pas encore prêts. «Je suis obligé de transporter la nourriture depuis la maison comme un élève de la maternelle», ajoute-t-il. Nombreux sont ceux qui n’ont pas cette possibilité. C’est le cas pour Emmanuel Zouzou qui habite Yopougon. «J’emprunte au moins deux fois le bus pour arriver au campus. Et même lorsque je mange à la maison avant de venir, cela ne suffit pas», peste-t-il. Il se restaure chez les vendeuses du Centre hospitalier universitaire (Chu) de Cocody. Il y a en ce moment deux restaurants fonctionnels au sein de l’université. «Mais l’étudiant ‘’lambda’’ ne peut pas s’offrir à manger dans ces restos. Car le plat coûte au minimum 1000 FCFA», dénonce Dorgelès Yapo, en master 1 de sciences juridiques. Ces étudiants qui avaient l’habitude de se nourrir à moins de 500 francs dans les restaurants du campus, préfèrent souvent s’abstenir de manger. Mais la faim les empêche de suivre les cours. Avant qu’une solution définitive ne soit trouvée, ils continuent de humer le vent, du vent…

Raphaël Tanoh
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