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Société Publié le mardi 4 décembre 2012 | Le Patriote

Eglise évangélique du Réveil de Côte d’Ivoire / 24 ans après sa mort Les héritiers du pasteur Jean Glao à couteaux tirés

Minée par une crise depuis quelques mois, l’Eglise évangélique du Réveil de Côte d’Ivoire (EERCI), fondée en 1984 par le regretté révérend Jean Glao, a fini par se disloquer. La présidence de l’EERCI est désormais assurée par le Pasteur Kouassi N’Dri Benoît, tandis que le pasteur Kpan René chapeaute l’Eglise évangélique du Réveil internationale (EERI). Une confusion dénominative qui plombe la bonne marche de cette mission. Diagnostic.
Le jeudi 21 juin 2012, à l’issue d’une assemblée générale tenue au temple Jérusalem, siège de l’EERCI à Yopougon Attié, l’Eglise évangélique du Réveil de Côte d’Ivoire (EERCI) change de main. Le révérend Pasteur N’Dri Benoît, précédemment vice-président, est propulsé à la tête de cette église quasi-trentenaire. Le 21 juillet, c’est au tour du révérend Kpan Réné, ex-président de l’EERCI, d’être intronisé en qualité de président de l’Eglise évangélique du Réveil international (EERI). Les lendemains de ces deux évènements qui se sont pourtant déroulés sans le moindre incident, mettent au grand jour une grave crise. C’est le Secrétaire général de l’EERCI, le Pasteur Zamblé Yao Germain qui monte le premier au créneau au cours d’une conférence de presse, courant juillet, pour «démentir» selon lui, des informations que rependrait le Réverend Kpan René, tendant à faire croire à l’opinion que l’EERCI a été remplacée par l’EERI. «Le réverend Pkan René n’est plus le président de l’Eglise de Réveil de Côte d’Ivoire. Il a trahi l’Eglise en s’écartant de la mission à lui confiée initialement et en voulant s’approprier l’EERCI pour la remplacer par l’Eglise évangélique du Réveil International qui est son propre ministère et qui n’a aucune base juridique », a-t-il accusé. Et de préciser que le procès verbal de l’assemblée générale qui a porté le réverend Kouassi N’Dri Benoît à la tête de l’Eglise a été déposé au ministère de l’Intérieur le 28 juin 2012 pour que ces décisions fassent l’objet d’un arrêté ministériel. Le 24 septembre 2012, les anciens de l’Eglise, sortent de leur réserve pour publiquement apporter leur onction au président Kouassi N’Dri Bénoît, nouvellement élu. Dans une conférence de presse qu’ils ont co-animée à yopougon, avec le soutien du fils aîné du fondateur de l’Eglise, Aquilas Glao, ils désavouent eux-aussi l’ex-président Kpan René à qui ils reprochent de les avoir «trahis». «Le pasteur Kpan a décidé de conduire notre Eglise vers une nouvelle doctrine dans laquelle nous ne nous reconnaissons pas. Ce qu’il appelle la vision apostolique et qui devait consister à reconnaitre les ministères du nouveau testament ne sert en réalité qu’à asseoir son règne de Pape sur l’Eglise. Or cette façon de diriger l’Eglise n’est ni évangélique ni biblique. Nous lui retirons donc notre confiance», ont-ils exposé.

Une affaire de doctrine et de dénomination

A l’analyse de l’exposé des anciens qui ne sont autres que les pasteurs Blé Daniel, ancien président de l’EERCI et Oulaï Douoson Martin, ancien Secrétaire de l’Eglise et premier directeur de l’institut biblique, le pasteur Pkan René veut introduire une nouvelle vision apostolique. Ce qui lui a donc valu d’être débarqué. Mais la réplique ne s’est pas faite attendre du côté des fidèles du révérend Kpan qui traitent les autres de « dissidents». «Le président Kpan a été élu lors de l’Assemblée générale de 2010 et son mandat court jusqu’en 2015. Il n’est ni défaillant, ni démissionnaire pour que le soin de la convocation d’une telle assemblée soit laissé à son vice- président. L’Assemblée générale organisée par N’Dri Benoit et son groupuscule est illégale au regard des textes de l’église», s’est offusqué le pasteur Abel Taud, lors d’une conférence de presse, le 1er novembre dernier. Un mois après ces sorties médiatiques, chaque partie campe toujours sur sa position. Et la scission de l’Eglise se conforte. Dans le camp du promoteur de l’Eglise évangélique du Réveil international, on affirme avoir fait le deuil de l’ancienne dénomination. «Il n’y a pas deux Eglises. Il y a seulement eu un changement de dénomination de l’Eglise qui s’internationalise pour répondre au contexte de son implantation aujourd’hui en Europe et un peu partout dans le monde», a expliqué le pasteur Kpré N’Dri Félix, vice-coordinateur de la nouvelle Eglise. Selon ce dernier que nous avons rencontré, au siège de l’Eglise à la Riviera Bonoumin, le pasteur Kpan est dans la logique du fondateur de l’Eglise qui souhaitait voir répandre l’évangile au-delà des frontières ivoiriennes. “Quant aux accusations de déviation, nous nous inscrivons en faux. Le pasteur Kpan n’a jamais remis en cause la doctrine de l’Eglise. Les modifications apportées dans les nouveaux statuts l’ont été avec l’accord de ceux qui le dénoncent aujourd’hui », a-t-il fait remarquer. Et d’ironiser : «La crise que nous traversons est une crise de croissance. Et je pense sincèrement que si ce sont les textes qui achoppent, ce sont des problèmes qui peuvent être résolus».
Des fidèles que nous avons interrogés, révèlent que le vrai nœud de la scission est dû à un problème de leadership. Selon ces indiscrétions, le pasteur Kouassi N’Dri Benoît aurait souhaité, à l’avènement de l’EERI, devenir le coordonnateur national de l’Eglise tandis que le révérend Kpan, lui, occuperait la présidence internationale. Une indiscrétion confirmée par le pasteur Kpré en ces termes : « En effet, le pasteur N’Dri Benoit a eu une démarche dans ce sens auprès du pasteur Kpan qui lui a dit que c’était au collège pastoral de décider et non lui. C’est à partir de là que la dissidence a commencé. Ils ont alors décidé de tout remettre en cause ». Faux, rétorque le Pasteur Zamblé Yao Germain, qui clame que le fond du problème réside dans les nouveaux textes qui consacrent entre autre une présidence à vie pour le pasteur Kpan. La guerre reste donc ouverte entre les frères religieux d’hier. Seulement, l’EERCI jouit d’une base juridique, avec à la clé, une ordonnance (N°732/2012) du 18 août 2012, du tribunal de première instance de Yopougon qui reconnaît, le pasteur Kouassi N’Dri Benoît comme le nouveau représentant de l’Eglise. Quant à l’EERI, ses nouveaux textes introduits au ministère de l’Intérieur sont en instance de traitement. En attendant l’issue définitive de cette crise, les statuts litigieux replongent tout simplement l’Eglise évangélique du Réveil, qui revendique aujourd’hui plus de cent mille fidèles, dans la tourmente qu’elle a vécue au lendemain du décès de son fondateur, le révérend Jean Glao en 1988. Un témoignage négatif des 600 pasteurs de cette église qui ne participe pas du tout, à l’édification des croyants. Car si la division ne procède pas de Dieu, elle l’est certainement du diable.
Alexandre Lebel Ilboudo
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