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Politique Publié le mardi 4 décembre 2012 | Le Temps

Crise au sommet du régime : Ouattara et les ex-chefs de guerre à couteaux tirés

A la tête du régime, rien ne va plus entre le chef de l’Etat Alassane Ouattara, le président de l’Assemblée nationale Guillaume Soro, et certains chefs de guerre de l’ex-rébellion des Forces nouvelles actuellement sur le qui-vive. Selon nos sources, si Ouattara dissout le gouvernement et organise une visite d’Etat pour prendre un bain de foule, c’est parce qu’il a d’énormes problèmes et veut distraire le peuple. Son vrai problème serait lié au transfèrement de Soro et ses chefs de guerre à la Cour pénale internationale (Cpi) et au payement des primes de guerre dus aux combattants recrutés dans la sous région pour l’aider à chasser Laurent Gbagbo du pouvoir. D’abord ses partisans, engagés dans les affaires ne sont pas contents de lui. Parce que Ouattara donne presque tous les contrats léonins aux Français. Pour avoir la faveur et la protection de l’Elysée version François Hollande, il lui donne presque tout. Et cela n’est pas du goût de son entourage habitué au système de « rattrapage ». Il se dit même que ses partisans regrettent l’ère Gbagbo, parce que les choses sont devenues plus dures sous Ouattara que sous Gbagbo. Pour ceux là, Ouattara est devenu un problème. Et personne ne veut, si ce n’est par masochisme, demeurer dans un problème. Ensuite Ouattara lui-même voulant se dédouaner dans les crimes de l’ex rébellion des Forces nouvelles, entend se débarrasser de Guillaume Soro en l’expédiant à la Cpi, parce que la pression des Etats-Unis, à ce sujet, se fait de plus en réelle. Et lors d’une de ses récentes visites en France, Ouattara aurait réaffirmé à Fatou Bensouda, la nouvelle Procureur de la Cpi qu’il veut collaborer avec l’institution. Il l’avait promis, mais jusque-là, il s’est refusé à livrer les criminels de son bord. La conséquence de ce nouvel engagement, c’est qu’il est demandé que les chefs de guerre en question soient entendus par la police de l’Onuci. Etape préalable à la levée de scellée sur les mandats de d’arrêt déjà prêts. Mais à cette information, Soro est noir de colère. Ses chefs de guerre, se sentant menacés et trahis, se retrouvent en conclave à Bouaké. Où Soro leur aurait dit «personne, ni les chefs de guerre, ni le moindre combattant Fn, ne bouge, personne ne va à la convocation de la police de l’Onuci ». La dissolution du gouvernement rentrerait dans cette guerre non déclarée entre Ouattara et Soro. Soro ne veut rien savoir et observe Ouattara avec ses techniques d’ex-chef rebelle, de surcroît de dauphin constitutionnel. Mais Ouattara non plus, ne ferme pas l’œil du côté de Soro, même si officiellement il ne charge que les pro-Gbagbo. Pour faire pression sur Ouattara, la Cpi officialise le mandat d’arrêt contre Simone Gbagbo. Que faire ? S’il livre l’ex-Première Dame, il ouvre alors la voie au transfèrement de ses propres hommes qui disent déjà qu’il les a vendus auprès de Bensouda. Or, si un seul d’entre eux va à la Cpi, Alassane et Dominique Ouattara ont toutes les chances d’y rejoindre Laurent Gbagbo. De même s’il refuse d’envoyer Simone Gbagbo et ses propres hommes, c’est-à-dire de coopérer pleinement, alors la Cpi se verra dans l’obligation de libérer Laurent Gbagbo, l’une des parties, qui ne doit pas comparaître seule. A la dernière audience du 30 octobre 2012, Laurent Gbagbo devait être libéré. Mais Ouattara serait intervenu, en disant qu’il s’engageait à coopérer à la Cpi en y envoyant les criminels de son bord. Mais jusque-là, rien ! Voilà Ouattara embêté. Qui souffre. Il avait 48 heures pour répondre. Mais quoi répondre ! Il n’a pas de sommeil et cherche la meilleure méthode de crucifier ses compagnons, sans être mouillé. Peu importe que Dominique prenne le pouvoir à la maison. Le plus important, c’est comment sauver la face et le régime sur la tangente. Il donne alors le sentiment à l’opinion que tout va bien, et qu’il maîtrise la situation. Enfin, il y a les primes de guerre à payer. Plusieurs personnes ont été recrutées et armées pour faire la guerre contre le régime de Laurent Gbagbo contre une promesse de cinq millions de francs Cfa. Après son accession au pouvoir, Ouattara ne veut rien reconnaître. Or, ces nombreuses personnes (venues du Burkina Faso, Mali et autres) sont à la charge quotidienne des chefs de guerre qui les ont recrutées. Tous les jours, il faut les nourrir, les entretenir. N’ayant pas les moyens pour retourner chez eux, ces ex-combattants se livrent aux braquages et autres vols à main armée. Ils se paient eux-mêmes sur le terrain. Et selon nos sources, pour les aider à soulager ces combattants démobilisés, Soro qui s’était servi d’eux pour la prise d’Abidjan, aurait offert récemment 40 millions de Fcfa. A un moment, ils ont réduit la prime à trois millions cinq. Mais Ouattara aurait dit qu’il ne marchait pas. Et comme ils ont vraiment besoin de quelque chose pour rentrer chez, de cinq millions de Fcfa, ils mettent leur revendication à un million cinq. Mais malgré ces efforts, Ouattara aurait répondu invariablement qu’il n’avait pas d’argent. En vérité, Ouattara n’a pas confiance aux chefs de guerre. Il ne sait pas si les chiffres qu’ils avancent relativement à leurs effectifs sont exacts. Il aurait le sentiment que ses hommes veulent le « doubler », faire une sorte de surfacturation sur cette affaire. Car s’il paie, par exemple, pour cinq mille personnes, alors qu’en vérité les ex-combattants concernés ne sont que cinq cents ou trois cents, il aurait perdu. On est dans un système où on se connaît tellement que personne n’a confiance en l’autre. Voilà donc les chefs de guerre en difficulté. Leurs hommes en question étant armés, cela constitue une menace pour eux. Parce que non seulement Ouattara ne donne pas la prime promise, mais il ne donne rien pour l’entretien des troupes. C’est vrai que les chefs de guerre sont riches. Mais à force de donner, sans recevoir, leurs fortunes ont commencé à fondre considérablement. Et la menace qui pèse sur eux, pèse également sur Ouattara lui-même. Parce que ces chefs de guerre stressés et menacés ne sont pas contents de lui. Et l’expression de leur colère ne sera pas une fête de Noël. C’est conscient de tout cela que Ouattara invente de choses pour la diversion. D’où la visite d’Etat à l’Est. C’est vrai qu’une visite peut être programmée longtemps avant, mais en tant qu’acte politique, cela obéit à une urgence. Et la date peut être revue et reprogrammée en fonction des opportunités. Ouattara a donc de sérieux problèmes.
Germain Séhoué
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