x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Politique Publié le mardi 4 décembre 2012 |

Côte d’Ivoire : Débarqué du gouvernement, Ahoussou présenté comme le Macky Sall ivoirien

© Par DR
M.Ahoussou Jeannot face à la presse
Le Premier ministre M. Ahoussou Jeannot face à la presse
Débarqué du gouvernement le 13 novembre dernier, l’on confère déjà à l’ancien Premier ministre ivoirien, Me Ahoussou Kouadio Jeannot, un destin semblable à celui du président sénégalais Macky Sall.

Les supporters du député de la circonscription électorale de Didiévi et Tié-N`Diékro (département de Didiévi) ne démordent pas après la dissolution du gouvernement Ahoussou. Décision inattendue interprétée comme l’humiliation de trop pour le Pdci(Parti démocratique de Côte d’Ivoire,) principal allié de Ouattara au sein du Rhdp(Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix) qui l’a porté au pouvoir.

L`exemple Macky Sall fascine

Ils n’ont pas attendu longtemps pour parler d’«Opération Macky Sall ». Allusion faite à la belle revanche de l’actuel chef de l’État sénégalais sur Abdoulaye Wade qu’il a battu proprement dans les urnes quelques années seulement après que le dernier l’ait débarqué, manu militari, de la tête du gouvernement.

Le scénario sénégalais peut-il se reproduire en Côte d’Ivoire même si les deux contextes diffèrent aussi bien dans la forme que dans le fond ?

Pour beaucoup d’observateurs, aucune hypothèse n’est à exclure dans le cas de la Côte d’Ivoire. D’autant plus que dans le deal de partage de pouvoir au sein du Rhdp, le camp Ouattara se réserve le droit de la part du lion. À telle enseigne que dans les rangs des alliés, le nombre de déçus et de frustrés du régime est de plus en plus grandissant. Ce qui pourrait servir de ferment à alimenter, naturellement, le clash entre les frères ennemis d’hier.

Au Pdci de Henri Konan Bédié, les militants commencent à ruminer leur colère et à croire que le Rdr (Rassemblement des Républicains) de Ouattara s’est servi d’eux pour arriver à ses fins. Les faits leur donnent peut-être raison à la vue seulement du déséquilibre constaté dans les nominations. Les alliés reprochent à Ouattara sa politique du «rattrapage » consistant à favoriser et à faire la promotion des cadres de son Parti originaire du Nord au détriment de ceux des autres régions. Autant dire que pour l’heure, la géopolitique n’est pas encore au rendez-vous dans le choix des hommes et des femmes sous l’ère Ouattara.

La pomme de discorde

Ahoussou Kouadio Jeannot n’avait peut-être pas le profil du Premier ministre voulu par le président ivoirien, mais il n’en demeure pas moins que son bilan à la tête du gouvernement est jugé satisfaisant à tout point de vue. Au risque de dresser une liste non exhaustive de ses actes posés, on peut dire que son passage à la Primature a été sanctionné par une absence de crises. Chose rare que la Côte d’Ivoire n’a pas connue depuis ces dix dernières années. Pour tout dire, la vie du gouvernement Ahoussou a été un fleuve calme, peut-être même trop calme alors que ce ne sont pas les sujets qui fâchent qui n’ont pas manqué de déchirer la majorité présidentielle.

Les dossiers chauds comme ceux du foncier rural avec en toile de fond l’expropriation des terres et des plantations par les allogènes principalement les burkinabé, le monopole du commerce et l’Opa des secteurs d’activités économiques détenus par les non-nationaux auraient constitué, selon des sources concordantes, la pomme de discorde entre le Chef de l’Etat et son chef de gouvernement.

Il est vrai que la Côte d’Ivoire n’est plus considérée comme un État d’exception où le Premier ministre avait en son temps, à la faveur des accords politiques de Marcoussis et de Ouagadougou (Apo), les pleins pouvoirs comme dans un régime parlementaire. Pacifiée depuis avril 2010, la Côte d’Ivoire est redevenue un État quasi normal avec un régime présidentiel normal où le pouvoir est concentré entre les mains du chef de l’exécutif.

À bien comprendre, ce sont les divergences entre le Président de la République et son Premier ministre qui auraient nourri, en quelque sorte, le véritable motif de la dissolution du gouvernement. La raison officielle de la sanction liée à la fameuse loi sur le mariage vertement critiquée par les députés alliés n’était en réalité qu’un prétexte d’autant plus que celle-ci a été votée presqu’à l’unanimité quelques jours plus tard.

Choix politique multiple.

Libéré de toutes contraintes, il s’offre à l’ancien Premier ministre des choix multiples. Libre à lui de faire de la politique en se donnant l’étoffe nécessaire de succéder à Bédié à la tête du Pdci pour briguer le fauteuil présidentiel en 2015. Pour cela, il lui faut la bénédiction et l’onction de Bédié, lui-même. Sinon, ce serait mission impossible tant que le sphinx de Daoukro voudra se maintenir, nonobstant son âge (78 ans), à la tête du Parti sexagénaire.

Dans ce cas, il pourra également compter sur le soutien des « rénovateurs » de sa famille politique, ceux qui souhaitent que le Pdci se démarque de son allié, le Rdr, avant l’horizon 2015. Il pourra également capitaliser la sympathie que lui voue une frange d’Ivoiriens exacerbés par les pratiques moyenâgeuses du régime en place. S’il n’a pas le courage de s’engager dans une telle aventure, il pourra dans ce cas rentrer dans les rangs du Rhdp sans broncher et attendre patiemment qu’il soit remis, peut-être, de nouveau en selle.

Le troisième choix, le moins probant, serait de se retirer de la vie politique pour se consacrer à son cabinet d’avocat comme il l’a d’ailleurs laissé entendre aux médias

Même si son entourage proche lui prédestine un avenir politique semblable à celui de Macky Sall, le concerné, lui-même, ne s’est pas encore prononcé officiellement. Il est évident que si l’ancien Premier ministre devrait se prononcer, il se donnerait le temps nécessaire de réflexion. Car toute décision mal nourrie et hasardeuse amenuiserait toutes ses chances de réussite.

Maintenant revenons sur les circonstances de ce changement impromptu qui a abasourdi les Ivoiriens à la veille de la célébration de la fête nationale de la paix. Le Premier ministre était-il aussi gênant pour le camp Ouattara ou a-t-il été simplement sacrifié sur l’autel du Rhdp ? Difficile à le savoir maintenant quand on sait la complexité des rapports entre houphouëtistes.

Au demeurant, le président Ouattara a-t-il mesuré toutes les conséquences de sa décision ?

L’avenir nous le dira aussi. Le moins qu’on puisse dire, c’est que la dissolution du gouvernement Ahoussou est intervenue dans un contexte quelque peu inhabituel.

D’ordinaire, les changements de gouvernement sont subvenus à la suite de graves crises politiques. Et, Dieu seul sait qu’il y en a eu beaucoup ces dix dernières années. Sous Laurent Gbagbo, quatre Premiers ministres se sont succédé à la Primature. L’actuel président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro, a été de tous, celui qui a eu une longévité hors du commun. Il avait été reconduit trois fois de suite à la tête du gouvernement.

Me Ahoussou Kouadio Jeannot, a été, certes, le moins chanceux de tous, mais il paraît aux yeux de beaucoup de militants du Pdci et d’Ivoiriens comme un sérieux challenger de la présidentielle de 2015. Attendons de voir….

Nantêsu Jésus (Source Lebanco.net)
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Politique

Toutes les vidéos Politique à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ