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Société Publié le mercredi 5 décembre 2012 | Le Patriote

Reportage/ La gare du rond point d’Abobo détruite / Nouvelle gare : La poule aux oeufs d’or

© Le Patriote Par Atapointe
Assainissement: L’opération de déguerpissement des installations anarchiques dans la commune d`Abobo se poursuit.
Mercredi 17 Octobre 2012. Abobo. Gare routière. L’opération d`assainissement des lieux publics initiée par le ministère de la salubrité suit son cours après de vives tensions avec les responsables des syndicats mécontents
Longtemps ignorée par les commerçants et transporteurs d’Abobo, la nouvelle gare routière construite par la Sogegar, est aujourd’hui l’objet de toutes les convoitises. Le déguerpissement de l’ancienne gare routière a donné un coup d’accélérateur aux activités de cette gare. Constat.

Mardi 20 novembre 2012. Il est un peu plus de 15 heures quand notre équipe de reportage arrive à la nouvelle gare d’Abobo, située dans le quartier d’Andokoi Kouté. Nous sommes tout de suite frappés par le ballet incessant des femmes aux bureaux de renseignement. Nous abordons quelques unes pour savoir la cause de ces incessants va-et vient. Dame Gbanta N’Dri Hélène et ses sœurs que nous rencontrons devant le bureau de renseignements, situé tout juste à l’entrée de la gare ont la mine renfrognée. «Je suis une vendeuse de placali (Ndlr : plat ivoirien à base de pate de manioc, accompagné de sauce). Je vendais à ‘‘Gagnoa-gare’’. Suite à la destruction de cette gare, je suis venue demander une place pour exercer mon activité mais on m’a fait savoir qu’il n’y avait plus de place du côté de l’Allocodrome, l’espace étant réservé aux restaurateurs», nous explique-t-elle. Toutes les femmes rencontrées plus tard nous confierons la même chose. La nouvelle gare routière d’Abobo est donc très prisée. Commerçants et transporteurs accourent vers elle pour acheter des espaces. Pourtant, cela n’a pas toujours été le cas. Inaugurée depuis plusieurs mois, cette gare ultra moderne construite par un opérateur privé, en partenariat avec la mairie d’Abobo, était jusqu’à une date récente, royalement ignorée par les opérateurs économiques de la commune. Chacun allant de son argumentaire pour justifier son refus de regagner ce site construit par la Sogegar (Société de gestion des gares routières). Pour certains, elle est située trop loin du centre-ville, quand pour d’autres, les prix des magasins et boxes ne sont pas à la portée de leur bourse. Mais depuis un bon moment, les choses ont changé. La démolition par le ministère de la Salubrité Urbaine de la gare routière du rond point et de Gagnoa gare, située derrière la gendarmerie, a changé la donne. Aujourd’hui, c’est la ruée vers la Sogegar d’Abobo, nom de la nouvelle gare. Mais à l’instar des chercheurs d’or, très peu de personnes ressortent satisfaites de cet endroit. Venues également réserver des places, Coulibaly Awa et Bamba Awa, deux commerçantes d’arachide à l’ancienne gare du rond point, déchantent devant les prix des places. «Au marché des légumes et fruits, les places coûtent 120.000FCFA», leur répond le responsable du service commercial, M. Adou qui refuse de répondre à nos questions. Sous prétexte qu’il n’a pas reçu de consigne de la part de ses responsables. Alors que nous prenons le soin de lui préciser que nous avons eu le feu vert du responsable communication de la Sogegar, M. Adopé. Mais cela n’entame en rien notre volonté d’en savoir davantage. Nous suivons alors les échanges entre M. Adou et les femmes. «On nous a dit qu’il y a des places de 8000FCFA», rétorquent les femmes. «Nous n’avons pas de places à ce prix ici. Allez chez Solo Ba», leur lance M. Adou. Après le départ des deux dames, nous décidons nous aussi de nous rendre chez Solo Ba. En sortant du service commercial, nous surprenons un autre groupe de femmes, venues elles aussi prendre des places conteneurisées. Nous les suivons dans la salle de réunion. Dans cette pièce, les commerçantes ne perdent pas de temps. Celles qui ont la somme demandée paient immédiatement et reçoivent en retour, un reçu. «Le containeur, c’est 325 000CFA. Il faut payer cash. Ensuite, tu auras à payer 12 000FCFA par mois. Le premier venu est le premier à être servi. En une semaine on a sa place», indique au téléphone, Latif, plus connu sous les initiales de OP, responsable des lieux.

Les activités ont commencé à Sogegar

De la salle de réunion, nous nous rendons chez Solo Ba. Ce dernier occupe un bureau d’une société de transport, du côté de l’aile gauche de la gare. L’ambiance est surchauffée. Une foule de femmes massées devant l’entrée du bureau piaffe d’impatience. Chacune voulant être reçue par le maître des lieux. «Calmez-vous, vous serez toutes reçues. On vous a demandé de venir prendre les places, vous avez refusé. Elles sont prises et c’est maintenant que vous venez», ironise un des collaborateurs de Solo Ba, essayant tant bien que mal de calmer la colère des femmes. Face à l’impossibilité de rencontrer Solo Ba, nous décidons d’aller vers ceux qui ont commencé leurs activités à la gare. Au parking des Wôrô-wôrô et taxis, des jeunes (filles comme garçons), vêtus d’uniforme orange, déchargent les bagages des passagers. «Nous sommes de la société Ivoir Porteur. Notre tâche consiste à charger et décharger les bagages des passagers qui nous paient à leur convenance », confie Coulibaly Souleymane, chef d’équipe. Deux quais, poursuit-il, existent à la gare. Un pour les taxis et wôrô-wôrô et un autre pour les véhicules de transport qui y déchargent leurs passagers et bagages. A Gagnoa gare, une compagnie de transport faisant la ligne Agnibilékro-Bondoukou exerce désormais à la nouvelle gare. Cela, suite au déguerpissement. Mais sans grand dommage, selon le guichetier, Amoro Kamagaté. « On ne se plaint pas trop. Ça va. A l’ancienne gare, les voitures sortaient plus rapidement qu’ici. On espère que d’ici la fin de l’année, l’affluence sera effective », explique-t-il. En partance pour Bondoukou, M. Opoukou Koffi avoue préférer la nouvelle gare à l’ancienne, même s’il déplore la lenteur des départs. « Ici, la gare est clôturée. Il y a la sécurité. En plus tout est propre », se réjoui-t-il.

Le marché des divers situé à l’aile droite n’est pas en marge de ce démarrage des activités. Les femmes rencontrées sur le site indiquent qu’elles ont déboursé 8000F CFA pour acheter chacune un place (une table pour l’essentiel). « J’ai commencé à vendre ici seulement hier (ndrl lundi 19 novembre). Tout se passe bien. Ici, nous vendons tout, sauf la nourriture, les fruits et légumes. Nous vendons les jus, les habits, du savon, du pain, des sardines, etc. On dit que nous paierons par la suite 10 000FCFA par an pour le syndicat, mais ce n’est pas encore vérifié », indique dame Rokia Konaté, responsable des femmes de ce marché. Sur le prolongement du marché des divers, se trouve l’Allocodrome. C’est un site moderne avec des box séparés pour chaque restauratrice. Quelques restaurants sont ouverts. Les tenancières saluent l’affluence que commence à connaître la gare. Deuxième femme à ouvrir sont restaurant, Mariam Touré qui vend de l’attieké et du poisson grillé ne se plaint pas du tout. « Avant, je vendais devant l’hôpital, non loin du marché. Je suis ici depuis trois mois. Au début, c’était difficile. J’étais obligée de donner le reste de la nourriture aux gardiens car il n’y avait pas suffisamment de clients. Depuis quelques semaines, ça va », nous dit-elle devant des plateaux vides. Dernière station de notre randonnée, la gare des gbaka. Elle est calquée sur le modèle de la société de transport abidjanais (SOTRA). Seulement qu’en lieu et place des numéros de bus, sont marqués les noms des communes. Chaque gbaka doit stationner devant le quai portant le nom de la commune qu’il dessert. Aucun gbaka n’était stationné à notre passage. De là, nous nous rendons au bureau de Solo Ba qui cette fois-ci, est présent. Sonogo Souleymane, à l’état civil, est le président du comité de gestion de la nouvelle gare. Il nous indique qu’elle a été construite pour aider les transporteurs et commerçants d’Abobo à sortir de l’informel et à ne plus baigner dans l’insécurité. Regrettant que les gens n’aient pas cru à la destruction de l’ancienne gare. « Toutes ces femmes que vous voyez viennent pour demander des places. C’est difficile de les satisfaire car il n’y a pratiquement plus de place. Cependant le maire de la commune, Adama Toungara, nous a demandé de trouver de la place pour 5000 femmes. C’est ce que nous sommes en train de faire actuellement », nous indique-t-il. La gare déclare t-il, est construite sur une superficie de 14 hectares et est gérée par un comité de gestion qui s’occupe de la sécurité. La surveillance est également assurée par des vidéos. Finalement nous prenons congé de notre hôte aux environs de 18h. Dao Maïmouna (Photos A Mesmer)

Ne pas s’arrêter en si bon chemin

Il n’y a pas d’activité syndicale à proprement dite à la nouvelle gare d’Abobo. La gare est gérée par un comité de gestion. Les syndicats ne peuvent donc pas vendre de ticket dans cette gare. La volonté de la mairie d’Abobo de ne pas laisser l’anarchie et le désordre s’installer à la nouvelle gare est salutaire. Car les chauffeurs ont de tout temps décrié le comportement des “gnamboros” qui ne cessent de les racketter, machette à la main. En le faisant, les responsables municipaux d’Abobo donnent un signal fort quant à leur volonté de moderniser la gestion des gares. Cependant, il ne faudrait pas que cela s’arrête. En effet, on ne peut pas interdire la vente de tickets syndicaux dans une seule gare de la Côte d’Ivoire. «En détruisant la gare du rond point, on nous enlève notre gagne-pain car dans la nouvelle gare, il n’y a pas d’activité syndicale», ont dénoncé les syndicats exerçant à l’ancienne gare routière. D’où leur féroce opposition à la destruction de cette gare. Il appartient donc à la mairie d’Abobo et au ministère des transports de trouver une solution définitive à ce problème de “gnamboros” qui, il faut l’avouer, sont véritablement nuisibles.
DM
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