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Société Publié le jeudi 6 décembre 2012 | Le Patriote

Souleymane Sanogo, président du comité de gestion de la nouvelle gare routière d’Abobo, chargé du transport : “Comment la nouvelle gare fonctionne”

Les commerçants et surtout les syndicalistes de l’ancienne gare routière du rond point d’Abobo ont opposé une résistance des plus farouches à la démolition de la cette gare. Il aura fallu l’intervention des forces Républicaines de Côte d’Ivoire pour les «déloger». Face aux interprétations relatives à cette nouvelle gare, Souleymane Sanogo explique son fonctionnement. Entretien.

Le Patriote : La nouvelle gare d’Abobo a été inaugurée il y a quelques mois. Où en sommes-nous aujourd’hui ?

Souleymane Sanogo : Nous sommes satisfaits. Vous venez vous-même de le constater, progressivement, la gare est en train d’être envahie par les commerçants.

LP : N’est-ce pas la destruction de l’ancienne gare et le déguerpissement des vendeurs qui a obligé commerçants et transporteurs à regagner la nouvelle gare?

SS : Cela est vrai en partie. Mais il faut dire que déjà, avant le déguerpissement, l’ n’y avait plus de magasin libre à la gare. Tous ont été réservés par les commerçants. Nous avons 300 magasins et tous ont été pris. Mais à la faveur du déguerpissement des commerçants de l’ancienne gare, vu le désarroi des femmes, le maire a souhaité que nous puissions trouver gratuitement, de la place pour 5000 femmes. C’est ce qui explique la présence de toutes ces femmes devant mon bureau.

LP : Ces femmes justement vous accusent d’avoir vendu les places à certaines personnes alors qu’elles devraient être les premières bénéficiaires ? Avaient-elles l’information de l’achat des places à la nouvelle gare ?

SS : Ici, nous avons les magasiniers, les commerçants ambulants et les femmes grossistes et l’allocodrome (espace de restauration). Cet espace était déjà bouclé. Tout comme les magasins. L’espace transport est presque bouclé. Présentement nous avons une soixantaine de société de compagnie de transport enregistrées. Des compagnies comme STIF, Aïcha ni Mory, UTB, ATT ont tous des gares ici. En ce qui concerne les femmes, il fallait faire un travail de fond. Les 5000 places que nous octroyons, c’est du social voulu par le maire. Soit ces femmes n’ont pas reçu la bonne information, soit elles ont été mal informées par des personnes qui ont voulu salir l’image de la gare et du premier magistrat de la commune. Pour les magasins, il faut débourser 2,8 millions FCFA comme pas de porte et 70 000FCFA par mois pour le loyer et 10 000FCFA pour la sécurité et l’entretien. Les 300 magasins ont tous été pris. Les boxes pour les vivriers coûtent 400 000FCFA. La possibilité a été donnée aux femmes de payer en plusieurs tranches et après le paiement des 400 000F, le box vous revient totalement. A l’allocodrome, les places coûtaient 100 000 FCFA et la place revenait entièrement à son acquéreur. Pour les commerçantes ambulantes qui n’ont pas les moyens, nous nous sommes battus pour qu’elles aient des places. 5000 places leur ont été attribuées gratuitement et elles ne paieront que 150 FCFA pour l’entretien. Vous avez constaté qu’elles jettent les sachets partout. Qui va les ramasser ? Pour nous, la santé, l’hygiène et la sécurité sont primordiales. Voilà pourquoi nous avons instauré ce ticket de 150 FCFA. Ceux qui racontent autre chose, qu’ils viennent le prouver.

LP : Pourtant, les femmes du marché des divers nous ont confié avoir payé 8000 FCFA ?

SS : Nous ne vendons pas de place dans ce marché. L’accès est gratuit selon les consignes du maire. C’est la table qu’elles paient à 8000FCFA avec le menuisier. Elles ne peuvent pas vendre à même le sol quand même. Sauf qu’elles vont payeront 150 FCFA pour l’entretien.

LP : Les syndicalistes qui s’étaient opposés à la destruction de l’ancienne gare avaient pour argument l’absence de syndicalisme à la nouvelle gare. Qu’en est-il exactement ?

SS : Je suis moi-même syndicaliste. Mais ici, nous insistons sur deux aspects : La sécurité et la propreté. La gare a été construite par un opérateur privé qui a une convention avec la mairie d’Abobo, pour 15 ans. C’est un investissement de près de quatre milliards FCFA. Au départ, il était question que les hangars soient vendus à dix millions comme pas de porte. Et chaque fin de mois, chaque compagnie de transport devait débourser 400 000 ou 500 000 FCFA comme loyer. Nous sommes intervenus auprès du promoteur et du maire pour proposer la mise en place d’un comité de gestion afin qu’il (le promoteur) rentre facilement dans ses fonds. Nous avons demandé à encaisser 5% des frais de chargement. Afin que vous compreniez bien, je prends l’exemple d’une gare à Adjamé. Le transport pour une compagnie de transport à destination de San Pedro est de 6000FCFA par passager. Lorsque les coxer viennent avec une passager, la compagnie leur paie 1000FCFA. La compagnie se retrouve donc avec 5000FCFA. Dans un car, il y a 69 places. 69 multipliés par 1000, vous vous retrouvez avec 69 000 FCFA, soit près de 20% de faux frais. Malgré cela, la compagnie va payer le loyer, les guichetiers, les bagagistes et tout le personnel. Ici, la compagnie ne paiera que 5% au comité de gestion. Et ce comité prend en compte tout ce qui est personnel, c’est-à-dire les bagagistes, les caissières, etc. La compagnie ne paie rien. Ni loyer, ni facture d’électricité, ni eau. Elle ne paie que 5% par chargement. Cela, quelque soit la valeur numéraire du chargement. Or, les syndicalistes ont souhaité que l’accès de la gare soit libre afin que chaque syndicat vienne faire ces encaissements. C’est-à-dire 100f, 200f, 300 f par chargement. Pour des compagnies de transport qui ont plus de 150 véhicules dans leur parc auto, avec tout ce que cela implique au niveau sécuritaire, vous comprenez que nous ne pouvons accepter cela. Vous avez été vous-même témoin de la dernière grève des chauffeurs de gbaka (véhicule de transport en commun) qui en ont marre de cette pratique. Ici, les gbakas ne paient que 1000f par jour, quelque soit le nombre de rotation qu’ils feront. Pour les taxis communaux, c’est 500f. Nous avons près de 400 syndicats. Si chaque syndicat doit venir vendre ses tickets, avec tout ce que cela comporte, notamment la machette, vous comprenez que cela n’est pas possible. La nouvelle gare est une question d’organisation. C’est pourquoi nous nous sommes organisés pour créer l’union syndicale des transporteurs et chauffeurs de la commune d’Abobo(USTCA). Cette union est prise en compte dans le comité de gestion. Nous allons employer plus de 500 personnes à la nouvelle gare. Nous ne pouvons pas exporter l’ancienne pratique ici. C’est donc tout simplement une question d’organisation. Tous les syndicats qui ont adhéré au projet de la mairie sont présents à la gare. Nous sommes des professionnels du transport. Nous avons opté pour l’organisation de notre milieu et la création d’emploi durable pour la jeunesse. Nous ne voulons plus des pratiques barbares à la nouvelle gare.

LP : Vous avez cité les taxis communaux et les gbaka. Est-ce qu’un espace à été réservé pour ces deux types de transport ?

Ss : Oui. Ils ont leur espace. C’est du jamais vu en Côte d’Ivoire. Ceux qui arrivent à la gare pensent que l’espace est réservé aux bus de la Sotra. Nous avons un espace pour les taxis compteurs et un autre pour les taxis communaux.

LP : Quel est le rôle du comité de gestion ?

SS : Notre rôle est de veiller au bon fonctionnement de la gare afin de permettre au promoteur de rentrer en possession de ces fonds. Car c’est nous qui sommes intervenus afin qu’il puisse surseoir aux premiers prix fixés pour les pas de porte des magasins. C’est donc nous qui payons le personnel (caissières, guichetier, sécurité, hygiène etc.). Nous sommes près d’une quarantaine de syndicats dans le comité de la gestion. Ce qui est déjà trop.
Réalisée par Dao Maïmouna
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