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Politique Publié le jeudi 6 décembre 2012 | AFP

Procès Mahé: la défense pourfend l`hypocrisie dans cette affaire "extraordinaire"

© AFP Par DR
L`ancien adjudant-chef Guy Raugel (à g.) arrive à la cour d`assises de Paris en compagnie de son avocat, le 27 novembre 2012.
PARIS - Les avocats de la défense ont pourfendu l`hypocrisie jeudi au procès des quatre militaires français jugés pour le meurtre d`un bandit ivoirien présumé, une "affaire extraordinaire" selon eux, car "militaire".

L`avocate générale, qui a requis dans la matinée des peines de prison de 6 mois avec sursis à 5 ans ferme, a elle-même qualifié ce dossier d"extraordinaire", tant il est rare de voir des militaires jugés aux assises pour une affaire criminelle. Les faits sont en principe passibles de 30 ans de réclusion.

"C`est une affaire extraordinaire, d`abord parce que c`est une affaire militaire", a appuyé Me Jacques Trémolet de Villers, avocat de l`adjudant-chef Guy Raugel.

Ce dernier a toujours reconnu avoir tué sur ordre en mai 2005 le bandit présumé Firmin Mahé, en l`étouffant avec un sac plastique alors qu`il était transporté dans un blindé français.

L`accusation a requis 5 ans dont 3 ferme contre lui, alors que 5 ans ferme ont été demandés contre le colonel Eric Burgaud, qui lui avait transmis l`ordre fatal. Des peines avec sursis ont été requises contre deux soldats qui se trouvaient dans le véhicule, Johannes Schnier et Lianrifou Ben Youssouf.

Il y a dans cette affaire "la force de l`ordre", a continué Me Trémolet de Villers. Guy Raugel a-t-il "volontairement" donné la mort, a interrogé l`avocat. Non, parce que "le +volontairement+, ça marche dans la vie civile, mais dans cette vie-là, ça ne marche pas!". Pour lui, Guy Raugel ne doit pas aller en prison.

"chair à canon juridique"

Par ailleurs, a poursuivi l`avocat, "ceux et celles qui ont mis ces hommes dans ce merdier ne répondront jamais de ce qu`ils ont fait".

La force française Licorne était alors déployée en Côte d`Ivoire, pays en guerre civile, sous un mandat de l`ONU qui ne lui permettait pas de remplir correctement sa mission.

"Affaire d`exception", a également plaidé Me Alexis Gublin, avocat du colonel Burgaud, mais jugée pour la première fois par une juridiction entièrement de droit commun, puisque le tribunal aux armées a été supprimé au 1er janvier dernier.

L`avocat a dit avoir "l`intime conviction" que le général Henri Poncet, le supérieur d`Eric Burgaud, lui avait "donné l`ordre" de tuer Mahé.

L`avocate générale elle-même a dit ne pas savoir si le général, qui nie et a bénéficié d`un non-lieu, avait donné cet ordre. Or, pour la défense, ce "simple doute" doit bénéficier à l`accusé.

"Le temps suffit à punir ceux qui portent le remords", a estimé l`avocat, qui a aussi évoqué "le défilé de généraux" ayant tenu devant la cour d`assises "des discours de salon".
"Vous avez vu ici toutes les catégories de l`armée française, du plus courageux au moins courageux", a également constaté Jean Balan, avocat du brigadier-chef Schnier.

Il y a les accusés. Il y a aussi des "courageux de la dernière heure", qui ont fait montre de "l`hypocrisie la plus totale". "Et les généraux --c`est formidable, les généraux!-- ils ont répondu tout le temps avec beaucoup d`aplomb, mais toujours à côté de la plaque", a estimé Me Balan.

"Qu`est-ce qui se passe sur le terrain? Les soldats exécutent l`ordre et si ça se passe mal, qui va payer les pots cassés? Des gens comme ça", a-t-il lancé en direction des accusés. Si le brigadier chef est condamné, "les soldats deviennent de la chair à canon juridique, ils n`ont plus aucune possibilité de se défendre!", a-t-il estimé.
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