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Art et Culture Publié le dimanche 9 décembre 2012 | Ivoire-Presse

Conférence sur le thème : "culture et développement en République populaire de Chine" - Texte intégral de l`exposé

© Ivoire-Presse Par DR
Conférence du groupe CEFIAT: SEM Zhang Guoquing explique le modèle de développement chinois aux étudiants ivoiriens
Samedi 8 décembre 2012. Abidjan Plateau. Le groupe CEFIAT, de Mme Okou Blanche, Fondatrice, organise une conférence sur le thème «culture et développement en République Populaire de Chine », animé par l`ambassadeur de Chine en Côte d`Ivoire, SEM Zhang Guoquing
INTRODUCTION

Durant quatre années, nous avons observé d’éminents universitaires portés leur regard sur la Chine. Ni sinologues, ni pékinologues mais surtout de façon bénévole, ils ont apporté chacun leur contribution à notre formation et à l’essor de notre organisation.

N’ayant rien à leur offrir, il reste à leur prouver que nous avons appris. Je mesure que nous ne sommes pas tout prêt d’atteindre leur dimension. C’est pourquoi, je prie qu’on me concède de ne pouvoir dire comme eux. Et je rassure que je ferai de mon mieux. Quand je parle, ma référence est singulièrement le Ministre SERY BAILLY. Mais à travers lui, je voudrais dédier ma pensée à tous les autres. Merci de croire en votre jeunesse. Merci de croire en l’amitié sino-ivoirienne.

A l’origine de notre organisation, nous nous étions fixés pour mission d’enrichir les échanges culturels entre la Côte d’Ivoire et la République Populaire de Chine. Cela nous avait valu de présenter l’impact de la culture sur le rayonnement de la Chine lors de notre première activité. Aujourd’hui que nous souhaitons abreuver toute l’Afrique à la riche expérience de la Chine, nous nous ressassons les moments les plus importants de notre organisation pour mieux affronter les défis majeurs qui nous attendent et prendre notre nouveau départ. Parler de relation entre la culture et le développement apparaît comme l’exercice de l’élève à rendre au maitre. Au demeurant, le maître a dit et c’est à l’élève de retranscrire. C’est ici tout le sens du travail que je dois produire ce matin. Pour le faire, il nous faudra définir séparément les notions de culture et de développement (I), présenter les atouts culturels au développement (II) et aborder les réalités du développement de la République Populaire de Chine (III).

I- APPROCHE DEFINITIONNELLE

L’approche définionnelle de notre exposé suppose des définitions suffisamment étayées des notions de culture (A) et de développement (B) ainsi que d’établir ou du moins d’ébaucher la relation entre les deux notions (C).

A) NOTION DE CULTURE

D’après SAUPHIE FAURE, la culture détermine les manières de penser, de sentir, de communiquer, de produire des objets concrets. Elle désigne l’ensemble des activités soumises à des normes socialement et historiquement différenciées, et des modèles de comportements transmissibles par l’éducation, propre à un groupe social donné. Ce qui intéresse surement dans cette définition, c’est qu’elle intègre à la fois des éléments de convergence intragroupe dans la mesure où la culture est présentée comme ce qui rassemble les membres d’une communauté à partir de pratiques et de schémas de pensées communs, et des éléments de différenciation intergroupes qui laissent entrevoir les particularités d’une dynamique fondamentalement humaine.

La culture chinoise portée essentiellement par le confucianisme et en partie par le bouddhisme et le taoïsme, s’attache principalement à l’harmonie dans les relations interpersonnelles, dans les relations entre l’homme et la nature. Le confucianisme favorise la communication interpersonnelle ; le taoïsme met l’accent sur la communication entre la nature et l’homme, le bouddhisme quant à lui, privilégie la communication entre l’esprit et le corps de l’homme.

B) NOTION DE DEVELOPPEMENT

Le développement désigne des transformations qualitatives en plus d’une augmentation quantitative du revenu. Il s’apparente à une succession d’étapes qui diffèrent soit par la forme de la production et des échanges, soit par la nature du secteur prédominant, soit par le rythme de croissance de l’investissement et de l’accumulation du capital. Au développement, s’oppose le sous-développement ou le mal-développement ou tout simplement l’absence de développement. Cela est visible à travers des marques telles que la pauvreté, la famine, la sous-alimentation, l’analphabétisme, la forte mortalité, etc., et tout particulièrement la faiblesse du revenu par tête. Les économies sous-développées sont constituées de secteur juxtaposés qui n’échangent que marginalement entre eux, et sont liés principalement avec l’extérieur. Ce qui pose le problème de leur dépendance commerciale vis-à-vis de l’extérieur.

A la différence, une économie développée constitue un tout cohérent fait de secteurs qui procèdent entre eux à d’importants échanges – qualifiés d’inter-industriels ou d’inter-sectoriels. Ceux-ci sont solidaires les uns des autres, ou à tout le moins complémentaires : les industries extractives et énergétiques fournissent leurs matières premières principales aux industries de base, lesquelles alimentent en biens d’équipement et semi-finis les industries légères et l’agriculture industrialisée, qui à leur tour produisent des biens de consommation.

C) RELATION CULTURE – DEVELOPPEMENT

Dans l’opinion, il prévaut de plus en plus l’idée qu’aucun développement durable n’est concevable si n’est pas prise en compte la culture, comprise comme la totalité de la vie des gens et les valeurs qu’elle comporte ou, plus restrictivement, comme l’activité artistique sous toutes ses formes. Tout un ensemble de transformations culturelles contribue au changement social, économique et politique. En effet, la mondialisation fragilise ou du moins met à l’épreuve les identités nationales. Dans le même temps, on assiste souvent sous l’impulsion de la politique culturelle, à la renaissance de la conscience civique.

Dans le cas de la Chine, comment 5000 ans d’histoire ont positivement impacté l’évolution économique, politique et social de l’empire du milieu. Pour répondre à cette question, nous évoquerons les atouts culturels au développement.

II) LES ATOUTS CULTURELS AU DEVELOPPEMENT

Dans l’historiographie de la Chine, la culture après comme un facteur déterminant au rayonnement actuel. D’abord, le rapport au temps (A), ensuite, la notion de grandeur dans la société chinoise(B) et enfin les valeurs de persévérance, du travail et de patriotisme(C) sont irrécusablement les justifications a la monté fulgurant de la Chine dans le conseil des nations.

A) LE RAPPORT AU TEMPS

Le mental d’un chinois est différent de celui de tout autre être humain. Si la quintessence de la civilisation chinoise a réussi a traversé les siècles en se jouant des évènements extérieurs, c’est parce qu’elle repose sur des notions extrêmement profondes ayant trait à la conception de l’homme et de l’univers, qui sont forts différentes des nôtres et au premier rang desquelles on placera le rapport au temps. Dans la conception occidentale que nous pratiquons visiblement, le sablier se vide ; en Chine, la roue tourne. Pour les tenants de la première conception, le temps est linéaire ; il s’en déduit l’expression : « Le temps perdu ne se rattrape jamais ». Ainsi, ils se mettent la pression d’un compte à rebours et s’emprisonnent dans la certitude de leur mort prochaine. Cette vision du temps est parfaitement symbolisée par le sablier qui se vide, au fur et à mesure que le temps passe.

Pour un chinois, le temps est cyclique, il passe et repasse, de même que les saisons des cultures se succèdent. En Chine, le temps ne se perd pas car à l’instar d’une roue qui tourne, un moment donné finit toujours par revenir. Les états initiaux et finaux de chaque moment donné sont donc appelés à se succéder puisqu’ils ne sont que le début ou que la fin d’un cycle qui se renouvelle sans discontinuer. Le bouddhisme la renaissance après la mort.
Ce rapport au temps justifie amplement la longévité du sentiment de grandeur entretenu par la société chinoise.

B) L’IDEE DE GRANDEUR DANS LA SOCIETE CHINOISE

Dans leur fierté, les chinois désignent leur pays par Zhongguo, c'est-à-dire pays du milieu ou du centre. A mesure que la société chinoise affine ses modalités d’organisation, progressivement, ce sentiment diffus que la Chine est le pays du centre, le centre du monde.
Les chinois perçoivent le centre comme la cinquième direction après celle marquée par les points cardinaux. Cette conception sous-tend leur attitude à l’égard de leurs voisins. L’ « ailleurs » pour un chinois est si lointain qu’il en deviendrait presque inexistant. Qu’obtiendrait donc l’empereur chinois a accrédité auprès de sa cour, un ambassadeur de l’empire britannique ? Pour les chinois, il est impensable d’envisager un monde différent du leur. Même quand la Chine s’ouvre au monde et développe avec lui des relations étroites d’amitié et de coopération, il demeure que les franchises de la société chinoise doivent être préservées. La Grande Muraille illustre parfaitement ce rapport que la Chine entretient avec le monde extérieur. Ce mur, grand de plus de 6000 kilomètres a non seulement contribué à sanctuariser le territoire chinois (en tant que centre du milieu d’où on ne sort et d’où on ne rentre que si l’on montre patte blanche), mais témoigne également de l’absence de visée impérialiste de cet immense empire qui a toujours considéré ne pas avoir besoin de conquérir d’autres, parce que le sien lui suffisait amplement… car ce mur servait à la fois, à empêcher qui le voulait de venir gouter au délices de la Chine, et prouvait le désintérêt de la Chine à épuiser son énergie en partant à la conquête des territoires périphériques. Dans les deux sens, la grande muraille symbolise l’étanchéité du territoire du pays.

L’idée de grandeur annonce les valeurs de persévérance, du travail et du patriotisme qui au fil des siècles, se sont enracinées dans la mémoire collective des chinois.

C) LES VALEURS DE PERSEVERANCE, DU TRAVAIL ET DU PATRIOTISME

Les valeurs de persévérance, de l’abnégation au travail et du patriotisme naissent quasiment avec l’Etat-continent mais se développement considérablement, au bénéfice du rayonnement actuel de la Chine, au lendemain de la révolution culturelle. L’œuvre littéraire et artistique chinoise rapporte de nombreux proverbes et façons de penser qui peignent au mieux la notion de persévérance qui s’accouple de facto du travail. « Avec un peu de patience, la feuille de murier devient satin » ; « Que de donner du poisson à quelqu’un, vaut mieux lui apprendre à pêcher ». A suivre l’histoire de HU GONG, assurément que « La persévérance franchit tous les obstacles » comme confère Sénèque. HU GONG est un vieillard devant la demeure de qui se trouvait fixé une montagne. Toutes les fois qu’il sortait de sa demeure, pour avancer, il devait contourner la montagne. Fatigué du kilométrage à parcourir chaque jour, il décida avec l’aide de sa famille et de tout ce qu’il possédait comme outil utile à cette tâche, de déplacer la montagne. La légende rapporte que des jours, des semaines, des mois et des années étaient passés qu’il ne se lassait de poursuivre dans ce travail en dépit des moqueries dont il était la cible. Au bout du compte, la faveur céleste s’abattit sur sa famille et lui et les délivra de l’emprise de cette montagne.

Le patriotisme chinois quant à lui est mesurable sous l’ère Mao. Avant tout la patrie. Et pour dire comme BENITO MUSSOLINI : « Tous pour la patrie, rien contre la patrie et rien en dehors de la patrie ». C’est cet amour à la patrie qui a rappelé a MAO et à TCHANG KEI CHEK le risque encouru par la patrie au cas de la persistance des divisions internes devant les velléités remarquables des puissances occidentales de soumettre la Chine. Nous comprenons mieux dans l’appel lancé par MAO TSE TOUNG au peuple chinois de triompher de deux montagnes : premièrement, le féodalisme : c’est-à-dire les divisions à l’intérieur de la société chinoise ; et deuxièmement, l’impérialisme. Cet amour à la patrie met en place un système où l’individu est invité à s’incliner devant la collectivité. Pour un Han, le « je » est l’ennemi mortel du « nous ». La prévalence de la patrie sur les intérêts individuels institue l’ordre et l’harmonie sociale qui sont des gages à un développement durable et maitrisé.

III) LE DEVELOPPEMENT DE LA CHINE

Comme elle possède une civilisation très ancienne et puissante, la République Populaire de Chine a réalisé des performances économiques extraordinaires ces deux dernières décennies.

Même si elle conserve encore son statut de pays en voie de développement, cela ne peut lui dénier de représenter la deuxième économie la plus puissante du monde depuis le deuxième trimestre 2010 avec un taux de croissance annuel de 10% qui est maintenu depuis 25 ans.
Deux raisons expliquent cette croissance ultra-rapide et continue. Nous notons dans un premier temps la décision de DENG XIAOPING de convertir la Chine à l’économie de marché (1970) qui a été concrétisée par la nouvelle constitution de 1982 ; ensuite, l’adhésion le 11 Décembre 2002 de la Chine à l’Organisation Mondiale du Commerce. Aujourd’hui, la Chine est la principale destination au monde pour les investissements, la première pour l’exportation de produits liés aux technologies de l’information. Elle dispose des plus importantes réserves de change au monde et elle est la troisième nation commerçante du monde.

Même si la dépendance de l’étranger, le vieillissement de sa population et les difficultés à la maîtrise parfaite de son environnement ralentissent sa montée fulgurante, les perspectives sont prometteuses pour une Chine qui prend le temps de résorber ses grandes plaies et relever des défis plus importants.

CONCLUSION

Depuis 5000 ans avant JC, la Chine est toujours là, à la fois immuable et formidablement mobile puisque, malgré des décennies de fermeture et de repli sur elle-même, elle est en train de devenir une superpuissance parfaitement articulée à la globalisation du monde sur laquelle elle pèse de plus en plus.

« Le passé doit servir le présent ». A ce mot d’ordre de Mao, il conviendrait d’ajouter celui-ci : « Le passé sert à comprendre le présent ». Pour comprendre la Chine d’aujourd’hui, il est indispensable de connaître les grands facteurs géographiques, historiques, sociaux et culturels qui façonnèrent la mentalité chinoise depuis les origines car ils continuent à marquer profondément les us et coutumes de ses habitants.

Alain Peyrefitte pouvait prédire : « Quand la Chine s’éveillera, le monde tremblera ». La Chine c’est réveiller et le monde continue de trembler. C’est au tour de l’Afrique de se réveiller et ma foi reste qu’au réveil de l’Afrique, le monde tremblera deux fois plus qu’il n’a tremblé lorsque la Chine s’est réveillée.

Je vous remercie.
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