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Afrique Publié le samedi 15 décembre 2012 | Le Mandat

Crise malienne : L’équation à double variante de la Cedeao (1ère partie)

© Le Mandat Par Nathan KONE
Abidjan : Ouverture du sommet extraordinaire des chefs d’Etat de la CEDEAO sur le Mali
Mardi 27 mars 2012. Abidjan. Hotel Ivoire, Cocody. Ouverture du sommet extraordinaire des chefs de la Cédéao sur la crise Malienne.
Que se passe t-il au Mali depuis le coup d’Etat de mars 2012 ? En d’autres termes que se passe t-il exactement à Bamako ? Il est plus juste de poser la question ainsi. Au nord du pays les choses sont claires : on enlève des Occidentaux pour faire pression sur leurs gouvernements ou pour obtenir des rançons, on ampute pour un vol, un flagelle pour l’adultère ou l’impudicité, on ostracise les femmes etc., dans l’optique d’y créer un émirat administré suivant les lois de la Sharia. Pour participer à ce projet et empêcher qu’il ne soit compromis par une attaque de forces coalisées, les fous de Dieu accourent des quatre coins de la planète pour prêter mains fortes aux maîtres de la zone. Les projets et les intentions des Djihadistes ou terroristes (c’est selon) ont l’avantage d’être limpides. Pour ou contre, chacun peut en connaissance de cause se déterminer par rapport à cela.
De l’autre côté, c'est-à-dire au sud et plus précisément à Bamako, personne ne sait ce que veulent les uns et les autres et quelles sont les réelles motivations des hommes politiques maliens. Quelle vision ont-ils pour le Mali aujourd’hui, dans un an ou dans 20 ans ? No body know! Dans ce cas: C’est quand, on va où ?

« Il faut leur faire comprendre que seuls, ils ont peu de chance de vaincre »

La Communauté internationale à travers la CEDEAO a suffisamment démontré sa bonne disposition à aider les Maliens et le Mali à retrouver la sérénité, la paix et la cohésion. Cependant au vu du spectacle, tout à fait incroyable, auquel s’adonne la classe politique qui feint d’ignorer que ce qui se joue, actuellement, n’est rien moins que la survie du Mali en tant que pays. On s’autorise, dès lors, à se demander si la CEDEAO qui a engagé la Communauté Internationale n’a pas surestimé la capacité et surtout l’envie du Président Traoré à être l’homme de la situation capable de fixer un cap et de mener les troupes. Pendant que l’existence même de la nation est en péril, les politiciens avec une décontraction incompréhensible préfèrent privilégier les règlements de compte entre amis. Le manque d’initiatives et l’impression de se satisfaire du statu quo sont portés à un niveau incongru. Toutes les analyses faites sur la situation du Mali depuis le Coup d’Etat de mars, dernier, en parlent avec force détails.
Adoubé par l’application des dispositions d’une constitution qui a perdu de sa force et de son caractère sacré du fait de sa dissolution puis de sa réhabilitation et qui, aujourd’hui, est en concurrence avec l’accord-cadre du 6 avril 2012 signé à Ouagadougou qui représente pour beaucoup la référence de
l’architecture institutionnelle du pays, le Président Traoré se sent illégitime et sans moyens. Son agression dans ses bureaux sous les yeux de ses gardes et le service minimum en terme de réactions dans le monde, l’ont instruit sur la fragilité de sa position, sa solitude et son éloignement d’une communauté internationale qui a tout misé sur lui sans lui donner les moyens d’agir en amont pour canaliser les forces centrifuges qui lui sont hostiles et qui semblent majoritaires dans le pays. Son enfermement dans une posture d’homme de paille sans envie ni ambition laisse le champ libre au capitaine Sanogo et à ses nombreux soutiens politiques et civils pour mener la danse et surtout de suggérer à la communauté internationale son erreur de vouloir les mettre à l’écart de ce qui trame dans leur pays. Le limogeage sans préavis du Premier Ministre qui est un véritable doigt d’honneur à cette communauté internationale illustre à lui seul la capacité du capitaine et de ses soutiens à fonder les événements au Mali. La communauté internationale se trouve complètement démunie, aujourd’hui, dans sa volonté de forger un destin au Mali sans tenir compte de cette donne. La CEDEAO doit rapidement reprendre la main dans le dossier malien qui semble lui échapper.

La nature et les enjeux de la guerre que va leur livrer les partisans de Al-Qaeda dépassent complètement le seul cadre du Mali.

D’abord, il faut prendre langue avec l’armée malienne qui est largement acquis au Capitaine Sanogo et qui soupçonne la communauté internationale de vouloir la contraindre à abandonner son égo. Il s’agit plus de justifier ou de condamner le Coup d’Etat. La CEDEAO doit concéder que la débâcle de cette armée devant les combattants du MNLA provient de son sous équipement et non d’un manque de courage. Mais tout en manageant la susceptibilité des soldats maliens il faut leur faire comprendre que seuls, ils ont peu de chance de vaincre. La nature et les enjeux de la guerre que va leur livrer les partisans de Al-Qaeda dépassent complètement le seul cadre du Mali. Ils doivent accepter l’aide de la communauté internationale et ne pas y trouver un quelconque motif d’humiliation ou d’assujettissement.
Ensuite, le sort d’un pays et d’un peuple étant toujours supérieur aux conflits ou aux intérêts des personnes, la CEDEAO doit interroger les autorités maliennes sur leur envie de travailler sincèrement à une sortie de crise au sud avant d’envisager des actions au nord. Si c’est le cas, il importe donc de définir un calendrier strict pour arriver dans les plus brefs délais à l’organisation d’élections qui donneront au pays des autorités légitimes.

Dr. Camara Moritié
Secrétaire Exécutif de l’ASRIESA
Association des spécialistes des relations internationales et d’Etudes Stratégiques Africaines
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