x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Société Publié le mercredi 2 janvier 2013 | Nord-Sud

Plateau/ Suite à une bousculade 60 personnes trouvent la mort

© Nord-Sud Par Merlin Foyet
Nouvel an: une bousculade aurait provoqué la mort de plusieurs dizaines de personnes dont de nombreux enfants au Plateau
Mardi 1er janvier 2013. Abidjan. Une bousculade aurait provoqué la mort de plusieurs dizaines de personnes dont de nombreux enfants au Plateau. Les blessés auraient été transférés au CHU de Treichville
C’est un début d’année douloureux pour la Côte d’Ivoire. En effet, une soixantaine de personnes ont trouvé la mort pendant la nuit du réveillon, au Plateau, à la suite d’une bousculade. On dénombre près d’une cinquantaine de blessés.

Les Ivoiriens entrent dans la nouvelle année le cœur meurtri. Et pour cause, soixante personnes ont tragiquement trouvé la mort dans la nuit du lundi au mardi, au Plateau ; 49 autres sont blessés. Il faut indiquer que les victimes de cette bousculade meurtrière étaient allées admirer la projection de feux d’artifices depuis la place de la République ; mais hélas, beaucoup de retourneront plus le chemin de leur maison. Que s’est-il passé réellement ? Il est environ 2h. Des centaines d’Abidjanais reviennent de la place de la République du Plateau où ils ont passé près de deux heures à admirer les feux d’artifices projetés depuis des rampes de lancement installées sur des bateaux. Ils viennent majoritairement des communes de Yopougon, d’Adjamé, d’Attécoubé et d’Abobo. Pour sortir du Plateau, les spectateurs d’un soir doivent sortir par la voie qui longe le palais de justice. Parmi eux, Compaoré Brahima, la trentaine, un habitant de Williamsville.

La cause du drame : un pickpocket
«On était au niveau du stade Félix Houphouët-Boigny, quand la foule a été bloquée par des policiers à cause d’un pickpocket qui avait volé le téléphone portable d’un homme. Les policiers ont demandé à la foule de reculer. Il y a eu alors une grande bousculade. En ce moment, deux voitures cherchaient leur passage. Tous ceux qui reculaient sont tombés devant les véhicules», explique-t-il. Brahima s’écroule aussi sous les roues des voitures et se fait marcher dessus. Dans la mêlée, il y a Zouré Sanata, accompagnée de sa cousine, Gnampalégré Zénabo et de ses quatre enfants. Ce sont Balboné Zaïd Kader, 10 ans, Balboné Abibata, 8 ans, Balboné Mouhamed, 12 ans et Balboné Arouna, 15 ans. Ils viennent de Mossikro, un quartier précaire du Yopougon. Ils ont voulu faire de cette soirée un moment inoubliable en venant admirer les feux d’artifices. Les voilà coincés dans la foule, sans aucune issue. Sanata raconte : « On ne pouvait pas avancer et on ne pouvait pas reculer. J’ai essayé de protéger mes enfants, mais je n’ai pas pu à cause de la bousculade ». Elle tombe, la foule la piétine. Elle perd connaissance. Ses enfants sont livrés à une masse incontrôlable. Mais Gnampalégré Zénabo est juste derrière. Elle voit Kader et Abibata à terre. «  Je me suis précipitée sur eux et je les ai pris dans mes bras », témoigne-t-elle. Zénabo tente de les protéger en se servant de son corps comme rempart. Mais c’est sous-estimer la force avec laquelle la flopée de fêtards recule. Ils sont refoulés vers le trottoir par la presse de la marée humaine. Une peur soudaine s’empare d’elle lorsqu’elle voit des dizaines de personnes étalées à même le sol criant à l’aide. « On leur marchait dessus comme des marchandises. J’ai vu devant moi des jeunes armés de bâtons qui frappaient la foule pour l’obliger à reculer. Je ne comprenais pas pourquoi ils faisaient cela et pourquoi ils avaient mis des troncs d’arbres sur la voie pour empêcher les gens de passer », s’indigne-t-elle. Contrairement à la version de Compaoré Brahima, elle affirme que ce sont plutôt ces jeunes qui leur faisaient obstacle. Ils voulaient, dit-elle, que la foule fasse demi-tour pour emprunter une autre voie. Qui sont-ils ? Qui les a mandatés pour réguler la circulation à cet endroit du Plateau ? L’on l’ignore. La jeune femme est plutôt préoccupée par sa survie et celle des enfants. Surtout que dans la mêlée, Mouhamed et Arouna ont disparu. Elle joue des coudes et parvient à se tirer de cette cohue. Derrière elle, sa cousine Zénabo sera secourue par un généreux inconnu. Mais elle ne verra pas Mouhamed et Arouna. Autour d’elle, le spectacle est désolant. Des gens tentent d’escalader les murs des bâtiments pour trouver le passage.
Certains sont poussés dans un trou qui borde la voie. Avec l’intervention des Sapeurs-pompiers militaires, Zénabo, Sanata ainsi que leurs progénitures seront conduits au Centre hospitalier de Cocody (chu) en même temps que les blessés. Il y en a 49 dénombrés.

Des corps jonchant l’asphalte
Le tableau d’horreur devant lequel se retrouvent les secouristes est stupéfiant : soixante corps sans vie jonchent l’asphalte. Parmi eux, des enfants et des femmes. Ils seront conduits à la morgue du Chu de Treichville. Couché sur son lit d’hôpital, aux services d’urgences du Chu de Cocody, Compaoré Brahima retient ses larmes: « Il y avait des corps partout, des gens qui pleuraient et d’autres qui criaient à l’aide. C’était comme dans un cauchemar ». Un cauchemar qui a duré à peine une vingtaine de minutes. Mais qui restera à jamais gravé dans les pages sombres de l’histoire de la Côte d’Ivoire, plus douloureux que le drame du stade Félix Houphouet-Boigny qui a fait 46 morts et l’accident du bus 19 qui a occasionné 19 décès. En attendant les résultats de l’enquête, une grande question taraude les esprits: Pourquoi vouloir coûte que coûte contenir une foule quand on n’a aucune expérience en matière de gestion d’émeute ? S’il s’agissait véritablement d’un pickpocket que la police tentait de mettre hors d’état de nuire, ou même de mesures sécuritaires destinées à dévier la masse vers d’autres passages, pourquoi l’a-t-on fait sans aucune précaution? Ces questions restent entières et devront être élucidées par l’enquête diligentée.

Raphaël Tanoh
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Articles du dossier

Playlist Société

Toutes les vidéos Société à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ