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International Publié le samedi 5 janvier 2013 | Ivoire-Presse

Carnet de voyage / Coopération avec le Mexique : ce que la Côte d’Ivoire y gagnerait…

© Ivoire-Presse Par KS
Développement: le Mexique, un géant économique qui pourrait inspirer l`Eléphant d`Afrique
Décembre 2012. Mexico, DF (Mexique). Le Mexique a d`énormes potentialités dans les domaines des infrastructures économiques, culturelles et militaires... dont pourrait s`inspirer la Côte d`Ivoire. Photo: le palais présidentiel et celui du gouverneur au milieu du peuple
Le Mexique, où plutôt les Etats-unis mexicains sont une fédération de 31 Etats libres et un District fédéral, pour une population avoisinant les 120 millions d’habitants. 14è puissance économique mondiale, 8è destination touristique et 10è puissance pétrolière, c’est un pays émergent dont la capitale, Mexico est située à 2 250 mètres d’altitude, au milieu de sommets qui le surplombent à plus de 5 000 mètres au-dessus du niveau de la mer.

Dans le secteur des grands travaux, la Côte d’Ivoire a énormément à tirer de la coopération avec le Mexique. La capitale Mexico, par exemple, ou Mexico city, anciennement appelée Tenochtitlan a été fondée en 1325 par les Mexicas (Aztèques), puis entièrement détruite par les conquistadores (conquérants) espagnols au début du XVIè siècle, est aujourd`hui une ville ultramoderne. Avec une population estimée aujourd’hui à environ 20 millions d`habitants, c’est la 3è plus grande ville du monde, après Tokyo (Japon) et New York (USA).

Le Mexicain, maître de la pierre

Mexico, DF (prononcer « défé ») pour District fédéral, possède un know-how indéniable dans les domaines de l’architecture et des ponts et chaussées. Traversée de part en part par un boulevard long de 70 kilomètres, Insugentes (prononcer « insurhentès »), c’est un enchevêtrement de ponts piétons, de ponts aériens et de tunnels dont l’une des particularités est d’être tous protégés par des rideaux de fer et de plastique conçus pour empêcher le contact des piétons avec la chaussée.

Au moins 14 lignes de métro rivalisent avec le téléphérique, le Métrobus, les taxis et les « gbakas » locaux (de jolis minicars très confortables, soit dit en passant) pour le transport des mexicains à travers les « délégations » et « colonies » de la vaste commune.

La région de Mexico étant également une zone sismique, il n’est pas rare de voir les travaux de soubassement d’un bâtiment s’éterniser de longs mois avant qu’un immeuble ne sorte de terre. On comprend, dès lors, qu’il n’y ait jamais d’accident, et aussi pourquoi les hispaniques sont les maîtres de la construction aux Etats-unis voisins… Santa Fe, jadis dépotoir à ciel ouvert (vous avez dit Akouédo ?) est aujourd’hui un parterre d’immeubles ultramodernes.
Un prêtre Ivoirien, le père Aké Blanchard, envoyé par son diocèse étudier l’architecture à l’Institut polytechnique de Mexico ne tarit pas d’éloge devant la beauté de ce pays et la chaleur de ses habitants. En montrant fièrement la maquette de son projet de construction d’une prison futuriste, il piaffe d’impatience de rentrer mettre ce qu’il a appris au service de son pays. En attendant, il officie auprès de ses supérieurs locaux en l’église « Nuestra Senora de la piedad » à Interlomas.

Ici, montagnes et vallées sont mis en valeur. Sur le flanc des montagnes et des collines comme dans les bas-fonds, ce sont une succession de résidences de luxe et d’immeubles. Sans que, à aucun moment, on ne parle d’inondation ni d’accident. Le système des canalisations y est très performant, même si tout le monde est abonné à l’eau minérale. Le mécanisme de traitement des eaux polluées par l’industrie minière n’inspire pas confiance au mexicain qui préfère éviter de consommer l’eau du robinet.

Le respect de l’environnement, une spécialité mexicaine

Mexico city, comme son visage ne le montre pas, est à l’origine une zone désertique. On ne le dirait pas, en effet, à voir toutes ces rues fleuries, tous ces jardins publics verdoyants. Ici, l’administration a maîtrisé l’environnement. A tel point que, pour tailler un arbre qui se trouve dans sa propre concession, il faut une autorisation administrative appuyée d’une visite des experts du ministère de l’environnement. Partout, des arbres à perte de vue.

Installés sur la terrasse des immeubles, les restaurants fleuris disputent le leadership aux… parkings ! Ici, en effet, le rez-de-chaussée et souvent les premiers niveaux de nombreux immeubles servent de parkings pour les automobilistes.

Les services de ramassage d’ordures et de nettoyage sont tellement développés qu’il suffit de quelques heures pour qu’une place qui a abrité des centaines de milliers de festivaliers retrouve son lustre. Mexico est beau et propre, bien que classée comme l’une des villes les plus polluées au monde.

La culture, un trésor qui enrichit

Dans ce pays Chrétien catholique à plus de 90%, la Vierge Marie est apparue, il y a 481 ans sous la forme d’une femme noire. Il n’en fallait pas plus pour que le Noir monte en estime dans la population. Il y ressent très peu le racisme puisqu’il n’est pas rare qu’un mexicain lui demande de le bénir dans la rue.

Grand producteur de télénovelas, le Mexique a développé son industrie cinématographique à l’ombre de la Californie si proche… Du fait de leur histoire commune, en effet, la plupart des stars mexicaines, à l’image de la célèbre chanteuse Jenni Rivera, décédée accidentellement en décembre 2012, possèdent des châteaux aux USA.

Les tournages de films se font ici, dans les rues, à toute heure de la journée. Il faut dire que le cadre s’y prête à merveille, le mexicain étant habitué à manger dehors. Les cadres rivalisent de beauté avec la tenue des serveurs, l’ardeur des garçons qui courent dans tous les sens pour vous aider à garer votre véhicule et l’inspiration des musiciens jouant des sérénades. Ici se trouve l’Europe du passé, car le mexicain a su rester romantique.
Les indiens, tribus indigènes ou descendants des Aztèques et des Mayas font partie du décor. Lorsqu’ils ne revendiquent pas la destruction d’une église construite par les « conquistadores » espagnols sur les ruines d’un de leurs temples à Acapulco, ils paradent dans la rue avec leurs jolies plumes, en échange des pesos (le dollar mexicain, monnaie locale) que leur tendent les touristes. C’est que la culture ici est très riche. On ne dénombre pas moins de trois cents musées dans la seule ville de Mexico, DF. Mieux, tous ceux qui ont marqué la vie de ce pays, que ce soit positivement ou négativement, y ont un monument, une place, un parc. Les étrangers, tel le Mahatma Gandhi ont également droit à cet honneur. La République de l’Azebaïdjan (issue de l’ex-bloc soviétique) y a bâti un parc magnifique, mais dans lequel trône la statue d’un de ses dirigeants considérés à l’extérieur comme un dictateur… Son avenir est à l’étude.

La visite des musées et autres sites touristiques est gratuite pour le mexicain. L’étranger paie un droit d’entrée. Le touriste est surpris de découvrir un village Aztèque antique aux pieds des pyramides de Teotihuacan construites 750 ans après J-C. La pyramide du soleil (la plus grande) compte 365 marches de la base au sommet (comme le nombre de jours d’une année). Elle est reliée à la pyramide de la lune par « la rue de la mort ». Des informations techniques gravées dans la pierre, en anglais, en espagnol et Nawatli (dialecte locale) donnent des indications précises sur les sacrifices et autres rites sacrés qui se déroulaient dans cette zone où les fouilles archéologiques se poursuivent. La pyramide Maya de Kukulkan, plus ancienne, 900 ans avant J-C comporte pour sa part, 4 fois 91 marches plus l’autel sur lequel se déroulaient les sacrifices. Ce qui donne encore le nombre 365. On comprend pourquoi la fin du monde était annoncée dans ce pays pour le 21 décembre 2012…

Une économie professionnelle

Le Mexique se classe au rang de 14è puissance économique mondiale, 8è destination touristique et 10è puissance pétrolière. Ce géant force le respect.

Au pays de la tequila, lorsque vous vous rendez à la banque, il y a de fortes chances que ce soit le directeur de l’agence en personne qui vous ouvre la porte et vous oriente vers ses collaborateurs. Le client y est vraiment roi. Mais le roi ici, c’est surtout le milliardaire Carlos Slim. L’homme le plus riche du monde. D’origine libanaise, ce magnat des télécoms possède une bonne partie de l’économie du pays. Cependant, les experts Ivoiriens pourraient partager leur savoir-faire avec ce pays dans le domaine de la téléphonie où les numéros d’appels du téléphone fixe sont à huit chiffres contre dix pour le mobile. Encore plus complexe, pour y joindre un abonné au téléphone mobile de l’extérieur, il faut composer le 1 avant son numéro et après l’indicatif du pays (le 52). Toute une gymnastique…

Coincé entre les Etats-Unis d’Amérique (USA) et le Guatemala, le Mexique gère deux frontières opposées avec la mer. Raison pour laquelle il a une force maritime puissante. Confronté aux activités de la pègre des narcotrafiquants, il a également développé une armée et une police fédérales conséquentes. Témoignage de sérénité, le palais du chef de l’Etat se trouve dans un quartier populaire, et sa résidence dans un camp militaire…
Autre caractéristique de ce pays merveilleux, l’UNAM (université nationale du Mexique) avec ses 500 mille étudiants ! Faut-il ajouter qu’il n’y a pas de campus universitaire dans ce pays ?
La très faible communauté ivoirienne qui y vit – une centaine de personne – est parfaitement intégrée. A la différence de certaines communautés africaines, les Ivoiriens sont essentiellement tous des cadres, donnant une bonne image de leur pays. Tels Noël Etchin, chirurgien-dentiste, qui gère son propre cabinet. Il est marié à une mexicaine et père de famille. Allou Allou Alphonse prépare un Masters en économie à l’Institut polytechnique de Mexico, quand Flan Goualo Lazare étudie les sciences politiques et l’administration publique à l’Université de Colina, à l’intérieur du pays.

Un système politique bien huilé

La vie politique est rythmée par les mandats de 6 ans non renouvelables des présidents démocratiquement élus. Chaque changement de régime est accompagné d’un vaste mouvement dans l’administration, tous les responsables quittant leurs postes, sans que cela n’émeuve personne.

La coopération ivoiro-mexicaine pourrait aller très rapidement de l’avant. Ne serait-ce que par la volonté manifeste de la sénatrice Margarita Flores Sanchez, présidente de la Commission Afrique du Senat mexicain. Elle dit savoir compter sur le soutien de ses pairs, dont la sénatrice X qui a une très bonne connaissance de la culture Sénoufo, Bambara et Akan… sans jamais avoir mis les pieds en Afrique. Il s’agit pour nos dirigeants, de dépoussiérer les accords de coopération existants et de les actualiser, et aussi de se pencher sur les projets d’accord en souffrance. Pour le reste la commission mixte de coopération ivoiro-mexicaine aurait toute latitude de recenser les différents secteurs intéressants pour l’entraide mutuelle. Le Président Pena Nieto avait souhaité voir son homologue Ivoirien à son investiture. C’est déjà un bon signe.


Koné Seydou
Mexico
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