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Politique Publié le lundi 7 janvier 2013 | Soir Info

Editorial/Entre promesses et réalités du pouvoir

Depuis le mercredi 02 janvier 2013, deux jours seulement après l’adresse de nouvel an du Chef de l’Etat, Alassane Ouattara, à la nation, l’essence super et le gaz domestique ont connu un renchérissement de leurs prix respectifs. Désormais, les usagers devront débourser 792 Fcfa pour le litre du super à la pompe contre 774 Fcfa, 5200 pour la bouteille de gaz de 12 Kg contre 4000 Fcfa et plus de 18000 Fcfa pour la bouteille de 28Kg qui coûtait précédemment 9000 Fcfa. A ce niveau, le gaz butane enregistre un taux d’un peu plus de 30% d’augmentation pour la bouteille de 12Kg et plus de 100% pour celle de 28Kg. Ce sont là, on peut le dire, les cadeaux de fin d’année et de nouvel an offerts par le gouvernement Duncan aux populations ivoiriennes. Le chef de l’Etat, Alassane Ouattara, interpellé ce samedi par certains membres des corps constitués venus lui présenter les vœux, a eu cette pirouette de réponse. Il a notamment dit que « cette mesure n’est pas brusque et qu’elle devrait être prise depuis longtemps, parce que, la vie de la Sir et de la Pétroci en dépendait». En le disant, Ouattara laisse croire qu’il paie la mauvaise gestion de ses prédécesseurs. Mais, il reste qu’entre la peste et le cholera, il a choisi… le cholera, qui est aussi mortel que la peste. Mais, c’est le décalage entre son discours et celui de son ministre des Mines, Adama Toungara, notamment sur les raisons de cette augmentation, qui déconcerte les foyers et les automobilistes ivoiriens. «Nous payons le gaz pour la B6 sur le marché international à 4100 Fcfa. Dans le cadre de la lutte contre la pauvreté, nous subventionnions à hauteur de 56% pour que le prix revienne à 1800 Fcfa au consommateur ivoirien. Aujourd’hui, il s’agit de baisser cette subvention à 51% de sorte que la bonbonne soit vendue à 2000 Fcfa», explique le ministre. Pour la bouteille de 12,5 kilogrammes, le prix supporté par l’État est de 8627 Fcfa à l’importation. La subvention qui était de l’ordre de 54%, passe désormais à 45%. Du coup, le consommateur devra payer 5200 Fcfa. «Le déficit supporté par la Société ivoirienne de raffinage est de deux milliards de Fcfa par mois». Quant à la bouteille de 28 kilogrammes, la subvention saute tout simplement. «Il n’est pas question pour le gouvernement de subventionner la B28 utilisée surtout à des fins commerciales, dans la restauration et par certains cadres». Voilà ce que déclare le ministre des Mines à notre confrère pro-gouvernemental, Fraternité-Matin du 03 janvier 2013. Qui appelle les associations de consommateurs «à prendre leurs responsabilités pour ne pas se laisser gruger». La vérité, toute cruelle est donc là. L’Etat de Côte d’Ivoire a réduit sa subvention au strict minimum, laissant le petit peuple à son sort. Pas vraiment besoin d’une photographie pour voir que l’année 2013 débute de la façon la moins souhaitée, pour comprendre que l’on n’est pas sorti de l’auberge en dépit des milliards qui sont annoncés quotidiennement ça et là, que les populations doivent s’attendre à croupir d’avantage sous le poids de la vie chère, que la misère va s’accentuer… contrairement à ce qui est promis. En tout cas, depuis l’annonce de ces mesures auxquelles des autorités tentent de trouver une justification à travers une comparaison avec les prix appliqués dans certains pays de la sous-région, les populations sont dans le désarroi et se sentent comme abusés. Au-delà du discours du Chef de l’Etat le 31 décembre 2012, annonçant des mesures qui rendraient la vie beaucoup plus supportable dans ce pays, le sentiment général qui, aujourd’hui, se dégage pratiquement de toutes les couches sociales est que Alassane Ouattara semble peu à peu s’éloigner de ses promesses de campagne. Naturellement, de là à crier à la trahison, il n’y a qu’un pas que nombre d’Ivoiriens n’hésitent pas à franchir. La question sur les prix des hydrocarbures avait occupée une place importante dans les débats lors de la campagne présidentielle de 2010 et le président Ouattara semblait avoir les meilleures solutions (Ado solutions) pour les populations déjà éprouvées d’autant qu’il promettait une diminution des prix du carburant à la pompe. Il dénonçait les prix trop élevés pratiqués par le gouvernement Gbagbo, ce qui selon lui expliquait en partie les souffrances des populations. Le Rdr, son parti avait par ailleurs déclaré que «l’Etat n’avait pas le droit de faire supporter aux consommateurs seuls, les conséquences de la crise du pétrole». Un peu plus de dix huit mois après son élection, en lieu et place de la diminution promise, c’est à une augmentation que les électeurs assistent, impuissants. Les promesses de campagne sur la question sont restées au réfrigérateur. Mais une question de fond taraude cependant les esprits. Le gouvernement Duncan avait-il un autre choix que d’augmenter les prix du carburant et du gaz ? Certainement pas, au regard des recommandations de ceux qui tiennent la bourse à savoir les institutions financières internationales qui exigeaient ardemment des autorités ivoiriennes une réduction des subventions sur les hydrocarbures. Les dirigeants ivoiriens, avec à leur tête le Chef de l’Etat, pris entre le marteau et l’enclume, ont donc fini par céder à l’augmentation des prix plutôt qu’à une autre solution en faveur des populations. Naturellement et de toute évidence, avec cette augmentation en plus du coût de la vie déjà trop élevé dans ce pays, le doute commence à s’installer dans l’esprit de ces populations démunies qui sont certainement à s’interroger sur la capacité du fils de Kong à relever les défis actuels. Les Ivoiriens s’expliquent difficilement qu’Alassane Ouattara plutôt que de trouver des formules à la question endémique de la vie chère cède sous la pression et augmente les prix. Comment alors faire avaler aux populations que toutes ses promesses ne sont pas de simples paroles de campagne ?

COULIBALY Vamara
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