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Société Publié le mardi 15 janvier 2013 | Le Mandat

Entretien/Léontine Sehoué (Conseillère socio-professionnelle au Conseil général de l’Ouest, Picardie France) : “Il n’y a pas d’avenir pour nos jeunes en Europe.”

“Que nos décideurs conçoivent un dispositif d’accompagnement vers l’aide à l’emploi”
“Je suis venue proposer mes compétences techniques.”
Léontine Séhoué travaille pour le conseil général de l’Ouest. C’est en Picardie, dans le Nord de la France. Et plus précisément à la Direction des actions sociales et de l’insertion comme conseillère socioprofessionnelle. De passage à Abidjan, elle a bien voulu se prêter à nos questions.

Vous avez beaucoup d’expériences dans le domaine du social à Picardie. Que comptez-vous faire concrètement pour que la population ivoirienne en bénéficie ?
Les actions, ce n’est pas moi qui en ai l’initiative. Il faudrait que la demande émane de l’Etat ivoirien ou éventuellement des collectivités. C’est à elles de mettre en place ce qu’elles veulent comme actions sociales pour leurs populations. Et moi, à partir de là, je peux éventuellement penser un parcours d’accompagnement de ces populations-là. Par exemple en Picardie, je fais ce qu’on appelle de l’accompagnement vers l’emploi pour les personnes qui sont en situation de précarité.

Qu’attendons-nous par personne en situation de précarité ?
Par personne en situation de précarité, on entend les demandeurs d’emploi. Et, Notamment les jeunes et les adultes qui sont sans emploi. Souvent, c’est des chômeurs de longue durée qu’il faut accompagner dans l’élaboration de ce qu’on appelle un projet professionnel. Ça peut être un accès direct à l’emploi, ça peut être l’accès à une formation qualifiante et même l’accompagnement vers la création d’entreprise.

Quels sont les opportunités que les collectivités ici en Côte d’Ivoire pourraient avoir avec vous ?
Déjà, en Picardie, nous avons ce qu’on appelle coopération et solidarité internationale, dispositif qui permet à la région picarde de travailler avec les pays en voie de développement. Notamment les pays subsahariens. Je sais que la Picardie travaille beaucoup avec le Bénin qu’elle accompagne dans des actions d’insertion des populations. Par actions d’insertion, il faut entendre des activités génératrices de revenus. Ça peut être du prêt de matériel, ça peut être de l’aide à la création ou à la mise en place d’activités génératrices de revenus. Ça peut être un appui technique. Ça peut également être aussi un accompagnement vers une recherche de financement. Ou même un accompagnement dans la finalisation ou dans la mise en place d’un partenariat avec des associations qui existent là-bas. Et qui aident justement à la création d’activités génératrices de revenus.

Justement, vous évoquiez des activités génératrices de revenus, de création d’emplois. Pourtant la jeunesse africaine est candidate à l’immigration. Quel message pouvez-vous leur lancer?
C’est une question très intéressante dont la réponse va être assez complexe. Pour ne pas faire de la langue de bois, je vais vous dire les choses selon ma conception. Je pense qu’aujourd’hui, il n’y a pas d’avenir pour nos jeunes dans ces pays européens. Dans la mesure où ce sont des pays ont leur marché de travail saturé. Il n’y a pas d’emplois. Quand vous prenez les statistiques, par exemple en France, on a 4 millions de chômeurs. On a déjà du mal à trouver du travail pour ces personnes. Et ce sont des pays vieillissants. Nos pays africains sont des pays jeunes qui offrent énormément de potentialités. Et si celles-ci étaient exploitées comme il le faut. On n’aurait pas besoin d’aller là-bas. Au contraire, ce serait même ces populations qui viendraient chez nous pour chercher de l’emploi. Que nos hommes politiques s’asseyent et pensent un dispositif d’accompagnement de nos populations vers l’aide à l’emploi. Cela permettra à ces jeunes de trouver de l’emploi. Parce que l’emploi, on en a ici. Il faut simplement savoir comment le créer et mettre les personnes qu’il faut aux places qu’il faut. Pour que ces personnes mettent en place des dispositifs, des parcours d’accompagnement pour permettre à ces jeunes de trouver de l’emploi.

Vous semblez très impliquée dans le domaine de création d’emploi. Que pouvez-vous faire concrètement pour la jeunesse ivoirienne ?
Je suis venue déjà en Côte d’Ivoire depuis que Monsieur Alassane Ouattara est au pouvoir et j’ai lu son programme de développement. J’ai vu qu’il avait un vaste chantier d’insertion pour la jeunesse ivoirienne et pour les personnes sans emploi. C’est mon deuxième passage en Côte d’Ivoire, je suis venue une première fois parce que je voulais justement proposer mes compétences techniques en matière d’accompagnement et de l’emploi. Je sais que ça existe déjà parce qu’il semble qu’en Côte d’Ivoire, il y a l’AGEFOP qui a reçu mandat du gouvernement pour tout ce qui est insertion des personnes sans emploi. Celles que j’appelle les populations en situation de précarité. Je pense qu’il faudrait aujourd’hui, donner plus de compétence à l’AGEFOP pour que cet accompagnement se fasse comme il devrait l’être. Je ne dis pas qu’ils ne font pas leur boulot mais en tout cas, il y a beaucoup de choses à faire. Et je pense que l’expérience de ces pays occidentaux, notamment de la France qui est un pays phare en matière d’actions sociales et d’insertion devrait servir d’inspiration ou d’exemple pour mettre en place ces dispositifs. Et donc, je suis venue une première fois parce que je voulais proposer mes services ; justement pour le renforcement des compétences de structures en Côte d’Ivoire qui s’occupent de l’accompagnement des personnes vers l’aide à l’emploi. Et je suis revenue cette fois-ci pour reproposer mes services. Et là, je suis rentrée en contact avec certaines collectivités pour lesquelles je suis en train de voir dans quelle mesure, on pourrait monter un programme de développement pour les populations de ces collectivités. J’ai établi un premier contact avec les populations concernées. Notamment les populations en milieu rural. J’attends maintenant que ces communes confirment la demande qui a été faite pour revenir et monter un programme d’accompagnement.

Quelles sont les collectivités avec lesquelles vous êtes en contact actuellement en Côte d’Ivoire ?
J’ai travaillé avec la commune de Minignan, dans le Nord de la Côte d’Ivoire. J’ai été contactée par le Professeur Sidibé Valy qui en est le maire depuis la France. Et qui m’a demandée lors de mon passage en Côte d’Ivoire de rencontrer ses populations pour voir dans quelle mesure on pourrait monter un projet de développement. Et j’y ai été. J’ai dit aux populations et au Pr Valy qu’aujourd’hui, il ne faut pas penser en termes de projet mais en termes de programme. Parce que pour combattre la pauvreté, il faut prendre en compte toutes les couches de la population. Il ne faut pas privilégier une couche au détriment d’une autre. Parce que si les femmes sont par exemple privilégiées au détriment des jeunes et des hommes, on ne résoud pas le problème. Je suis en contact avec bien d’autres collectivités.

Réalisé par F.TAKY
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