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Politique Publié le lundi 21 janvier 2013 | Le Mandat

Tribune - Pour une Démocratie locale pluraliste, inclusive et participative au service de la réconciliation

Les prochaines élections municipales et régionales constitueront un test majeur de la vitalité démocratique de notre pays en même temps que de la solidité de son lien civil mis à mal. A l’échelon local, les élections intermédiaires sont généralement un outil de sonde de l’état de santé d’une société, le baromètre de ce qui fait consensus.

Dans notre contexte post-traumatique d’Etat en convalescence, ces consultations électorales ne devraient surtout pas donner lieu ici ou là à des accès de violence, à l’expression de crise ou de convulsion. Nous pourrons éviter les errements et tourments d’un passé proche, à condition de respecter et de promouvoir un certain nombre de principes qui sont le gage d’une maturité démocratique, le mode de scrutin à la proportionnelle vient contribuer à cela et nous offrir une belle occasion.La mission de la Commission Dialogue, Vérité et réconciliation, telle que prescrite par l’ordonnance qui en porte statut, l’invite justement à inciter les personnes physiques ou morales au respect des différences et des valeurs démocratiques. La commission est en charge de la pédagogie de la coexistence pacifique.

Deux principes cardinaux devraient gouverner les futures consultations électorales.
Le premier d’entre eux est l’inclusion. Le mode de scrutin de liste avec représentation proportionnelle qui régule ces élections locales contient en lui même une solution aux réflexes hégémoniques pernicieux hérités d’une vieille culture monopartite. Le scrutin à la proportionnelle constitue en soi une chance pour nous porter secours face aux habitudes de concentration des pouvoirs. S’ils offrent le visage de la diversité, nos élus locaux rempliront la fonction de rôles-modèles de réconciliation avec d’autant plus de force qu’ils feront coïncider légitimité politique et représentativité sociale. Comme nous l’enseignaient hier les sages coutumes de nos sociétés traditionnelles de la palabre, la Côte d’Ivoire a besoin de renouer aujourd’hui avec une culture du débat, qui est une autre manière du dialogue. Il y va de la modernisation et de la civilisation de nos mœurs politiques. Il faut apprendre par l’exemple à nos concitoyens qu’adversité n’est pas synonyme d’inimitié. C’est le rôle dévolu aux formations politiques de permettre l’expression de la diversité des points de vue y compris en leur sein, et de la pluralité des suffrages. L’unanimisme forcené et le règne de la pensée unique ne servent pas la régulation des passions politiques qu’il nous faudra dominer. Travaillons de conserve à ce que ces élections ne soient pas des élections de plus, c’est-à-dire qui ne tiennent aucun compte du contexte socio-politique marqué par l’absolue nécessité de recouvrer la réconciliation nationale. Faisons chacun à notre place en sorte qu’elles soient, pour nous tous, une occasion de faire croître en Côte-d’Ivoire la conscience d’une communauté de destin.La confrontation de projets ou de microprojets, a vocation à féconder l’acceptation de divergences sur le sens à donner au développement de nos circonscriptions, de nos régions. Ce faisant, une élection peut relever en pratique de l’exercice didactique du mieux vivre ensemble que nous recherchons. Elle peut faire accéder l’individu démocratique au rang de citoyen responsable de ses choix.Le second principe à mettre en exergue est étroitement lié à l’inclusion, c’est le principe de participation. La participation témoigne de l’implication des individus dans le devenir de la communauté. Si la construction d’un climat de confiance incombe aux pouvoirs publics, chacun a le devoir de se sentir concerné. La politique est chose trop sérieuse pour être laissée aux seuls politiciens.L’expérience du boycott et la politique de la chaise vide ont montré leurs limites dans notre jeune histoire électorale en 1995, 2000-2001, puis 2012. Ils contribuent au recul démocratique. Tel parti prétextant l’inéquité de traitement, choisit de passer son tour, et se trouve au final privé de la possibilité de contrôle de la gestion des affaires publiques, comme de toute voie régulière de recours. C’est un terreau propice aux frustrations et aux actes de désespoir subséquents. A ce compte là, notre pays a déjà payé un trop lourd tribut. Nous ne sommes pas condamnés à la répétition par la fatalité. Nous pouvons prévenir ces situations par un dialogue respectueux des opinions contradictoires. Un dialogue dans lequel chacun accepte de perdre un peu pour que la Côte-d’Ivoire et ses territoires gagnent beaucoup. Le retour à la normale, au cours ordinaire de la vie démocratique, est à ce prix.Il nous reste du chemin à parcourir dans notre quête pour parfaire ensemble la construction de la société ivoirienne. Les élections locales sont une étape sur ce sentier prometteur. Incluons, encourageons à la participation, prenons garde de ne laisser personne sur le bord du chemin démocratique qui est aussi la voie de la vraie réconciliation.Au final, j’appelle tous les partis politiques et tous les responsables politiques de notre pays à saisir cette formidable opportunité qui nous est offerte. Tous ceux qui veulent participer devraient être encouragés à le faire. La démocratie ivoirienne sera gagnante. La répartition à la proportionnelle des sièges dans les différents conseils régionaux et municipaux nous apprendra à Vivre Ensemble dans une Côte d’Ivoire réconciliée et en reconstruction.

Charles Konan BANNY
Ancien Conseiller municipal de
Yamoussoukro
Ancien Premier Ministre
Président de la C D V R
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