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Art et Culture Publié le jeudi 31 janvier 2013 | Le Patriote

Dossier / Grands Prix Littéraires d’Afrique Noire : Ces écrivains ivoiriens qui ont conquis l’Afrique

Ils font la fierté de la littérature ivoirienne. Entre eux et le grand prix littéraire d’Afrique noire, c’est «l’accord parfait». D’Aké Loba à aujourd’hui Venance Konan, en passant par Bernard B. Dadié, Ahmadou Kourouma, Jean-Marie Adiaffi, Bandaman Maurice et Véronique Tadjo, ces écrivains ont mis l’Afrique noire francophone littéraire à leurs pieds. Gros plans sur ces héros ivoiriens de la plume… Et de neuf pour le pays d’Alassane Ouattara ! Après Véronique Tadjo pour son roman «Reine Pokou, concerto pour un sacrifice», la dernière lauréate ivoirienne en date, c’est au tour du DG-écrivain, que dire, du juriste-écrivain-journaliste de voir, depuis mardi dernier, ses persévérances et ses talents insoupçonnés récompensés. Une reconnaissance, fort bien méritée après plusieurs années d’efforts, pour l’ex-Rédacteur en Chef du défunt quotidien «Ivoir Soir», Venance Konan. L’ouvrage de 360 pages, qu’il pétrit de mille nuits sans sommeil et qui lui ouvre aujourd’hui grandement les portes de la renommée et de la gloire, retrace le parcours d’Edem Kodjo, ex-Premier ministre togolais et ancien secrétaire général de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), ancêtre de l’actuelle Union africaine (UA), mais également l’histoire politique du Togo. «Le livre est un double témoignage, témoignage sur Edem Kodjo, un homme qui a marqué durablement l’histoire du Togo et de son continent, et témoignage d’Edem Kodjo sur son époque, son continent», explique le juriste-écrivain sorti de la faculté de droit de l’Université de Nice, en France. L’ouvrage, poursuit son auteur, « est le fruit de plusieurs années de recherches sur Edem Kodjo, à travers des entretiens avec l’homme politique alors Premier ministre de son pays, mais également des témoignages d’adversaires et d’admirateurs de l’homme chez lui au Togo comme dans d’autres pays». Préfacée par l’ex-président sénégalais, Abdou Diouf, actuel secrétaire général de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), l’oeuvre a été coéditée par Présence africaine, Frat Mat Editions et Nei-Ceda. Déjà en 2003, il jetait dans les rayons des librairies «Les Prisonniers de la haine, roman», suivra en 2005 : «Robert et les Catapila», recueil de 6 nouvelles. En 2007, il signe «Nègreries», un autre recueil de 147 chroniques, puis en mars 2009, «Les catapila, ces ingrats», un roman et «La Tunisie émergente, un exemple pour l’Afrique», un essai en octobre 2009. Deux mois plus tard, il publie «Dans la tête de Sarkozy», et en février 2011 «Ngo n’di ou palabres», un pamphlet à deux mains qu’il écrit avec son «frère de sang», Tiburce Koffi, actuel directeur de l’Insaac. Juin 2012, c’est la consécration avec «Edem Kodjo, un homme, un destin», une biographie qui vient, à juste titre, inscrire le natif de Bocanda dans le prestigieux cénacle des grands écrivains d’Afrique. Mais avant le Docteur en droit, journaliste-écrivain, six de ses illustres compatriotes, dont une femme, Véronique Tadjo avaient reçu le grand prix littéraire d’Afrique noire. En 2005, la seule femme ivoirienne distinguée par l’Adelf (Association des écrivains de langue française), Véronique Tadjo, titulaire d’un Doctorat en études afro-américaines, et qui a publié plusieurs romans entre autres, «A vol d’oiseau», «Le Royaume aveugle», «Champs de bataille et d’amour», «L’ombre d’Imana, voyages jusqu’au bout du Rwanda», fait son entrée dans le giron des célèbres écrivains d’Afrique avec son roman «Reine Pokou, concerto pour un sacrifice». Quelques années plus tôt, précisément en1993, un jeune auteur fougueux, enseignant des Lettres Modernes de son état, faisait sensation en décrochant le prix Adelf avec son roman intitulé «Le-fils-de-la-femme-mâle». Son nom ? Maurice Kouakou Bandaman. «Mes œuvres sont des livres de combat, j’y dénonce l’injustice et la dictature» aimait-il à le dire. Ses prises de position lui valent parfois des ennuis. En 2001, l’écrivain reçoit de sérieuses menaces après son intervention au Forum de la réconciliation. Aujourd’hui, ministre de la Culture et de la Francophonie, celui, qui a présidé l’AECI (Association des écrivains de Côte d’Ivoire), a écrit plusieurs romans dont «Même au paradis, on pleure quelquefois», «L’amour est ailleurs», édités en 2000, et une panoplie de recueils de nouvelles et de pièces de théâtre. Figures de proue, figures emblématiques Signalons que déjà, en 1990, Ahmadou Kourouma montait sur les cimaises de la consécration littéraire, en s’offrant avec «Monnè, outrages et défis», sa deuxième œuvre, 21 ans après le livre culte «Les soleils des indépendances» paru en 1968, et devint pour la deuxième fois le grand prix littéraire d’Afrique noire. Dans ce roman majeur, il jette un regard critique sur un passé révolu : la colonisation et ses conséquences sur l’Afrique. En 1986, ce «diseur de vérités» que le président Houphouët-Boigny n’aimait pas trop, est fait Chevalier de la Légion d’honneur par le Président Mitterrand. Le critique l’encense, à nouveau, avec «En attendant le vote des bêtes sauvages (1998)», une «vaste et picaresque fresque de trois décennies de régime totalitaire». Suivront de nombreux prix, et un succès en librairie. Son tout dernier roman, «Quand on ne veut pas on dit non» a été publié à titre posthume. Le natif de Togobala (Boundiali), au nord de la Côte d’Ivoire, meurt le 11 décembre 2003, des suites d’une courte maladie, à Lyon (France) où il résidait. Il avait 76 ans. Comme lui, Jean-Marie Adiaffi ne mâchait aussi pas ses mots. Cet auteur truculent est considéré comme l’une des figures de proue de la « nouvelle écriture ivoirienne» faite de «mélanges des genres», qu’il baptisa «l’Ecriture N’zassa». Avec un langage virulent où les mots, précieux et triviaux, se mêlent pour constituer ces «coups de pilon dans la gueule des oppresseurs». Sa plume se révèle être une écriture puissante au service d’un engagement poétique et politique sans borne pour la liberté et la libération des peuples opprimés. Et les mots s’entrechoquent dans cette littérature comme «des éclairs et des foudres», développant les thèmes de la liberté et de l’indépendance. De formation de réalisateur de cinéma et de télévision, et aussi d’enseignant de philosophe, c’est pourtant en littérature que Jean-Marie Adiaffi va s’affirmer comme l’un des écrivains ivoiriens les plus talentueux et les plus novateurs. En 1981, il remporte le Grand Prix littéraire d’Afrique noire avec ses deux livres : «D’Eclairs et de foudres’’ et «La carte d’identité». Jean-Marie Adiaffi est aussi l’inventeur d’un concept : le Bossonisme - de «bosson», génie en Agni - présenté comme «la religion des Africains». Il décède subitement, à l’âge de 58 ans, en 1999 des suites d’un arrêt cardiaque. S’il est vrai qu’il a consacré ces plumes futées, l’histoire du grand prix littéraire d’Afrique noire, en Côte d’Ivoire, a été tracée, au début des années soixante par deux monuments de la littérature ivoirienne. Les doyens ! Ils le sont aussi bien par l’âge et que par l’expérience. Aké Loba est le tout premier écrivain ivoirien à être honoré par l’Adelf. Il est distingué, en effet, en 1961 avec son roman référence, «Kocumbo, l’étudiant noir», publié en 1960. Il enchaîne en 1973 avec «Les Dépossédés», avant de se lancer dans la politique. En 1980, il devient député et maire de la commune d’Abobo. Plus prolifique qu’Aké Loba, Bernard B. Dadié est, aujourd’hui, considéré comme la bibliothèque vivante des Lettres ivoiriennes et la figure la plus emblématique de la littérature en Côte d’Ivoire. Le natif d’Assinie, une bourgade près d’Abidjan, inaugure successivement le genre théâtral, le conte et la poésie, avant d’écrire en 1948 la première nouvelle ivoirienne, «Mémoire d’une rue», puis le premier roman, «Climbié», édité en 1956 et qui décrit la vie d’une société rurale de la Côte d’Ivoire. Bernard Dadié est réputé pour ses écrits et ses efforts qui défendent farouchement la culture et l’identité africaine. Ce vieil homme, au verbe incisif, direct et truculent, a grandi sous l’influence française et les effets de la colonisation cristallisent ses écrits. Il a publié des textes anticolonialistes et des contes qui montrent la beauté d’être Africain. De la prison au gouvernement où il fut ministre des Affaires Culturelles de 1977 à 1986, Bernard Binlin Dadié a tout connu, des vertes et des pas mûres : la persécution, la disgrâce, la rédemption, puis la gloire, la reconnaissance, la notoriété, le respect et surtout le grand prix littéraire d’Afrique noire en 1968, année où il publie «La ville où nul ne meurt», chez Présence Africaine. Militant anticolonialiste, journaliste et auteur de plusieurs chroniques, Bernard Dadié est une référence artistique en Afrique francophone. Le pays d’Houphouët-Boigny, d’Alpha Blondy, de Didier Drogba, d’Alassane Ouattara, de Tiken Jah, de Magic System vient d’accoucher d’une autre stèle de la littérature, Venance Konan !
MK
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