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Politique Publié le mardi 5 février 2013 | Nord-Sud

Exhumation et identification des corps:Comment l’opération va se dérouler

© Nord-Sud Par Emma
Campus ou cimetière : après le campus de Cocody,Exhumation de corps de la cité de Port-Bouët 3
Mardi 15 mai 2012. Abidjan. Résidence universitaire de Port-Bouët III. Les pompes funèbres procèdent à l`exhumation de nombreux corps , en présence de la police scientifique, de la gendarmerie, de l`ONUCI et des représentants des organisations internationales de défense des droits humains
Les coups de pioches reprendront dans la quête d’ossements enfouis clandestinement ou sommairement dans le sol pendant ou après la crise postélectorale. Voici comment l’opération se prépare.


La pioche va éventrer à nouveau les fosses communes. Ainsi en a décidé le conseil des ministres du mercredi 30 janvier dernier. «Dans le cadre de la poursuite des enquêtes judiciaires relatives aux événements survenus en Côte d’Ivoire depuis le 4 décembre 2010 a communiqué, le gouvernement qui a autorisé le financement des travaux d’exhumation et d’identification des corps de personnes décédées durant la crise postélectorale et enterrées en dehors des lieux connus et légalement autorisés à cet effet ». L’exécutif décidait aussi de la reprise d’une opération entamée l’année dernière puis suspendue.

D’autres sites suspects
En effet, fin janvier dernier, 67 corps avaient été sortis d’un charnier dans le sous-quartier de Doukouré dans la commune de Yopougon. En mai, moins d’une dizaine d’autres squelettes humains avaient été sortis de sépultures de fortune en différents endroits de la commune de Port-Bouët. Mais de sources municipales, si les environs de la mairie de cette cité balnéaire ont « été traités », ce n’est pas le cas pour le secteur de l’ex-hôtel Akwaba, aux encablures du quartier ‘’Vridi plage‘’. « Le site a été envahi par la verdure, donc il faut une intervention d’une équipe spécialisée en ces lieux. Nos agents, très formels, disent qu’il y a encore des restes humains », a confié un agent de la mairie. Celui-ci n’a pas encore été approché pour la future opération, mais il assure que le conseil municipal a écrit à qui de droit pour « situer » de façon précise l’emplacement du « site suspect ».  On dénombre d’autres endroits de ce genre dans la commune de Yopougon, dans les secteurs Mamie Faitai, Saguidiba, Locodjro. S’il y a urgence d’une intervention, comme l’on tend à le faire croire, les riverains vont devoir prendre leur mal en patience. Pour cause, justifient d’autres sources officielles, la date de démarrage effective des travaux de déterrement ne serait pas encore fixée.  Unanimes, elles assurent qu’une coordination a été mise en place avec pour mission de planifier, budgétiser et organiser les exhumations.

Réquisitions adressées aux familles
La phase pratique associe, en effet, les ministères de la Justice, des droits de l’Homme et des libertés publiques, de l’Intérieur et de la sécurité, de la Défense. Les travaux intéressent aussi le ministère auprès du Premier ministre, chargé de l’Economie et des finances et celui de la Santé et de la lutte contre le Sida. Le District d’Abidjan censé s’occuper du «gros lot des charges» y afférentes met la main à la pâte, a-t-on appris auprès de l’institution, mais elle reste tenue par «la décision» du procureur de la République  près le tribunal d’Abidjan. C’est lui qui de tradition et par prérogative supervise ces fouilles. Si la procédure ne serait pas arrivée au Parquet, il est connu que ce démembrement du tribunal joue un rôle important dans la suite des exhumations. « En janvier, l’exhumation faite à Yopougon s’inscrivait dans le cadre d’une enquête, mais cette fois, c’est une décision du gouvernement qui le demande, alors il va falloir attendre que le ministère de la Justice soit saisi », explique un fonctionnaire de la justice. Selon lui, outre la conduite même des opérations le Parquet délivrera à terme des « réquisitions » aux familles, une fois l’autopsie terminée, en vue de l’inhumation des corps. « Nous pourrions délivrer aussi des réquisitions, a-t-il supposé, si cela s’avère nécessaire pour l’inhumation dans des fosses communes officielles, si des corps n’étaient pas formellement identifiés».

Mesures sécuritaires
De façon pratique, une procédure d’exhumation commande un minimum de précautions au préalable. C’est en cela que l’équipe spécialisée en la matière de l’Institut national de l’hygiène publique (Inhp) est commise à la sécurité sanitaire des sites à explorer. Pour cette opération d’envergure nationale - avec un accent particulier dans l’ouest et le sud du pays qui ont été des théâtres d’affrontements - l’Inhp sera en première ligne. Une fois sur le terrain, ses agents chaussés de bottes, revêtus de combinaisons adaptées, les mains gantées, pulvérisent un bactéricide-fongicide-désodorisant (Bfd) tout autour de l’endroit à creuser. Le Bfd, de l’avis d’un expert, est une substance chimique qui, mélangée à du désinsectisant, permet d’atténuer les odeurs, neutraliser les bactéries et tuer les insectes. L’utilisation de ce produit réduit au mieux l’expansion de bactéries s’il ne les neutralisait pas totalement. La pulvérisation se fait par intermittence à mesure qu’avance le fossoyeur tant contre les parois de la fosse, sur les os enfouis dans le sous-sol que sur le squelette dès qu’il est sorti de la fosse. Ce procédé d’aseptisation se poursuit même après le creusage pour éviter à quiconque foulera les lieux de contracter une pathologie.

Bidi Ignace
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