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Politique Publié le mardi 5 février 2013 | Le Patriote

Dialogue gouvernement -FPI : Le FPI demande l’impossible

© Le Patriote Par Messmin
Participation de l`opposition à la vie politique: le gouvernement a rencontré le Front populaire ivoirien (FPI)
Mercredi 23 Janvier 2013. Abidjan. Cabinet du ministre d`Etat, ministre de l`Intérieur et de la sécurité. Plusieurs membres du gouvernement, avec à leur tête le ministre Hamed Bakayoko reçoivent la Direction du Front populaire ivoirien (FPI)
La fumée blanche n’est pas encore sortie du dialogue Gouvernement FPI. En effet, hier, les deux parties n’ont pas pu accorder leurs violons. Ce, après un peu plus de deux heures de huis clos, à la Primature. Si des acquis ont été notés, il existe encore des points d’achoppement entre la délégation gouvernementale conduite par le Premier ministre Daniel Kablan Duncan, Premier ministre et celle du FPI dirigée par son président par intérim, Miaka Oureto. En termes d’acquis, les deux parties se sont accordées sur l’augmentation du nombre des membres de l’opposition à la Commission électorale indépendante (CEI). « Nous avons, après les travaux en commission, obtenu des points d’accord », a reconnu Miaka Oureto. Ajoutant cependant que des points de désaccords pourraient devenir des points d’accord. Pourvu que les différentes parties acceptent de continuer de se rencontrer afin de discuter dans l’intérêt supérieur de la Côte d’Ivoire. A la question de savoir si le FPI allait participer au jeu politique, c’est-à-dire prendre part aux élections à venir, son président par intérim a répondu par l’affirmative. « Nous voulons participer au jeu politique à conditions que ce que nous considérons comme nos préoccupations majeures aient des solutions. Cela dépend de la volonté politique du gouvernement. Nos préoccupations sont la nécessité de prendre une loi d’amnistie pour que tous ceux de nos compatriotes qui sont en prison puissent retrouver leur liberté et que tous ceux de nos compatriotes qui vivent en exil puissent rentrer. Parce que c’est parmi cette population de réfugiés et ceux qui sont en prison qu’il y a nos candidats. Nous avons demandé aussi une rencontre au sommet entre son excellence le Président de la République Monsieur Alassane Ouattara et le président Laurent Gbagbo puisque la Côte d’Ivoire est aujourd’hui à un moment important de sa vie… »,a-t-il expliqué. En réponse à cette préoccupation, Daniel Kablan Duncan a indiqué qu’il ne s’agit pas de questions simples. « Sur le dossier de la réconciliation, nous disons réconciliation oui, mais justice d’abord. C’est sur ça que nous allons essayer de discuter », a souligné le Premier ministre. La question de la sécurité, a fait savoir le locataire de la Primature, est une question qui préoccupe tous les Ivoiriens. « Il y a des avancées que nous avons indiqué à nos frères du FPI. Nous avons indiqué que nous poursuivons les efforts pour l’amélioration de la situation », a-t-il ajouté. Selon lui, il faut saluer la volonté réciproque d’avancer sur les dossiers. « Nous nous sommes dit que si nous n’arrivons pas à un accord pour ces élections à venir, élections régionales et municipales, nous n’allons pas arrêter les discussions. Nous allons continuer ces discussions. Parce que ce qui importe, c’est la normalisation de la vie politique », a fait savoir le Premier ministre. Comme autre point d’accord, il est à noter la démobilisation de tous ceux qui portent des armes sans en avoir le droit, la libération des domiciles privés occupés. Le Premier ministre était entouré des ministres Hamed Bakayoko, Adama Toungara, Paul Koffi Koffi, Anne Désirée Ouloto, Albert Mabri Toikeusse. Le FPI, pour la suite des échanges, a proposé entre autres, la désignation d’un facilitateur, la mise en place d’un comité de suivi.
Thiery Latt


Quelques points d’accord et de désaccords
I. LES QUESTIONS SECURITAIRES

1- Les points de convergence

a) Les deux parties retiennent que le Gouvernement a rassuré que toutes les questions soulevées ont été identifiées et adressées par le Gouvernement et sont pour la plupart en cours de règlement. Il s’agit :

l du désarmement des FRCI et l’encasernement des militaires ;
l de la démobilisation des Dozos;
l de la réhabilitation des policiers et gendarmes dans leurs missions ;
l de l’application du volet sécuritaire de l’Accord politique de Ouagadougou ;
l de la libération des domiciles et des biens confisqués ainsi que du dédommagement des victimes ;
l de la protection des personnes et des biens ;
l de l’arrêt des persécutions, des arrestations, des enlèvements et des tueries, et la protection des personnalités de l’opposition ;
l de l’arrêt des expropriations foncières dans les zones forestières ;
l de la légalité des nouveaux accords de coopération militaire.

b) Les deux parties se sont accordées sur la nécessité d’ouvrir des discussions sur l’ensemble de ce qui a été fait.

c) Les deux parties ont convenu de permettre que les solutions gouvernementales soient mieux appropriées, voire renforcées, par le FPI à travers sa participation à des espaces d’échange et de concertation sur les questions sécuritaires et sociales ;

d) En ce qui concerne la libération des domiciles, la partie gouvernementale attend du FPI la mise à disposition de la liste des personnes et des domiciles concernés afin que ce processus qui avait déjà démarré soit achevé.

2- Le point encore en négociation : l’amnistie

Avec une récurrente insistance, le FPI propose la prise d’une loi d’amnistie comme pierre d’angle de la réconciliation nationale et de l’avancée des négociations pour un retour à la normalité définitive dans notre pays.
Selon le FPI, qui prend en exemple le vote de la loi d‘amnistie à la suite des accords de paix (Marcoussis et Ouagadougou) qui a facilité la poursuite des négociations entre le régime en place et la rébellion, cette loi d’amnistie doit être votée au début du processus afin que les c?urs et les esprits libérés de toute peur, les Ivoiriens de tous bords, exilés et déplacés, puissent en toute confiance se retrouver et rebâtir la nation sur un socle solide.
Si pour le FPI, l’amnistie doit être le point de départ des actions d’apaisement et un impératif à la réconciliation, pour le Gouvernement, l’amnistie ne peut constituer que le couronnement d’un processus.
Prenant en compte la douleur encore vivace des victimes de la crise postélectorale et le précédent d’impunité qu’elle pourrait désormais consacrer, la délégation gouvernementale suggère que l’amnistie soit l’aboutissement d‘un processus qui devra franchir les étapes suivantes :
1- la justice ;
2- la repentance ;
3- le pardon.
Les deux parties ont convenu de créer un cadre de concertation pour approfondir la réflexion sur la question de l’amnistie.

II- LE JEU DEMOCRATIQUE

1- Les points de convergence
Les deux parties ont convenu de ce que :

a) la représentation des syndicats, associations et organisations professionnelles de la presse au sein des organes de régulation soit assurée par des procédures conformes aux textes en vigueur ;

b) le Gouvernement s’engage à veiller au respect du droit des partis politiques de se réunir et d’exercer librement toutes leurs activités sur l’ensemble du territoire national ;

c) le découpage électoral doit être fondé sur des bases objectives qui rassurent les partis politiques ;

d) le Gouvernement s’engage à faciliter l’accès de tous aux medias d’Etat ;

e) le Gouvernement prenne des mesures en vue de donner une visibilité au temps d’antenne accordé au Gouvernement et aux différents partis et groupements politiques ;

f) le Gouvernement engage une campagne de sensibilisation sur la sécurité et la liberté des activités politiques (meetings, déplacements, etc.) ;

g) le Gouvernement prenne les dispositions qui sécurisent tout le processus électoral par des forces régulières (Gendarmes et Policiers) ;

h) le statut de l’Opposition contenant des dispositions particulières relatives au Chef de l’Opposition ainsi qu’une nouvelle loi sur le financement des partis politiques et des candidats à l’élection présidentielle soient adoptés.
2- Les points encore en négociation

l La Commission Electorale Indépendante (CEI).
Pour le FPI, il importe de procéder aux réformes électorales prévues par les textes en vigueur et exigées par la résolution 2062 du Conseil de Sécurité de l’ONU, notamment par la dissolution de l’actuelle CEI et la mise en place d’une nouvelle CEI avec une représentation majoritaire de l’opposition ou, à tout le moins, une représentation paritaire (50% pour l’Opposition et 50% pour le pouvoir) avec l’attribution du poste de Président et de trois postes de vice-présidents à l’opposition.
Le Gouvernement, tout en admettant le principe et la nécessité d’une réforme en profondeur de la CEI, fait noter qu’une telle initiative, à l’heure actuelle, retarderait l’organisation des élections locales en raison des contraintes que cela impose (nécessité de sensibilisation des acteurs politiques, élaboration d’un projet de loi modificatif, programmation et discussion à l’Assemblée Nationale, choix et mise en place des commissaires, élection du nouveau Président et du bureau etc.).
Cependant, il a marqué sa bonne disposition à envisager le relèvement en nombre de la représentation de l’opposition au sein de la CEI dans sa configuration actuelle.
(…)



Miaka Ouretto et ses amis doivent se ressaisir « Le dialogue est l’arme des forts et non des faibles », aimait à dire le premier président de la République de Côte d’Ivoire. Félix Houphouët-Boigny estimait qu’il fallait privilégier le dialogue. Parce, pour lui, quelles que soient leurs origines, les conflits finissent toujours par se régler sur la table des négociations. Le président Alassane Ouattara, en bon disciple du sage de Yamoussoukro, en est conscient. C’est la raison pour laquelle, à la fin de la grave crise postélectorale qu’a connue la Côte d’Ivoire, il a appelé aussitôt l’opposition au dialogue. A ce niveau, il n’a fait qu’emboiter le pas président Laurent Gbagbo qui, après sa capture le 11 avril 2011, avait dit ceci : « Je souhaite qu’on arrête les armes et qu’on rentre dans la partie civile de la crise, et qu’on conclue rapidement pour que le pays reprenne ». La Côte d’Ivoire doit effectivement reprendre. Mais le problème est que le FPI pense que cette reprise doit se faire à ses conditions. Des conditions d’ailleurs irréalistes en l’état actuel des choses. Comment peut-on réclamer la libération de Laurent Gbagbo quand on sait qu’il fait l’objet d’une procédure en ce moment devant la Cour pénale internationale ? Pourquoi le chef de l’Etat doit-il écrire un courrier à la CPI en faveur de sa libération au nom de la réconciliation nationale ? En quoi est-ce cette démarche peut aider les juges de La Haye à libérer Laurent Gbagbo ? Ouattara a-t-il réellement un pouvoir sur cette juridiction pénale internationale comme l’on veut insidieusement le faire croire à travers cette requête ? La réponse à toutes ces questions ne souffre d’aucun doute. Le FPI doit sortir de la surenchère et amorcer de façon sincère le processus de réconciliation nationale. Réclamer la libération de Laurent Gbagbo avant de participer à toutes élections montre clairement que le parti de Laurent Gbagbo n’a pas du tout envie de voir la Côte d’Ivoire avancer. Parce que lorsque l’on vient à une table de négociation, c’est pour obtenir quelque chose et en donner en retour. C’est ce qu’on appelle un compromis. Dans ce jeu de dialogue, on essaye d’obtenir ce qu’on peut avoir maintenant, en attendant de gagner davantage un peu plus tard. Mais on n’y va pas pour demander au bon Dieu sa barbe. La volonté de négocier et discuter du gouvernement ne doit pas être perçue comme de la faiblesse. Mieux, elle ne doit pas être une occasion pour le FPI de faire du chantage. Aujourd’hui, Miaka Ouretto et ses amis croient dur comme fer que le gouvernement est condamné à négocier. Car sur pression de la communauté internationale. C’est peut-être vrai. Mais attention. A trop tirer sur la corde, elle finit par casser. La communauté internationale qui a certes soif de voir les Ivoiriens réconciliés, risque de se lasser de ce jeu de yo-yo que tente d’imposer le FPI à tout le monde. L’ancien parti au pouvoir a beaucoup de « problèmes spécifiques » qu’il souhaite voir régler ici et maintenant. Mais il faut savoir raison gardée dans certaine circonstance difficile, comme c’est le cas en ce moment. Surtout lorsqu’on y a largement contribué. C’est pourquoi le FPI qui croit qu’il tient le bon bout en ce moment, a intérêt à descendre de son petit nuage. Sinon la chute risque d’être brutale pour lui.
Jean-Claude Coulibaly
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