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Économie Publié le vendredi 8 février 2013 | Ivoire-Presse

Dr Ouattara Issa, Directeur des abattoirs et de l’hygiène alimentaire: « Les clandestins vont subir la rigueur de la loi »

© Ivoire-Presse Par DR
Santé: Dr Ouattara Issa, Directeur des abattoirs et de l’hygiène alimentaire engage la lutte contre l`abattage clandestin
Alimentation: Dr Ouattara Issa, Directeur des abattoirs et de l’hygiène alimentaire
Les abattages et débarquements clandestins préoccupent non seulement les autorités compétentes mais aussi les consommateurs de viande. Dr vétérinaire inspecteur, Ouattara Issa, directeur des abattoirs et de l’hygiène alimentaire depuis avril 2012 nous parle comment lutter contre ces deux phénomènes pour préserver les populations de maladies animales.

Comment se fait l’approvisionnement en animaux dans le district d’Abidjan ?

Il faut dire que la Côte d’Ivoire est approvisionnée à près de 70% par les pays de l’hinterland. Cet approvisionnement se fait à partir du Mali et du Burkina Faso. Souvent du Niger. Il y a un poste vétérinaire à chaque frontière. Une inspection est faite à ces postes vétérinaires. Les laissez-passer sont contrôlés ainsi que l’état des animaux. C’est seulement après que les animaux sont acheminés sur Abidjan. Il faut dire que pour le district d’Abidjan tous les débarquements venant de l’extérieur doivent normalement se faire à l’abattoir de Port Bouët. Parce que le marché à bétail de port Bouët est le seul autorisé pour recevoir les animaux dans le district d’Abidjan. Les animaux qui y débarquent sont contrôlés par les services vétérinaires. Les animaux submergés ou fatigués sont mis de côté. Les malades sont retirés et les laissez-passer sanitaires strictement contrôlés. Puisqu’ il faut se rassurer que ces animaux n’ont pas échappé aux contrôles aux frontières. Après le contrôle, les animaux sont conduits aux parcs à bétail. C’est –à-dire à rejoindre le marché. Et les marchés annexes d’Abobo, Williams ville, Yopougon et Attécoubé viennent s’approvisionner à Port Bouët. Tout débarquement qui se fait en dehors de Port Bouët est considéré comme clandestin. Normalement ce débarquement doit être saisi et l’opérateur doit être sanctionné.

Est-ce qu’il ya des débarquements qui se font en dehors du circuit normal. Et comment ces personnes opèrent-elles ?

Les débarquements clandestins, il faut dire que c’est à l’approche de la fête de la Tabaski qu’ils surgissent. Mais nous avons trouvé la solution. Nous postons des agents du district et des agents vétérinaires de jour comme de nuit. Dès qu’un camion débarque dans un marché annexe sans laissez-passer sanitaire délivré par Port Bouët, il est tout de suite déclaré clandestin, saisi et conduit sous bonne escorte à Port bouët. Il paye une amende et s’il remplit les conditions nous l’autorisons à repartir sur le marché annexe.

Malgré tous ce que vous expliquez, il existe des personnes qui échappent à vos systèmes. Comment attraper ces clandestins qui arrivent avec des animaux de l’extérieur?

Il faut dire qu’on ne peut pas être partout à la fois. C’est un peu difficile. C’est en période de grande affluence que le système est mis en place, en dehors de çà, on ne fait que faire des rondes. Généralement les débarquements clandestins, c’est surtout à l’approche de la Tabaski. On ne peut pas dire qu’il y a une tolérance zéro. Ce qui est sûre, il y a peut être quelques cas qui nous échappent. A coté de ces débarquements clandestins, il existe un autre mal qui nous gène. C’est l’abattage clandestin. Je dirai que pour ce fléau toute la population doit être sensibilisée. Il faut dire que l’intérêt pour faire abattre son animal dans un abattoir c’est juste pour permettre au service vétérinaire de garantir la qualité de la viande. Montrer que cette viande est propre à la consommation. C’est en fait sauvegarder la population des maladies animales qui peuvent être transmises à l’être humain. Exemple la tuberculose. C’est pourquoi le spécialiste qui est le vétérinaire qui peut identifier une viande saine d’une viande malade, il faut qu’il fasse son travail. Le vétérinaire ne peut faire son boulot que si cette viande est abattue à l’abattoir. Quand c’est de la viande de qualité, le vétérinaire met un tampon non toxique pour le signifier. Tous le monde doit se conformer à cela si chacun vieille se préserver avec sa famille des maladies animales.

Le débarquement clandestin et l’abattage clandestin sont-ils liés. Où peut-on trouver des sites des abattages clandestins?

Il faut dire que ces deux phénomènes ne sont pas liés. Le débarquement clandestin se fait au niveau du marché. A part l’approche de la Tabaski, les 90% des débarquements se font à l‘abattoir. Ce sont les abattages clandestins que nous-mêmes en tant que populations encourageons. Quelqu’un qui est par exemple dans le quartier Angré, se dit qu’il ne peut pas transporter son mouton jusqu’à l’abattoir d’Abobo ou de Port bouët pour le tuer. Malheureusement à côté de ça, il y a des personnes qui ont fait de cela une activité juteuse. Car, les tarifs qu’ils appliquent sont au-dessus des tarifs appliqués au niveau de l’abattoir. Face à cette situation, c’est vraiment difficile. Et pourtant la loi de 1996 interdit cette pratique anormale. Souvent ce sont nos frères des forces de l’ordre qui encouragent cela. Ils oublient souvent qu’ils sont au service de la loi et non au-dessus de la loi. Je pense qu’il faut qu’on sensibilise la population à comprendre l’intérêt de l’inspection vétérinaire. J’ai reçu ces personnes qui s’adonnaient à ces abattages-là. Je leur ai expliqué que nous n’allons pas contre leurs intérêts. Mais par compte nous voulons les aider dans leurs activités. A titre d’information, pour abattre un bovin dans le sable les clandestins payent aux personnes qui dépècent jusqu’à 25.000 franc Cfa. Et il faut dire que ces sites sont dépourvus d’eaux. Tout se fait dans le sable. Tout le monde sait ce que veut dire une viande qui contient du sable. Ce n’est pas bon à manger. Parce que c’est difficile à digérer. A l’abattoir, ce même bovin pour l’abattre on ne paye que 3000 Francs Cfa à l’Etat de Côte d’Ivoire. Pour les ovins c’est 700 Francs Cfa. Et sur les sites clandestins les propriétaires payent 5000 Francs CFA. On paye cher sans être certain de la qualité de la viande. J’invite donc toute la population à venir à l’abattoir pour faire abattre leurs animaux dans de bonnes conditions.

Selon des informations en notre possession, ce phénomène commence à prendre de l’ampleur. Vous qui êtes la garantie de l’hygiène alimentaire quelles sont les mesures que le district prend au quotidien pour lutter contre ce fléau. Et quelle sont les solutions qui en découlent?

Il faut dire qu’au contraire le phénomène régresse. Parce que depuis notre arrivée au mois d’avril 2012, nous avons reçu comme première mission l’éradication de l’abattage clandestin au niveau du parc à bovin et aux alentours de l’abattoir. Et depuis que le gouverneur nous a donné cette mission nous l’avons pris à bras le corps. On a traqué, on a veillé et on a sensibilisé. Nous sommes allés même jusqu’au corps à corps, faire des réunions avec les suspects clandestins pour expliquer le bien-fondé de l’inspection vétérinaire qui manque dans l’activité des acteurs de l’abattage clandestin. Beaucoup on comprit. Néanmoins certains sont restés récalcitrants. Ceux qui ont été attrapés sur les faits ont été arrêtés et confié aux FRCI. Aujourd’hui à Port bouët, on peut dire qu’il nous reste 5% que nous avons vraiment identifiés comme clandestins. Nous attendons. Une fois que nous les prenons sur les faits, nous allons les mettre à la disposition de la police et de la gendarmerie afin que la loi puisse être appliquée dans toute sa rigueur. Au niveau des marchés annexes, à Attécoubé, il faut dire qu’avant mon arrivée nos agents vétérinaires avaient été poursuivis à la machette. Tantôt les forces qui étaient là, étaient également désarmées. Souvent les agents prennent leur jambe au coup. A williamsvile, c’était pareil. Quand nous sommes arrivés en avril dernier nous avons rencontrés les chefs des différents marchés avec lesquels nous avons discutés et expliqué le bien-être de l’inspection vétérinaire pour eux et toute la population. Par exemple quelqu’un qui vient s’acheter un mouton pour aller se faire plaisir ou pour un baptême et sans le savoir retourne chez lui avec animal malade acheté. Vous voyez les dégâts que cela peut causer.

Ya-t-il eu ici à Abidjan une situation malheureuse qui a affecté la population?

La destination des viandes ne sont souvent pas connue. Et donc à notre connaissance nous n’avons pas encore eu ce cas malheureux. Peut-être, il n’y en a eu. Mais ces maladies ne se déclenchent pas aussitôt. Pour la tuberculose, il faut 6 mois par exemple avant de se déclarer.

Au niveau de l’abattage clandestin à l’abattoir, peut –on l’évaluer en pourcentage ?

Nous avons essayé de faire une petite étude avec 6 étudiants de l’école d’élevage et de spécialisation au métier de boucherie de Bingerville. Il ressort que l’on a en moyenne 30% des abattages qui sont clandestins et c’est surtout au niveau des petits ruminants : les caprins et moutons. Au niveau des bovins, on l’a estimé entre 10 et 15 %. Si nous prenons une moyenne de 400 voire 500 par jour, pour les bovins on pourra donc parler de 150 bêtes clandestines. Si on le multiplie par 3000, vous voyez ce que cela fait comme argent. C’est cette somme qui motive certains clandestins à persévérer dans cette voie illégale.

Quelle sont les maladies que vous voyez au quotidien quand vous faite vos contrôles?

On a plusieurs cas de maladies. On a la doue de foi, distomatose. Mais le cas qui est récurrent et inquiétant c’est la tuberculose bovine. Dieu merci la récurrence a diminué. Quand je suis arrivé ma première semaine on a attrapé 4 carcasses de bœufs. Aujourd’hui on fait 3 semaines avant d’avoir 1 cas. Le constat est tout simple. C’est que les chevillards qui faisaient rentrer les animaux maigres sont confrontés à des contrôles sanitaires stricts.
Vous parlez trop de l’inspection vétérinaire qui garantit la qualité de la viande. Mais est ce que la viande qui est exposée sur nos marchés respecte la moindre hygiène?

Il existe une sous-direction du contrôle de l’Hygiène alimentaire et un service de l’Hygiène alimentaire. C’est ce dernier service qui lutte contre les abattages clandestins et c’est ce même service qui lutte contre les débarquements clandestins. A côté de ça, ce service passe au niveau de chaque marché pour une inspection. Ici à l’abattoir, il ya des agents qui passent contrôler la viande dans les box. Souvent, on fait des descentes surprises au niveau des marchés et des chambres froides. Moi-même j’étais le mardi 29 janvier dernier au marché d’Abobo. Nous avons saisi dans une seule chambre froide 15 têtes de bœufs, 95 thons rouges et une caisse de poisson en état de putréfaction. Nous avons remis un certificat de saisi et détruit ces denrées. Nous avons un véhicule qui date de près de 10 ans qui nous sert à faire les opérations. Notre activité s’étend même à la restauration collective et aussi dans les supers marchés.

Mais vous parlez que des faits qui se passent dans la journée. Et la nuit beaucoup de choses peuvent se passer ?

Il faut dire que la nuit nous sommes plus concentrés à l’abattage des animaux à l’abattoir pour les consommateurs. Cela se passe généralement à partir de 24 heures jusqu’au petit matin où il faut tuer environs 500 bovins.

Vous n’avez pas d’informateurs qui vous signalent des cas nocturnes?

Si, souvent nous avons des informateurs. Nous avons récemment grâce au service technique de la mairie d’Adjamé saisi des croupions de dindon avariés dans ladite commune.

La plupart des bouchers exposent la viande sans la moindre hygiène. Que faite vous pour que cela n’existe plus dans le district d’Abidjan?

En fait, il faut aller vers les boucheries modernes. Je crois que c’est ce que le gouverneur a compris et c’est ce que nous sommes en train de faire à l’espace boucherie. Nous sommes en train de construire des box et des kiosques à boucheries de sorte que la viande se trouve dans les meilleures conditions. Le district d’Abidjan, ce sont 13 communes. Je pense qu’il faut qu’on commence quelque part. Et comme je l’ai dit on ne peut pas être partout à la foi. De temps en temps on choisit des communes où on va intervenir.

Depuis que vous parlez, vous ne fait pas cas de Yopougon. Alors que cette commune est non seulement grande et peuplée mais regorge des clandestins. En plus la viande est exposée dans la poussière et au profit des mouches ?

Malheureusement on va beaucoup à Yopougon. A lièvre rouge un sous quartier de Niangon du côté du marché « Bagnon », c’est là que l’abattage clandestin se passait au vue et au su de tout le monde. Mais aujourd’hui la plupart des animaux abattus à l’abattoir d’Azito proviennent de ce marché « Bagnon ». Et l’action de lutte contre les abattages clandestins s’est améliorée.

Est-ce que vous avez les moyens de votre politique?

Au service, il y a suffisamment de personnes. Mais est-ce qu’on est vraiment en nombre suffisant. En fait, c’est un transfert de compétence. Il y a la direction des services vétérinaires du ministère qui gère aussi ce volet. Et il y a la direction régionale du ministère des ressources animales et halieutiques. Elle aussi intervient sur le terrain. Donc c’est ensemble que nous travaillons. Nous, nous sommes le service vétérinaire du district d’Abidjan. Chaque service intervient à sa manière. Et je pense que le nombre n’est pas suffisant. Les moyens de déplacement ne sont pas suffisants. Ce qu’il faut savoir les agents doivent quitter après les saisis très vite les lieux. Si non ils sont exposés non seulement à un envahissement mais à la bastonnade. J’ai des collaborateurs qui ont été plusieurs fois frappés. D’autre ont été hospitalisés à la suite des blessures. Ce n’est donc pas facile.

Est-ce que vous avez un appel à l’endroit de votre hiérarchie pour vous aider à avoir des moyens conséquents?

Moi à ce niveau il faut un double appel. Le premier c’est à l’endroit de la population ivoirienne pour dire que leur sécurité en dépend. Si nous mangeons ce qui est impropre toute suite nous allons vivre les conséquences. Souvent ce sont les diarrhées nocturnes. Ça peut aller jusqu’à mort d’hommes. Donc je pense qu’au niveau de la population, il faut qu’on ait cette culture comme dans les pays développés où on se dit qu’il faut garantir la qualité de la viande auprès de l’agent vétérinaire, seul habilité à exercer ce travail. Il faut donc avoir l’habitude de faire tuer ses animaux à l’abattoir pour être à l’abri des maladies. J’invite toute la population d’Abidjan à aller abattre leurs animaux dans l’un des abattoirs à, Yopougon qui se trouve à Azito, Abobo sur la route d’Alepé et celui de Port bouët qui est connu de tous.

Un message à l’endroit des contrevenants?

A ceux-là il y a des sanctions prévues par loi ivoirienne qui vont de 3 mois à 6 mois d’emprisonnement ferme et assorti d’une amande de 200.000 f à 1.000.000 francs Cfa. Je les invite à abandonner cette pratique et venir vers les abattoirs. A notre hiérarchie il faut qu’on nous appuis. Nous essayons de faire tous ce que nous pouvons. Mais demandons qu’on équipe l’abattoir ainsi que nous même. Que les lieux d’abattages soient davantage conformes aux normes internationales, que des chariots pour le transport de la viande de la salle d’abattage vers le marché de gros et que des boucheries soient aussi disponibles. Que soit un opérateur économique où le district, il nous faut des boucheries pour transporter cette viande vers les marchés communaux. Je crois que cela permettra de renforcer la qualité de la viande. Mon idéal il faut qu’il ait des spots publicitaires pour sensibiliser les populations. Notre souhait est que nous soyons dotés de moyens de déplacement notamment de trois bâchées doubles cabines afin de lutter plus efficacement. Ces engins doivent bénéficier de carburant. Et une somme doit poursuivre pour encourager les agents qui s’adonnent à cette activité qui n’est pas facile. Car il n’y a pas véritablement heure de repos. C’est en tout lieu et à toute heure que le travail se fait quand cela s’avère important.

Quand vous parlez d’abattage clandestin il n’y a pas qu’Abidjan. Il y a Anyama, Bingerville, Songon. Que fait vous pour ces localités ?

Il faut dire qu’à Bingerville c’est surtout les porcs. Récemment, le DG de la Société Ivoirienne d’Abattage et de Charcuterie (SIVAC) nous a sollicités pour l’aider dans ce sens. Nous sommes en train d’étudier ensemble la question pour intervenir efficacement sur le terrain. A Songon, il y a un poste vétérinaire sur place. A Anyama, nous avons laissés cette zone à la direction régionale. Mais le gros problème des clandestins c’est vraiment dans la ville d’Abidjan. A Bingerville et sur la route de Bassam il faut dire ce sont les porcins. Actuellement on nous parle d’un site sur la route de Dabou. Nous sommes en train de mener notre enquête pour démanteler ce réseau. Abobo nous avons pris des clandestins.

Interview réalisée par Pascalin Gohi Bi
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