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Sport Publié le mercredi 13 février 2013 | Le Nouveau Réveil

Après la débâcle des Eléphants à la Can : pour une remise en cause de la politique des vedettes

© Le Nouveau Réveil Par Liz Paba
CAN 2013: Comment les supporteurs ont vécu la défaite des Eléphants
Dimanche 03 février 2013. Rustenburg (Afrique du sud). Ambiance au stade de Rustenburg après la défaite des Eléphants face aux super Aigles du Nigeria.
Il ne faut jamais prendre de grandes décisions à chaud, dans le feu de l'action». Ainsi s'expriment certains esprits attentistes, qui semblent ignorer que d'autres préconisent, eux aussi, de «battre le fer pendant qu'il est encore chaud». Incontestablement, de ces deux adages dont le premier est statique, le deuxième, dynamique, conviendrait à la situation de notre équipe nationale de football après la Bérézina essuyée en Afrique du Sud, lors de la 29è Can. Les Eléphants sont sortis par la petite porte. Alors que donnés favoris, ils ont donné une piètre idée de leur valeur. On a, en effet, vu une équipe ivoirienne sans âme, pas motivée. Résultat, un seul mot à la clé : Fiasco. Les lampions de cette Can sont éteints depuis le 10 février dernier, avec certes le triomphe mérité des Super Eagles du Nigeria, mais aussi avec la révélation d'une sympathique équipe du Burkina Faso, admirable de patriotisme et de détermination.

Voilà cinq éditions d'affilée d'où nos pachydermes offrent aux Ivoiriens blasés l'éternel retour sans gloire, la tête basse. Les amateurs du ballon rond n'en finissent pas de se poser des questions, toujours les mêmes: comment la Côte d'Ivoire, une équipe constellée de vedettes évoluant dans les plus grands clubs d'Europe, une équipe renfermant autant de joueurs nominés en son sein, pourquoi n'arrive-t-elle pas à s'imposer sur le plan africain? Que lui manque-t-il? La réponse à cette pertinente et angoissante question est là, évidente, implacable: les Ivoiriens n'ont pas l'esprit combattif, ils ne montrent pas sur le terrain la fierté d'avoir été choisis pour défendre l'honneur de leurs compatriotes, ils n'ont jamais fait preuve de hargne de vaincre. Comment une équipe du Burkina, dont seulement deux éléments évoluent en France, à Lyon et Rennes, comme grands clubs, le reste jouant dans des clubs peu connus, par exemple en Côte d'Ivoire à l'Africa Sports et à la Jeunesse Club d'Abidjan (Jca), au Ghana, au Nigeria, comment le Burkina obtient de si flatteurs résultats? Les joueurs du Ghana, du Burkina et du Nigeria compensent leurs insuffisances techniques par la rage de vaincre, par la volonté de faire honneur à leur pays. La technique ne suffit pas, loin de là, il faut en plus, le cœur, la volonté. Qui ne se souvient pas de notre compatriote Basile Boli en équipe de France? Il ne possédait pas certes une très grande technique, mais son courage et sa hargne lui ont toujours permis de faire son espace qui lui était confié.

La Côte d'Ivoire serait-elle victime de son statut de « Pays béni des Dieux» ? Notre pays n'a pas connu, comme les autres pays des quarts de finale, des événements cruels qui ont pu façonner leurs caractères contre l'adversité. En 1984, pays organisateur de la Can, la Côte d'Ivoire a échoué dès les éliminatoires des poules.

Là où un tel résultat aurait amené les footballeurs dans un tout autre endroit, nos Eléphants furent reçus au Palais présidentiel pour être consolés. Les temps ont changé, les mentalités aussi. Notre Pays ne peut plus se permettre ce qu'il se permettait il y a trente ou quarante ans. Positivons cet échec pour rebondir. Nous en avons les moyens. Mais on ne saurait aller sans une dose de courage, sans un certain sacrifice. En un mot comme en cent, nous préconisons une véritable rupture.

1 - Les temps ont changé. Nous sommes au 21è siècle. En raison du monde qu'il mobilise et des fonds qu'il engloutit, le football ne saurait s'accommoder d'une gestion approximative. Le Gouvernement qui subventionne la Fédération doit exiger une totale reddition des sommes colossales attribuées avec obligation de résultat aux athlètes. De l'aveu du président de la Fif, le Gouvernement a alloué la faramineuse somme de 3 milliards. C'est beaucoup, surtout en ces temps-ci. Les 3 milliards ont été attribués dans l'hypothèse de notre présence en finale. Nous avons été arrêtés en quarts.

2 - Il faut mettre fin aux recrutements de techniciens touristes, ces entraîneurs qui ne résident pas en Côte d'Ivoire, et qui, de ce fait, ne suivent pas le championnat local pour déceler certains talents. Le Mali, le Ghana, le Nigeria et le Burkina Faso ont intégré dans l'équipe nationale les premiers buteurs du championnat local. La Côte d'Ivoire ne l'a pas fait. Et cela nous a, sans aucun doute, causé ces préjudices.

3 - La nationalité de l'entraîneur pour nous n'a pas beaucoup d'importance. Mais il doit être recruté sur des critères très objectifs, selon un large consensus. Les Ivoiriens en sont encore à se demander ce qui a pu amener la Fif à fixer son choix sur un stagiaire en fin de stage qui faisait son baptême du feu avec notre pays.

Manifestement, ce ne fut pas le bon choix. Après notre défaite, au lieu de se faire discret, l'entraîneur des Eléphants défie les Ivoiriens en disant qu'il ne démissionnera pas. Comme pour le soutenir dans son arrogance, la Fif renouvelle son contrat, sous prétexte que l'entraîneur n'a perdu qu'un seul match! Il y a lieu de rafraîchir la mémoire: par exemple en 2006, 2008, les entraîneurs ont été remerciés après une défaite pendant la Can. Le cas le plus frappant est celui de Zahoui François qui a été démis sans avoir perdu un seul match pendant la Can 2012.

4 - Une nécessaire rupture doit être opérée avec la politique des vedettes qui a montré ses extrêmes limites. Il faut se tourner résolument vers la politique des jeunes, comme le font le Ghana, le Nigeria, le Mali et le Burkina. Le «doyen» des Super Eagles est âgé de 28 ans. Notre Pays n'a jamais privilégié la formation des jeunes. Résultat, nos cadets et nos juniors ne brillent guère dans les Can junior et cadets. Parfois, on ne prend pas la peine de les engager dans les compétitions internationales de leurs catégories.

5 - Il faudra, à l'avenir, gérer le problème de «trop plein», car les footballeurs ivoiriens évoluent dans les équipes locales, mais qui n'ont jamais fait l'objet de l'attention de la Fédération. Lassés d'attendre, ils finissent par émigrer sous d'autres cieux où ils font le bonheur des formations nationales du Gabon, du Burkina et du Bénin, etc.

6 - Le technicien qui sera choisi devra allier compétence et connaissance de l'homme dans sa complexité. Il faut en plus de son art, maîtriser la psychologie, pour pouvoir forger un mental de battant et de gagneur. Comme nous l'a enseigné le mythique entraineur Philippe Troussier.

7 - Les anciens internationaux ont encore leur place dans le dispositif d'encadrement des Éléphants. Ils ont de leur expérience à revendre. Il est nécessaire de former un bloc autour de notre équipe nationale. Le Burkina Faso nous a donné un bel exemple à saluer et à imiter.
Les Ivoiriens, dans leur ensemble, attendent une saine réaction des responsables de notre football. Nous osons espérer que les Ivoiriens, après les lourds sacrifices financiers seront compris et auront droit dans un délai rapproché, le mérite qu'ils sont en droit, d'attendre. L'avenir nous dira le reste surtout avec l'éventualité d'une certitude de qualification des Eléphants à la prochaine Coupe du monde en 2014 au Brésil.

Professeur Vakaba TOURE
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