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Politique Publié le samedi 16 février 2013 | L’Inter

Situation sociopolitique en Côte d’Ivoire / Adama Diomandé, proche du Président Ouattara: “On risque d’avoir des surprises désagréables, si....”

© L’Inter Par KS
Politique: Adama Diomandé, président de l`ADDL-France
Photo: M. Adama Diomandé (ADDL) photographié à l`aéroport CDG de Paris, le 9 janvier 2013
M. Adama Diomandé est bien connu pour être un farouche partisan du Président de la république, Alassane Ouattara, en France. le président de l’association pour la défense des droits et des libertés, qui est toujours pré- sent en Côte d’Ivoire pour contribuer à l’animation de la vie politique, comme il le fait à Paris, annonce sa participation aux prochaines élections locales. Dans cet entretien, il en parle et sans fioriture, se prononce sur certaines questions de l’actualité.


M. Adama Diomandé, vous ne cachez plus vos ambitions, vous voulez être candidat aux élections municipales chez vous. Sous quelle bannière allez-vous à ces élections ?

Je pose ma valise à Zikisso pour l’élection municipale, et je pense que je serai un candidat pour la réconciliation. Puisque les élections sont derrière nous, il faut maintenant s’unir pour le développement. Donc, je pense que je serai un candidat indépendant mais soutenu par les partis politiques. Déjà le Pdci et le Rdr me soutiennent dans cette démarche. Des personnalités du FPI aussi. nous voulons tourner la page de la crise électorale et accompagner le président dans sa quête de réconciliation sincère.

Est-ce à dire qu’il n’y aura pas des candidats Rdr ou Pdci face auxquels vous pourriez vous retrouver aux élections?

En tout cas, j’ai le soutien des partis du Rassemblement des Houphouétistes (Rhdp) à Zikisso. Et je répète encore que j’ai le soutien de personnalités du Fpi de la commune sur ma liste. Donc, je fais la collusion et je pense être le candidat le mieux placé pour le développement de la commune.

Pourquoi avez-vous choisi d’être indépendant, alors qu’on vous sait très attaché à la personne du président Ouattara?

Le président Ouattara est le président de la Côte d’Ivoire, donc le président de tout citoyen ivoirien. Encore, il a un chantier pour la réconciliation. Je pense que la priorité pour la Côte d’Ivoire, aujourd’hui, c’est cette réconciliation, le pardon dans le sens duquel les dirigeants des partis politiques doivent travailler. Et c’est pour l’aider que je suis là. La communauté internationale même encourage le président de la République dans ce travail. Pour revenir à votre question, Zikisso a été une commune conflictuelle pendant la crise. Aujourd’hui, si un proche du président de la République arrive à faire le consensus de la réconciliation, je pense que c’est un point positif et je vais y arriver parce que les choses se présentent bien, en tout cas, pour moi.

A propos justement de la réconciliation, vous avez entamé une tournée dans la région, comment les populations de Zikisso ont accueilli cette action?

Ça a été une discussion franche avec mes parents Dida, une rencontre de vérité et d’espoir pour soigner les blessures. Tout le monde le sait, Zikisso est un fief de l’ex-président Gbagbo, mais la population est prête à tourner la page et à s’accrocher au train du développement du président de la République. Et c’est ce qui est important. Les élections sont derrière nous. Maintenant, laissons la justice faire. Le président Alassane Ouattara est le président de tous les citoyens. Je pense que mes parents Dida me l’ont démontré et ils s’accrochent à la réconciliation et au train de développement du président Ouattara.

Vous résidez en France, où vous avez une vie. Qu’est-ce qui motive votre ambition de vous faire élire à Zikisso?

Le président de la République a fait appel aux Ivoiriens de l’extérieur dans n’importe quel domaine. Je pense aussi que dans le domaine de la politique, on a besoin de personnes engagés, reconnues, qui ont un engagement reconnu et sincère vis-à-vis du président de la République. Il y a encore que j’ai constaté que ma commune de naissance, mon village, ma sous-préfecture a un retard considérable au niveau du développement. Sur le plan sanitaire, Zikisso a été toujours oublié. Je pense que le fait que je pose ma valise à Zikisso donne une autre dimension au projet de développement de cette ville avec les réseaux que j’ai en France. Ma proximité avec le parti au pouvoir peut aider Zikisso à sortir de l’anonymat. Il y a encore que je veux travailler pour la réconciliation sincère, parce que la réconciliation des partis politiques, les Ivoiriens ne veulent plus de cela. Et cela se constate par les élections intermédiaires qui viennent de se passer, qui sont d’ailleurs fatales pour tout parti au pouvoir dans n’importe quel continent. Je pense que je peux apporter un plus à la réconciliation.

Justement, quelle analyse faites-vous du résultat des législatives partielles qui viennent de prendre fin?

C’est un coup de semonce aux partis du Rhdp, notamment au Rdr, parce que les militants se sentent délaissés, oubliés. Et c’est un danger pour le Rdr. C’est-à-dire que nous avons l’impression que les cadres ont oublié leur propre souffrance. Ils se plaisent dans ce contexte de pouvoir. Or, c’est ce qu’il ne faut pas. Les militants se sentent complètement oubliés et abandonnés. Ils ne veulent pas être oubliés. Donc, ils l’ont démontré par leur absence dans les urnes. Et je pense que la direction des partis Rhdp, notamment du Rdr, doit se ressaisir et aller reconquérir, expliquer la politique du président aux militants, qui ont besoin d’information. Il y a une impatience à la base, mais encore, il y a une absence d’action sur le terrain. C’est ce qui explique la débâcle du Rdr pendant les législatives partielles. Finale- ment, les indépendants sont perçus comme des personnes qui peuvent et écoutent les citoyens de la base. Cela a contribué à la déroute du Rdr pendant ces élections. Mais, il faut reconnaître aussi que les élections intermédiaires ont toujours été difficiles pour un parti qui gouverne.

Vous invitez le Rdr et le Rhdp à descendre sur le terrain. N’est-ce pas déjà tard avec l’échéance des élections locales fixée pour le mois d’avril prochain?

Mais, ils tireront les conséquences de leur politique ou de leur conduite vis-à-vis des militants. Mais, il faut aussi le dire, il y a des querelles de positionnement au sein du Rhdp et cela ne facilite pas la tâche. Je pense qu’ils doivent reconquérir le terrain et préparer 2015, ça c’est très important. En plus, je crois que la politique du président de la République va donner ses résultats d’ici fin 2013. Et cela va participer à apaiser les cœurs. Il y a beaucoup d’impatience, il faut travailler, il faut expliquer à nos parents paysans qu’on ne peut pas semer et en même temps récolter. Le président a semé, le moment de la récolte arrive. Et il faut savoir le dire aux citoyens, pour les amener à patienter. C’est ce que les partis du Rhdp ne font pas suffisamment. Et aujourd’hui, ça explique, je ne dirai pas la déroute, mais le coup de semence qu’ils ont subi.

A propos, il n’y a pas que des militants qui se plaignent, mais ces agitations sociales et ces grèves tous azimuts, qui semblent révéler un ras-le-bol généralisé. Quelle lecture en faites- vous?

Les grèves les plus dures que j’ai constatées depuis mon arrivée, ce sont celles des enseignants et du personnel de la santé. Je pense que pour les enseignants, c’est un peu fort parce que leurs revendications sont un peu exagérées, en mon sens. Je ne critique pas la grève, parce que c’est la manière la plus démocratique de revendiquer ce dont on a droit. Mais, quand un pays vient de traverser la crise et qu’eux estiment qu’ils sont à plus de 75% de retard dans la régularisation de leurs arriérés, il faut qu’ils sachent qu’on pense à leur situation. Donc, il y a de quoi patienter. Mais, cela n’empêche pas qu’ils revendiquent leur droit. Je ne suis pas contre cela, mais il faut le faire dans l’esprit de réconciliation et de compréhension. En ce qui concerne la santé, c’est vrai que le personnel de santé travaille dans des conditions très difficiles. Moi-même, j’ai eu l’occasion de le constater à Zikisso. Mais, je pense que le gouvernement a fait un effort considérable. Il faudrait que agents de santé, les infirmiers, les médecins, comprennent aussi qu’il y a quand même un minimum de rigueur en ce qui concerne la gestion de la santé, la gestion des médicaments. Sur ce plan aussi, il y a beaucoup de plaintes. Mais, je pense que le gouvernement doit prendre cette grève en considération pour préserver des vies.

Ne craignez-vous pas que ces agitations marquent un mauvais pas contre le pou- voir en place, en pensant à ces mêmes grèves qui se sont soldées par la débâcle des régimes passés; soit par la force, soit dans les urnes?

non, le contexte n’est pas comparable, ce n’est pas pareil. Parce que sous le régime Gbagbo, le contexte était conflictuel. Et là, sous le président Ouattara, l’agitation est sociale. Donc, je pense que si le gouvernement sait conduire le dialogue, s’il va vers grévistes, les choses vont s’atténuer. Et puis, le fait que le pouvoir du président Alassane Ouattara a un soutien unanime à l’internationale rassure les Ivoiriens. Ça, je peux vous le dire, je l’ai constaté pendant les semaines que j’ai passées dans la sous-préfecture de Zikisso. Les citoyens ont espoir et c’est ce qui facilite aussi, par ailleurs, la réconciliation sans arrière-pensée politicienne.

Dans quelques mois, nous serons à 1’an 1 de l’atteinte du point d’achèvement de l’initiative PPTE, et on a l’impression que les Ivoiriens ne ressentent pas ses effets dans leur quotidien. Cela ne justifie-t-il pas un peu les mouvements sociaux actuels?

C’est l’impatience que je soulignais tantôt. J’ai dit tout à l’heure qu’on ne sème pas pour récolter en même temps. C’est aux politiciens de savoir l’expliquer. En tout cas, moi, je l’ai fait à Zikisso. Si on n’explique pas, l’incompréhension génère les conflits. Et j’invite les partis politiques à descendre, à écouter la base et à tenir un langage de patience vis-à-vis de leurs militants. C’est important. Si on ne le fait pas, on risque d’avoir des surprises désagréables.

le président de la République a dit tantôt que ’’l’argent ne circule pas parce qu’il travaille’’. Monsieur Diomandé, vous qui êtes un de ses farouches partisans, comment expliquez-vous cette phrase?

Même si elle semble un peu corsée, un peu difficile, cette phrase est une réalité. En fait, sous le régime précédent, l’argent circulait mais dans des sachets plastiques. C’était l’argent de la corruption, c’était entre amis, c’était l’argent des gabegies. Mais l’argent travaille aujourd’hui, on le voit par les chantiers, par les routes, par l’espoir que cela sus- cite dans les entreprises, etc. C’est vrai que l’argent ne peut pas travailler en même temps et circuler dans des circuits obscurs. Donc cette réalité, c’est une vérité brute qu’il faudrait qu’on accepte. L’argent travaille et l’argent doit travailler. Et je pense que le président de la République a voulu faire comprendre aux Ivoiriens que l’argent facile n’est plus de mise en Côte d’Ivoire.

Il y a un dialogue républicain qui a été initié. le Fpi qui discute directement avec le gouvernement, quelle lecture faites-vous de l’avancée de ce dialogue?

Je souhaite que ce dialogue soit sincère. Et c’est ce qui manque souvent au Fpi, parce que les revendications du Fpi débordent le cadre du dialogue. Il y a une justice, la justice ivoirienne et la justice internationale. On ne peut pas inclure la justice dans un dia- logue politique qui doit nous amener à la réconciliation sincère. Il y a eu des actes posés. Même si ces actes découlent d’une situation politique, on n’est plus dans le schéma politique. Les dirigeants actuels du Fpi doivent savoir tourner la page et préparer une alternative réellement démocratique. Parce qu’un pays sans une opposition crédible structurée, n’est pas un pays stable démocratiquement. Mais si le Fpi ne veut pas le faire, je pense que les Ivoiriens sont en train de comprendre qu’on peut aller vers la réconciliation sans le Fpi, ou sans la participation du Fpi. Aujourd’hui, sur ma liste, cela est prouvé parce qu’il y a des gens très engagés au Fpi qui rejoignent une liste d’union à Zikisso pour tourner la page. Et même mieux, le maire sortant Fpi se présente en indépendant, parce que je pense qu’il a le sentiment que le Fpi fait du chantage à la réconciliation à travers une demande qui ne peut pas être acceptée par la classe politique majoritaire en ce moment. Puisque cela dépend de la justice nationale et internationale.

Peut-on entrevoir une issue heureuse à un tel dialogue dans l’ambiance actuelle, avec ces arrestations et extraditions dans le camp des partisans de laurent Gbagbo qui étaient réfugiés au Ghana?

Je ne vais pas rentrer dans les détails de ces arrestations, mais je pense que le dialogue républicain n’arrête pas la marche de la justice. Les personnes qui sont extradées en ce moment, sont accusées d’autres faits. C’est vrai que ce sont des personnalités qui étaient proches de l’ancien pouvoir, mais je pense que le dialogue républicain pour la réconciliation ne doit pas arrêter le cours normal de la justice.

Comment est-ce que vous entrevoyez le processus de réconciliation conduit par le président Charles Konan Banny, qui normalement devrait prendre fin dans quelques mois?

Je souhaite vraiment une réussi- te au président Banny. Mais, ce que je constate sur le terrain, c’est l’absence d’actions de proximité. Il faut aller sur le terrain, il faut aller au corps-à-corps ; il faut aller à l’écoute. C’est ce que moi je fais dans ma commune. Je pense que cela a un résultat. Il faudrait aussi que les partis du Rhdp s’impliquent en aidant la Commission dialogue et vérité à faire ce corps-à-corps d’explication et de sensibilisation. Les Ivoiriens ont soif de réconciliation. Ils prennent des initiatives eux-mêmes, déjà, dans des cours communes, dans des villages, dans des campements, parce qu’aucun habitant de ce pays ne souhaite encore retomber dans ce que nous avons connu pendant dix ans. C’est vrai qu’il y a des blessures, mais il y a des mots pour les guérir. quand on sait placer ces mots, ça apaise. Et puis, les gens sont à l’écoute et dans l’attente de cette démarche. J’encourage le Premier ministre Konan Banny à vraiment descendre dans les villages, dans les hameaux, dans les campements pour être à l’écoute et avoir les mots d’apaisement pour que ce dialogue aboutisse. Parce que la Côte d’Ivoire en a réellement besoin.

Comment entrevoyez-vous les futures élections, avec ou sans le Fpi, si le dialogue républicain aboutit ou échoue?

Le Fpi a tout intérêt à participer à ces élections. S’ils ne le font pas, ce serait une erreur politique qu’ils vont payer chèrement. Et je pense même que les militants conscients ne vont pas comprendre le Fpi et s’engageront dans la voix du dialogue et de la participation effective aux activités politiques du pays. Parce qu’un parti de gouvernement comme le Fpi ne peut pas se faire hara-kiri aux élections pour une question de justice qui ne dépend pas de la politique.

Entretien réalisé par Félix D.BONY Coll : F.Bissié (stg)
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