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Politique Publié le lundi 18 février 2013 | Le Temps

Avant son procès à la Cpi : la lettre émouvante des victimes de Duékoué à Gbagbo

Si le calme, la sérénité, le courage et la détermination que vous nous avez inculqués des années de lutte durant, sont toujours présents et croissants en nous, il est sûr et certain que de là où vous êtes, vous, notre étendard, vous n'avez point fléchi et vous êtes resté constant dans votre objectif, celui d'une libération totale des forces rétrogrades qui veulent continuer leur domination servile sur la Côte d'Ivoire et l'Afrique. Bien nombreux sont ceux qui avant nous, vous l'ont demandé : tenez bon, notre très cher Président et sachez que vous n'êtes pas seul ou abandonné. Personnellement, nous voudrions vous faire une confidence : depuis toujours, dans la brise des jours d'accalmie comme dans le feu que nous avons traversé sains et saufs au quartier «Carrefour» de Duékoué en mars 2011, ou même quand lâchement, les Forces françaises vous ont livré aux rebelles le 11 avril 2011, nous avons toujours gardé le cap du calme et de la sérénité, tout en ayant foi dans le Dieu des justes, celui qui délivre véritablement. Nous croyons comprendre que les périls divers et les catastrophes naturelles «collent» à ce monde terrestre où règnent en maîtres le mensonge, l’injustice, la méchanceté gratuite et la haute piraterie érigés en droit. N’est-ce pas grâce à votre courage et sous votre impulsion, il y a vingt-trois ans, que la Côte d’Ivoire, a renoué avec le multipartisme et la démocratie ? Et dire qu’il s’en trouve pour vous traiter de dictateur! N’est-ce pas vous qui, encore opposant politique, publiquement, à la télévision nationale, une nuit d’octobre 1992, avez demandé et obtenu officiellement quelques mois après, que tout jour ouvrable où il y a la fête des musulmans soit déclaré jour férié? Qu’est-ce qu’ils ont menti à la face du monde, ceux qui vous ont accusé d’exclure les musulmans, dès 2002, quand ils ont lancé leur rébellion et la pouponnaient, contre votre régime! Qui, mieux que vous, à la tête de ce pays, a œuvré pour que nous ayons une représentation diplomatique en Arabie Saoudite, pour un meilleur suivi ou une nette amélioration des conditions d’encadrement de nos compatriotes se rendant à la Mecque ? Or, ces pirates des temps nouveaux vous ont accusé dans leurs chancelleries et leurs médias, dès l’an 2000, d’entreprendre un génocide contre le nord musulman. Qui ne se souvient du tristement célèbre Benoît Schaur, ce sociologue belge, grand artisan et aussi comptable devant l’Eternel de notre tragédie collective ? Ils sont exagérément nombreux aujourd’hui à avoir voix au chapitre, tout en restant collés à leur pratique viscérale qui est la mauvaise foi. Ils parlent, éructent, croient donner des leçons à autrui et se prennent eux aussi pour des politiques tout en vous accusant aujourd’hui de tous les péchés d’Israël. Mais ne sont-ce pas ces mêmes-là que, par votre courage dans la lutte d’opposition à Houphouët-Boigny puis à Bédié, vous avez réussi à sortir du ventre du parti unique ou de la trappe du parti-Etat où la peur les réduisait au plus honteux des silences mal refoulés ? Et ce sont ceux-là qui, non contents de vous avoir fait une guerre lâche, en tuant de sang froid leurs propres frères, vous font déporter aujourd’hui ? Voici, notre très cher Président, que le 19 Février 2013 approche. Comme nous vous l’avions précédemment écrit en août 2011, il est de plus en plus clair que tous les damnés de Frantz Fanon d’ici et leurs maîtres colons vont boire du calice jusqu’à la lie, le vin de leur haine et de leur mépris désormais dévoilés au grand jour à la face du monde entier. Un monde qu’ils avaient mené en bateau par leurs montagnes de mensonges, de dénigrements et de crimes odieux. «Le jour où le crime se pare des dépouilles de l’innocence, par un curieux renversement propre à notre temps, c’est la Justice elle-même qui sera sommée de donner des explications», a écrit Albert Camus dans «Le Mythe de Sisyphe». Les esclavagistes du prétendu nouvel ordre mondial s’en inquiètent-ils, eux dont les suppôts locaux, non contents d’avoir accaparé tous les secteurs économiques (terres, forêts, mer, commerce, transports et industries) de notre beau pays, nous ont fait la guerre afin de nous déposséder de notre seul et dernier bien, notre identité d’Ivoiriens, par le biais de sordides accords dits de Marcoussis ou alors par la ténébreuse société d’identification nommée Sagem, détruisant au passage de leur rébellion nos registres à l’Etat civil ? Notre plus grande nausée, Président, c’est que c’est bien à l’école française que nous avons appris le dicton «dis-moi qui tu hantes et je te dirai qui tu es» : ils ont vraiment beau jeu, ces dirigeants français et occidentaux qui sont fiers de s’afficher publiquement avec des criminels de guerre (éventreurs de femmes enceintes, violeurs, égorgeurs de bébés) et vrais génocidaires africains mais qui n’oseraient même pas dire bonjour ou rendre visite à un jeune délinquant de la banlieue parisienne, simplement placé en garde-à-vue. Quelle honte pour ceux-là qui, refusant la royauté chez eux en France, ont conduit leur dernier roi au supplice de la guillotine et s’arrogent le droit, par la violence et le crime, de nous assujettir? Sinon, nous dormions paisiblement en ce pays avant cette horrible nuit du 18 Septembre 2002 ! En tous cas, notre très cher et bien-aimé Président, nous ne vous apprenons rien car vous le saviez depuis toujours et avant nous : le 19 février 2013, ce sont la morale, la justice, la civilisation humaines et bien des institutions mondialement reconnues qui seront en procès à La Haye (la Cpi peut-elle nous refuser le recomptage des voix, notre irrévocable préalable à ce procès de la honte ?), d’autant plus qu’il est désormais établi sous nos cieux africains et sous nos yeux qu’il y a belle lurette que la civilisation occidentale, tant vantée, a perdu de ses repères en ce début de vingt et unième siècle. Tenez bon, Président et que votre libération sonne le glas des forces du mal qui s’évertuent à rétrograder la marche des peuples africains vers l’avant ! Tenez bon, Président et que votre libération sonne la libération tant souhaitée de notre peuple et des peuples africains ! Tenez bon, Président, car ils étaient loin de s’imaginer qu’en vous menant une guerre absurde et en vous déportant, (à l’âge d’or de la communication moderne et des médias que Béhanzin, Samory et Amangoua n’ont pas eu la chance de connaître), ces pirates des temps nouveaux et leurs parrains ont creusé le caveau de leurs propres malédictions et malheurs, car il est écrit : «malheur à celui par qui le fils de l’Homme est livré, car mieux eût valu pour lui qu’il ne fusse pas né». Tenez bon, Président car nous tiendrons toujours bon, jusqu’aubout !!!
Emmanuel Caleb, pour le Collectif des victimes de Nahibly et de Duékoué, le 17 février 2013
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