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Politique Publié le mardi 19 février 2013 | Le Temps

Interdiction du meeting de la Jfpi : Ouattara confirme son statut de dictateur

© Le Temps Par Seibou T
Ouverture du Sommet des chefs d`Etat de la CEDEAO
Samedi 19 janvier 2013. Abidjan.
Les démocrates d’hier seraient-ils devenus les dictateurs d’aujourd’hui? Répondre non à cette question nous mettrait certainement à l’abri de la répression. Cependant la vérité est tellement grosse que l’on ne peut commettre l’erreur de servir le faux au monde entier. L’exemple de l’interdiction du meeting de la Jeunesse du Front Populaire Ivoirien (Jfpi) vient une fois de plus renforcer la performance dictatoriale du régime Ouattara. On note que le Vendredi 15 Février 2013, le maire intérimaire de Yopougon a pris un arrêté interdisant le rassemblement de la Jfpi. Ce curieux arrêté a été soutenu par un communiqué du Ministre de l’Intérieur Hamed Bakayoko. Avant de porter un regard sur ledit arrêté, il convient de noter que l’objectif visé par toute cette gymnastique détestable est bien la réinstauration de la pensée unique.
La réinstauration de la pensée unique en Côte d’Ivoire
Si le pouvoir n’a pris aucun acte officiel replongeant notre pays dans l’univers sombre de la pensée unique, il a toutefois laissé la tâche à Amadou Soumahoro (Sgi du Rdr), de porter à la connaissance des ivoiriens et du monde, l’aversion que ce régime a pour l’expression plurielle. Pour ce responsable politique «Ado sera au pouvoir jusqu’en 2053» in L’intelligent d’Abidjan n°2397- Décembre 2011. Et pour y arriver, il faut supprimer l’opposition significative, c’est pourquoi, il avait précisé lors d’un meeting : «nous allons demander à nos militants de se mettre en ordre de bataille pour mater tous les militants du Fpi qui s’attaqueront au Président Alassane… tous ceux qui se sont attaqués à Alassane se trouvent au cimetière.» Ces propos, du reste irresponsables, soulèvent une question centrale : comment peut-on, dans un régime dit démocratique exercer un mandat présidentiel pendant un demi siècle? La réponse se trouve dans la répression des manifestations organisées par le Front Populaire Ivoirien (Fpi). L’idée est de faire taire ce parti en vue de permettre au régime d’entretenir paisiblement son coït avec la dictature. Et il le fait si bien. En moins de trois ans d’exercice controversé, le dictateur Ouattara et ses alliés ont réprimé dans le sang quatre meetings du Fpi. Ce sont : Koumassi (08 Octobre 2011), Bonoua (19 novembre 2011), Port Bouët (20 novembre 2011), Yopougon (21 janvier 2012). Observons qu’aucun de ces rassemblements n’était frappé d’aucune mesure d’interdiction. Les nervis du pouvoir ont tout simplement attaqué ces meetings et ce, conformément aux déclarations de leur responsable politique, le sieur Amadou Soumahoro. Jusqu’au jour d’aujourd’hui, aucun de ces barbares n’a été arrêté. En outre, deux rassemblements des jeunes de ce parti ont été interdits : Sit-in à la cathédrale St-Paul d’Abidjan (4 octobre 2012), Meeting à la place CP1 (16 février 2013). En procédant ainsi, le dictateur Ouattara a la chance de régner pendant un demi-siècle. Mais pourquoi ce régime s’acharne-t-il contre le seul Fpi? Il est clair que le parti de Laurent Gbagbo demeure la seule force capable d’empêcher Ouattara de vivre comme un beau monarque. Dans son entendement, laisser le Fpi remobiliser ses troupes et exposer aux yeux du monde les tares du régime, pourrait précipiter sa fin. C’est la raison pour laquelle, les forces onusiennes, les chaines de télévision, notamment françaises aident ce pouvoir à réprimer le peuple de Côte d’Ivoire. C’est écœuré que l’on a vu les forces de l’Onuci étouffer l’expression du peuple libre en aidant le régime Ouattara à empêcher le meeting de la Jfpi du 16 Février 2013. L’on ne cessera de se demander si le mandat de cette organisation mafieuse consiste aussi à appuyer les dérives totalitaires du régime Ouattara ? Si oui, l’on comprendra pourquoi l’Onu n’a jamais réglé de conflits mais les a exacerbés. Bref, le régime Ouattara a achevé de nous convaincre que nous sommes dans un système répression du pluralisme.
L’arrêté Bertin Yao Yao, une vraie sorcellerie politique
L’arrêté n°016/MY/CAB 01 du 14 Février 2013, n’est rien d’autre que la traduction juridique de déclarations et d’intrigues politiques. En effet, les soldats politiques du régime Ouattara ont été très actifs à la veille du meeting de la Jfpi. Citons quelques propos. Karamoko Yayoro (Rdr): «S’il (Koua Justin) vient pour une action subversive, nous encourageons les Frci à faire barrage à la déstabilisation… C’est inadmissible… c’est la négation de la jeunesse ivoirienne. Nous ne pouvons plus accepter la manipulation de la jeunesse…» Yaké Evariste (désormais au service du régime), après avoir appelé la Jfpi à annuler son meeting, a avoué «Koua Justin peut aller faire son meeting à Daloa où il vit… qu’il n’emmerde pas les populations de Yopougon parce qu’il sera tenu pour responsable de ce qui arrivera». Ces propos ont été appuyés par ceux du porte-parole principal du Rdr, Joël N’Guessan. «Les meetings et autres marches projetés n’auront aucune incidence sur la conduite de l’audience de confirmation des charges. Ils ne feront que remuer le couteau dans la plaie des parents des victimes». Ces discours ont été plongés par leurs auteurs dans l’eau trouble de la réconciliation nationale. Le meeting est donc «une démarche ambigüe et contradictoire du FPI». Les propos susmentionnés avaient pour seul objectif de présenter le meeting comme dangereux pour les populations et les victimes Rdr de la crise postélectorale. Le décor ainsi planté, le maire pouvait en toute légitimité intervenir pour interdire le meeting. Bref regard sur l’arrêté.
L’arrêté Bertin Yao Yao qui semble s’adresser à tous, s’adresse uniquement au Fpi. Il est orienté contre les activités de ce parti et pour donner une texture légale à cet arrêté, le pouvoir a usé de sorcellerie politique. L’on sait, à partir de jurisprudences (arrêts Benjamin, C.E. 19 mai 1933 Gaja 52, Houphouët Boigny, C.E. 19 juin 1953, Rec 298), que l’interdiction d’une réunion est subordonnée à deux conditions : D’une part, la menace de troubles graves et d’autre part l’absence de moyens efficaces c’est-à-dire l’insuffisance des forces de police pour maintenir l’ordre public. Que fait le pouvoir pour donner l’impression de respecter la volonté du juge ? Sachant pertinemment que le meeting de la Jfpi est prévu le 16 Février, les dictateurs d’Abidjan suscitent la manifestation d’une coordination dite des victimes et parents de victimes de la crise postélectorale. Celle-ci se réunit le 13 Février au cercle du rail et annonce par la voix de Sylla Aboubacari, qu’elle occupera l’espace CP1 à partir du vendredi 15 février jusqu’à la confirmation des charges du Président Gbagbo. Cette annonce vient concurrencer celle de la Jfpi laquelle organisation avait déjà eu des séances de travail avec les autorités. De cette confrontation de manifestations, nait l’idée de trouble à l’ordre public. Dès lors, le Maire se trouve, à ses yeux, légitimé à interdire le meeting de la Jfpi. En soutien au Maire, le ministre de l’Intérieur, invite les militants du Fpi à se conformer aux instructions du 1er magistrat de la commune sans manquer d’apporter deux précisions qui le disqualifient : «la réaction hostile d’une importante frange de la population» et «le contexte préélectoral.» Pour ce qui Concerne la réaction hostile de la population, le ministre ne donne pas un contenu précis au terme «population» s’agit-il de toute la population de Yopougon ? Existe-il une pétition contre la manifestation ? Pourquoi cette frange de la population ne manifeste-elle pas une hostilité lorsque les partisans de Ouattara dont Zadi Djédjé tiennent des meetings sur la même place ? Un véritable flou artistique. D’autre part concernant le contexte préélectoral, l’on se demande comment une manifestation du 16 Février peut-elle avoir une incidence sur des élections prévues pour se déroulées le 21 Avril 2013. A la vérité le Ministre est en quête d’arguments pour créditer l’idée de troubles graves à l’ordre public. Même dans ce cas, il faut que le critère relatif à l’insuffisance des forces de police soit réunit. En l’espèce, il n’est pas réunit dans la mesure où la police, la gendarmerie et les forces onusiennes sont suffisantes pour sécuriser et le cas échéant, rétablir l’ordre. Pour s’en convaincre, il suffit de jeter un coup d’œil sur l’impressionnant dispositif militaire déployé pour empêcher la tenue du meeting. Ce dispositif aurait pu sécuriser la manifestation. Aucune des conditions nécessaires à l’interdiction de la manifestation n’existait. Le pouvoir s’est inventé des risque de débordement mais n’a pas signifié que les forces de police sont insuffisantes pour les contenir. Si l’on était dans un état de droit, l’on conseillerait à la Jfpi de saisir la justice aux fins d’invalidation de l’arrêté. Mais étant donné que nous sommes dans une dictature où la justice et le pouvoir Ouattara forment une seule et même entité, l’entreprise serait vaine.
Retenons en définitive que l’interdiction du meeting de la Jfpi est un signe qui nous situe sur le caractère dictatorial du pouvoir Ouattara. Après avoir utilisé des pierres, des machettes, des armes à feu et des gourdins pour faire taire le Fpi, ce pouvoir utilise maintenant des procédés de police qu’il manipule très mal. Ouattara et ses alliés veulent gouverner seul, pour un seul camp, contre la majorité. Heureusement que le peuple en est conscient.
Alain Bouikalo
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