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Politique Publié le vendredi 22 février 2013 | Notre Voie

3ème jour du procès de confirmation des charges contre le président Gbagbo : L’accusation raconte un récit invraisemblable

© Notre Voie Par DR
CPI : l’ex Président Laurent Gbagbo devant les juges
Mardi 19 février 2013. La Haye. L’ancien président ivoirien comparait à la Cour pénale internationale (CPI), pour crime contre l’humanité.
Le troisième jour de l’audience de confirmation des charges contre le président Laurent Gbagbo qui s’est déroulée était essentiellement consacré à la déposition de l’accusation. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les accusateurs du président Laurent Gbagbo non seulement ne savent pas de quoi ils parlent, mais, en plus, ils se donnent tout le mal du monde pour raconter une histoire invraisemblable pour qui a vécu la crise ivoirienne.

Par exemple, sur la marche des femmes d’Abobo qui est au cœur de l’acte d’accusation, le parquet a expliqué le plus tranquillement du monde que trois mille femmes manifestaient pacifiquement au niveau du rond-point d’Anador, quand un convoi militaire en provenance du camp commando a fait brutalement feu sur elles, faisant sept morts. Selon l’accusation, s’appuyant sur des images vidéo, ce serait un tank de la gendarmerie ou de la garde républicaine qui serait à la base de l’attaque. Le hic dans l’affaire, c’est que le char qui a tiré à bout portant sur une foule de trois mille personnes n’a fait que sept victimes. Pis, pour des femmes supposées avoir été tuées par des canons, les corps étaient en bon état, hormis la victime à la tête éclaboussée. En tout état de cause, une autopsie des corps et une analyse balistique sérieuse seront obligatoires pour déterminer si c’est bien le tank de l’armée ivoirienne visible dans la vidéo qui est à l’origine de l’attaque. Et on se demande bien comment le parquet va réussir à convaincre les juges d’une telle éventualité. En tout état de cause, l’accusation n’a pas expliqué pour quoi, alors que, selon elle, les femmes manifestaient dans un périmètre qui n’obstruait pas le chemin du convoi militaire, les soldats ont eu besoin de tirer sur elles.

Autre fait intrigant, alors que le représentant du parquet a affirmé à maintes reprises qu’aucun homme ne figurait parmi les manifestants, on voit bien dans la vidéo que non seulement il y avait beaucoup d’hommes, mais qu’en plus, certains étaient armés.

L’autre fait sur lequel s’est appuyée l’accusation, c’est le supposé bombardement d’un marché d’Abobo, le 17 mars 2011. Selon le récit raconté hier à la barre de la Cour pénale internationale (Cpi) par les collaborateurs de Fatou Bensouda, des éléments du Bataillon artillerie sol air (Basa) basés au camp commando d’Abobo sont à l’origine de ces bombardements. A en croire l’accusation, ces bombardements auraient visé le quartier d’Abobo derrière rail, le Village Sos et la mairie d’Abobo et auraient fait vingt cinq victimes. Mais la question à laquelle l’accusation n’a pas répondu, c’est de savoir pourquoi l’armée a décidé de lancer des obus sur ces endroits précis et non ailleurs. Surtout que Mme Bensouda et ses collaborateurs affirment qu’au moment des faits, aucun individu armé n’était présent à Abobo. Comme si le «Commando invisible» dont on sait qu’il s’était rendu maître d’Abobo n’avait jamais existé. Autre motif d’interrogation, c’est le nombre de victimes au regard du mode d’action des meurtriers tel que décrit par l’accusation. En effet, tout au long de son exposé, le représentant du parquet a affirmé à plusieurs reprises que les éléments des forces de défense et de sécurité (FDS) tiraient aveuglément. On se demande alors comment, dans une zone « densément peuplée », comme l’accusation elle-même a décrit la commune d’Abobo, des tirs aveugles ne réussissent qu’à faire à peine une vingtaine de victimes. Surtout que plusieurs obus de mortier sont supposés être tombés sur un marché bondé de monde.

Mais la plus grande faiblesse de l’accusation, c’est qu’au cours des exposés, elle n’a jamais montré clairement l’implication personnelle et directe du président Gbagbo dans la commission des faits. En dehors d’affirmations générales sur le rôle de chef d’Etat et de chef suprême des armées, nulle part l’accusation n’a brandi un ordre verbal ou écrit explicite donné aux militaires pour tuer. Plus ridicule, l’accusation a cité régulièrement les généraux Mangou et Détoh comme étant les relais entre le président Gbagbo et l’armée. Or ces derniers, tout le monde le sait, sont aujourd’hui dans les bonnes grâces du régime Ouattara.

Aujourd’hui, la défense qui prendra la parole aura certainement l’occasion de relever toutes les incohérences et les contradictions d’une accusation dont on voit bien qu’elle n’a fait que recopier les rapports de l’Onuci et de certaines Ong. Croisons les doigts !

Guillaume T. Gbato
gtgbato@yahoo.fr
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