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Politique Publié le vendredi 22 février 2013 | Nord-Sud

Marche sur la Rti, massacre des femmes d’Abobo, tueries à Yopougon : Les détails renversants du bureau du procureur

© Nord-Sud Par DR
CPI : La procureure Fatou Bensouda au procès de l’ex Président Laurent Gbagbo
Mardi 19 février 2013. La Haye. L’ancien président ivoirien comparait à la Cour pénale internationale (CPI), pour crime contre l’humanité. Photo : Fatou Bensouda, procureur de la CPI
L’audience de confirmation des charges s’est poursuivie hier après-midi, avec de longues heures consacrées à élucider les principaux massacres attribués aux forces de M. Gbagbo.


On en sait un peu plus sur des événements graves survenus au cours de la période postélectorale. Notamment la marche sévèrement réprimée des militants du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix sur le siège de la Radiodiffusion-télévision ivoirienne (Rti), le massacre des femmes d’Abobo et les tueries et viols de femmes commis quelques heures après la chute de Laurent Gbagbo. L’acte 3 de l’audience de confirmation des charges, hier, à la Cpi, a permis d’avoir d’importants détails relatifs à ces tueries ignobles. Successivement, le premier substitut du procureur, Eric Mc Donald, puis ses collègues substituts Maria Berdennikova, Kristztina Varga et Florie Huch ont narré lesdits événements avec précision. Et surtout preuves à l’appui.

A propos de la marche sur la Télévision ivoirienne du 16 décembre 2010, l’accusation est formelle : «il s’agissait d’une attaque planifiée et coordonnée au plus haut niveau par la hiérarchie militaire des Fds (Forces de défense et de sécurité)», a laissé entendre M. Mc Donald. Prenant à rebrousse-poil Me Emmanuel Altit qui a pointé des miliciens pro-Ouattara, mercredi 20 février à l’audience. Le bureau du procureur, s’appuyant sur des enquêtes extérieures, comme celle d’Amnesty international, croit savoir qu’il y a eu une volonté délibérée de réprimer dans le sang tous les militants du Rassemblement des républicains (Rdr) qui tenteraient de mettre le nez dehors ce jour-là. Résultat : de nombreux manifestants « aux mains nues », mis aux arrêts, tués et blessés. Sans compter des dizaines de cas de viol.

Massacre à l’arme lourde des femmes

Le deuxième fait significatif, qui a suscité de l’émoi au-delà des frontières ivoiriennes, constitue le massacre à l’arme lourde de sept femmes parmi les manifestantes du 3 mars 2011 à Abobo. Les éclairages du procureur étaient très attendus sur le sujet, tant il a charrié à l’époque dans l’opinion, des thèses les plus invraisemblables. Après recoupements des témoignages et des rapports internationaux, Mme Fatou Bensouda pointe la responsabilité partagée d’éléments de la Garde républicaine et de la Gendarmerie qui avaient comme base le camp commando d’Abobo. En outre, le nom de Bruno Dogbo Blé, ex-patron de cette Garde républicaine, récemment jugé et condamné pour l’assassinat du colonel-major Adama Dosso, est avancé. Les images de la vidéo, poignantes, projetées au cours de l’audience situent le contexte : des femmes rassemblées du côté du rond-point du Banco ont voulu jouer leur partition. Elles ont initié l’ «Opération Gbagbo dégage» croyant que l’absence significative d’hommes dans leur rang les épargnerait d’une répression habituelle de l’armée. C’était sans compter la détermination à « écraser tout soutien à Alassane Ouattara et exécutée en toute connaissance de cause », dans la logique du «plan commun» élaboré. Scénario identique quelques jours plus tard, soit le 17 mars 2011. Ce jour-là, des obus de mortiers sont tirés « depuis le camp commando », selon l’accusation, et près de 25 morts et une quarantaine de blessés graves dans les secteurs du marché Siaka Koné, et des quartiers Derrière-Rails et Village Sos. Le fait nouveau, dans ce dossier, c’est l’identification des deux officiers en service ce jour-là dans ledit camp. Et dont les noms ont été cités, hors micro, à la barre. Le bureau du procureur, s’appuyant sur une enquête de l’Onuci et des témoignages internes au commandement militaire indexe formellement des éléments du Bataillon d’artillerie sol-air (Basa). Cette utilisation des mortiers en zone

Utilisation de mortiers en zone urbaine

urbaine, d’après les conclusions du procureur, entrait dans une logique. Celle de conserver le contrôle à tout prix de la commune d’Abobo, menacée par des harcèlements attribués au fameux «commando invisible». Pour clore ce chapitre des violences postélectorales, Mme Huck est longuement revenue sur les exactions conjointement commises par des «éléments de la police, des jeunes miliciens et des mercenaires » à partir du 12 avril. « En représailles de l’arrestation de leur leader (ndlr : Laurent Gbagbo) et en continuité de la politique de ce dernier », des tueries, des viols et des victimes du fameux « article 125 », notamment dans les quartiers Doukouré et Mamie Faitai à Yopougon. Bilan : plus de quatre-vingts morts. Au cours de cette troisième audience, la défense s’est simplement contentée de prendre des notes. Elle aura enfin l’occasion cet après-midi de réfuter point par point les pièces à conviction versées au dossier de Laurent Gbagbo. La tâche s’annonce très délicate : il s’agira de démonter, par des preuves irréfutables les arguments avancés par le bureau du procureur. Une stratégie de défense axée sur une batterie d’imprécisions risque de conforter les juges de la chambre préliminaire à renvoyer l’affaire devant une chambre de première instance.
Karim Wally, envoyé spécial à La Haye (Pays-Bas)
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