x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Société Publié le samedi 23 février 2013 | L’intelligent d’Abidjan

Les samedis de Biton - L’argent circule partout

Mon ami, Moumouni Dagnogo, ancien vendeur ambulant, vient de m’annoncer l’achat de son troisième taxi communal. Au moment de son appel, comme par enchantement, j’étais plongé, depuis quelques heures, dans le recueil de nouvelles : « Toughan ou les écueils de l’immigration » de Mahoua S Bakayoko. C’est à dessein que je dis enchantement. En effet, il y a quelques années, Moumouni me demanda de l’aider pour aller à New-York. Les petites gens et même des intellectuels pensent que ma célébrité est une clé pour ouvrir toutes les portes. Combien de chômeurs et de sans travail ne me sollicitent-ils pas régulièrement ? Moumouni pensait que je pouvais lui trouver un visa américain. Il passait souvent devant ma porte ses articles dans la main. Il quittait son quartier Kennedy à Abobo à l’aube et ne rentrait dans son « entrer-coucher » qu’au crépuscule. Il ne connaissait pas de dimanche dans sa randonnée des quartiers pour proposer à sa clientèle n’importe quelles babioles qu’il prenait chez les Libanais à Adjamé. J’ai mis du temps à le dissuader pour renoncer à son projet. Dans son livre Mahoua S Bakayoko écrit ceci : « Combien sont-ils à avoir immigré et n’être plus jamais plus revenus au pays ? Combien sont-ils à avoir suivi l’enterrement de père et mère au téléphone ? Combien sont-ils, ces immigrés travaillant dans le froid glacial toute leur vie, pour la famille restée au pays au prix de leur propre santé sans jamais connaitre le goût du bonheur ? Combien d’immigrés sans papiers n’ont finalement pu retourner au pays qu’après leur mort, installés dans un cercueil ? Combien de familles africaines pleurent un enfant parti à l’aventure, et dont ils n’ont plus jamais eu de nouvelles ? » J’ai sensibilisé Moumoni Dagnogo sur tout ce qu’écrira l’auteur dans son livre. Il a fini par se résigner. Moumouni disposait de quatre millions de nos francs. Je lui ai fait comprendre qu’il n’existait pas un Eldorado mieux que la Côte d’Ivoire. Il suffit d’un petit effort pour ramasser de l’argent qui circule partout. Qu’il ne se soucie pas des problèmes politiques et des politiciens. Qu’il épargne beaucoup comme il l’a toujours fait depuis des années. Qu’il ne vive pas au-dessus de ses moyens. Les gens ont des problèmes parce qu’ils veulent vivre comme, ceux qui par la fortune de l’héritage, ou par une chance exceptionnelle, sont très riches. On aura beau les augmenter ils crieront toujours à la famine. Avoir de l’argent c’est une hygiène de vie. J’ai dit aussi à Moumoni Dagnogo de ne pas regarder les femmes. Il ne connaissait pas Bouddha. Et je lui en ai parlé. Pour Bouddha la femme est la source de nombreux maux. Dommage que dans le combat contre la corruption, et le mal être des gens, on ne se penche pas beaucoup sur le phénomène. Et surtout que Moumouni prie beaucoup Dieu. Vivre avec Lui 24h sur 24h. Et enfin, je lui ai parlé de ce professeur d’Université qui a enseigné dix sept ans aux States, et qui, revenu en Côte d’Ivoire, à cause du décès de sa mère, a été surpris de voir que l’argent circule partout dans ce pays. Son petit frère disait le contraire. Ils ont fait une expérience. Il a donné une idée lucrative à son frère qui a démarré avec peu de moyens. Au bout d’un an l’argent faisait palabre dans ses comptes et les poches du petit frère. J’ai dit à Moumoni de ne prendre que la moitié de son argent, épargné, pour aller en Amérique, et de commencer une activité moins ambulante. Qu’il fasse un sondage auprès de ses amis afin de savoir quelle activité lucrative peut bien marcher dans leur quartier avec peu de moyens. Il finit par choisir la location des chaises et des bâches. L’année ne passa pas sans qu’il vienne me remercier. « Tonton, dja y a l’argent dans pays là. » J’ai suivi pendant des mois des cours par correspondance sur les idées lucratives produites par une école allemande On y apprend toutes les techniques pour bien faire fonctionner son affaire. Tout peut marcher, il suffit de savoir faire fructifier son affaire par des idées et les idées manquent cruellement chez les uns et les autres. A travers ces cours on ne peut que constater que ce pays est une mine d’affaires lucratives quand on sait chercher. Avec un peu de patience et de privation, la fortune est vite faite. Un ministre nigérien me disait qu’il suffit d’être dans l’avion qui s’apprête à atterrir à Abidjan, regardant la verdure partout, pour comprendre que ce pays est béni de Dieu. L’argent circule partout. Inutile d’être aigri parce que d’autres ont mieux réussi que vous. L’argent est comme du riz. Ce sont de petits grains. Il suffit de les mettre dans une eau bouillante pour les voir se transformer en un gros plat de riz. C’est ainsi que l’argent peut travailler pour tous. Faire son propre plan d’ajustement structurel. Tout salaire est suffisant. C’est la manière de vivre et de se comporter qui crée le déficit. Comme l’a dit une Américaine, blanchisseuse, devenue milliardaire. Gagner de l’argent est simple : « travailler dur, économisez beaucoup et croire en Dieu. » Ainsi va l’Afrique. A la semaine prochaine.

Par Isaïe Biton Koulibaly
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Société

Toutes les vidéos Société à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ