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Politique Publié le samedi 23 février 2013 | LG Infos

Laurent Gbagbo à La Haye : «On va aller jusqu’au bout»

© LG Infos Par DR
CPI : l’ex Président Laurent Gbagbo devant les juges
Mardi 19 février 2013. La Haye. L’ancien président ivoirien comparait à la Cour pénale internationale (CPI), pour crime contre l’humanité.
«Bonjour madame la présidente. Je vous remercie de me donner la parole. Je m’appelle Laurent Gbagbo. Je vois Laurent Koudou Gbagbo. Koudou, c’est aussi mon nom. Mais, officiellement, sur les papiers, c’est Laurent Gbagbo. Mes conditions de ma détention à la cour à La Haye sont correctes. Ce sont des conditions normales de détention d’un être humain. Mais ce sont mes conditions d’arrestation qui le sont moins. J’ai été arrêté le 11 avril 2011 sous les bombes françaises, moi le Président de la République. La résidence du Président de la République a été bombardée du 31 mars au 11 avril. Et c’est dans ses décombres, le 11 avril, pendant qu’on bombardait la résidence qui était déjà à terre, et une cinquantaine de chars français ont encerclé la résidence pendant que les hélicoptères bombardaient, c’est dans ces conditions que j’ai été arrêté. J’ai vu mourir mon ministre de l'intérieur, Tagro (Ndlr : ministre de l’Intérieur de 2007 à décembre 2010). J’ai vu mon fils aîné qui est encore détenu en Côte d’Ivoire-je ne sais d’ailleurs pas pourquoi on l'a arrêté, peut-être parce qu’il est mon fils. Il a été battu. Mon médecin, le docteur Blé battu. Il est encore à Korhogo. C’est dans ces conditions que ça s’est fait. Je vais m’arrêter là. Les conditions de mon arrestation sont celles-là. C’est l’armée française qui a fait le travail et nous a remis aux forces d’Alassane Ouattara qui n’étaient pas encore des forces régulières. Puisque les forces régulières travaillaient avec moi. On nous a amenés à l’hôtel du Golf qui était le QG de campagne d’Alassane Ouattara le 11 avril et le 13, l'Onuci m’a transféré mon médecin et moi à Korhogo à peu près à 600 km au Nord de la Côte d’Ivoire. J’étais logé dans une maison : lit, moustiquaire, douche, deux repas par jour à ma demande parce qu’on m’avait proposé trois. Donc, le problème n'était pas là mais je ne voyais pas le soleil et je ne savais ce qui se passait dans le ciel que quand il pleuvait sur le toit. Je ne voyais pas le soleil. J’ai vu le soleil les quelques rares fois où mes avocats sont venus. Me Altit a été empêché de me rencontrer. Ça a été tout le temps comme ça, une bataille entre des geôliers et les avocats. Ce n’est pas une séance pour apitoyer les gens. J’essaie de décrire les faits. L’enfermement sans pouvoir marcher, sans pouvoir voir le ciel sans pouvoir sortir a fait que j ai eu de nouvelles pathologies en plus de celles que j’avais déjà. Je ne suis plus un jeune de 20 ans ou de 30 ans. J’ai mal à l’épaule, mal aux poignets. Quand je suis arrivé, heureusement, on m’a fait des radios et on me donne des médicaments. Sur mon transfert à la Haye, Madame je suis très surpris par certains comportements. Si on me dit Gbagbo, tu vas aller à la Haye, je vais, je monte dans l’avion et je vais à La Haye. Là encore, on nous a trompés. On m’a appelé pour me dire que je vais rencontrer un magistrat à Korhogo et on a attiré mes avocats là-bas. Et pendant qu'on discutait, le juge des applications des peines est arrivé avec un papier que je n’ai d’ailleurs pas lu. Voilà le mandat d'arrêt. Donc immédiatement, il faut qu’on fasse une séance, alors que mes avocats n’étaient pas préparés à ça, que moi-même je n’étais pas préparé à ça, ils ont improvisé là une séance de jugement pour que la cour donne son autorisation à mon enfermement. Madame je ne regrette pas d’être là, je suis là et on va aller jusqu’au bout. Mais on peut faire les choses de façon plus normale, on n’a pas besoin de se cacher. J’ai dirigé ce pays pendant 10 ans et je n'ai pas fait ça. Et quand cette séance volée s’est achevée, mon geôlier m’a pris dans la voiture pour me ramener à mon lieu de détention. Et puis je vois qu’on dépasse mon lieu de détention et je lui dis «mais on a dépassé l’endroit». Il me dit qu'on va à l’aéroport et que l’aéroport n’étant pas éclairé à partir de 18 h 30, il faut que l’avion s’envole. J’ai dit, je vais où en avion ? Il n’a même pas eu le courage de me dire. Il me dit : «vous allez à Abidjan». Alors j’ai ri parce que j’avais compris. Et c’est comme ça que je suis venu sans rien, sauf mon pantalon et ma chemise. Je signale cela pour que vous puissiez prendre des précautions pour que prochainement, dans d'autres pays, dans d’autres cas, cela ne se répète pas. Ça ne sert à rien. Ça fait croire qu’il y a des gens qui sont de mauvaise volonté, qu’ils n’ont pas envie de comparaître. Si on m’accuse, c’est qu’on a réellement des éléments de preuve pour m’accuser. Donc, je comparais, je vais voir ces éléments de preuve, je vais les confronter à ma vérité à moi et vous jugerez. Mais, ce n est pas bon qu’on joue à des petits tours de passe-passe. Madame, voilà ce que j’ai voulu dire sur mes conditions d’arrestation, de détention et de transfert. Ici, je n’ai pas de problème. Voilà Madame.»

L'intégrale de son intervention de Laurent Gbagbo, mardi 6 décembre 2011, 18:16
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