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Politique Publié le lundi 25 février 2013 | L’intelligent d’Abidjan

CPI / En attendant l’audience de cet après-midi : Retour sur les stratégies de l’accusation et de la défense

© L’intelligent d’Abidjan Par DR
CPI : l’ex Président Laurent Gbagbo devant les juges
Mardi 19 février 2013. La Haye. L’ancien président ivoirien comparait à la Cour pénale internationale (CPI), pour crime contre l’humanité.
Après quatre jours consécutifs, l’audience de confirmation des charges dans l’affaire le procureur contre Laurent Gbagbo a connu une pause de 48 heures, de samedi à dimanche. Elle reprend ce lundi après-midi, avec la présentation des avocats de la défense.

C’est la dernière ligne droite dont le point saillant sera l’intervention du principal accusé Laurent Gbagbo. Ses observations sont attendues le jeudi 28 février 2013. Mais revenons sur les quatre jours qui viennent, de s’écouler et au cours desquels on a assisté à une confrontation du verbe, du ton, de la diction, des accents mais aussi et surtout des stratégies entre le bureau du procureur d’une part, et d’autre part le collège d’avocats de Laurent Gbagbo. Pour le procureur qui défend en quelque sorte les intérêts de l’Etat de Côte d’Ivoire, l’objectif est clair. Démontrer par les preuves collectées que Laurent Gbagbo porte l’entière responsabilité des faits de crimes et autres exactions consécutives à la crise postélectorale. Il est poursuivi pour quatre principaux chefs d’accusation : crimes contre l’humanité, viols, tortures et séquestrations. Et c’est autour de cet objectif qu’ont tourné les débats menés par la procureure Fatou Bensouda et ses substituts. Le parquet a ainsi exposé les faits et fait la démonstration que tous ces actes incriminés étaient sous la coordination de Laurent Gbagbo dans le cadre d’une politique visant à le maintenir au pouvoir ‘’par tous les moyens’’. Parmi les faits retenus, l’accusation a relevé la répression de la marche de la RTI le 16 décembre 2010, la répression d’une marche des femmes à Abobo, ayant occasionné la mort de sept d’entre elles le 3 mars 2011, le bombardement du marché d’Abobo le 17 mars 2011, l’attaque de militants pro-Ouattara le 12 avril 2011, à Yopougon. Les faits tels qu’exposés par l’accusation couvrent la période du 27 novembre 2010 au 8 mai 2011, avec leur lot de victimes. Ils sont analysés sous trois principaux angles : attaque contre une population civile, Caractère généralisé ou systématique des attaques et la politique d’une organisation ‘’Entre le 27 novembre 2010 et le 8 mai 2011, les forces pro‐Gbagbo ont dirigé contre des civils pris pour des partisans de Ouattara, des attaques durant lesquelles elles ont tué plus de 700 personnes, en ont violé plus de 40, en ont arbitrairement arrêté au moins 520 et ont infligé à plus de 140 personnes de grandes souffrances et des atteintes graves à l’intégrité physique’’, a chargé Fatou Bensouda.
La défense dirigée par l’avocat français Me Altit n’a pas inscrit son analyse et son exposé dans l’espace temporel défini par l’accusation. Pour elle, il faut aller à l’origine pour comprendre ce qui est arrivé fin 2010 début 2011. Mais son premier angle d’attaque était de démontrer l’irrecevabilité de l’affaire par la CPI. Selon maître Altit et ses pairs, en vertu de la ‘’connexité des affaires’’, on ne saurait séparer cette affaire devant la CPI et celles en cours devant les juridictions nationales. En clair, Laurent Gbagbo est poursuivi pour les mêmes faits de crimes que son épouse Simone, ses proches que sont Blé Goudé Charles, le général Dogbo Blé et autres. Ces derniers vont passer devant la justice ivoirienne s’ils ne l’ont déjà été. Laurent Gbagbo doit donc être jugé par la justice ivoirienne, estiment ses avocats devant les juges de la CPI. L’autre stratégie consiste à faire admettre ce qu’on pourrait qualifier de solution de moindre mal. A défaut de libérer Gbagbo, la CPI devrait aussi poursuivre au moins un co-auteur du camp Ouattara. Ils ont ainsi dans leur viseur Guillaume Soro, ancien chef de la rébellion. Les crimes de ses hommes que sont les ex-com’zones ont été exhibés tout au long de leurs exposés. La défense de Laurent Gbagbo ne veut pas aussi d’une catégorisation des victimes. De 2002 à 2011, il y a eu des tueries qui continuent encore selon eux. Les victimes, ajoutent-ils, sont de tous les camps. Aussi, Agathe Baroan l’une des avocates de la défense concluait-elle sa plaidoirie : ‘’ Mme la présidente, honorables juges de cette haute juridiction, je voudrais terminer mon propos en rappelant que distinguer en Côte d’Ivoire entre les victimes ne peut que préparer des tragédies plus grandes et en rajouter aux malheurs de la Côte d’Ivoire, que la tourmente ne quittera plus.Si personne ne veut entendre la vérité, la véritable histoire de la Côte d’Ivoire, il ne reste que votre cour pour l'écrire et retranscrire la voix des sans voix qui ne cessent de fendre les nuits ivoiriennes depuis cette aube de septembre 2002’’.
Dans cette guerre de stratégie, les juges prennent leur temps pour écouter. Ils posent même des questions quand nécessaire et exigent des réponses. Leur décision qui est attendue dans les soixante jours qui suivent la fin de l’audience sera souveraine.
S. Debailly
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