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Politique Publié le lundi 4 mars 2013 | Soir Info

CPI : «Meeting» dans le box des accusés

© Soir Info Par DR
CPI : l’ex Président Laurent Gbagbo devant les juges
Mardi 19 février 2013. La Haye. L’ancien président ivoirien comparait à la Cour pénale internationale (CPI), pour crime contre l’humanité.
Laurent Gbagbo sera-t-il remis en liberté ou répondra-t-il dans le cadre d’un procès devant la Cour pénale internationale (Cpi) des faits mis à sa charge ? Cette question est sur toutes les lèvres, en Côte d’Ivoire, depuis la fin, le jeudi 28 février 2013, de l’audience de confirmation des charges à son encontre. Fatou Bensouda, la procureure et son équipe accusent l’ancien président ivoirien et son entourage, d’avoir adopté un plan pour se maintenir au pouvoir coûte que coûte, et d’avoir poussé les forces pro-Gbagbo à commettre des attaques systématiques contre les civils jugés fidèles à son rival, Alassane Ouattara sur la base de critères ethniques, religieux, ou de nationalité. Pour étayer ses accusations, la Gambienne et son bureau, dont le canadien Mc-Donald ainsi que l’avocate des victimes, ont versé leurs preuves dont des extraits de témoignages, de vidéos, des rapports de l’Onu et d’Ong, et des documents saisis dans la résidence présidentielle. C’est donc fort de ces preuves que dès l’entame de l’audience, Fatou Bensouba a tenu à situer le caractère et le strict cadre de l’audience, qui, selon elle, n’est pas politique. «Il ne s’agit pas de dire qui a gagné l’élection de 2010. Il n’est pas question ici de politique ». « Nous sommes là parce que des violences à grande échelle ont été commises» a ajouté Fatou Bensouda. «Ce devait être un moment historique, la première présidentielle en dix ans, et en trois jours, le pays a sombré dans une situation de division et de haine » a fait remarquer la Procureure. Cette audience qui a duré dix jours a redonné l’occasion de revoir Laurent Gbagbo, qui s’est d’ailleurs donné un look de «Gandhi» avec de petites lunettes rondes, peut-être pour envoyer une image de «non violent » à la Cour. Celui dont on disait, il y a peu, mal en point, présentait, plutôt, une bonne santé, tant physique que mentale. Au dixième jour de l’audience Laurent Gbagbo qui est monté à la tribune de la Cpi pour donner sa version des faits qui lui sont reprochés, est resté égal à lui-même. Avec son humour habituel, sa gestuelle… il a entraîné tout le monde, y compris lui-même, dans une sorte de «meeting politique». Il a transformé l’audience en un «forum» que seuls les initiés pouvaient percevoir, mais se gardant consciemment ou inconsciemment d’aborder les questions qui touchent à sa responsabilité dans les crimes qui lui sont imputés. De sa déclaration qui a duré 16 minutes, l’on retient que «c’est celui qui n’a pas gagné les élections qui a semé les troubles » avant de revenir à son histoire à lui, et celle du pays. Une fois de plus, il a revendiqué la victoire à la présidentielle de 2010. « Toute ma vie, j’ai lutté pour la démocratie et ça, toute la Côte d’Ivoire, toute l’Afrique et toute la France politique, le savent », a-t-il lancé. Puis il a conclu : « On m’a amené ici parce que j’ai respecté la constitution de mon pays...». La question de fond, qu’il convient de se poser, est de savoir si les juges de la chambre préliminaire ont été convaincus par cette «prestation». Ont-ils, par ailleurs été convaincus par les arguments de la défense de Gbagbo, qui, tout comme son client, a mis en avant le caractère politique de l’audience et réclamer, en conséquence son renvoi en Côte d’Ivoire pour y être jugé, soulignant que la Côte d’Ivoire a la capacité et la volonté de le faire. Ou décideront-ils de suivre l’accusation en confirmant les charges ? Gbagbo pourra-t-il échapper à un procès ? Il est difficile de se prononcer, dans un sens comme dans l’autre, de façon formelle. Mais, ce qu’il nous a été donné de voir et le dernier paragraphe du communiqué de la Cpi, publié peu après la fin de l’audience, peut laisser perplexe quant aux chances de Gbagbo de se tirer d’affaire. Dans son communiqué, la Cpi semble clairement avoir planté le décor d’un procès. «La Cpi est une cour internationale permanente dont la finalité première est d’aider à mettre un terme à l’impunité des auteurs des crimes les plus graves touchant l’ensemble de la communauté internationale, à savoir le crime de génocide, les crimes contre l’humanité et les crimes de guerre, contribuant ainsi à leur prévention». Laurent Gbagbo, selon l’Accusation, aurait engagé sa responsabilité pénale individuelle pour quatre chefs d’accusation de crimes contre l’humanité, meurtres, viols et autres violences sexuelles…qui auraient été perpétrés dans le contexte des violences postélectorales survenues sur le territoires de la Côte d’Ivoire entre le 16 décembre 2010 et le 12 avril 2011. Après donc près de 10 jours d’audience, certains analystes, estiment qu’il sera difficile d’éviter à Laurent Gbagbo un procès devant la Cpi. Non pas parce qu’il est forcément coupable de tout ce qui lui est reproché, mais simplement parce que la Cpi reste avant tout, une émanation du Conseil de sécurité de l’Onu. La Cpi a été créée par l’Onu pour mettre hors d’état de nuire tous ceux qui font entrave à la démocratie et aux droits de l’Homme. Voilà sa mission ! Et c’est cette instance qui avait donné carte blanche à ses troupes présentes en Côte d’Ivoire, de bombarder la résidence présidentielle de Laurent Gbagbo et de le capturer vivant pour le mettre à la disposition de la Cpi. Question : peut-elle aujourd’hui, objectivement, faire marche-arrière, rendre à Gbagbo sa liberté, se dédire sans avoir au préalable situé les responsabilités ? Pas si sûr. Si tel devrait être le cas, pourquoi avoir investi ces centaines de milliers d’Euros, risquer des vies pour le faire tomber ? La Cpi est par son statut, une juridiction politique. Il lui sera difficile, sans avis de l’Onu, de prendre la responsabilité de mettre en liberté Laurent Gbagbo.
COULIBALY Vamara
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