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Politique Publié le jeudi 14 mars 2013 | Nord-Sud

Dr Ali Ajami, ambassadeur du Liban : ‘‘Le président Ouattara est l’ami des Libanais’’

Dans cette interview qu’il nous a accordée, en prélude à la visite du président libanais qui débute aujourd’hui, l’ambassadeur Ali Ajami explique pourquoi Michel Sleiman vient en Côte d’Ivoire.

Qu’est-ce qui motive cette visite de 48 heures du président Michel Sleiman, qui plus, est le premier chef de l’Etat libanais à venir en Côte d’Ivoire?
Voyez, la Côte d’Ivoire et le Liban sont deux pays qui entretiennent des relations diplomatiques depuis 52 ans et depuis lors, jamais aucune visite de cette envergure n’a eu lieu. J’estime donc, en tant qu’ambassadeur du Liban en Côte d’Ivoire, que cette visite de notre président arrive au bon moment pour la Côte d’Ivoire, pour le Liban et également pour la communauté libanaise qui est historiquement implantée dans ce pays. Pour ceux qui aiment les anecdotes, laissez-moi vous dire que c’est en 1887 que le premier Libanais a foulé le sol ivoirien. Il s’était établi à Grand-Bassam, à cette époque. En ce qui concerne les motivations de cette visite, je dois dire que le président Sleiman est en tournée dans la sous-région ouest-africaine. Il visite quatre pays de la sous-région, à savoir le Sénégal où il est arrivé hier soir (mardi soir, ndlr) ; jeudi, il arrive en Côte d’Ivoire. Quand il quittera Abidjan, son avion doit atterrir au Ghana. Et, dimanche ou, au plus tard lundi, il se rendra au Nigeria. Dans ces quatre pays, et surtout en Côte d’Ivoire, on y retrouve les plus fortes communautés libanaises expatriées. En Côte d’Ivoire, on évalue le nombre de Libanais à 80.000 voire 100.000, au Sénégal, on en dénombre 20.000, au Nigéria, 40.000. Donc cette chaîne de communauté libanaise vivant ici depuis des siècles dans cette partie de l’Afrique, intéresse bien les autorités libanaises. En un mot, l’importance de la visite du président Michel Sleiman prend toute son importance dans les relations historiques entre les deux pays et dans la présence d’une forte communauté libanaise sur le sol ivoirien.

On imagine que c’est une fierté pour vous, en tant qu’ambassadeur, d’accueillir votre président qui vient ici en visite officielle…
Ah oui ! Il n’y a qu’à voir l’enthousiasme des gens, les drapeaux des deux pays qui flottent sur les mâts. C’est émouvant, c’est symbolique de l’étroitesse des liens qui existent entre la Côte d’Ivoire et le Liban. Pour moi, deux drapeaux qui sont mis côte-à-côte, il n’y a pas plus fort pour symboliser l’unité. Et, en la matière, je me plais souvent à dire que nous les Libanais, nous sommes chez nous en Côte d’Ivoire. Parce qu’il faut savoir qu’il y a des milliers de Libanais qui sont nés en Côte d’Ivoire, y ont grandi, ont épousé des Ivoiriens ou des Ivoiriennes et qui ont, de ce fait, un passeport ivoirien. C’est donc avec beaucoup de fierté, avec beaucoup de joie que tous ces Libanais accueillent la visite du président Michel Sleiman. Je crois donc que demain, nous allons avoir droit à une mobilisation exceptionnelle, aussi bien à l’aéroport que sur tout le parcours qu’empruntera le président Sleiman.

Selon nos informations, il y aurait quelques divergences de vues entre les Libanais vivant en Côte d’Ivoire. La visite du président Sleiman peut-elle permettre de ramener la cohésion au sein de cette communauté ?
Non ! Il n’y a aucun problème fondamental entre les Libanais vivant en Côte d’Ivoire. Déjà, je puis vous assurer que ce qui se passe au pays, au Liban, reste là-bas. Cela n’a aucun impact sur la cohésion de la communauté libanaise vivant en Côte d’Ivoire. Ici, nous sommes une communauté libanaise unie. Il n’y a rien qui nous oppose fondamentalement. J’admets que, comme on peut en trouver entre les communautés autochtones, il peut exister des incompréhensions sur tel ou tel sujet. Les Libanais sont unis et, avec la présence de notre président, nos liens vont davantage se resserrer.

Pourquoi ne vous voit-on pas, dans le cadre des préparatifs de la visite, en compagnie du président Zaher, alors que vous êtes tout le temps flanqué du Dr Kourhib ?
Le président Zaher est avec moi. Nous travaillons ensemble à faire de la visite historique du président Sleiman, un vrai succès. Il n’y a aucune divergence de vues entre nous.

Les Libanais ne sont-ils pas inquiets quant à un possible retour en force des Français qu’on présente comme les amis du président Ouattara ?
Il n’y a pas d’inquiétudes à avoir et, je puis vous assurer que les Libanais ne sont pas inquiets, parce que le président Ouattara est l’ami de tout le monde. Ceci dit, je dois préciser que nous n’interférons pas dans les affaires intérieures de la Côte d’Ivoire, notamment dans la sphère politique. Nous sommes des hommes d’affaires, point à la ligne. Nous avons beaucoup de respect pour la Côte d’Ivoire et pour les Ivoiriens.

Je veux bien vous croire, sauf que, pendant la crise postélectorale, des Libanais ont été suspectés d’avoir pris fait et cause pour l’ancien président, Laurent Gbagbo.
N’oubliez pas que la Côte d’Ivoire a vécu une crise postélectorale d’une rare violence, elle a frôlé la guerre civile. Et ce que je peux vous dire, concernant les Libanais, c’est que nous avons une expérience douloureuse en la matière, que nous ne sommes pas prêts à revivre. Nous avons connu une guerre civile qui a duré quinze ans. Comment voulez-vous que nous puissions alimenter une crise postélectorale qui aurait pu dégénérer en guerre civile ? Chez nous, nous avons réussi à faire la réconciliation et à retrouver la paix. C’est la même chose que nous souhaitons pour la Côte d’Ivoire et pour les Ivoiriens, c’est-à-dire à aller vers la paix et la réconciliation. D’ailleurs, il n’y a pas d’autres choix : soit c’est la paix, soit c’est la guerre. Alors, autant s’engager résolument sur la voie de la paix, parce que sur le chemin de la guerre, tout le monde perdra à tous les coups.

Je réitère ma question. Les hommes d’affaires libanais n’ont-ils pas peur des Français qui pourraient revenir en force avec ce retour de la paix ?
Pas du tout ! Chacun dans le domaine des affaires, de l’industrie, en un mot, de l’économie essaie de gagner de l’argent. Mais, savez-vous pourquoi nous n’avons pas peur et que nous ferons toujours la différence ? C’est que notre ambition, avant tout, c’est de gagner le cœur des Ivoiriens, parce que nous les avons, nous, dans notre cœur.

Il se raconte que des pays du Moyen-Orient ne voient pas d’un bon œil le régime ivoirien. Qu’en savez-vous que vous pourriez partager avec nous ?
Moi je ne parle que des problèmes et des relations entre mon pays et la Côte d’Ivoire. Je ne peux rien dire qui concerne un pays autre que le mien.

Quelles sont les grandes étapes de la visite du président Sleiman?
Il arrive jeudi à midi. Juste après, il aura un tête-à-tête avec son homologue ivoirien, après quoi il se rendra au District d’Abidjan où, en présence du gouverneur et de tous les maires d’Abidjan et banlieues, il recevra les clés de la ville. Après cette étape, il y aura une grande rencontre, un forum économique, organisée par le Cepici et qui se tiendra à l’Hôtel Ivoire. Le président Sleiman prendra la parole à la tribune de ce forum. Dans la soirée, il prendra part à un dîner officiel offert en son honneur par le président Ouattara, toujours à l’Hôtel Ivoire. Le lendemain, il y aura une séance de travail entre les deux présidents; laquelle séance de travail sera ensuite élargie aux deux délégations. Tout ceci sera couronné par la signature de cinq voire six accords. L’après-midi, le président Sleiman aura des échanges avec la communauté libanaise vivant en Côte d’Ivoire.

Quelles sont les préoccupations que la communauté libanaise va exposer au président Sleiman ?
Premièrement, nous souhaitons que la Côte d’Ivoire rouvre son ambassade au Liban. Cette ambassade est fermée depuis 25 ans. Autour de cette demande de réouverture, nous verrons comment renforcer nos relations diplomatiques. Ensuite, nous verrons comment renforcer la protection des Libanais vivant en Côte d’Ivoire.

Pourquoi l’ambassade de Côte d’Ivoire au Liban est-elle restée fermée depuis tout ce temps ?
Il faut déjà savoir que c’est à la faveur de la guerre du Liban que cette ambassade avait été fermée. C’est en 1988 qu’elle a été fermée. Maintenant, nous allons demander qu’elle soit rouverte.

Vous avez également parlé de la sécurité des Libanais. Est-ce à dire qu’ils sont particulièrement menacés?
Quand il y a de l’instabilité dans un pays, tout le monde est inquiet. Ceci dit, je précise que les Libanais ne sont nullement ciblés. Mais, comme la situation commence à s’améliorer, nous souhaitons que les conditions de vie des Libanais, relativement à leur sécurité, se renforcent.

Interview réalisée par Marc Dossa
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