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Politique Publié le mardi 19 mars 2013 | Le Temps

Ballet des chefs d’Etat en Côte d’Ivoire : Ce que cachent les «réceptions» de Ouattara

Qu’est-ce qui fait courir subitement Alassane Ouattara, le chef de l’Etat ivoirien ? Depuis la fin de l’audience de confirmation ou d’infirmation des charges contre le Président Laurent Gbagbo, il organise un ballet diplomatique incessant de chefs d’Etat à Abidjan. Après la visite début mars 2013 du Président nigérian Goodluck Jonathan et celle tout aussi médiatisée du numéro un libanais, le Général Michel Sleyman, c’est le tour de Sa Majesté Mohammed VI, Roi du Maroc, de fouler le sol ivoirien, sauf changement de calendrier de dernière heure, ce 19 mars 2013. A travers toutes ces visites et celles des opérateurs économiques (investisseurs en prospection brandis comme des trophées), le pouvoir ivoirien, en quête de légitimité, tente de faire croire que tout va bien. Pendant longtemps et depuis son accession au pouvoir, Ouattara a passé son temps à voyager. A aller vers les autres, alors que ceux-ci se sont gardés de lui rendre visite. Mais maintenant qu’il a pu extrader Lida Kouassi Moïse, ex ministre de Laurent Gbagbo et membre du Fpi, le président du Cojep Charles Blé Goudé et le commandant Jean-Noël Abéhi de la Gendarmerie nationale, Ouattara clame partout que la question de la sécurité nationale est réglée. Son régime est plus que jamais sûr, tout comme la destination Côte d’Ivoire. N’a-t-il pas installé une unité de Force spéciale, avec un accoutrement plus effrayant que les soldats mêmes qui la portent, et un CeCos bis (Ccdo) pour renforcer la sécurité nationale ? Si. En clair, Ouattara veut prouver que son régime est maintenait fréquentable. Il tente une opération de charme et de reconquête de l’opinion. Une opinion qui, après avoir observé sa gouvernance deux ans environ, réalise que ses soutiens se sont trompés sur son compte en le propulsant à la tête de la Côte d’Ivoire. C’est pourquoi à l’occasion de l’arrivée de chacun de ses invités, Ouattara ne fait rien pour se mettre en retrait. Il faut qu’on le voie ! Non seulement il fait inonder la ville d’Abidjan de posters géants de son hôte du jour, mais il fait tout pour être en bonne place sur la photo avec l’honorable invité, pour bénéficier de la sympathie réservée à celui-ci, comme si c’était lui le Brave-Tchê, qu’on attendait et qu’on devait accueillir. Il se rappelle encore cette période de campagne électorale où il a fait placarder ses images retouchées au Photoshop pour charmer les suffrages. Mais le message parait clair : c’est lui qui fait venir l’illustre hôte. Il a donc autant de mérite, ou peut-être même plus que l’autre, pour qu’on le lui reconnaisse. Et il tient à ce qu’on en prenne conscience immédiatement, par la présence imposante de son image envahissante. Une image décidément dressée pour voler la vedette à ses homologues invités. Mais l’objectif principal de Ouattara à travers l’organisation de ce ballet diplomatique au bord de la lagune Ebrié est ailleurs. Il s’agit surtout de minimiser la sympathie collective et l’image si positive qui accompagnent le nom de Laurent Gbagbo depuis la fermeture de l’audience de confirmation ou d’infirmation de charges contre lui à la Cpi. L’impact était violent sur le régime. Mais Ouattara apprend à encaisser, surtout à distraire. Quoiqu’on pense donc de Gbagbo, qu’il soit applaudi, réhabilité ou non, c’est lui Ouattara qui tient l’effectivité du pouvoir en Côte d’Ivoire. Et il tient à montrer que tout va bien. La preuve, le ballet des chefs d’Etat à Abidjan. Il faut tenter de montrer que depuis le premier Président de la Côte d’Ivoire Félix Houphouët-Boigny, c’est lui Ouattara qui a pu placer les relations du pays à ce niveau de coopération avec l’extérieur en permettant, par exemple, la réouverture d’une ambassade de Côte d’Ivoire au Liban. Ouattara lutte, comme on le voit, contre un complexe : celui de gouverner un pays dont le cœur penche pour un autre : Laurent Gbagbo. Pour essayer de vaincre ce mal qui ronge son régime, il n’investira jamais assez dans l’apparence, la communication trompe-l’œil et les rencontres diplomatiques faire-valoir.
Germain Séhoué
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