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Politique Publié le mardi 26 mars 2013 | LG Infos

Décryptage / Laurent Gbagbo à la Cpi : «Nous avons besoin de démocratie en Afrique»

© LG Infos Par DR
CPI : l’ex Président Laurent Gbagbo devant les juges
Mardi 19 février 2013. La Haye. L’ancien président ivoirien comparait à la Cour pénale internationale (CPI), pour crime contre l’humanité.
Le président Laurent Gbagbo, face aux juges de la Cpi, tint des propos qui indiquent aux Africains la solution politique pour sortir des guerres, des crises que traverse notre continent: «Nous avons besoin de démocratie en Afrique...». Bien que déclaré vainqueur de l’élection présidentielle par la Cour constitutionnelle de son pays, ce président africain a été écroué à la Cpi par Alassane Ouattara, vainqueur grâce à l'appui de l'armée française et de l'ancien président français Sarkozy mis en examen, pour abus de faiblesse, dans l'affaire Bettencourt. Pour comprendre l'utilité de la démocratie en Afrique, plus précisément en Côte d'Ivoire, il nous faut appréhender, et analyser la politique de Sarkozy, le président français qui a installé de force son ami Alassane Ouattara à la tête de la Côte d'Ivoire. Sa vision politique est, en fait, assez simple: tout doit concourir au bien-être matériel, cependant le pouvoir politique, celui des institutions doit être aux mains de l'élite qui conçoit et prévoit l'avenir, car le peuple ne sait rien des priorités du moment. Convaincu du caractère pragmatique de sa vision politique, Sarkozy a toujours œuvré afin de soumettre à l'élite politique aussi bien la police, l'armée, que les magistrats. Le lexique de la langue française, la francophonie se doivent aussi d'accompagner son idéologie politique; il appelle à juste titre putschistes les soldats africains qui défendent les institutions de leur pays, et non les intérêts de l'élite politique de la droite française soumise aux multinationales. Le mensonge, la manipulation de l'histoire deviennent dès cet instant légitime, quand ils permettent de justifier et de consolider ce nouvel ordre mondial dont il tient à être le pionnier. Ayant tissé avec le procureur Ocampo des rapports assez étroits durant la crise ivoirienne, la procureure Bensouda qui a succédé à ce dernier semble être acquise, elle-aussi, au courant politique de l'ancien Président français, puisque cette dernière affirme, par exemple, continuer de poursuivre Kenyatta, le Président démocratiquement élu du Kenya. Une telle attitude confirme les doutes émis par certains pays, quant au rôle de la Cpi qui pourrait devenir, quelquefois, un obstacle à l'unité nationale. Comment, en effet, poursuivre un Président élu de manière démocratique par le peuple prêt à tourner la triste page de son histoire? La violation des Droits de l'Homme sous Alassane Ouattara qui semble ne pas retenir l'attention de la procureure Bensouda nous porte à penser que la justice internationale serait au service de l'élite politique, et du monde de la Finance comme le désirent Sarkozy et ses partisans. On se servirait de cette justice pour installer des leaders politiques que l'on désire à la tête des Nations africaines, puisque Alassane Ouattara et ses partisans ne sont inquiétés ni par la Cpi, ni par l'Onu. La vision politique de Sarkozy et de ses partisans qui foulent aux pieds les valeurs morales, discrédite le travail abattu par le juge Gentil, par la justice française, pour assouvir leurs ambitions politiques et matérielles est une menace pour la société française. Le président Hollande, face à cette dérive de sa société, a justement mis son mandat sous la bannière de la moralisation de la vie politique, de la justice, de l'éducation. Le Président Laurent Gbagbo, en homme politique averti, farouche adversaire de la Françafrique, a de son côté, très vite compris que les Africains ne peuvent sortir de cette impasse politique suscitée par la droite française qu'en s'accrochant au pouvoir que lui confèrent les institutions de son pays, afin de jeter les bases d'une Nation ivoirienne démocratique. Quelle importance revêtent, en fait, les institutions dans la construction d'une démocratie? Saint-Just (1767-1794) affirme que les institutions sont la garantie du gouvernement d'un peuple libre contre la corruption des mœurs, et la garantie du peuple et du citoyen contre la corruption du gouvernement. Elles permettent aux citoyens de résister à l'injustice, elles forcent les magistrats et la jeunesse à la vertu. Elles étouffent les passions criminelles, donnent le courage et la frugalité aux hommes. Elles garantissent la liberté publique, font régner la justice. Elles mettent l'union dans les familles, l'amitié parmi les citoyens. Elles mettent l'intérêt public à la place de tous les autres intérêts, elles permettent de former, en un mot, une Patrie. Les institutions sous Alassane Ouattara à savoir le Parlement, le Conseil constitutionnelle, la Cour suprême, le gouvernement etc., doivent être jugés à partir de ces critères. Le fait de vouloir faire des ponctions sur le salaire des fonctionnaires grévistes (des instituteurs), de garder des hommes en prison pendant vingt mois sans jugement sont parmi tant d'autres exemples, des faits qui démontrent que les institutions sous Alassane Ouattara empêchent les Ivoiriens de résister à l'injustice, elles n'étouffent pas les passions criminelles, elles l'encouragent plutôt puisque la politique du gouvernement est fondée sur le rattrapage ethnique qui ne permet pas l'union dans les familles, et l'amitié parmi les citoyens. L'intérêt public n'est pas mis à la place des autres intérêts puisqu'on nie, par exemple, le droit de vote des partisans du Président Laurent Gbagbo, en refusant de recompter les voix de l’élection présidentielle, en les excluant des municipales. Ce combat du Président Laurent Gbagbo doit être le nôtre et celui de l'Église, qui ne peut être neutre puisque nous nous devons tous d'opérer un choix entre la voie large de la corruption et celle étroite de la justice, du service. Ce combat a besoin de la société civile et de toutes les institutions de notre pays.

Soutenir des hommes qui ont choisi de défendre la justice, la vérité, n'est pas en contradiction avec le message évangélique transmis par l'Église, Gardienne des vertus.

Nous pouvons, dans un tel contexte, parler non de la théologie de la libération mais de celle de la sanctification, puisque la vérité sanctifie l'homme en illuminant son esprit, en forgeant la résistance de tout citoyen à la corruption, à l'injustice. Chacun de nous se doit, en effet, d'adhérer à la vérité, dans le but débâtir un pays plus juste. Se demander, par exemple, qui a gagné l’élection présidentielle ivoirienne est un préalable si nous voulons construire une Nation démocratique, et concéder à nos institutions leur indépendance. Toutes les institutions se doivent de comprendre que la démocratie est l'unique solution politique, comme l'affirme le Président Laurent Gbagbo, pour résoudre la crise ivoirienne, et les crises politiques africaines. «Sans les institutions» affirme Saint-Just, «la force d'une République repose ou sur le mérite des fragiles mortels, ou sur des moyens précaires. C'est pourquoi, de tout temps, la politique des voisins d'un peuple libre, s'ils étaient jaloux de sa prospérité, s'est efforcée de corrompre ou de faire proscrire les hommes dont les talents ou les vertus pouvaient être utiles à leur pays». A travers les propos de ce philosophe politique du XVIIIe siècle, nous comprenons tout l'enjeu de la crise ivoirienne. Jaloux de la prospérité de la Côte d'Ivoire, l'on s'évertue à corrompre, à proscrire ses dignes fils dont les talents sont utiles au développement d'une véritable démocratie. Laurent Gbagbo à la Haye, des intellectuels ivoiriens assassinés ou en prison est, du point de vue des sciences politiques et de Saint Just, le dénouement logique d'un complot international. Malgré le dossier vide du ministère public ivoirien et de Sarkozy, la Cpi s'obstine à garder dans ses geôles un innocent et à fermer les yeux sur les violations flagrantes des Droits de l'Homme en Côte d'Ivoire. Les institutions ont pour vocation d'imposer à l'autoritarisme des dirigeants, au tribalisme des limites, elles sont si précieuses pour toute démocratie qu'elles ont besoin d'être protégées par une armée républicaine comme au Mali.

Isaac Pierre Bangoret, (Écrivain)
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