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Société Publié le jeudi 25 avril 2013 | Le Patriote

Interview /Dr Tanoh Méa Antoine, directeur coordonateur du Programme national de lutte contre le paludisme - “Ce qu’il faut pour prévenir le Palu”

La journée mondiale de lutte contre le paludisme sera célébrée aujourd’hui. Malgré les efforts consentis par la communauté internationale, la pandémie continue d’être la première cause de consultation hospitalière et de mortalité en Afrique subsaharienne. Et la Côte d’Ivoire n’échappe pas à cette triste réalité. Dans cet entretien, le directeur coordonateur du programme national de lutte contre le paludisme, Dr Tanoh Méa Antoine fait le point de la lutte.
Le Patriote : La Côte d’Ivoire, à l’instar des autres pays du monde célébrera la journée mondiale de lutte contre le paludisme. Quel est le point de la situation épidémiologique?
Dr Tanoh Méa Antoine : En côte d’Ivoire, 43% des motifs de consultations sont dus au palu. Entre 23 et 27% des décès hospitaliers sont également dus au palu. Il faut également savoir que la frange la plus vulnérable de la population reste les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes.

LP : la lutte contre le palu fait partie des priorités au plan sanitaire du gouvernement. Aujourd’hui, le traitement du palu est gratuit sur toute l’étendue du territoire national. Est-ce-que cette politique porte ses fruits ?
Dr TMA : Effectivement, l’Etat de Côte d’Ivoire a fait de la lutte contre le palu, une priorité. Le traitement est donc gratuit et nous avons des résultats positifs. Aujourd’hui, des gens qui ne pouvaient pas avoir accès aux médicaments, l’ont désormais. Aujourd’hui, on a accès au traitement, à la prévention. Les moustiquaires imprégnées sont données de façon gratuite. On a fait une distribution massive des moustiquaires.

LP : Avez-vous fait une évaluation relative au taux d’évaluation de ces moustiquaires imprégnées ?
Dr TMA : Oui. Une enquête a été faite à ce niveau. Et elle a montré que 80% de la population possède la moustiquaire, mais seulement 40 à 43% des personnes l’utilisent. C’est dire que nous devons communiquer pour inciter la population à utiliser ces moustiquaires. Raison pour laquelle vous avez vu des panneaux avec les images du Président de la République et de Didier Drogba qui montrent comment utiliser les moustiquaires. La célébration officielle de la journée mondiale sera également l’occasion pour Mme le ministre de la santé et de la lutte contre le SIDA d’inviter la population à utiliser la moustiquaire imprégnée, surtout les femmes enceintes et les enfants de moins de 5 ans.

LP : Quel est le défi à relever aujourd’hui par la Côte d’Ivoire, dans la lutte contre le paludisme?
Dr TMA : Le défi est simple. Nous avons fait un plan stratégique national de lutte contre le paludisme 2012-2015. Il s’agit d’appliquer le contenu de ce plan. A savoir la prise en charge correcte et rapide des cas de paludismes diagnostiqués. Avoir des médicaments et les intrants disponibles. Il nous faut également faire la prévention. Il faut que tous les foyers aient au moins une moustiquaire imprégnée. A cet effet, il y aura une nouvelle campagne de distribution massive de moustiquaires imprégnées en 2014. Le pays vient d’avoir un financement pour le faire.

LP : Malgré les consignes préconisant de faire le test, les médecins continuent de faire des diagnostics sur la base d’une simple présomption ? qu’est-ce qui explique cela ? Les tests sont-il disponibles ?
Dr TMA : Le traitement du palu est gratuit sur toute l’étendue du territoire. Les médicaments et les tests de diagnostics rapides (TDR) sont disponibles dans tous les centres de santé publics. Les gens ont pris des anciennes habitudes. A simple vue d’oeil, ils croient détecter un palu alors que même si la personne fait la fièvre et qu’elle présente tous les symptômes, il faut toujours faire le test. Beaucoup de maladies débutent par une fièvre. La seule fièvre ne peut donc être symptôme de paludisme. Lorsque nous avons fait le bilan de l’année 2012, 75 à 80% des prescripteurs ont compris qu’il faut d’abord faire le test. Donc à ce niveau, tout va bien. Mais, c’est au niveau de la population qu’il y a problème. La communauté pense qu’elle connait le palu et pense pouvoir faire le diagnostic. Une petite fièvre, on se dit que c’est le palu. On se rend à la pharmacie pour acheter un médicament de palu.

LP : Quelle est donc l’ampleur de l’automédication ?
Dr TMA : On n’a pas encore fait une enquête sur la question. Mais, cette année nous ferons une étude sur la question. Elle aura pour but de voir les personnes qui prennent les médicaments de façon directe. Nous avons fait une réunion avec tous les pharmaciens pour qu’ils rentrent aussi dans le protocole. Parce qu’il ne suffit pas de vendre le médicament. Il faut que cela aide le malade. C’est une stratégie que nous allons développer plus tard. Dans les pharmacies, lorsqu’une personne se présente pour demander un médicament de palu car elle fait la fièvre, le pharmacien devra d’abord faire son test sur place avant de lui donner le médicament. Mais, la pharmacie ne sera pas un hôpital. Avant d’aller acheter un médicament, il faut d’abord aller voir un médecin.

LP : Qu’en est-il de la prévention?
Dr TMA : La prévention n’est pas occultée dans notre stratégie. Nous travaillons en collaboration avec le ministère de l’Environnement. La meilleure prévention contre le paludisme, c’est l’hygiène de vie. Et cela doit être individuel avant d’être national. Chaque personne doit nettoyer devant et dernière sa cour. Surtout qu’il n’y a pas de point d’eau. Les points d’eau constituent des gîtes larvaires. Il faut enlever de façon systématique tout ce qui est gîte larvaire créé par l’homme. Notamment les boîtes de conserve, les pneus usés qui conservent les eaux et qui accueillent les moustiques. Il faut un curage des caniveaux. Il ne faut pas attendre le maire, encore moins l’Etat. Chaque individu doit prendre sur lui de vivre dans un environnement sain. Ce n’est qu’ainsi qu’on pourra vivre sans paludisme.
Réalisée par Dao Maïmouna

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