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Société Publié le vendredi 26 avril 2013 | L’intelligent d’Abidjan

Formation au rabais dans les auto-écoles boutiques / Quand la voiture tue plus que le Sida : Fondateurs de centres de formation, Oser : Qui fait quoi ?

Des propriétaires et fondateurs de centres de formation, communément appelés auto-écoles, ne sont pas contents. Ils dénoncent le mutisme sein de l’Oser (Office de sécurité routière), quant à la continuité de la formation des moniteurs.

2002, année charnière du manque criard des moniteurs dans les centres de formation. L’Oser est aussitôt saisi après ce constat. «Depuis le blocage de la formation des moniteurs, c’est seulement en 2002, que le besoin s’est fait sentir au niveau des auto-écoles. Car, ils y en avaient qui n’avaient pas de moniteurs. Ou si vous le voulez, certains avaient des moniteurs qui n’étaient pas agréés», a annoncé un responsable de centre de formation. Cette demande, poursuit-il, a trouvé une oreille attentive auprès de l’Etat de Côte d’Ivoire, qui, à travers la direction des transports, a manifesté le désir d’avoir des moniteurs qualifiés. «Pour être un moniteur qualifié, il faut forcément passer par un centre de formation qui est dirigé par l’Oser. C’est l’Oser qui forme les moniteurs en Côte d’Ivoire. Et, depuis cette date (ndlr : 2002), il y a eu l’ouverture du centre de formation du ministère du Transport. Lorsque le besoin se fait sentir, la direction des Transports terrestres demande à l’Oser, un certain nombre de moniteurs à former. Mais depuis 2002 jusqu’à ce jour, la formation des moniteurs continue. Et il y a en moyenne 100 élèves par promotion. Au départ, c’était une formation professionnelle, c’est-à-dire que ceux qui n’avaient pas le CAP devaient régulariser leur situation. Et depuis la régularisation de ces moniteurs bénévoles qu’on appelle les répétiteurs, c’est devenu une institution», a déploré N P. S’il reconnaît tout de même que le besoin se fait de moins en moins rare dans le secteur, il regrette que la formation se poursuit depuis 2002 jusqu’à ce jour. «Imaginez-vous, combien est-ce qu’ils peuvent être aujourd’hui ? Ce qui voudra dire qu’on a plus de 1000 moniteurs formés de nos jours. Au vu de cette situation, nous disons que la corporation a mal. Ce qui veut dire qu’il y a un risque de dévaluation de la corporation», a-t-il dénoncé. Pour lui comme pour K.M, propriétaire d’un centre de formation à Angré, c’est le grand nombre d’accidents de la circulation qui est déplorable. «Les moniteurs qui sont sur le carreau et qui ne travaillent pas, ont chacun dans leur sac, leurs propres auto-écoles. Dans tous les coins de rue, ce sont des cours au rabais qu’ils y dispensent. Nous déplorons la formation continue répétée, alors que le besoin n’est plus. Il n’y a plus de demande de moniteurs, d’autant plus que ceux qui ont été formés ne sont pas utilisés. On se dit que c’est une anarchie qui est installée au niveau de l’Oser. Mieux, le niveau requis pour être moniteur n’est plus respecté. Il n’y a même plus de critères. C’est dire que rien n’est pris au sérieux. Au lieu que l’Etat de Côte d’Ivoire à travers l’Oser protège la population, c’est plutôt la population qui est livrée à des accidents dont les conséquences sont dramatiques», ont-ils martelé. Pour étayer leurs propos, ils ont souligné que la voiture tue plus que le Sida. «Le permis de conduire ne se marchande pas. Certains hommes politiques l’utilisent pour en faire un outil de propagande. Nous dénonçons aussi le fait que des maires et des Ong disent détenir des bons. C’est de l’arnaque. La voiture tue plus que le Sida aujourd’hui. Il ne faut pas délivrer de permis de conduire pour tuer des gens. Selon les statistiques, 600 personnes/ an meurent par la route», ont-ils dénoncé. Avant de fustiger l’attitude des parents, autorités politiques et postulants aux permis de conduire. «Les parents déboursent des millions pour scolariser leurs enfants et ils leur remettent 50.000 F Cfa pour le permis de conduire. C’est ahurissant. C’est même dangereux d’entendre des personnes dire qu’elles ont passé le permis de conduire mais qu’elles n’ont pas la main. C’est comme quelqu’un qui sort de l’école des infirmiers qui vous dit qu’il ne sait pas faire d’injection».

Le démenti du directeur de la formation à l’OSER
A l’Oser, la préoccupation des centres de formation est infondée. «Nous ici, en tant qu’Oser, nous formons selon les besoins. S’il n’y a pas de besoin, alors il n’y aura pas de candidats. S’il y a des candidats, c’est que il y’a un besoin», a déclaré Ta Bi Tra, directeur à la formation à l’Oser. Selon lui, lorsque l’Oser forme des postulants, ils sortent comme moniteurs d’auto-écoles. Ils sont sensés être employés par des auto-écoles qui existent déjà, a-t-il poursuivi. Or, déplore-t-il, «il se trouve que ces auto-écoles, pour la plupart; utilisent des gens qui ne sont pas qualifiés. Ce qui est contraire à la loi, parce qu’il est dit que nul ne peut enseigner le code de la route et la conduite s’il n’est titulaire du diplôme qu’on prépare ici à l’Oser». Mieux, il a révélé que dans leurs inspections, ils ont constaté qu’il y a beaucoup de gens appelés répétiteurs ou bénévoles qui exercent dans ces conditions. «Nous, on ne peut pas ne pas former des gens qui demandent à être formés. Lorsque l’OSER a fini de former, pour qu’on puisse ouvrir l’auto-école, ce n’est plus l’affaire de l’OSER. C’est l’affaire de la direction des transports terrestres et le candidat fournit les dossiers dont la pièce maîtresse est le diplôme que nous préparons ici et une ancienneté de 4 ans pour pouvoir ouvrir une auto-école. Ça m’étonnera fort que quelqu’un puisse ouvrir une auto-école s’il ne remplit pas les conditions d’anciennetés», a-t-il indiqué. Au sujet des auto-écoles boutiques, il estime qu’il va falloir mettre devant chaque auto-école une plaquette indiquant son agrément. «Cela permettra de distinguer les faux, des vraies auto-écoles. Quand on ferme une auto- école, dès qu’on tourne le dos, elle continue d’exercer. Et le client qui vient, l’ignore complètement», s’est-il indigné. Ta Bi Tra est également revenu sur le niveau requis pour la formation. «Certains sont passés ici (ndlr : Oser) on les a recyclé. Je pourrais dire que c’est au vu de tout ça, qu’il y a eu un atelier. Et maintenant, il existe même un arrêté ministériel qui dit que pour être moniteur, il faut être titulaire du BEPC au moins et avoir le permis de conduire depuis deux ans. Nous appliquons ces textes», s’est-il défendu. Puis d’ajouter : «parce qu’aujourd’hui, la sécurité routière ce n’est pas que les panneaux, il faut aller au-delà. Et ici, on enseigne jusqu'à 10 modules, donc c’est un centre qui à une vocation souveraine sous- régionale. Nous sommes en train d’évoluer petit à petit. Du BEPC, on à l’intention de passer au BAC. On voit que de plus en plus de gens s’adressent à nous, parce qu’en dehors des moniteurs que nous formons, nous faisons le recyclage des chauffeurs professionnels, c’est nous qui pilotons l’éducation routière en milieu scolaire. On fait en sorte que la sécurité routière soit une réalité». Mais pour lui, la réalité est tout autre. «Il se trouve qu’il y a certaines réalités qu’il ne faut pas se voiler. Quelqu’un qui exerce dans la profession de manière illégale depuis 10 ans, 15 ans voire 20 ans, si vous lui demandé d’arrêter, il va continuer à exercer sans formation. Autant l’officialiser. Donc, quand ces moniteurs expriment le besoin d’avoir le diplôme de moniteur, c’est possible. Ces cas, on les a eu dès le début, c'est-à-dire en 2003. C’est cette race de moniteur qu’on a voulu espérer peu à peu. L’objectif c’est la sécurité sur la route. Ce ne sont pas donc des gens que nous prenons comme ça et que nous formons. Mais ce sont des personnes qui ont déjà acquis l’expérience et à qui, on donne, cette fois, la qualification nécessaire». De leur côté par contre, les fondateurs et directeurs d’auto-écoles sont formels : «il faut faire les états généraux du secteur». Un avis que ne partage pas le directeur de la formation à l’Oser, qui estime que les auto-écoles sont elles-mêmes à la base de leurs propres problèmes. «Etant donné qu’elles sont organisées en syndicats, elles doivent faire en sorte que leurs prix soient uniformisés. Ainsi, c’est la qualité du service qui va les départager», a-t-il conclu.

A.Dedi
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