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Politique Publié le jeudi 16 mai 2013 | Boigny Express

Bilan sans complaisance du président-candidat (suite et fin)

Un bilan politique est loin d’un bilan d’entreprise où la réalité des chiffres permet d’établir le tableau des activités pour situer la santé des affaires. En politique, même s’il n y a pas de chiffre, il y a les promesses dont les réalisations permettent de faire l’état des lieux. Voici deux ans que la Côte d’Ivoire est sortie du tragique scrutin présidentiel qui a vu l’arrivée au pouvoir de monsieur Alassane Ouattara dont le principal slogan de campagne était « ADO SOLUTIONS ». Où en sommes-nous deux ans après, pendant qu’il annonce briguer un second mandat en 2015 ? Nous avons choisi une formule simple d’exposer chaque compartiment composant l’activité gouvernementale et toutes les activités auxiliaires étatiques.
Dans notre numéro antérieur, nous avions exposé après quelques écoutes le jugement des Ivoiriens sur les deux ans de gestion de la Côte d’Ivoire par le président Alassane Ouattara. Il était loin d’être reluisant mais nous ne désespérons pas de notre président. Le bilan est certes inquiétant mais la situation peut être sauvée si le président prend le taureau par les cornes en regardant la situation politique avec objectivité et en agissant en conséquence comme le suggère notre collaborateur Akroman dans son article sous le titre « Alassane, la seule issue possible ». Sinon, les opérations de communication comme ce qui suit ne sont que du saupoudrage qui n’a même pas valeur de cosmétique.

Interview dans J.A. :
Presqu’un maquillage parfait
C’est du communicationnel ! Presqu’un maquillage parfait. Ainsi s’est exprimé un confrère dont j’ai sollicité l’analyse par rapport à « l’interview bilan » du président Ouattara dans Jeune Afrique. Dans le milieu de la presse en effet, il arrive bien souvent que des individus dans un article estiment la vérité très relative et lourde de conséquences pour leur personne ou parfois pour des structures qu’ils dirigent. Habile, pour ceux qui disposent de service de presse aisé et alertes. Ceux-ci approchent la rédaction pour relever que l’article est un peu dur. Les journaux ne se dédisent pas. Dans le meilleur des cas, elles proposent d’accorder une interview à l’individu pour se « défendre ». Comment pouvons-nous empêcher de croire qu’il en est ainsi pour l’intervention de notre président dans l’hebdomadaire panafricain Jeune Afrique. Et pour cause. Dans le n° 2727 du 14 au 20 avril 2013, bienveillant du reste vis-à-vis du pouvoir, l’hebdomadaire affiche à la une, l’image d’un thermomètre à la couleur du drapeau ivoirien orange blanc vert et titre « Le Patient ivoirien ». A l’intérieur, le journal tire un bilan partiel du président après 2 ans sur les grandes questions dont : la sécurité, la réconciliation, la relance économique, la vie quotidienne …

Morceaux choisis des chapitres traités :

Situation politique :
insuffisant
« Hyper président d’une Côte d’Ivoire en reconstruction, Ouattara affirme chaque jour davantage son emprise sur un pays qu’il gouverne à grands coups d’ordonnances et de décrets. Ses opposants sont encore en prison ou absents des débats publics, l’Assemblée nationale ne reste qu’une simple chambre d’enregistrement, tandis que les médias d’Etat chantent les louanges du régime. »

Relance économique :
Prometteur
Pourtant le journal relève que les investisseurs « ont énormément prospecté en Côte d’Ivoire sans vraiment concrétiser ».

Sécurité : En progrès
Le journal fait observer toutefois qu’à l’intérieur du pays, on enregistre régulièrement « des frictions intercommunautaires, des heurts entre les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) et les populations. Autre sujet d’inquiétude : la présence de mercenaires, de miliciens et de chasseurs dozos lourdement armés qui sévissent dans l’Ouest. Certains, comme Amadé Ouérémi, à la tête de 400 hommes installés au mont Péko, narguent même les autorités. En outre, le programme de désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR), qui vient de débuter et qui prévoit la réintégration de 64 000 anciens combattants dans la vie civile, doit faire ses preuves. »

Réconciliation : En panne
Et le journal de dire (…) : « Du côté du pouvoir, l’impunité est de mise pour les crimes commis par son propre camp. Et la justice ne passe, pour l’instant, que pour les « vaincus ». La société civile et les Nations unies dénoncent régulièrement les exécutions sommaires, les disparitions, les arrestations arbitraires, les mauvais traitements et les tortures. Les autorités ne se sont pas non plus attaquées aux racines, anciennes, du conflit : les problèmes fonciers, d’identité ou de contrôle des ressources naturelles.

Médias : insuffisant
La complaisante conclusion de l’article du vice-patron du journal, le fils du PDG, Marwane Ben Yahmed n’a peut-être pas pu évacuer ce qui est déjà écrit plus haut : « Cette relative sévérité n’est, à vrai dire, que le reflet d’une exigence à la mesure des immenses attentes suscitées par l’élection d’Alassane Ouattara. Laurent Gbagbo a incarné cette espérance en son temps. Mais le fils de Zézé Koudou Paul a préféré les habits de chef de clan à ceux de chef de la nation. Pour la première fois, donc, depuis la mort d’Houphouët, la Côte d’Ivoire a un homme d’Etat à sa tête. Un homme compétent capable de reconstruire, de créer de la richesse plutôt que de siphonner les caisses, et espérons-le, de mieux la répartir. Un esprit brillant et ouvert sur le monde, ce dont son pays a plus besoin que ne le croient les chantres d’une Afrique repliée sur elle-même. Autant de raisons, en somme, de vouloir le meilleur, après le pire ». La deuxième semaine après la parution de cet article, l’hebdomadaire accorde une interview au président ouattara qui annonce à la Une, « Nous réussirons ». Le président est naturellement revenu sur les sujets évoqués une semaine plus tôt par le journal avant de se défendre en avouant ne pouvoir réussir qu’en deux mandats. Que vaut la promesse du commandant de bord du Titanic qui regarde depuis le canot de sauvetage son paquebot couler ? L’économie ivoirienne est en pleine récession et on nous fait croire qu’elle est plutôt en pleine expansion. Qui n’a froncé le sourcil quand le premier ministre Daniel Kablan Duncan a annoncé le 1er mai que son gouvernement a déjà créé un million d’emplois en deux ans ? La rédaction de Boigny express a annoncé et rédigé le bilan partiel des deux ans du président avant de découvrir le numéro de jeune Afrique qui regarde dans le même sens. Nous pensons que la conclusion est presque la même, quand bien même nous utilisons un terme bien gentil pour dire que le bilan est globalement en dessous de la moyenne.


L’unique issue à ADO pour réussir
La situation politique et économique en Côte d’Ivoire reste préoccupante pour les analystes qui scrutent l’horizon à la recherche de signes prometteurs. Or beaucoup de clignotants affichent rouge malgré les discours rassurants des autorités. Les regards de la presse internationale, les commentaires des Ivoiriens et des opérateurs économiques locaux et internationaux convergent pour conclure que le quotidien de l’Ivoirien est fait de stress et de la peur du lendemain (voir l’article précédent). La Côte d’ivoire doit pourtant s’en sortir. Elle en a les moyens. Le reste n’est que question de politique et de stratégies. D’où notre recette.
Au plan politique, il est loisible à tout observateur de l’actualité politique ivoirienne de constater que le président Alassane fait des enfants dans le dos de ses partenaires du RHDP. Tout le monde est unanime pour dire que sans le PDCI et la courageuse et lucide décision du président de ce parti qui a tenu parole en invitant ses militants à voter le candidat du RDR, il n’aurait pas été évident de prédire la victoire de Monsieur Ouattara qui a revêtu les drapeaux du RHDP. Avant le jour du scrutin pour le deuxième tour de l’élection, le candidat du RHDP a promis gouverner avec un premier ministre issu des rangs du PDCI, et qu’il gouvernera sous « les sages conseils de son aîné Henri Konan Bédié ». Pourtant, dès qu’il a eu la victoire, il a nommé Soro Guillaume à la tête de la primature sous le prétexte non expliqué que celui-ci connaît mieux les ex-combattants et qu’il pourrait ainsi réussir facilement le désarmement. En quatre mois, Soro en profite pour placer ses hommes clés aux commandes des structures et sociétés d’Etat. Selon des indiscrétions, dans la même période il aurait dépensé près de 50% du budget de la primature. Quand il décide enfin de tenir parole et de nommer un premier ministre, celui-ci trouve une institution vidée de son influence dans le jeu gouvernemental et même de la gestion nationale. En fin de compte, une dissolution sans ménagement de ce gouvernement sur fond de colère contre son allié PDCI conduira certains militants du vieux et influent parti à demander la clarification de leur alliance ou tout simplement la rupture. Une chose est sûre, l’alliance des Houphouëtistes est régulièrement écorchée et les brouilles et violences enregistrées au cours des élections législatives et locales sont là pour confirmer la difficile cohabitation. Aujourd’hui, les résultats de deux ans de relations scabreuses sont lamentables : les militants des partis ne défendent pas ensemble le bilan de leur commun gouvernement. D’ailleurs il ya bien longtemps qu’un des partis signataires, le MFA n’est plus invité à la soupe gouvernementale. Et pour bien marquer son indépendance, le président n’a pas hésité à déclarer haut et fort dans le Gontougo, qu’aucune alliance ne l’empêchera de respecter le programme pour lequel il a été élu. Or, ce n’est pas certain que ce soit le programme qui l’ait élu mais plutôt l’appel de Bédié à ses militants. Aussi, après avoir fait voter la loi impopulaire sur le mariage, il se fait autoriser à gouverner par décrets et ordonnances et procède à des naturalisations de citoyens burkinabé en Côte d’Ivoire sans rien expliquer aux Ivoiriens. Les militants du PDCI doutent que de telles décisions soient le fruit de sages conseils de leur président et le président de la république. Dans toute cette grisaille, une seule solution peut aider à sauver le RHDP et partant, la Côte d’Ivoire. A notre sens, il ya « un petit Marcoussis RHDP », c'est-à-dire un conclave des quatre partis membres du RHDP retirés hors d’Abidjan pour décider de la survie de l’alliance. Comme à Marcoussis, ils se devront de se parler franchement. Comme à Marcoussis, ils disséqueront les causes des nombreux couacs dans la marche de leur alliance et comme à Marcousis, ils rédigeront les résolutions et amendements, mais surtout ils établiront un programme commun de gouvernement et décideront de confier à l’Assemblée Nationale de jouer son rôle républicain ». Si non, ce mandat du président Ouattara court à son échec. Et avec l’expérience RHDP.

Akroman A. Moïse
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