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Politique Publié le mercredi 22 mai 2013 | Le Temps

Acculé par ses parrains de la «communauté internationale» : Ouattara fait des «petits sacrifices»

© Le Temps Par Seibou T.
Arrivée du Président Alassane Ouattara au Quatar
Dimanche 12 mai 2013. Le Président Alassane Ouattara entame une visite officielle au Quatar, à l’invitation de l`Emir Cheikh Hamad Ben Khalifa Al Thani.
Suffira-t-il de sacrifier Amadé Ouérémi, le seigneur du Mont Péko, pour calmer la fureur des parrains, voire baisser la tension et espérer desserrer l’étau des pressions ? Réussira-t-il à créer l’équilibre à La Haye entre Laurent Gbagbo et Ouédraogo Rémi. A-t-il suffisamment de poigne pour mettre Soro Guillaume et certains de ses chefs de guerre sous l’éteignoir comme l’exigent les Etats-unis d’Amérique ?

200 militaires et gendarmes ivoiriens pour voir abdiquer un chef milicien burkinabé, l’ermite du Mont Péko : Ouédraogo Rémi alias Amadé Ouérémi. Alassane Ouattara se voit désormais confiné dans un rôle d’équilibriste pas du tout gai. Invité qu’il est à «jeter aux orties», ceux qui l’ont «fait». Après qu’ils eurent jeté un certain Laurent Gbagbo dans la fournaise géante pour espérer éradiquer le nationalisme, et dans «l’attente» de Simone et de Blé Goudé, tous deux proches de l’ancien chef de l’Etat ivoirien, les dieux blancs ne cessent de réclamer encore et encore des holocaustes. La sur-médiatisation de l’arrestation théâtralisée d’Amadé Ouérémi, répond au souci des comploteurs, d’envoyer un signal sur l’impartialité du régime Ouattara. Cela relève d’une stratégie qui veut qu’on ne libère pas l’ancien Président ivoirien Laurent Gbagbo, pourtant bien parti pour composter son ticket de sortie, fin mai 2013. Cette action d’éclat du week-end de pentecôte autour d’un petit mercenaire des bois qui n’a même pas la carrure d’un Fodé Sankho ou d’un Sam Boukary, a produit l’effet contraire. C’est-à-dire la surdose médiatique a suffit à faire comprendre l’intrigue qui se joue entre le palais d’Abidjan et La Haye. Le mois de mai pourrait porter des surprises désagréables. Alassane Ouattara n’est pas serein à la veille de la décision de la Cpi concernant ses accusations contre Laurent Gbagbo. Accusations que des chevronnés avocats de la Défense dirigée par Me Emmanuel Altit ont démontées une à une avec la plus grande minutie. Mais le régime d’Abidjan y croit fermement. Pour une mise en train, le paysan burkinabé, ancien réparateur de vélo devenu milicien pour «chasser Gbagbo du pouvoir», Amadé Ouérémi fait son affaire. Avant de s’attaquer aux gros dossiers. Dieu seul sait qui sera la future prise dans ce panel à haut risque pour Ouattara lui-même, où trônent en bonne position, Soro Guillaume, ancien Secrétaire général de la rébellion et une dizaine de ses chefs de guerre. Mais pas si vite ! Février, mars et avril ont été des mois au cours desquels les organisations de défense des droits de l’Homme ont hurlé sur la maison ivoirienne. Le régime d’Abidjan a été quasiment matraqué pour sa «justice des vainqueurs» officiellement reconnue. Que dire du mois de mai ! Une semaine avant le western au pied du Mont Péko, l’Ambassadeur américain envoyait un dernier signe de son passage sur les rives de la lagune Ebrié. Sem. Philippe Carter 3 qui s’apprête en effet, à faire ses valises pour quitter définitivement Abidjan avait tancé les autorités ivoiriennes de mettre fin à l’impunité qui règne à l’ouest. Et très vite ! Un dernier avertissement qui supposait qu’il fallait faire du mercenaire Amadé Ouérémi, le mouton de l’offrande à offrir pour calmer la colère des dieux de la communauté internationale. Sinon Ouattara n’aurait plus que ses regrets, de sources concordantes diplomatiques très sérieuses. Il faut revoir la balance. Essayer, si possible, de l’équilibrer ici, maintenant et avant la délibération à la Cour pénale internationale. Certes le mercenaire burkinabé, 49 ans, constitue une pièce maîtresse dans le massacre du Carrefour à Duékoué, en 2011. Mais ce n’est qu’un menu fretin, à comparer aux massacres antérieurs dont les présumés auteurs sont au nombre des «intrépides chefs de guerre» qui font la fierté de l’armée d’Alassane Ouattara. Pas besoin de se triturer les méninges pour savoir qui sont ces épinglés. Des organismes internationaux de défense des droits de l’Homme – Human Right Watch, Amnesty international, etc. - n’ont pas eu de la peine à les stigmatiser. D’abord Soro Guillaume, l’actuel président de l’Assemblée nationale et ancien Secrétaire général de la rébellion des Forces nouvelles est «sur les tablettes» des Américains. Les Etats-unis d’Amériques continuent de réclamer sa tête au poteau. Mais il y aussi, Ousmane Coulibaly alias Ben Laden, il était le responsable des rebelles qui régentaient la ville d’Odiénné où est actuellement détenue l’ex-Première dame, Simone Ehivet-Gbagbo. Ben Laden s’est plutôt illustré dans les massacres de Yopougon où plusieurs dizaines de personnes soupçonnées d’être partisans de Laurent Gbagbo ont été exécutées, torturées et détenues arbitrairement dans des camps de concentration secrets.

Il y aussi Chérif Ousmane, appelé du temps de la rébellion Ange de la mort en raison de son premier rôle dans l’assassinat du mercenaire Sierra Léonais Sam Boukary, du massacre des séditieux pro-Ibrahim Coulibaly dans la guerre de leadership qui opposait Soro Guillaume à ce dernier. Les éléments de Chérif Ousmane auraient semé la mort toujours dans la commune de Yopougon et lui-même aurait de ses propres mains exécutées 29 prisonniers et fait assassiner des mercenaires libériens et siérra Léone. Il y a Fofié Kouakou, un abonné des registres de l’Onu. L’ancien chef de guerre de Korhogo est sous embargo des Nations unies, ce qui n’a pas empêché le régime de faire de Kouakou Fofié le tortionnaire du Président Laurent Gbagbo, du 13 avril au 29 novembre 2011. Touré Hervé alias Vectho, Koné Zackaria, etc. Pour les organisations de défense des Droits de l’Homme, ces anciens dirigeants de la rébellion ivoirienne, tous proches et se réclamant d’Alassane Ouattara, doivent répondre des actes criminels allégués contre eux devant la Cour pénale internationale (Cpi). C’est une question d’équité, jurent-elles. Depuis le 29 novembre 2011, Laurent Gbagbo est dans les liens de la détention à la Cour pénale internationale (Cpi. Il passait en première comparution le 5 décembre 2011. Le 28 février 2012, il passait en audience de confirmation ou d’infirmation des charges alléguées contre lui. A ce jour, l’ancien dirigeant ivoirien est le seul prisonnier consécutif à la crise postélectorale. Aucun autre personnage du camp adverse, c’est-à-dire celui d’Alassane Ouattara n’a été inquiété. Or, il est bien clair qu’il faut être à deux pour faire la guerre. Qui plus est, des enquêtes menées par le régime ivoirien concluent à des implications des militaires proches d’Alassane Ouattara.

Et si les regards sont tournés vers les autorités d’Abidjan, c’est pour rendre justice à des milliers de victimes de la crise postélectorale. Même si le mercenaire burkinabé Amadé Ouérémi fait partie des bourreaux reconnus, il n’en constitue pas l’obstacle majeur à la construction de la justice équitable réclamée par tous. A côté des géants ex-com-zones il n’est qu’un nain. A fortiori Soro Guillaume. La tête de l’ancien Secrétaire général du Mouvement patriotique de Côte d’Ivoire (Mpci) est certes mise à prix. Mais il n’en demeure pas moins un faiseur de roi. Il est aussi celui qui consolide le pouvoir du roi, dans le rôle de sentinelle. Parce qu’il sait qu’un roi sans une tour de garde, ni sentinelle est un roi exposé. Exposé à tout.

Simplice Allard
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