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Sport Publié le vendredi 31 mai 2013 | L’intelligent d’Abidjan

Interview / Soro Abou Michel (champion d’Europe des Supers Welters) : ‘‘Je veux être champion du monde sous les couleurs ivoiriennes’’

Le monde sportif ivoirien a découvert Soro Abou Michel, à l’occasion d’un combat en janvier 2013, en Europe. Depuis lors, le sociétaire du club pugilistique villeurbannais (CPV), bi-national a été adopté. De passage à Abidjan pour les vacances, le champion d’Europe a bien voulu s’ouvrir au ‘’quotidien dont vous avez rêvé’’. Entretien !
L’on vous a connu à la faveur du championnat d’Europe des Super Welters en janvier dernier. Hormis ce combat, nous ne savons rien de vous. Qui est Soro Abou Michel ?
Soro Abou Michel est un jeune ivoirien qui a quitté la Côte d’Ivoire à l’âge de 13 ans avec ses parents pour s’installer en France, à Lyon précisément. Je suis entré dans la boxe à l’âge de 18 ans par hasard, grâce à un ami qui m’a demandé un jour de le suivre dans une salle de boxe pour faire un essai. Depuis lors, je ne suis plus sorti de la salle.

Soro Abou Michel comptabilise combien de combats depuis l’âge de 18 ans en amateur comme en professionnel ?
J’ai fait une courte carrière en amateur, parce que j’ai pensé que ce n’était pas fait pour moi. J’ai fait 17 combats en amateur depuis 2007. Et je suis passé directement en professionnel. Là, j’ai fait 22 combats avec une défaite au championnat du monde en Ukraine. Sur ces 21 victoires, 12 ont été remportées par KO.

Vous êtes arrivé à la boxe par hasard, qu’est-ce qui vous y a maintenu alors ?
L’envie de progresser. J’ai toujours aimé les sports individuels. Là, si je perds un combat, je ne peux que m’en prendre à moi-même. Quand tu rentres dans une salle, et que c’est la première fois que tu boxes, tu n’es pas bon. Tes adversaires prennent le dessus rapidement. J’avais tellement l’envie de me surpasser, d’être le meilleur que les autres, je suis resté.

Est-ce que vous avez atteint le niveau souhaité ?
Il y a beaucoup à faire. La boxe ce n’est pas facile. Hormis le championnat du monde raté, ma carrière se passe bien jusqu’à présent. Elle est bien gérée.

Vous parlez de carrière bien gérée. Quelles sont les éléments qui entrent en jeu pour une carrière réussie ?
Il y a beaucoup de choses qui entrent en jeu. D’abord, les entraînements. Deux fois par jour (matin et soir). Il faut un bon staff qui arrive à gérer les entrainements, les après entraînements, les blessures et les combats. Savoir choisir les combats. J’ai trois entraîneurs, j’ai un kinésithérapeute. J’ai un promoteur qui trouve les combats, qui les organise...

Vous démarrez la boxe à l’âge de 18 ans, aujourd’hui vous en avez 25. Soit six ans de pratique. Comment en si peu de temps vous êtes arrivé au sommet du noble art européen et français?
C’est simple, il n’y a pas de magie. Il faut travailler. Quand tu entres dans une salle et que tu as un retard sur les autres qui ont commencé très jeune à 13 ans, tu es obligé de travailler deux fois plus que les autres. Donc je travaillais dur, parfois la séance était finie. Mais je continuais de travailler. Je bossais matin et soir tous les jours. Raison pour laquelle j’ai rapidement progressé.

Pour vous prendre au mot, les autres qui sont à la traine, ils ne travaillent pas ? Il n’y pas que le travail alors…
La plus grande partie de la progression, c’est le travail. Et ça, c’est déjà beaucoup. Un entraînement tous les jours, c’est stressant, c’est dur. D’abord, ce sport est très dur. Ce n’est pas un jeu. La preuve, un boxeur est décédé récemment (ndlr : Kanté Nouhan). Chaque année, il doit y avoir au moins deux morts dans le monde. Il y a des séquelles dans ce sport. En prenant des coups violents ; des KO, c’est dangereux. Raison pour laquelle, il faut s’entraîner pour éviter tout ça.

Vous êtes aujourd’hui champion d’Europe, quelle est la prochaine étape ?
Etre champion du monde. Avoir une deuxième chance mondiale

Qu’est-ce qui vous empêche présentement de conquérir ce titre?
Pour être champion du monde, il faut savoir que c’est dur. Il y a le jeu, mais aussi le business. Pour avoir une chance mondiale, il faut arriver à battre ceux qui sont en tête sur le plan mondial. Je pense qu’après trois défenses de mon titre européen, je pense que j’aurai la chance mondiale.

En septembre prochain, vous devrez défendre votre titre de champion d’Europe à Lyon. Qui sera votre adversaire ?
Le prochain combat pour défendre mon titre est prévu pour le 19 septembre. J’aurai comme adversaire Franck Aroche. Je suis prêt pour reconquérir ce titre, mais pour l’heure, je n’ai pas encore démarré ma préparation. Dans deux semaines (ndlr à compter du 10 juin 2013) je commence la préparation. Et le jour- J, je serais prêt.

Quand verrons-nous Soro Abou Michel sur un ring en Côte d’Ivoire. D’autant plus que c’est le souhait du ministre Alain Lobognon et du président de la Fib?
C’est l’un de mes rêves. Pour l’instant, les discussions sont en cours entre mon promoteur et les représentants ivoiriens. Le père de mon promoteur est un grand organisateur de combat en Côte d’Ivoire. Il s’agit de M. Acariès. Et là, mon promoteur actuel, c’est son fils Sébastien Acariès.

Quelles seront les conditions pour vous voir monter sur le ring en Côte d’Ivoire ?
Là, il me serait difficile de vous le dire. Mais tout dépendra du combat. S’il s’agit d’un championnat du monde, d’Europe… les conditions seront définies en fonction de l’adversaire et du titre mis en jeu.

Combien Soro Abou Michel gagne par combat ?

(Il sourit). Je ne sais pas. Je ne peux pas vous le dire. C’est personnel. Certains décident de dévoiler ce qu’ils gagnent, moi j’ai choisi de ne pas publier.

Vous ne voulez pas dévoiler ce que vous gagnez, mais pour tous ces jeunes qui rêvent de devenir comme vous, ce sera une motivation d’avoir une fourchette de ce que vous gagnez ?
Tout ce que je peux vous dire, c’est que pour gagner sa vie en boxe, il y a beaucoup de choses qui entrent en jeu. Même en Europe. Il faut d’abord gagner tous ses combats. Ne pas avoir dix combats, dix défaites. Il faut être le meilleur. Il faut avoir un bon promoteur. Je ne pense pas que beaucoup de boxeurs gagnent leur vie dans cette discipline. En Europe, c’est un peu plus compliqué.

C’est compliqué en Europe, c’est également compliqué en Afrique…
Partout c’est compliqué, même aux Etats-Unis. Je connais le salaire des gens. Il faut être le meilleur. En 2012 et 2013, le meilleur sportif, c’est le boxeur américain, Floyd Mayweather. Il n’a rien à avoir avec ce que les autres gagnent. C’est exceptionnel, parce qu’il a une personnalité, du charisme. Il a su se vendre. Aujourd’hui, même si tu perds deux ou trois combats et que tu sais te vendre, tu gagnes les combats qu’il faut, la fourchette (ndlr : de gain) peut monter.

Et vous vivez entièrement de la boxe ?
Je vis de la boxe.

Un boxeur professionnel vivant en Europe qui ne vit pas du noble art, comment fait-il pour gagner sa vie ?
Il cherche à travailler...

Nous insistons sur la question, parce qu’il y a des footballeurs dont les salaires font rêver, comme celui de Samuel Eto’o qui motive nos frères à pratiquer le football.
Ce n’est pas la même chose. Ce n’est pas le cas de la boxe. Les footballeurs gagnent beaucoup d’argent, pas les boxeurs. Ce n’est pas pareil, à part les champions du monde. Les footballeurs, ils suffisent qu’ils soient dans un club professionnel, ils gagnent beaucoup d’argent. Or en boxe, tu es professionnel, tu ne gagnes pas tout de suite de l’argent. Sur cent boxeurs professionnels, ils doivent avoir dix qui vivent de cette discipline.

Vous venez de faire un don d’équipement sportif à la Fédération. Vos actions pour le développement du noble art ivoirien vont-elles se limiter seulement à équiper la Fédération ? Ou avez-vous d’autres projets ?
J’ai le projet d’ouvrir une salle pour les boxeurs en Côte d’Ivoire. Nous y travaillons. Il n’y a pas de grande structure, de grande salle spécialisée pour les boxeurs d’élite. Il n’y a que des petits clubs avec du matériel désuet. Il faut vraiment qu’on fasse quelque chose ici (ndlr : Côte d’Ivoire), parce que, c’est ici qu’il y a des champions. Même mon promoteur me l’a dit. Il veut investir en Afrique. Pour lui, les champions sont en Afrique, ce qui manque, c’est le suivi complet. La seule différence entre l’Europe et l’Afrique en matière de boxe, c’est le suivi. J’entends faire venir des entraîneurs français qui viendront former deux ou trois entraîneurs ivoiriens. Les coachs ivoiriens pourront ainsi renforcer leurs capacités. Apporter un plus sur le plan technique, physique même sur l’alimentation. Les boxeurs ne font pas assez attention à leur alimentation en Côte d’Ivoire. C’est un tout qui entre en jeu pour être champion.

Tantôt, l’on vous présente comme un Franco-Ivoirien, Tantôt, Français, parfois Ivoirien. Sous quel drapeau, Soro Abou Michel combat-il ?
J’ai boxé sous le drapeau Français, parce que je suis français de naissance. Ma mère est française. J’ai cette nationalité depuis que je suis né. Je vais demander une double nationalité. Ainsi, je boxerais sous le drapeau français et ivoirien.

Cela ne fait pas ambigu ?
Ma mère est Française, mon père est Ivoirien. C’est comme si vous me demandez de choisir entre mon père et ma mère.

Cela ne va pas vous mettre en difficulté pour d’éventuel combat ?
Non. Les prochains combats que vous verrez, il y aura un drapeau ivoirien.

Réalisée par K. Ange et FO
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