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Politique Publié le lundi 3 juin 2013 | Notre Voie

Pour embastiller davantage les libertés publiques : la Cour suprême donne la mairie de Yopougon au Rdr

L’adage qui dit que les larmes ne sèchent pas quand la main qui frappe est celle de son propre partenaire, s’adapte bien à la situation qui prévaut actuellement au sein de la famille du Rassemblement des Houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp). Avec le verdict de la Chambre administrative de la Cour suprême qui a déclaré, le jeudi 30 mai dernier, la liste Rdr conduite par Gilbert Kafana Koné, vainqueur aux communales de Yopougon, il y a bien à parier que le Pdci-Rda n’arrêtera pas de sitôt de se sentir meurtri par sa défaite causée par un allié du Rhdp. Le Rassemblement des républicains d’Alassane Dramane Ouattara.

Au vu des nombreuses irrégularités constatées sur les procès-verbaux du dépouillement du scrutin de l’élection des conseillers municipaux du 21 avril 2013, la tête de liste du Pdci-Rda, Doukouré Moustapha, avait saisi la Chambre administrative de la Cour suprême pour demander son annulation. Dans sa requête, elle avait invoqué non seulement un nombre d’inscrits différent du nombre d’inscrits sur la liste électorale, mais aussi des procès-verbaux issus des bureaux de vote sans présence de scrutateurs et des procès-verbaux ne comportant pas l’indication des suffrages exprimés en faveur de chaque liste de candidats. Doukouré Moustapha avait également porté à la connaissance de la Chambre administrative de la Cour suprême des irrégularités tenant à l’existence de procès-verbaux sans sticker ou ne comportant pas le nombre d’électeurs inscrits et le nombre de votants. Tous ces griefs soulevés par le plaignant n’avaient pas laissé indifférent le procureur général de la Cour suprême, Khouadiani K. Bertin. Celui-ci déclarait alors la requête recevable en sa forme parce que la qualité d’électeur ou de candidat de Doukouré Moustapha dans la circonscription électorale de Yopougon n’était pas contestée. Mieux, sur le fond, il trouvait sa requête fondée.

Pour le parquet général, la méthode qui consiste à occulter le nombre d’inscrits et de votants par bureau de vote sur les procès-verbaux de dépouillement ouvre la voie à des grandes possibilités de fraude. Il était certainement convaincu que le nombre de votants peut dépasser celui des inscrits sans aucune possibilité de contrôle lors de l’établissement des procès-verbaux de dépouillement. C’est donc en toute logique qu’il demandait à la Chambre administrative de la Cour suprême de prononcer l’annulation du scrutin organisé le 21 avril 2013 dans la circonscription de Yopougon. «Si l’on ne peut déterminer avec précision et totale assurance le nombre de voix manipulées par ce procédé, il reste acquis que la non indication sur le procès-verbal de dépouillement du nombre d’électeurs inscrits et de celui des votants, qui ne semble pas résulter d’erreur ou de négligence, puisque fondée sur une contrainte de temps comme l’ont retenu les membres des bureaux de vote, ouvrant la voie à des opérations de fraude, comme cela est justement dénoncé en l’espèce, justifie l’annulation du scrutin, le doute ne devant point profiter en cas de violation de la loi», concluait en effet le parquet général.

Yopougon, un enjeu politique important

Malheureusement pour le vieux parti, le parquet général ne sera pas suivi dans ses conclusions par la Chambre administrative de la Cour suprême présidée par Pierre Claver Kobo. Statuant en audience publique, jeudi dernier, elle a purement et simplement rejeté le recours de la tête de liste du Pdci-Rda. Confirmant ainsi le résultat tel qu’il avait été proclamé par la Commission électorale indépendante (Cei) au lendemain du scrutin du 21 avril 2013 malgré les fraudes avérées.
Le régime Ouattara a donc désormais son maire pour Yopougon. Un homme dont la mission réelle sera de «tuer» le Front populaire ivoirien (Fpi). Et on ne pouvait pas s’attendre à mieux. Yopougon étant considérée depuis le retour de la Côte d’Ivoire au multipartisme, à tort ou raison, comme le bastion du parti créé par Laurent Gbagbo. L’élection des conseillers municipaux dans cette commune était en réalité, aux yeux des nouvelles autorités ivoiriennes, un véritable en jeu politique que le Pdci-Rda ignorait certainement. Il ne fallait pas laisser «le Kwazulu natal» tomber entre les mains d’un parti autre que le Rdr. Pas même entre les mains de l’allié Pdci-Rda. L’enjeu pour le régime Ouattara, c’est de contrôler cette vaste commune d’Abidjan pour espérer «gouverner le pays» en toute quiétude. Car, pour de nombreux observateurs de la vie politique ivoirienne, qui contrôle Yopougon, contrôle Abidjan. Et donc la Côte d’Ivoire. Il fallait à Alassane Ouattara un homme sorti de ses rangs pour embastiller davantage les libertés publiques. La mission du maire Rdr sera de réduire au silence les militants du parti créé par le président Laurent Gbagbo en leur interdisant désormais toutes sortes d’activités politiques d’envergure. Les nouvelles autorités ivoiriennes étant convaincues qu’une organisation politique qui ne fait aucune marche et ne tient aucun meeting public est condamné à disparaître, l’élection municipale n’a été qu’un alibi pour imposer à Yopougon, un militant Rdr, Gilbert Kafana Koné. Mais il n’est pas sûr qu’une telle vision basée sur la violence politique prospère assez longtemps. Elle porte en elle les germes de sa propre mort.

Robert Krassault
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