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Politique Publié le mardi 11 juin 2013 | Le Temps

Fabrication de nouvelles preuves contre Gbagbo : Bensouda refuse de faire de nouvelles enquêtes

© Le Temps Par DR
CPI : La procureure Fatou Bensouda au procès de l’ex Président Laurent Gbagbo
Mardi 19 février 2013. La Haye. L’ancien président ivoirien comparait à la Cour pénale internationale (CPI), pour crime contre l’humanité. Photo : Fatou Bensouda, procureur de la CPI
Mais si Fatou Bensouda s’entête, et se bat même, pour faire valoir ce qu’elle a déjà proposé et qui n’a pas pesé dans la balance, c’est pour des raisons bien simples. Non seulement elle n’a plus rien sous la main, en termes de dossiers au «frigo», mais elle n’espère rien du terrain. Où a-t-elle égaré les dossiers en béton qu’elle avait annoncés à grand renfort médiatique pendant l’audience, à la satisfaction béate du régime Ouattara ? Où sont ces dossiers qu’elle a hérités du tristement célèbre Ocampo pour briser Gbagbo ? Où sont ceux qu’elle-même aurait reçus directement du pouvoir pour perdre à jamais l’ancien chef de l’Etat ivoirien ? Où sont passés ces dossiers ? N’auraient-ils, en réalité, jamais existé ? Leur annonce procédait-elle de la simple rhétorique ou, était-ce une manœuvre d’intimidation ou de diversion ? Voulait-elle seulement effacer sa honte face à la pertinence de la défense de Gbagbo ? Où sont passés les dossiers en béton de Bensouda pour que, au lieu de s’en servir maintenant, elle tente d’imposer ces «rumeurs» rejetées ? Le but de l’annonce des «dossiers en béton», était-ce pour simplement influencer la poignée de main du chef de l’Etat ivoirien en la rendant plus chaleureuse ? Car si elle avait de la réserve, en termes de preuves accablantes contre Gbagbo, telle que nous la connaissons pour sa tendance à en finir avec cet homme, elle aurait montré sa hâte à se mettre au travail, comme recommandé. Elle aurait même déjà organisé des fuites, pour que l’on sache qu’elle ne badine pas, et qu’elle détient depuis lors «une bombe» contre Gbagbo. Mais la voilà qui s’accroche désespérément à des «preuves mortes», un travail pourtant jugé «insuffisant».
Fatou Bensouda n’attend rien d’une «nouvelle» enquête
Si Fatou Bensouda s’arc-boute, avec tant d’affection, à son travail mal noté, si l’idée d’une enquête nouvelle ne l’enchante pas, c’est parce qu’elle n’en attend rien. En fait, la procureure Bensouda, successeur de Luis Moreno Ocampo, n’avait jamais fait d’enquête sur le dossier Gbagbo. Elle s’était contentée des ragots et des coupures de journaux proches du pouvoir, qu’Ocampo avait reçus du régime et qu’il lui a transférés avant de quitter le navire Cpi. A cela, elle a ajouté d’autres médisances et dénigrements sans fondement qu’elle-même a reçus directement des tenants du pouvoir. Le fait qu’elle n’avait pas mené d’enquête, en réalité, devrait l’enthousiasmer et la pousser sur le terrain où elle pourrait découvrir, maintenant, des éléments de preuve, comme la Cpi le lui demande. Mais pourquoi plutôt que de jubiler, la procureure fait grise mine, et même se dresse contre la Chambre préliminaire 1, en voulant interjeter appel contre sa décision ? Le juge, n’est-ce pas aussi l’instruction, l’enquête ? Pourquoi alors Fatou veut-elle obliger la Cpi à se contenter de son «brouillon», une sorte de dossier que la défense avait décrié lors de l’audience historique de février 2013 ? En fait, dans le comportement de la procureure de la Cpi, il y a la manifestation de la paresse et de la résignation. Attendre tout bonnement dans son bureau, et y recevoir des éléments de diffamation, ou les prendre dans ceux, douillets des hommes du pouvoir d’Abidjan, paraît plus agréable que de descendre sur le terrain rocailleux d’une enquête sur des crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Le régime Ouattara lui avait tellement facilité les choses ! Si bien que son passage à Abidjan n’aurait servi qu’à harmoniser les points de vue avec le chef de l’Etat Ouattara, l’ancien chef de guerre devenu président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro, et le Rdr. De même, ce tour en Côte d’Ivoire aurait été mis à profit pour améliorer la poignée de main amicale entre l’institution et ceux qui lui demandent ce «service» en gardant Gbagbo à l’ombre. Mais si Bensouda ne veut pas descendre sur le terrain de l’enquête, et n’entend même pas envisager revoir sa copie, c’est parce que pour elle, ce serait peine perdue. Car entre Ouattara et elle, qui est le plus intéressé par un jugement de Gbagbo ? A qui profite le plus l’emprisonnement, pour longtemps, du fondateur du Front populaire ivoirien ? En tout cas, ce n’est pas à elle Fatou Bensouda! C’est à Alassane Ouattara. C’est lui qui veut voir Gbagbo condamné à vie. C’est lui qui essaie depuis dix ans, de le «tacler», c’est lui qui a «mélangé le pays» et l’a rendu «ingouvernable» sous Gbagbo. Donc Ouattara a plus intérêt à produire des preuves suffisantes pour en finir avec son ennemi juré. Mais si, malgré sa haine contre cet homme, si en dépit de ce qu’il gagne avec Gbagbo en prison, Ouattara n’a pas été capable de fournir des preuves convaincantes, et même d’en fabriquer avec génie, c’est qu’il n’y a rien à espérer du terrain. En termes de manifestation de haine contre Gbagbo, elle Fatou Bensouda, ne peut surpasser Alassane Ouattara. Que pourrait-elle donc réaliser comme prouesse, si Ouattara lui-même qui a le pouvoir, avec les appareils de l’Etat, n’a pu trouver contre Gbagbo, le moindre dossier en béton ? C’est donc clair que Bensouda ne veut pas se ridiculiser davantage, en s’engageant sur un chemin sans issue. Voilà donc notre Fatou Bensouda qui, par son entêtement à faire admettre ses «preuves mortes», demande indirectement à la Cpi de libérer Laurent Gbagbo. Parce qu’elle n’a rien d’autres comme éléments d’accusation et elle n’attend, non plus, rien d’une enquête qu’elle pourrait engager maintenant. Elle aurait exprimé clairement son échec, ce jet d’éponge, que Fatou Bensouda aurait rendu service à l’humanité écœurée par le dossier Gbagbo. De même, elle aurait redoré son blason terni dans cette affaire.

Germain Séhoué
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