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Necrologie Publié le vendredi 14 juin 2013 | Le Patriote

Inhumation de BAKARY NIMAGA: Le Patriote perd une valeur sûre, la Côte d’Ivoire un grand journaliste

La plupart des personnalités et des confrères qui nous ont rendus visite hier, à notre rédaction, située à Marcory-Biétry, Rue du Canal, l’ont dit et répété. La mort soudaine de Bakary Nimaga est une lourde perte pour Le Patriote. En effet, c’est un truisme de dire qu’il était l’une des plus grosses plumes de votre quotidien, tant sa signature forçait aussi bien l’admiration de ses collègues que celle des nombreux lecteurs du journal, qui ne cessaient d’appeler à la rédaction pour réagir à ses écrits.

Oui, à la Rédaction du Patriote, Bakary Nimaga, que nous appelions affectueusement « Chef Nime», était l’homme des «grands papiers ». Ce qui signifie dans notre jardon, des articles d’envergure dont la rédaction exige de l’auteur une certaine expérience dans la pratique du journalisme, un vocabulaire dense, une maîtrise quasi-parfaite de la langue de Molière et surtout une grande capacité d’analyse portée elle-même par une grande culture générale. Quand il y avait un sujet brûlant de l’actualité sur lequel la bataille de l’opinion faisait rage et que la position du Patriote était attendue, il descendait dans la vallée du Service Politique, se retroussait les manches pour « livrer le combat». Surtout quand il s’agissait de défendre l’idéal de justice, de paix et de démocratie du Président Alassane Ouattara. Et le lendemain, sa plume faisait la différence, tant par la beauté de son style que la pertinence de ses arguments. Bakary Nimaga savait si jouer avec les mots, qu’il décrivait avec une certaine poésie, des situations parfois dramatiques. Non pas pour en réduire la teneur, mais plutôt pour y donner toute la charge émotionnelle nécessaire. Plusieurs fois donc, il a conduit les grands dossiers du Service Politique.

Brillant journaliste, Bakary Nimaga était également un observateur averti de la scène politique ivoirienne, et suivait particulièrement le RDR. Un parti qu’il a vu naître, sous Djéni Kobina, puis suivi le parcours de sa création à son accession au pouvoir à l’issue de la présidentielle de 2010. Il connaissait par c?ur, ses grandes dates, ses moments importants, ses grandes figures, depuis sa création jusqu’aujourd’hui. Au Patriote, on l’appelait avec humour « l’historien du RDR». Et il aimait bien ce parti. Car, il avait consacré une bonne partie de sa carrière et même de son existence à « étudier» le RDR. Dès que l’anniversaire de cette formation politique arrivait, il était prompt à nous le rappeler à la conférence de rédaction quotidienne, qui définit le contenu du journal du lendemain, et surtout à brandir un papier sur cet événement. C’est comme si, chaque année, il se sentait investi d’un devoir de mémoire vis-à-vis de ce parti, tant il était passionné du RDR. Mais, il ne franchissait jamais la frontière du militantisme, restant toujours journaliste prêt à dénoncer les travers qu’il constatait dans le fonctionnement et la gestion du RDR. Et quand il n’était pas d’accord avec la prise de position du RDR face à une situation donnée, il le disait d’abord au sein de la rédaction, avant que sa plume ne porte cela à la connaissance du grand public. Envers et contre tous, il était journaliste. Il était surtout conscient que le rôle du journaliste politique qu’il était, n’est pas de se substituer à l’homme politique, quelque soient leurs affinités. C’était sa force de caractère.

Enseignant de formation, Bakary Nimaga était aussi un chroniqueur hors pair, qui a imposé « Motus » comme l’une de rubriques phares du Patriote. Chaque jour, des personnes n’achètent le Patriote en priorité que pour lire « Motus », ses billets croustillants qui croquent, parfois avec un humour aigre-doux, l’actualité sociopolitique. Dans « Motus », Bakary Nimaga disait, en toute liberté, ce qu’il ressentait sur un sujet donné, tournant parfois en dérision des prises de positions « héroïques» de certains acteurs de la sphère politique ivoirienne. Avec des mots choisis, il piquait là où ça fait mal, sans verser dans l’injure ni la vulgarité. Même quand il était dur par moment, il savait y mettre l’élégance langagière, pour ne pas être trivial.

Enfin Bakary Nimaga était un homme humble, loin du star system, se contentant de faire uniquement son « job ». Et cela, bien que son nom était très connu. Au boulot, il était d’une simplicité extraordinaire, n’hésitant pas à taquiner ses collègues, et plaisant avec tout le monde. Les grands airs, faussement modestes, ce n’était pas son truc. C’est pourquoi, on l’aimait beaucoup. Et depuis mardi, il nous manque énormément. Son départ a été si brusque, que la plupart des travailleurs peinent encore à réaliser que le «Gouverneur» est vraiment parti. Repose en paix, Chef Nime, on ne t’oubliera jamais, jamais, jamais…

Y. Sangaré
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