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Politique Publié le mardi 9 juillet 2013 |

Lettre ouverte d’un cadre du Centre-ouest à Alassane Ouattara : « Monsieur le Président, nous nous sentons brimés dans les administrations publiques»

© Par Atapointe
Visite d’Etat dans le district des Savanes : Kong accueil le président Alassane Ouattara
Vendredi 5 juillet 2013. Kong. Dans le cadre de la visite d’Etat qu’il effectue dans le district des Savanes, le président Alassane Ouattara a animé un meeting en presence de la Première Dame, Dominique Ouattara, de plusieurs membres du gouvernement et d`une population mobilisée pour l`occasion.
Monsieur le Président,

Je tiens, tout d’abord, Monsieur le président, à vous féliciter pour votre incessante dépense d'énergie en vue de redonner à la Côte d’Ivoire son lustre d’antan. Je vous remercie , comme l’a déjà fait le doyen le Président Maurice Séry Gnoleba , pour avoir préservé la vie de notre oncle, frère, parent Laurent Gbagbo ; pour avoir libéré de prison de nombreux cadres de l’Ouest et du centre-ouest et pour le fait que vous encouragiez le retour d’exil de centaines d’autres, qui ont fui précipitamment le pays, le 11 avril 2011, pour des raisons diverses et personnelles.

Monsieur le Président,

Ma lettre aujourd’hui peut sembler inopportune, puisqu’elle est adressée au moment où s’achève votre visite d’Etat dans le Grand Nord, votre région d’origine. C’est juste un hasard de calendrier et je n’aimerais pas que certains esprits chagrins s’en saisissent pour détourner le message que je souhaite faire passer. Vous le savez, sans aucun doute mieux que moi, à l’ouest et au Centre-Ouest, avant, pendant et après votre sacre de novembre 2010 - qu’une clique d’assoiffés de pouvoir voulait obstinément confisquer- de nombreux ressortissants de cette partie de notre pays se sont battus, souvent au prix de leur sang, pour que vous arriviez à ce niveau.
Les exemples les plus emblématiques sont le Dr Benoît Dakoury-Tabley et Emile Téhé, tous deux enlevés et tués froidement par les escadrons de la mort, sans oublier le jeune Habib Dodo, ce fils de Daloa, enlevé et tué froidement sur le campus universitaire par la Fesci, alliée de toujours du FPI.

Parmi ceux qui se sont battus, sans forcément être du RDR, pour que vous soyez à ce niveau et qui sont encore vivants, on peut citer pêle-mêle Robert Guéi Bombet et son épouse Guéi Doré Valère, sans oublier Alphonse Djédjé Mady, qui a su braver les menaces, les pressions et les chantages claniques pour porter haut le flambeau du RHDP dont il est le président du Directoire.

Monsieur le Président,

Regardez cependant autour de vous. Depuis votre accession à la magistrature suprême, que ce soit dans les ministères, comme dans les ambassades (où des ambassadeurs zélés se sont opposés a la promotion - avec la dernière énergie d’un lutteur sénégalais) et les institutions, ceux de vos concitoyens originaires de l’ouest et du centre-ouest de notre pays, subissent les pires humiliations, y compris ceux dont le militantisme et/ou la compétence ne souffrent d’aucune ambiguïté. Délations, procès d’intention, dénigrements, critiques infondées, etc. sont leur lot quotidien. Des rapports mensongers sont redigés à des ministres, aux ambassadeurs par des fonctionnaires et agents de l’Etat d’autres communautés ethniques et régionales, ceux-là mêmes qui ont connu des promotions souvent fulgurantes ou qui sont dans nos chancelleries grâce au clan Gbagbo. Ceux-là mêmes qui hier, au moment où nombreux parmi nous battaient le pavé, se la coulaient douce dans l’administration et qui aujourd’hui, revendiquant une certaine appartenance ethnique ou devenus des militants du RDR de la vingt-cinquième heure, nous narguent et nous méprisent.

Monsieur le Président

Tous les ressortissants de l’ouest et du Centre-ouest ne sont pas FPI et tous les fonctionnaires originaires de la même région que Laurent Gbagbo ne sont pas nécessairement des espions.
Nous ne pouvons pas, tous les matins, avant de nous rendre dans nos services respectifs, avoir la peur au ventre ou nous sentir menacés par de quelconques trafics d’influence, alors que vous ne cessez de proclamer lors de vos fructueux voyages à l’intérieur comme à l’extérieur du pays, que vous êtes le Président de tous les Ivoiriens.

Monsieur le Président,

Même après la sécession manquée à Gagnoa d’Opahdjelê Kragbé Gnagbé en 1970, le Président Houphouët-Boigny a fait la promotion de nombreux cadres du Centre-Ouest sans tenir compte de leurs liens familiaux supposés ou réels avec le sécessionniste foireux. Votre grand frère, le Président Bédié, que vous citez souvent en exemple, est justement un exemple de cette gestion participative léguée à ses héritiers par le Président Houphouët.

En effet, l’un des plus influents ministres pendant le mandat du Président Bédié n’était autre que Maurice Kacou Guikahué, un illustre fils du Guébié. Le Président Houphouët n’a-t-il pas gouverné avec les progressistes, les communistes et les fils du Sanwi ?

Monsieur le Président,

Vous avez sans doute lu le dernier rapport de Human Right Watch qui vous donne des faits précis, sur des cas d’exactions à l’ouest du pays. En dépit des démentis indignés de vos ministres de la Défense et de la Justice qui rappellent, hélas, les tristes démentis des ministres de Gbagbo quand les miliciens de ce dernier ciblaient des communautés du Nord, ces faits sont réels, et ils sont loin d’être exhaustifs. Nos parents se sentent envahis par les dozos ; ils se sentent menacés et sont souvent menacés par les FRCI ; ils se sentent humiliés, leurs enfants que nous sommes, qui avons choisi de vous suivre dans votre combat pour l’alternance, se sentent brimés, suspectés et marginalisés.

Monsieur le Président,

Rien n’est tard, car nous savons que vous ignorez la situation particulière que vivent les cadres du centre-ouest dans notre administration publique intra et extra-muros. Vous avez le pouvoir de rendre leur dignité à tous ces cadres militants ou non, mais compétents et loyaux, qui servent sous votre autorité éclairée. Agissez pour que cessent les humiliations dont nous ressortissants de l’ouest et du centre-ouest sommes victimes, dans les institutions, les ministères, les chancelleries, les administrations centrales, les directions générales, les conseils d’administration publiques.

Nous vous en supplions, prenez en main notre protection, car la situation, malgré vos efforts de consolidation du tissu social, prend de plus en plus une allure alarmante dans nos chancelleries.
Vous avez le pouvoir de tout changer. Nous savons que vous le pouvez, car vous avez pour ambition de bâtir une Côte d’Ivoire unie et prospère à laquelle tous vos concitoyens et concitoyennes ont le sentiment d’appartenir. Sans exclusion !

Gnanzé Guedé
(Source Lebanco.net)
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