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Société Publié le mardi 16 juillet 2013 | Le Patriote

Enquête/ Recrudescence des coupeurs de route : Du tronc d’arbre à l’arme de guerre

Le Patriote avait en septembre 2012 fait une enquête sur le phénomène des coupeurs de route. Afin de tirer l’attention des autorités sur ce fléau qui mettait en danger la vie de nombreux usagers de la route. A l’occasion de notre dossier sur la recrudescence de l’insécurité sur les routes au Nord, nous vous proposons à nouveau cette enquête qui est encore d’actualité. Jugez-en vous-mêmes.

C’est toujours avec appréhension que Konaté Karim, chauffeur de Massa desservant la ligne Abidjan –Yamoussoukro-Bouaké s’engage sur l’autoroute du nord. C’est pourtant son chemin habituel quand il transporte ses passagers vers l’intérieur du pays. C’est moins la longueur du trajet qu’une mauvaise rencontre qu’il redoute sur cet axe où les coupeurs de route opèrent à visage découvert. C’est qu’il ne se passe pas une seule semaine sans que les bandits ne frappent. La preuve, le 8 mars 2012, une mission des nations unies en Côte d’Ivoire (ONUCI), revenant de Botro et un mini- car ont essuyé des tirs nourris de Kalachnikov. Ce jour-là, deux occupants d’un mini- car ont été mortellement atteints. Dix jours plus tard, le 18 mars 2012, sur l’axe Duékoué-Man, un groupe de malfrats s’attaque à des véhicules au niveau du village de Béouè dans les environs de Bangolo. Bilan de cette opération menée à visage découvert, un mort et trois blessés. Et la série se poursuit. Dans la nuit du 18 avril dernier, du côté de Méagui, un autre groupe de malfrats dresse un barrage à l’entrée du village de Toidji 2. Venus à bord d’un véhicule de type 4X4 et habillés en treillis militaires, ils dépouillent des passagers de plus d’un véhicule avant de battre en retraite. Du Côté de l’est, l’axe Abengourou Aniassué, long de seulement 22 kilomètres demeure jusque-là la chasse gardée de coupeurs de route qui agissent impunément. Leur dernière forfaiture date du 4 août dernier, où ils ont dépouillé les passagers d’un car, emportant plusieurs millions FCFA.

La kalache,
une puissante «alliée»

Bien avant, des coupeurs de routes particulièrement hardis sèment la désolation entre Bouaké et Djébonoua. Tapis dans les buissons, les malfrats surgissent brusquement de leur cachette pour ouvrir le feu sur le véhicule à bord duquel se trouvait le Lieutenant de police Koné Issoufou. Les rafales sont meurtrières. L’officier de l’armée ivoirienne au parcours méritoire aux dires de sa hiérarchie succombera de ses blessures dans une grande clinique à Abidjan. Une trentaine de minutes après ce forfait, le cortège du commandant Chérif Ousmane, commandant en second du groupe de sécurité présidentielle (GSPR), essuie les mêmes tirs au même endroit sans qu’il n’y ait de victimes. Cet épisode tragique, survenu le 17 octobre 2011, montre le nouveau mode opératoire des coupeurs de route qui écument les grands axes routiers du pays depuis longtemps.
Konaté Karim, le chauffeur de Massa, que nous avons retrouvé à Adjamé, a échappé, il y a trois mois à une attaque similaire sur l’autoroute du nord. Traumatisé, c’est un conducteur encore figé de terreur qui accepte de témoigner son expérience. Nous effectuons le voyage avec lui, pour qu’il nous indique le tronçon de la mort. Nous partons d’Abidjan le jeudi 21 juin à 15 heures à bord d’un massa en direction de Yamoussoukro. Nous n’avions pas parcouru une centaine de kilomètres que, le chauffeur à côté de qui nous avions pris place devant le car, nous montre l’endroit où il a failli se faire tuer par des coupeurs de route embusqués. Nous n’étions qu’entre le carrefour de Morokro et N’Douci, après Sikensi. Aucun repère précis ne peut être donné à ce lieu perdu où les véhicules roulent à vive allure. « C’était vers 20 heures. Ils nous ont attendus en ce lieu parce que nous étions forcés de ralentir à cause des déviations des pipelines», raconte Konaté. Et la suite de son récit donne froid dans le dos. « Dès que j’ai ralenti, j’ai vu sortir trois hommes de la brousse. L’un s’est mis à tirer en l’air, tandis qu’un autre est resté couché pour tirer un peu plus bas entre les pneus pour nous forcer à s’arrêter»,rapporte t-il. Mais dans un reflexe de survie, le chauffeur appui à fond l’accélérateur et s’éloigne du danger. Il ne s’arrêtera qu’au corridor de N’Zianouan pour constater les dégâts. «C’est comme ça que j’ai pu éviter ce piège. Mais les passagers étaient affolés. Ils criaient. Une femme s’est même évanouie et nous avons pensé qu’elle était atteinte d’une balle mais Dieu merci, elle s’en est sortie », poursuit –il.

Ce jour -là, le chauffeur fait mine de descendre pour satisfaire un besoin pressant. Nous l’imitons, selon notre plan. Une fois que nous mettons pied à terre, il nous montre le site de l’attaque et décrit, avec force détail, le type d’embuscade que les coupeurs de route ont tendu. On peut également constater de visu que les fourrées au bord de ce tronçon, constituent une zone de prédilection des bandits. En effet, les coupeurs de route ont l’habitude de camper dans ces lieux qu’ils affectionnent. Selon un gendarme du corridor de N’Zianouan qui a requis l’anonymat, les bandits sévissent généralement dans des endroits situés loin des zones habitées. « Les brousses entre deux villages où aucun témoin gênant n’est susceptible d’être aperçu aux heures choisies pour les attaques. Nous n’avons pas toujours les moyens de riposter », nous renseigne t-il.

Des souvenirs nous reviennent. Comme cette aventure que nous avons vécue en avril dernier. Nous étions à bord d’un car de voyage entre Toumodi et l’autoroute. Nous revenions d’une mission à l’intérieur. A un moment donné, en amorçant l’autoroute du nord en direction de N’zianouan, le chauffeur s’est placé au milieu de la chaussée et s’est lancé à vive allure, les phares éteints jusqu’à la ville. Il était 22heures. Cette attitude du conducteur n’a pas manqué de causer des frayeurs aux passagers que nous étions. Vivement interpellé, le chauffeur nous expliquera que ce tronçon est infesté de coupeur de route. « L’écart entre les villages ici est très grand. C’est une position idéal pour les coupeurs de route quand ils aperçoivent des phrases d’un seul véhicule en approche », explique t-il. Sur ce tronçon, les coupeurs de route n’utilisent pas de tronc d’arbre. Ils ne tirent pas non plus systématiquement. « Ils se placent au milieu de la route avec des torches nouées au bout de la kalache. Ils tracent la lumière du bas vert le haut et du haut vers le bas en direction du véhicule qui vient. Ils le font deux fois, puis à la troisième fois, si vous ne vous arrêter pas, ils ouvrent alors le feu », explique C. Kalifa, le chauffeur, qui nous transportait cette nuit -là. Il a donc préféré cette prise de risque à l’éventualité d’essuyer les tirs des bandits. Mais, à en croire Kalifa, au moment où l’on aperçoit « la torche traçante », il est trop tard pour faire marche arrière. Les véhicules sont généralement pris en tenaille. « Ils ont toujours des gens qui surgissent dernière au moment où le danger se présente devant vous. Vous êtes obligé de vous immobiliser », précise t-il. Sur la dizaine de compagnies de transport auprès desquelles nous nous sommes tournés à Abidjan comme à Bouaké, aucune n’a été épargnée par le phénomène des coupeurs de route. A la compagnie de Transport SITO, ce sont deux chauffeurs qui portent des cicatrices de blessures par balle.

20 chauffeurs tués en six mois

Selon, M. Koné Vafi, président de la confédération des syndicats des conducteurs routiers de l’Afrique de l’ouest, de janvier à juin 2012, ce sont 20 chauffeurs qui ont été tués par des coupeurs de route sur l’ensemble du territoire ivoirien. Quant aux passagers, difficile d’avancer un chiffre. « On tire sur nos chauffeurs tous les jours alors que dans les corridors on trouve les cinq commandements de l’armée réunis en train de contrôler les papiers. Il ne suffit pas de contrôler les papiers mais d’assurer la sécurité routière », fulmine Koné Vaffi, qui pense qu’aucun axe routier en Côte d’ivoire n’est sûr.
C’est que, récemment, sur l’axe Abidjan- Oumé, des coupeurs de route aux esprits pervers ont violé quinze passagères d’un Massa, sous les yeux des hommes qu’ils avaient pris le soin de ligoter, après avoir dérouté le car dans la forêt. « Ils nous ont fait dévier de la route pour emprunter une piste où cinq de leurs acolytes attendaient. Et c’est-là qu’ils ont fouillé tout le monde avant de violer les quinze femmes qui étaient à bord. Je n’oublierai jamais cette scène », témoigne, la gorge nouée par l’émotion, un chauffeur qui a requis l’anonymat et que nous avons rencontré à la gare de Oumé. La scène se serait passée en plein jour mais sans qu’il n’y ait morts d’hommes. « Ils étaient une dizaine et trois d’entre eux avaient le bout de leur fusil sur nous. Personnes n’a osé jouer les héros. Ils nous ont gardé dans la forêt pendant trois heures et nous ont tout pris même les montres et les chaînes des femmes», poursuit-il. En effet, avec les coupeurs de route qui agissent souvent sous l’effet des stupéfiants, le moindre mouvement brusque peut coûter la vie. Car à côté des coupeurs de route qui opèrent à l’armée de guerre, ceux qui usent de la machette en barrant les voies avec des troncs d’arbre sont des enfants de ch?ur. D’autant plus que les chefs des gangs de coupeurs de route sont aujourd’hui des caïds issus parfois de l’ex-rébellion, des ex-miliciens et des repris de justice.

Ex-rebelles et miliciens soupçonnés….

A Bouaké où nous avons séjourné dans le cadre de cette enquête, les langues se délient discrètement sur l’identité des coupeurs de route. Parmi les plus célèbres de ces hors -la loi, on évoque le nom d’Abou bandit, qui s’est illustré de façon sinistre à la tête du «gang à Abou», naturellement. Après d’innombrables attaques sanglantes, sur l’axe Bouaké-Katiola, Abou a été mis hors d’état de nuire par la brigade anti-coupeur de route, dirigée par le commandant Chérif Ousmane. Pourtant, l’homme n’était pas n’importe qui. Selon nos investigations, Abou a été le chef de poste des ex- Forces nouvelles à Toro. Il a longtemps servi l’ex-rébellion avant de retourner la kalache contre les populations de cette zone. Les informations recueillis auprès des éléments des Frci, établissent qu’Abou Bandit a monté son groupe à la suite de la démobilisation des premières vagues des ex-combattants. « Il n’opérait avec ses hommes que les jeudis entre 13 heures et 18 heures sur l’axe Bouaké Katiola-Tienougboué», rapporte un riverain de Bouaké qui a requis l’anonymat. C’est qu’à Bouaké comme ailleurs, être transporteurs et parler publiquement des coupeurs de route, à visage découvert, n’est pas sans conséquences. « Ils ont des complices dans les gares et en ville qui leur donnent les signalements des voitures et des personnes à bord», révèle A. E, un syndicaliste à la gare de Bouaké. On impute à Abou et sa bande, entre autres crimes, la mort de deux chauffeurs, de grossistes distributeurs de boisson à seulement 2 kilomètres de Bouaké au mois de février dernier. Ce qui fait dire à beaucoup que : « ce sont des éléments des ex-rebelles qui sont devenus les nouveaux coupeurs de route, notamment ceux qui ont introduit l’arme de guerre»
L’accusation est facile mais elle semble, à vrai dire, crédible. Surtout quand un seigneur de guerre comme Abou bandit a fait parler de lui sur les routes du nord avant d’être neutralisé par le commandant Chérif Ousmane. Mais dans la mêlée, il faut reconnaître que beaucoup de voyous en treillis opèrent en se fondant dans le lot des « Faux Frci », pour entretenir la confusion. Si l’axe Bouaké-Katiola semblait être la chasse gardée de la bande à « Abou bandit », « les environs de Niakaramadougou était aux mains des éleveurs peulhs qui s’amusaient eux-aussi à couper la route avec des fusils de chasse, causant parfois des morts », selon un chef de gare de Bouaké. Ce dernier pointe du doigt le mauvais état des routes dans le nord qui ne permet pas aux véhicules d’échapper aux embuscades. Pourtant le trafic routier dans cette zone est bien dense. Et les bandits ne s’attaquent pas seulement aux véhicules de transport en commun. Les camions de marchandises n’échappent pas aussi aux attaques. Et les marchandises sont pillées et écoulées plus tard en ville. Selon des statistiques de la confédération des syndicats des transporteurs routiers de Côte d’Ivoire, pour le seul mois de mai 2012, ce sont 600 camions en provenance du Mali qui sont descendus vers Abidjan. « Au 12 juin dernier, nous n’étions qu’à 50 camions. En avril 250 camions sont venus du Burkina Faso et le mois suivant, seulement 100 sont revenus. De la Guinée vers la Côte d’Ivoire en passant par Touba, on en est plus qu’à 80 camions par mois. Les gens se détournent de la Côte d’Ivoire à cause des coupeurs de route et de l’état des route », décrit Koné Vafi. Selon lui les coupeurs de route et l’état des routes constituent un handicap à une meilleure rotation des transporteurs. « Ça bloque l’économie parce que les pays de l’hinterland préfèrent les meilleures routes menant vers les ports de Dakar, Tema, et Lomé où il n’y a ni racket, ni mauvais état de la route, ni coupeurs de route», explique t-il.

… Au milieu des repris de justice en treillis

Mais le centre nord de la Côte d’Ivoire n’est pas le seul champ d’activisme des coupeurs de routes. Pas plus que les brebis galeuses issues de l’ex-rébellion ne sont les seules mises en cause dans ce phénomène à l’échelle nationale. L’ouest ivoirien reste aussi un terreau fertile d’attaques des bandits de grand chemin avec comme épicentre l’axe Duékoué-Bangolo-Man. « Ici les coupeurs de route ne s’attaquent pas aux véhicules comme s’ils avaient affaire à des civils. Il n’y a même pas de tirs de sommation. Ils ouvrent le feu et quand le car s’immobilise, ils viennent dépouiller les survivants et les morts », dénonce Koné Mamadou, un opérateur économique de Duékoué. Selon ce dernier, les attaques sont quasi-quotidiennes pendant les traites agricoles où l’argent circule entre les mains des producteurs et des acheteurs des produits. Indépendamment des traites ce sont les commerçants qui sont ciblés par les bandits, nous renseigne-t-on.
Mais dans le grand ouest, on pointe du doigt les ex-miliciens qui avaient pion sur rue, comme les auteurs de ces attaques criminelles. « Le phénomène des coupeurs de route ici n’est pas lié à la crise postélectorale. Avant la crise, c’est tous les jours qu’on enregistrait des morts sur les routes ici. Mais depuis l’avènement des Forces républicaines. Les routes sont de plus en plus sures », explique Cheick, chauffeur d’une compagnie de transport à Duékoué. C’est qu’après la crise postélectorale, l’ex- commandant des FRCI Koné Daouda alias Konda (aujourd’hui en poste à Bangolo) et ses hommes ont livré une guerre sans merci aux coupeurs de route qui ont dû abandonner l’axe Duékoué-Bangolo. Mais le phénomène de coupeurs de route a la peau dure parce que des bandes armées en font leur profession. Le butin se chiffre parfois en termes de millions. C’est pour cette raison que l’Etat-Major des armées a créé, en mars dernier, la compagnie anti-coupeurs de route visant à enrayer les attaques. Sept mois après l’avènement de cette brigade, le phénomène a tout simplement baissé, et non éradiqué. Et c’est toujours la peur au vendre que chauffeurs et passagers parcourent les axes routiers ivoiriens.
Une enquête d’Alexandre Lebel Ilboudo
Paru dans le Patriote du 26 septembre 2012

Aux grands maux de grands remèdes
Le phénomène des coupeurs de route n’est pas spécifique à la Côte d’Ivoire. Pas plus qu’il n’est apparu avec la crise ivoirienne qui n’a été qu’un facteur aggravant. En raison de la prolifération des armes. Au nord de la république Centrafricaine, des coupeurs de route appelés Zaraguinas terrorisent les populations locales depuis bien des années. Au Cameroun, comme au Tchad, les routes ne sont pas exemptes de ces criminels qui sèment la désolation parmi les transporteurs et les passagers. Tout comme dans ces pays, le phénomène n’épargne personne en Côte d’Ivoire. Rappelons que de retour d’une mission en mars 2012, l’escorte du ministre délégué auprès du président de la république en charge de la défense, Paul Koffi Koffi a dû user de tirs de dissuasions dans tous les sens lors de la traversée de la ville de N’Zianoua vers le carrefour N’Douci. La gendarmerie qui patrouillait dans la zone avait eu le signalement d’une position de coupeurs de route à quelques encablures de la ville carrefour. Au mois d’avril 2012, c’était le tour du ministre des affaires présidentielles, le frère cadet du président de la république, Ibrahim Ouattara d’échapper à une embuscade des coupeurs de route en revenant de Kong. Dans un pays où des cortèges ministériels et même l’escorte du chef de la brigade anti-coupeurs de route, Chérif Ousmane, sont attaqués, que peuvent de simples civils sans moyens de défense.


La crise ivoirienne peut expliquer le retour du grand banditisme en Côte d’Ivoire. Mais cette crise a beau duré, elle n’excuse pas la persistance du phénomène du moment où pendant la crise, le sud et le nord disposaient de moyens militaires pour combattre le fléau. Autre exemple, le Burkina Faso dont le sud avait été infesté par des coupeurs de route, de part sa proximité avec le nord ivoirien, est parvenu à mettre en déroute les bandits. Energiquement. Le Mali quoi que instable et partitionné en deux, offre encore une circulation sécurisée sur ses routes. On n’y circule 24heure sur 24. Pourquoi la Côte d’Ivoire reste t- elle à la traîne. Qu’attend-t-on pour déployer les grands moyens contre ces grands maux ? Nous avons tenté en vain, courrier à l’appui adressé à l’Etat-Major des armées ivoiriennes, d’avoir le point de la lutte engagée par la compagnie anti-coupeurs de route. La grande muette a opté de rester muette sur un phénomène dont les victimes ne se comptent plus.

ALI
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