Depuis quelques semaines le débat politique tourne autour du projet loi portant code de la nationalité. Et singulièrement sur l’une des dispositions des accords de Linas Marcoussis quant à la naturalisation de tous les étrangers nés en Côte d’Ivoire avant 1960 et de ceux qui étaient mineurs avant 1972. Il n’en fallait pas plus pour faire sortir des égouts, les dégoulinantes thèses de l’Ivoirité qui ont mis à mal le tissu social et contribué à la crise qui a secoué la Côte d’Ivoire depuis pendant une décennie. Sur la toile, dans les journaux et dans les agoras, les ultranationalistes ivoiriens ont repris du service. Ils ont embouché la trompette de l’Ivoirité pour en faire, une fois encore, un argument politique. Sans le dire directement, ils voient en cette loi une volonté cachée du pouvoir de se faire un bon bétail électoral avec les 4000 personnes qui devront en bénéficier. Ce qui manifestement est un faux problème. Car ces personnes naturalisées ne pourront pas prendre part élections de 2015. Et ceux qui s’opposent aujourd’hui à cette régularisation le savent que trop bien. Le problème est donc ailleurs. Et il ne faut aller chercher de midi à quatorze heures. C’est cette haine viscérale de l’étranger qui les guide qui soulève toute cette vague de protestation. Aussi bien de la part de l’opposition que de certains alliés du parti au pouvoir qui pensent avancer masqués. Ils tentent de faire croire à l’opinion que le gouvernement veut brader la nationalité ivoirienne. Et tous ont les regards tournés vers une seule communauté comme si ce projet loi avait un visage. Non, il s’agit de tous les étrangers (CEDEAO, africains, européens, asiatiques….) dans le cas prévu par les accords de Marcousis et leur nombre est connu. Mais comme la mauvaise foi est la chose la mieux partagée au monde, ils préfèrent les thèses qui font l’apologie de la xénophobie, de la haine de l’autre. Il faut faire très attention et ne surtout pas oublié de tirer les leçons du passé. Ce très passé récent où ce genre de considération a fait plus de mal que de bien à la nation ivoirienne. Personne ne veut brader la nationalité ivoirienne, il s’agit tout simplement de réparer quelque chose dans les règles de l’art. Pas plus.
Koné Lassiné
Koné Lassiné
