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Société Publié le mardi 13 août 2013 | Le Patriote

Pr poame lazare (president de l’universite alassane ouattara) : “Il y a des avancées notables au niveau des cours”

Le président de l'Université Alassane Ouattara (UAO), Pr. Poamé Lazare, s'est ouvert à nos colonnes. Dans cet entretien, il aborde la situation pédagogique et dévoile sa vision pour l'institution d'ici 2020. Interview.

Le Patriote : Lors de votre dernière rencontre avec les enseignants et le personnel administratif et technique, vous avez lancé un appel à la reprise des cours. Aujourd'hui, (ndlr : 5 août) quelle est la situation ?
Pr. Poamé Lazare : Comme vous avez pu le constater, les cours ont lieu dans certaines salles. Si vous faites le tour du campus, vous vous rendrez compte que des cours ont lieu par endroits, mais leur déroulement est timide. L'appel a été partiellement entendu et le mécontentement perdure. Les négociations sont en cours avec le bureau de la CNEC pour une levée du mot d'ordre.

L P : Quelle est la situation pédagogique en ce qui concerne cette année académique ?
P L : Il y a des avancées notables au niveau des cours. Nous avons achevé le premier semestre et obtenu des enseignants qu'ils ne prennent pas de vacances de façon à nous permettre de respecter le calendrier régulier des années académiques. Donc ils n'ont pas pris de vacances. Ce semestre aussitôt achevé, ils ont entamé le second. Et ils sont bien avancés. Si nous n'avions pas perdu cette semaine du fait de la grève ( ndr du lundi 29 juillet au 3 aout), nous serions déjà à plus de la moitié du chemin en ce qui concerne le second semestre. Ils vont très vite. Ce sont des enseignants motivés par leur propre réputation et naturellement par les promesses qui ont été faites aussi bien par moi-même que par le ministre de pouvoir résoudre leurs problèmes.

L P : L'une des innovations à l'université Alassane Ouattara est l'institution du prix de la pacification de l'espace universitaire. Comment se comportent aujourd'hui les étudiants ?
P L : Effectivement, depuis l'institution de ce prix, on constate sur le terrain que les étudiants, chaque fois qu'ils posent un acte, viennent me voir à mon bureau pour m'en parler et demander conseils. Je sens que ce prix a un impact positif sur le dire et le faire des étudiants. Je me rends compte de plus en plus que j'ai eu raison de l'instituer. Il favorise vraiment la pacification de l'espace universitaire. Ce prix a été institué au moment où nous n'avions pas toutes les organisations syndicales réunies ici .Les autres se sont constituées et au-delà des clubs qui sont eux aussi engagés dans la compétition pour l'obtention de ce prix, chaque entité a des chances d'obtenir le prix. Nous comptabilisons tous les actes et un jury se réunira en fin d'année pour décerner le prix.

L P : La liste des boursiers a été publiée récemment. Un groupe d'étudiants se sentant lésé a saisi un huissier de justice. Qu'en est-il exactement ?
P L : Vous le savez, quand il s'agit de la bourse des étudiants à payer, c'est un champ qui nous échappe. C'est le domaine statutaire du CROU (ndlr : Centre régional des œuvres universitaires). Mais ce que j'ai pu constater, c'est que des étudiants, se sentant lésés, ont eu recours aux services d'un huissier de justice et cela est nouveau dans le milieu estudiantin. Voilà des jeunes gens qui ont renoncé à la violence et qui ont pris le chemin du droit. C'est ce qu'on leur demande. Je n'ai pas analysé le fond du dossier, mais pour la forme simplement, j'estime qu'il est préférable de recourir au droit qu'à la force. Je crois que cela participe aussi de la pacification de l'espace universitaire.

L P : Avec la réhabilitation de l'université Alassane Ouattara, est-ce à dire que le projet de Bouaké -La -Neuve est rangé dans les oubliettes ?
P L : Le projet de Bouaké La Neuve est un vaste programme, un projet gigantesque en ce sens qu'il est analogue au projet que le Chef de l'Etat a présenté sous le concept de village universitaire ou ville universitaire. C'est un projet ambitieux. Cependant avec les sommes englouties dans la réhabilitation de l'UAO, on ne peut pas demander dans l'immédiat au Chef de l'Etat d'aller nous construire une nouvelle université. Il faut que l'on en finisse avec la réhabilitation avant de penser à l'extension-construction. Mais dans ce projet de Bouaké- La- Neuve, il y avait deux dimensions.

L P : Quelles sont ces deux dimensions ?
PL : La dimension académique qu'on pourrait aussi qualifier d'étatique, et l'autre que nous avons appelée œuvre sociale, qui est du domaine du privé et donc non étatique. Cette deuxième dimension concerne les logements pour le personnel enseignant, pour le personnel administratif et technique. Il s'agit d'avoir une cité qui va regrouper tout le personnel de l'université. Comme ce sont des locations ventes, nous allons nous même contribuer. L'Etat va certainement intervenir en nous aidant à viabiliser le site. Ce second volet, nous pensons qu'il est réalisable dans les délais relativement courts. Aujourd'hui, 50% au moins des enseignants permanents résident à Abidjan ou à Yamoussoukro parce qu'il n'est pas du tout facile de se trouver un habitat décent pour tout ce personnel ici à Bouaké. Cette situation a une incidence sur les prestations pédagogiques. Ces enseignants fonctionnent un peu comme des missionnaires et c'est difficile à supporter pour nos étudiants. C 'est ce que j'ai appelé le matraquage pédagogique. Les cours qui doivent être faits sur deux mois, quand vous les comprimez sur deux semaines, cela fait des heures insupportables pour les étudiants. C'est difficile pour eux d'assimiler beaucoup de choses en peu de temps. Bouaké La Neuve, c'est pour surmonter durablement toutes ces difficultés. L'autre dimension estimée comme un horizon est la construction des amphithéâtres, des cités et des salles de TD, de TP pour étendre les capacités d'accueil de cette institution car les deux campus réhabilités entièrement ne peuvent pas accueillir plus de 9000 étudiants. Notre université compte à ce jour 15 000 étudiants. Pour les 6 000 étudiants en surnombre, on est obligé de louer des locaux dans des établissements privés en ville. A cet effet, nous avons pu obtenir 5 établissements privés avec lesquels on a passé des contrats de location de salles de cours. Mais, allons-nous continuer à payer de l'argent aux privés ? Déjà même que nous payons difficilement, certains privés nous ont exprimé leur mécontentement parce que nous n'avons pas reçu les crédits budgétaires qu'il fallait pour payer ces établissements dont on occupe les locaux. Dans ces conditions, il est préférable que l'Etat nous construise des bâtiments pour que nous n'ayons pas à louer des locaux. Voilà la situation.

L P : Quelle est alors votre vision pour l'université Alassane Ouattara dont vous êtes le premier responsable ?
P L : Notre vision est consignée dans le plan stratégique de l'université bâti sur 5 ans. C'est dire que nous n'arriverons pas à 2020. Mais déjà, cette université, nous voulons en faire une des plus réputées, des plus célèbres d'Afrique. Nous avons aussi des ambitions mondiales. Faire en sorte que nous soyons comptés parmi les meilleures universités par rapport à nos programmes de formation et à la qualité de nos enseignants chercheurs .Nos résultats au CAMES me réconfortent dans cette position. Aussi faut-il qu'on voit la qualité, l'esthétique de nos infrastructures. On est un peu inquiet de ce côté. Il est important que lorsque des gens viennent en Côte d'Ivoire, qu'ils sachent que l'architecture de l'UAO présente une particularité. Et que les gens soient curieux de venir voir comment l'institution a été bâtie ; et naturellement il y a les programmes qu'il faut voir se déployer. Nous sommes en train de travailler pour que dans deux ans, nous ayons les meilleurs programmes de formation. Il faut que nous puissions labéliser cette institution et résoudre en même temps le problème de l'employabilité. Lorsqu'une institution est labélisée, ses diplômés trouvent aisément du travail. Ils sont même réclamés avant la fin de leur formation et c'est cela notre projet fondamental.

L P : Un message à lancer ?
P L : Une institution comme la nôtre, qui a de grandes ambitions, a besoin d'être accompagnée par l'Etat et par tous nos partenaires. Ils devront faire confiance à l'équipe dirigeante de l'université, aux animateurs que sont les enseignants, les étudiants et le personnel administratif et technique. Tous ces acteurs travaillent à ce que cette institution devienne un label. Ils y travaillent sérieusement. Ce que nous demandons, c'est que l'Etat fasse en sorte que cette institution, par son fonctionnement, ses moyens et aussi par son savoir-faire, puisse être aidée de façon conséquente de manière à nous permettre aussi d'honorer le grand nom que porte l'institution.

Interview réalisée par Coulibaly Souleymane, Correspondant
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