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Politique Publié le mardi 20 août 2013 | Le Patriote

La grande interview / Tapé Do (Ex-président de la Bourse de Café et cacao) : “Personne ne peut empêcher Ouattara de faire 10 ans”

© Le Patriote Par DR
Filière café-cacao : Tapé Doh Lucien, ex-PCA de la Bourse du Café-cacao (BCC)
On le reconnaissait avec son éternel chapeau melon. Mais aujourd’hui, il a troqué le melon à la casquette anglaise. Il, c’est Tapé Do, l’ancien président du Conseil d’Administration de la Bourse du Café et du Cacao. L’ancien baron de la filière café-cacao qui est aujourd’hui entre Abidjan et sa ville natale Issia, a au cours d’une rencontre dans un supermarché de la place, accepté de s’ouvrir à Le Patriote. Sans fard et sans porter de gant, celui qui est en ce moment en liberté provisoire dans le procès de la filière café-cacao revient sur sa gestion à la tête de la BCC, parle de la Côte d’Ivoire de Ouattara et dit ce qu’il pense des principaux hommes politiques qui ont marqué la Côte d’Ivoire ces dernières années. Interview.
Le Patriote : Dans la filière café cacao, beaucoup de choses se sont passées et on sait que vous êtes en procès avec l’Etat de Côte d’Ivoire pour votre rôle dans les scandales qui ont émaillés la filière. Que pensez-vous véritablement du réquisitoire du procureur de la République, qui demande que vous soyez condamnés à de lourdes peines ?
Tapé Doh : La justice est composée des juges, des procureurs et des avocats. Chacun de nous s’est expliqué. Nous attendons la décision du juge. Avant cette décision, je n’ai pas de procès à refaire dans la presse.

LP : Mais nous savons que le procès a commencé et beaucoup de choses ont été dites. On vous reproche d’avoir mal géré la filière et d’avoir empoché par devers vous des milliards.
TD : Ecoutez, je me répète : je dis clairement que ces questions nous ont été posées. On s’est expliqué. A l’issue de nos explications, le procureur a prononcé son réquisitoire et après les avocats ont réagi. Nous attendons la décision finale. Le juge lui-seul est responsable du verdict.

LP : On vous sait aussi chef de communauté à Issia et nous sommes en pleine réconciliation nationale. En tant que chef, que faites-vous pour que les Ivoiriens se parlent entre eux à nouveau ?
TD : C’est une entreprise que nous avons commencé il y a longtemps. Avant même d’être chef, nous avons pris notre bâton de pèlerin pour réconcilier les Ivoiriens. Et maintenant si on le devient effectivement, nous allons continuer de nous y atteler pour aider ceux qui sont aujourd’hui au pouvoir. Vous savez, chez nous les Bété, nous mettons souvent au banc des accusés les gens qui tuent leurs propres femmes ou leurs enfants ou même l’enfant de ceux qui ont un fils unique. Ces personnes parfois avouent leurs crimes au cours de la palabre. Mais après tout, on finit par se réconcilier. La Côte d’Ivoire est notre pays à tous. Quelque chose est survenu, il faut se mettre ensemble régler cette chose, il faut que chacun comprenne qu’il doit prendre part à l’effort de réconciliation. De toutes les façons, nous sommes condamnés à nous réconcilier, tôt ou tard. La réconciliation des Ivoiriens aura bel et bien lieu.
Si le Président Alassane Ouattara a mis les pro-Gbagbo en prison, il a sa raison. Peut-être que c’est pour calmer le jeu. C’est pour mettre balle à terre. On ne peut pas, après s’être battus comme on l’a fait lors de la crise postélectorale, penser que les choses allaient se passer aussi simplement. Il y a eu la guerre, il y a eu des morts partout. Donc, le rôle du Président de la République était de calmer le jeu et ensuite faire des sacrifices. Et les sacrifices, c’est de libérer ceux qui ont fait la prison. Aujourd’hui effectivement, on voit bien qu’il les a libérés. Et cela est une bonne chose pour la réconciliation nationale. Car les parents et enfants de ces personnes qui ont été libérés sont forcément satisfaits aujourd’hui et finiront même au fil du temps par oublier que ces 14 pro-Gbagbo ont fait la prison. Mettons-nous donc ensemble pour aider le chef de l’Etat à diriger la Côte d’Ivoire. Lors des prochaines élections, si nous trouvons qu’il a mal géré, on ne le vote pas tout simplement. Le chemin de la violence n’est pas le bon chemin, parce qu’en général ceux qui sont tués sont des innocents.

LP : Quel est justement votre avis sur la libération des 14 pro-Gbagbo ?
TD : Vous savez, moi je tiens à remercier le président de la République. Parce que ce qu’il a promis, il l’a fait. Moi, j’appelle ça un homme, au sens noble du terme. Il a dit qu’il voulait que la justice fasse vite pour que ceux qui sont en prison soient jugés. Eh bien, c’est chose faite.

LP : Mais certains disent déjà que deux ans passés en prison, c’est trop et qu’ils auraient dû être libérés plus tôt.
TD : Vous savez, diriger la Côte d’Ivoire n’est pas facile. Il y a 60 ethnies qu’il faut réussir à faire vivre ensemble, après une guerre comme celle que nous avons vécue. Croyez-vous que, dans l’immédiat, on pouvait libérer des gens qui ont pris une position qui a causé les morts que nous avons eus en Côte d’Ivoire ? Et en plus, des gens qui se tapaient la poitrine après un tel drame ? La preuve, regardez vous-même qu’après leur libération, ils continuent à se taper la poitrine. Vous croyez que si on les libérait vite, la Côte d’Ivoire n’allait pas retomber dans la guerre ? Il fallait donc laisser les choses se calmer, mettre balle à terre. Ce que moi je demande aux familles des gens qui ont été libérés, c’est de s’asseoir tranquillement avec leurs parents pour leur donner des conseils. Que ceux qui ont fait la prison s’abstiennent de dire des choses qui vont envenimer la situation. Parce qu’ils ne sont qu’en liberté provisoire et on peut les reprendre encore pour les mettre en prison.

LP : Que répondez-vous à ceux qui disent que ce n’est pas suffisant, que Gbagbo, sa femme sont en prison et tant qu’ils y sont, il n’y aura pas de paix et de réconciliation ?
TD : Nous croyons que le Président Alassane Ouattara est un homme avisé. Avant de poser un acte, il pèse le pour et le contre. Ce qu’il a dans la tête, il n’y a que lui seul qui le sait. Il ne faut pas que les gens réfléchissent à sa place. Les gens pensaient qu’en libérant les 14, la femme de Laurent Gbagbo et Blé Goudé seraient dedans. Mais ça viendra, chaque chose en son temps. Nous qui parlons aujourd’hui, quand nous avons fait la prison, les gens disaient qu’on va faire une semaine. On a fait trois ans. Et finalement, où sommes-nous aujourd’hui ? Nous sommes sortis. Nous sommes en liberté provisoire. Alors laissons faire les choses. Pardonnons-nous les uns les autres pour que la Côte d’Ivoire aille de l’avant.

LP : Quand vous étiez sorti de prison, vous avez remercié le président Alassane Ouattara pour ce qu’il a fait et en son temps, on vous avait traité de traitre. Est-ce vous vous sentez vraiment l’âme d’un traître ?
TD : Vous savez, les gens qui parlent dans l’obscurité, moi, je ne les écoute pas. Alassane Ouattara a dit à Issia, lors de sa campagne : « Mais pourquoi Tapé Do après avoir fait deux, trois ans, est toujours en prison. Mais une fois que moi je deviens président, je vais le libérer ». Ses paroles ont fait que peut-être j’ai été libéré. Comment voulez-vous que je ne le remercie pas ? Pour moi, je dois toujours le remercier à chaque fois que j’en aurai l’occasion.

LP : Justement, que pensez-vous de l’homme Ouattara ?
TD : Ma conviction, c’est que cet homme n’est pas mauvais. Vous savez, je l’ai connu quand il a perdu sa maman à la Riviera. Je suis allé là-bas en tant que chrétien, lui exprimer ma compassion. Je ne comprends pas pourquoi dans ce pays lorsqu’on n’est pas du même bord politique, il faut s’éviter. Moi, le PDCI m’a dit que j’étais FPI, quand j’ai exprimé ma reconnaissance à Laurent Gbagbo pour mon poste de président de la Bourse du Café et du cacao. J’étais au village, à moto. Maintenant, je suis dans une voiture. Pourquoi je ne dois pas remercier Gbagbo grâce à qui j’ai eu tout ce que j’ai? Aujourd’hui, je remercie Alassane Ouattara parce qu’il a posé un acte de bonté à mon égard, on me traite de traître. Mais vous pensez que tous les actes qu’Alassane Ouattara pose sont négatifs. Non ! Il y a des actes qu’il pose qui sont positifs. Il les pose à l’endroit de certaines personnes et celles-là doivent le remercier comme il se doit. Je ne peux pas demander la permission de qui ce soit pour dire merci à Alassane Ouattara. Moi, je dirai toujours merci à Alassane Ouattara. J’entends qu’il vienne à Issia pour le recevoir. C’est pourquoi je suis un peu gêné par le différend qui est survenu lors de l’élection du chef de canton à Issia. Celui qui était là, qui n’est pas chef de canton, qui tape la poitrine et qui se dit qu’il est chef de canton, disait que comme Alassane Ouattara est venu à Issia, on veut l’enlever. Je dis que je suis désolé. Le candidat du RDR, dans mon village, grâce à moi, il a obtenu 500 voix pour toutes les élections. Toi, dans ton village, tu as donné 14 voix pour toutes les élections. Entre nous deux, qui aime Alassane Ouattara ? C’est moi ! Alassane Ouattara n’est pas contre Issia. Alassane Ouattara peut venir à Issia comme il peut. Ce n’est pas lui qui l’a fait venir à Issia. C’est la députée Célestine Tazéré. Ce sont les responsables politiques du département, de la région qui ont mis leurs efforts ensemble pour faire venir Alassane Ouattara à Issia. Et c’est pourquoi, moi si j’étais là, j’allais lui donner un poulet et lui dire : «Merci, grand frère». Moi je dis que je soutiendrai Alassane Ouattara dans tous les combats. Qu’ils demandent à Gon Coulibaly (NDLR : le ministre Amadou Gon Coulibaly, actuel secrétaire général de la Présidence) quand il était venu à Issia. J’ai toujours dit que moi, après le PDCI, je serai RDR à cause d’Alassane Ouattara. Je l’ai dit. Gon Coulibaly peut témoigner, il est là. Donc moi, je ne triche pas dans mes choses. Je ne suis pas là pour gagner des points. Je ne suis pas fonctionnaire, je suis un planteur. Si ça ne marche pas, je retourne dans mon champ. Je ne vais pas dans un bureau. Donc je ne crains rien. C’est pourquoi nous demandons au Président Alassane Ouattara de laisser tomber ce qui est arrivé.

LP : Tapé Do est donc où ? Au PDCI, au FPI ou au RDR ?
TD : Ecoutez ! Les Noirs accusent toujours sans chercher à comprendre. J’ai voulu être candidat à la députation pour le compte du PDCI. J’ai participé à des réunions du PDCI afin de sensibiliser la base. On m’a dit : « Tu étais avec Gbagbo, tu ne peux pas être notre député ». Partout, mes amis ont été candidats et c’est ma seule candidature que le Président Bédié a annulée. On m’a dit que je n’ai pas été encore jugé. Donc, je ne pouvais pas être candidat. Mais j’ai rétorqué que je n’ai pas été condamné. Je considère que le PDCI n’est pas un club de soutien et nous nous sommes investis dans ce parti. Quand les gens se sont mis ensemble pour enlever Henri Konan Bédié à la tête du PDCI, j’étais le seul à le soutenir. Parce que quand j’aime quelqu’un, je l’aime de tout mon cœur. Mais aujourd’hui, je n’apprécie pas le désordre qui s’est installé au PDCI.

LP : Qu’est-ce que vous appelez désordre et pourquoi estimez-vous que le PDCI-RDA est un club de soutien ?
TD : Le désordre s’est installé au PDCI-RDA. Parce que dans toute organisation, il y a des textes. S’il y a un Congrès, on applique les textes. Mais le PDCI a toujours un système qui, selon moi, est dangereux. Sous Yacé Philippe, à Daloa, il y a un jeune qui s’est présenté contre Mathieu Groguhet. Yacé Philippe a dit à ce jeune : «Le PDCI n’est pas fait pour les jeunes. Nous voulons les vieux». Depuis lors, le PDCI n’est plus devenu un parti solide. Parce que les gens ne disent pas la vérité. A partir du moment où on privilégie l’intérêt des ethnies dans les partis, il y aura toujours du désordre.

LP : Qu’est-ce que vous voulez dire exactement. Voulez-vous dire que le Président Bédié ne devrait pas se présenter au prochain Congrès et que le président de la jeunesse du PDCI-RDA, Kouadio Konan Bertin, a raison ?
TD : J’étais au Congrès où Bédié a dit qu’après 75 ans, on ne pouvait plus être candidat. Je suis donc surpris qu’on dise aujourd’hui qu’il faut confier la présidence du PDCI à Bédié. Quelque chose qui est si simple, on veut le compliquer. Pourquoi Bédié ne s’est pas entendu avec le secrétaire général pour demeurer à la tête du Parti. Je pense que c’est comme ça que le deal devrait s’organiser. Mais, je ne suis pas d’accord avec les motions de soutien qu’on impose aux secrétaires de section dans les départements, dans les villes. Donc, je ne vais pas participer ce Congrès.

LP : Mais la procédure a toujours été ainsi. C’est après le toilettage des textes qu’on enregistre les candidatures.
TD : Je suis d’accord. Mais, je dis que si on a fait le toilettage des textes, ils ne peuvent pas être appliqués immédiatement. Les textes modifiés s’appliquent au prochain Congrès et non au Congrès du moment. Il faut que l’alternance soit une réalité dans les partis politiques. Je pense que c’est la candidature de Bédié qui pose problème au PDCI-RDA.

LP : A vous entendre parler, vous n’êtes plus PDCI, de quel bord êtes-vous au juste ?
TD : En côte d’Ivoire, quand tu dis la vérité, on te taxe d’être de tel ou tel bord. Je ne sais pas si les Ivoiriens veulent qu’on leur mente toujours. Aujourd’hui, il y a beaucoup d’intellectuels et de cadres en Côte d’Ivoire. Qu’est-ce qu’ils deviendront s’il n’y a pas l’alternance au niveau des partis politiques ?

LP : Le président Bédié a pourtant expliqué que le PDCI risque de se disloquer s’il part maintenant.
TD : Je pense que quand tu veux laisser un héritage, il faut bien le préparer. Mais, il ne faut surtout pas laisser l’héritage dans le désordre.

LP : Peut-être que c’est pour justement empêcher que le désordre s’installe après lui qu’il tient à rester un peu encore. Il a peut-être compris que certains veulent forcément attirer le PDCI vers le FPI.
TD : Même si c’est pour cela, je pense que Bédié devrait réunir le Bureau politique pour expliquer ce point de vue. Ce n’est pas une alliance PDCI-FPI qui fera tomber le Président Alassane Ouattara. C’est Dieu qui l’a mis au pouvoir et c’est Dieu qui décidera de son avenir.

LP : Le Président de la République dit qu’il est candidat en 2015 pour parachever les grands chantiers qu’il a entamés. Qu’en dites-vous?
TD : Je suis d’accord ! Parce qu’il a accusé beaucoup de retard pour commencer son mandat. La crise postélectorale l’a empêché de prendre le pouvoir comme il se devait. Je suis également d’accord qu’en 5 ans, il ne peut pas finir tout ce qu’il a entrepris. Donc il lui faut 10 ans. Il faut que les gens comprennent cela. Ouattara est venu pour travailler pour la Côte d’Ivoire. Si Alassane Ouattara était devenu le Président de la Côte d’Ivoire dépuis la mort du Président Félix Houphouët-Boigny, le pays n’en serait pas là. Mais les gens l’ont empêché. Aujourd’hui qu’il est au pouvoir, les gens veulent encore l’empêcher de gouverner. Je demande aux uns et aux autres d’arrêter cela. Personne ne peut l’empêcher de faire 10 ans au pouvoir. Tout dépend de Dieu.

LP : Que pensez-vous de son action à la tête de la Côte d’Ivoire?
TD : Je pense qu’on ne peut pas juger l’action d’Alassane Ouattara maintenant. Il a entrepris beaucoup de choses. Il a hérité d’un pays qui a connu la guerre. Aujourd’hui, il est en train de réconcilier les Ivoiriens, de construire des ponts et les routes, de faire redémarrer l’économie ivoirienne. Je pense qu’il est sur la bonne voie. Mais, attendons d’abord avant de le juger. Cependant, je lui dis de ne pas gérer les humeurs des gens. Parce que le Noir quand il ne t’aime pas, il ne t’aime pas. Et tout ce que tu fais aussi. C’est sûr quand tu vas demander à un militant du FPI son avis, il n’appréciera pas tout ce que le président Ouattara fait à la tête de l’Etat. C’est la même chose quand Gbagbo était là, les gens du RDR n’appréciaient pas tout ce qu’il faisait. Donc, je lui dis de travailler et de laisser les gens parler.

LP : Est-ce qu’on peut avoir votre appréciation personnelle sur tout ce qui est en train d’être fait ?
TD : Quand je vois les universités ivoiriennes qui sont devenues propres, je suis content. Avant, on ne voyait pas les bâtiments de loin. Mais aujourd’hui, les universités font la fierté de la Côte d’Ivoire. Je crois aujourd’hui qu’un professeur et un économiste ne font pas le même travail.

LP. : Parlons de la gestion de la filière café-cacao. Avez-vous aujourd’hui des regrets ?
TD : Ce qu’il faut retenir, c’est que le café et le cacao appartiennent aux paysans et non à l’Etat. Car, l’Etat ne produit pas le café et le cacao. Il faut que les paysans s’organisent pour aller voir le Président de la République pour prendre le contrôle de la filière. Sinon, pour le moment, moi je ne vois rien.

LP : Vous étiez le Président de la Bourse du café et du cacao, êtes-vous fier de votre gestion ?
TD : Si aujourd’hui, on est connu et respecté, c’est grâce à notre travail. Je remercie les Ivoiriennes et les Ivoiriens qui ont apprécié notre travail à tête de la Bourse du Café et du Cacao. J’ai travaillé avec des experts et donc je suis connu au plan national et international. Je ne suis pas un gérant, je ne suis pas un économiste. Mais je dis quand tu gères une affaire et ça n’a pas marché, tu ne dois pas céder au découragement. Bien au contraire, tu recommences. Si les gens pensent qu’on a mal géré et qu’on nous reproche des choses, on doit nous remplacer par d’autres personnes et non enterrer la filière.

LP : Sous votre gestion, il y a eu beaucoup de scandales, notamment l’affaire de l’usine de Fulton?
TD : Je ne pense pas que ces gens qui disent cela, vont au procès qui se déroule actuellement. Parce que l’usine de Fulton existe. Il y a eu des délégations qui se sont rendues à Fulton pour constater que l’usine existe. C’est une usine qui marche. Je dis dans toute chose, il faut l’organisation. Si vous voulez gouverner, il faut que le pays soit organisé. C’est l’organisation des paysans qui nous a manqué. Nous n’avons pas su organiser les hommes et cela a donné ce qu’on a pu constater.

LP Avez-vous espoir en la Côte d’Ivoire de demain ?
TD : Il faut avoir espoir en la Côte d’Ivoire de demain. Parce qu’aujourd’hui, nous avons des cadres compétents et valables non seulement pour la Côte d’Ivoire, mais également pour l’Afrique. Ceci dans tous les secteurs. Il faut agir de sorte que tous nos diplômés qui sont en Europe et qui travaillent, retournent en Côte d’Ivoire et je suis sûr que la Côte d’Ivoire sera un pays compétitif. Parce qu’elle sera dirigée par des hauts cadres qui savent ce qu’ils font. Il faut que le Président actuel et celui qui va lui succéder organisent les cadres pour qu’ils travaillent pour leur pays. Je pense qu’avec ça, rien ne pourra manquer à la Côte d’Ivoire.

LP : Je vais maintenant vous soumettre une liste de personnalités. Et vous allez me dire en quelques mots ce que vous pensez d’elles. Je commence par le Président Alassane Ouattara.
TD : Le Président Ouattara est très déterminé dans sa mission. Il est une valeur. C’est un économiste et l’on sait que ceux-là sont des travailleurs. C’est donc normal qu’il soit déterminé. C’est un haut cadre qui peut former par son action d’autres hauts cadres pour l’avenir de la Côte d’Ivoire.

LP : Laurent Gbagbo ?
TD : C’est un professeur, il a fait ce qu’il pouvait. Ce qui a manqué dans sa gestion, c’est la maîtrise de ses hommes. Parce que si tu ne sais pas maîtriser ce que tu fais, tu tombes dans l’erreur. Sinon que pour moi, c’est un historien, un grand cadre. Seulement, il a commis des erreurs. Il avait l’art de parler, mais il a commis des erreurs sans s’en rendre compte.

LP : Henri Konan Bédié ?
TD : Il a fait son temps. C’est un économiste comme Alassane Ouattara. Il a géré la Côte d’Ivoire pendant des années, et je n’ai pas vu de défaillance dans sa gestion. Mais, je vous dis que le passé n’a rien à faire avec le présent et l’avenir.

LP : Guillaume Soro ?
TD : Chez nous, on dit si tu n’es pas malin, tu ne peux pas manger l’escargot. Guillaume Soro est un garçon qui a la maîtrise de soi et il est très courageux. Il est passé par la prison. Il a été Premier ministre et aujourd’hui, il est Président de l’Assemblée nationale. Je lui demande d’être croyant, parce que chacun suit son chemin. Toutes les quatre personnalités que vous avez citées sont ceux-là dont nous avons besoin aujourd’hui pour le développement de la Côte d’Ivoire.

LP : Hamed Bakayoko ?
TD : Je l’apprécie beaucoup, parce que c’est un monsieur qui aime son prochain. Mon estime pour Hamed Bakayoko ne date pas d’aujourd’hui. Parce que même le Président Gbagbo m’a parlé de lui. Il m’a dit : «Tapé, Hamed est un enfant que j’aime beaucoup, parce qu’il est éloquent et il est combatif.»

LP : Kablan Duncan?
TD : C’est un monsieur calme qui ne se mêle pas trop de la politique. Quand le PDCI a perdu le pouvoir, il est resté chez lui et c’est de là que le Président Ouattara est allé le chercher. C’est un grand intellectuel que je respecte. En tout cas, je compte sur lui pour mettre de l’ordre en Côte d’Ivoire, parce que ce sont eux qui doivent inspirer le Président de la République dans sa mission.

LP : Djédjé Mady ?
TD : C’est un frère à moi et qui est compétent. Chez nous, les Djédjé, ce sont les hommes déterminés. S’il est avec toi, il est avec toi. S’il ne l’est pas, il ne l’est pas. Il a été fidèle dans son combat politique et il continue de le mener au sein du PDCI. Il mérite son poste de secrétaire général de ce parti.

LP : Et KKB ?
TD : KKB est un jeune qui arrive. Mais ce que je n’approuve pas, ce sont ses prises de position hors de son parti. Quand on est dans un parti politique, il faut toujours s’exprimer à l’intérieur. Car, en Afrique, on ne pardonne pas l’humiliation. C’est en cela que je remercie le Président Alassane Ouattara qui, malgré les humiliations qu’il a subies de partout, a aujourd’hui pardonné.

LP : Blé Goudé Charles ?
TD : Blé Goudé est un mobilisateur. A un moment donné, il a pensé qu’il était compétent. Il mobilisait et des personnes profitaient de ces mobilisations pour commettre des crimes. Il a été un serviteur de la Côte d’Ivoire. S’il a servi Gbagbo hier, il peut servir Alassane Ouattara aujourd’hui. C’est pourquoi je pense qu’il faut le libérer. Je pense que tous les fils et toutes les filles de la Côte d’Ivoire doivent être ensemble pour développer le pays. Il ne faut pas blâmer les uns et les autres pour leur choix.

LP : Si vous demandez de libérer Blé Goudé Charles, que doit-on faire des victimes alors ?
TD : Pour moi, il faut absolument dédommager les victimes. Elles sont nombreuses en Côte d’Ivoire. Il faut rendre hommage à ces victimes. Il faut permettre aux parents des morts d’oublier un tant soit peu leur malheur en mettant à leur disposition des moyens. Il appartient au gouvernement de réfléchir à cela. Moi, j’ai été victime de pillage. Il faut d’abord penser aux morts et ensuite aux victimes qui sont vivantes. Aujourd’hui, les gens accusent les FRCI de tous les noms. Je pense qu’il faut plutôt les guider afin que les choses soient normales. C’est ensemble que les Ivoiriens trouveront les solutions à leurs problèmes.

LP : Tapé Do est présenté comme un homme à femmes, qui a distribué en son temps des « Rav 4 » à des jeunes filles. Qui êtes-vous exactement ?
TD : C’est en cela que je demande aux gens d’être au procès. Je n’ai acheté aucune voiture pour donner à une fille. Le tribunal a appelé tous les banquiers, tous les concessionnaires et il a été prouvé que je n’ai acheté aucune voiture pour qui que ce soit. On dit que Tapé Do aime la femme, mais c’est normal. Qui n’aime pas femme ? J’étais marié légalement, avant mon divorce. Je suis un père de famille responsable avec 7 enfants. Je m’asseyais à SOCOCE, parce que j’estimais que le lieu était sécurisé. Depuis que j’étais au village en tant que planteur quand je viens à Abidjan, je m’essayais à SOCOCE. Je ne m’asseyais pas à SOCOCE après que je sois devenu président de la BCC. A la BCC, je ne touchais pas à l’argent. Donc, il ne faut pas que les gens fassent des amalgames entre la BCC et ma présence à SOCOCE.

Réalisée par Jean-Claude Coulibaly
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