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Politique Publié le lundi 7 octobre 2013 | Le Nouveau Réveil

Alain Cocauthrey, vice-président du Comité scientifique : « Le consensus crée un équilibre instable et n’engage que les médiateurs »

© Le Nouveau Réveil Par DR
Politique nationale: Alain Cocauthrey, Conseiller économique et social, ancien Ministre
Tout congrès ordinaire d’un Parti est un moment de retrouvailles fraternelles entre militants, de réflexions et de grandes décisions, mais aussi d’anxiété et d’émotions liées aux élections qui y sont organisées pour renouveler les instances dirigeantes. Qui sera président, qui sera secrétaire général, qui rentre au BP, etc. ?

Le XIIème congrès ordinaire du Pdci-Rda se tient dans un contexte de grandes incertitudes marqué notamment par 7 situations majeures.
A savoir :
(i)-la trop longue période de plus de 14 ans dans l’opposition, suite au coup d’Etat militaire injuste et injustifié de 1999. on peut percevoir aisément dans nos rangs, la démobilisation et la
poussée d’une partie des jeunes sous l’empire de l’impatience pour les uns, ou sous l’influence, l’activisme et le clientélisme de certains anciens, pour les autres.

(ii)-la crise militaro politique déclenchée en 2002 qui a déstabilisé et
désorganisé les bases militantes du Parti depuis 11 ans. cette crise surv
enue peu après son XIème congrès a provoqué, outre la guerre, des tueries
sur ses terres, l’exode des populations, le pillage. Des exactions de toutes
sortes ont été également enregistrées sur les bases du PDcI rDA, avec
l’expropriation ou la confiscation des biens, entrainant une paupérisation
extrême. De nombreuses situations anxiogènes et conflit gènes (conflits
fonciers, conflits agriculteurs éleveurs, coupeurs de route, etc.) sont à déplorer
au sein de la société dont la cohésion et le sens du vivre en commun sont
constamment mis à mal. une société épuisée, par la guerre, en attente d’in
demnisation urgente pour les victimes encore en vie et en quête de réconcilia
tion.

(iii)-la défaite inattendue à l’élection présidentielle de 2010, suite à l’élimi
nation de Henri Konan Bédié, son champion, dès le 1er tour, avec 25,24
% des voix face à Alassane Ouattara/rDr : 32,08 % et Laurent
gbagbo/FPI : 38,30% des voix.
Le PDcI rDA a le devoir de gagner la prochaine présidentielle pour rebondir,
ou se contenter des seconds rôles.

(iv)-la crise postélectorale meurtrière de 2010 qui a aggravé l’insécurité dans
le pays et prolongé le traumatisme des populations.

(v)-la défaite difficile aux élections législatives de novembre 2011. Le
PDcI rDA est passé de 98 députés sur 223 en 2000 soit (43,94%), à 94
députés sur 255 en 2011, soit 37 %. La répartition arbitraire et inéquitable des
32 nouveaux sièges supplémentaires à l’Assemblée nationale n’explique pas
tout.

(vi)-l’alliance payante avec le rDr au sein du rHDP qui a permis au candidat
du rDr devenu celui du RHDP au 2ème tour de gagner l’élection prési
dentielle de 2010.

(vii)-le bilan mitigé de l’alliance RHDP, à cause des frustrations de cer
tains militants du PDcI qui se sentent constamment floués. La nomination
d’un Premier Ministre issu du PDCI ne suffit pas à satisfaire toutes les
attentes. De nombreux réglages sont attendus par les militants du Parti, pour
assurer une répartition équitable des responsabilités et une meilleure ges
tion des attentes légitimes. comme on le voit, le XIIème congrès ordinaire se
tient à un moment où le PDcI rDA se trouve à la croisée des chemins. cela a
conduit certains observateurs à proclamer urbi et orbi que ce XIIème
congrès ordinaire du Parti est celui de tous les dangers. Je me permets d’em
prunter la plume et l’enseignement du Prof. robert niamkey Koffi, mon
maître, pour vous communiquer, ici imparfaitement, l’explication élo
quente et pertinente qu’il a donnée récemment pour que chacun de nos
militants, en en prenant la mesure, saisisse la gravité de la situation que
cette expression « être à la croisée des chemins » veut traduire. Etre à la
croisée des chemins, c’est se trouver à un carrefour. Et chacun connaît l’im
portance symbolique du carrefour. Le carrefour, c’est l’endroit privilégié des
embuscades, lieu des épreuves et de l’embarras dont on ne peut sortir qu’en
se montrant capable de choix et de décision. Etre à la croisée des chemins,
c’est donc, être dans une situation qui provoque et incite à démontrer sa
capacité de faire un choix, de prendre une décision à caractère salutaire voire
vital pour rebondir.

Dans nos sociétés africaines, le carrefour est ce lieu où l’on dépose, pour
s’en débarrasser, les ordures du village chargées de forces impures qui tuent,
si on ne réussit pas à les transmuter en forces positives qui purifient et
régénèrent.

Etre à la croisée des chemins requiert attention et vigilance pour choisir, au
coeur de l’aventure humaine ou politique, une nouvelle voie, le chemin
pour construire le destin nouveau auquel on aspire. c’est pourquoi le
carrefour est, par excellence, un lieu qui invite à la pause et à la réflexion,
un lieu de passage et de transmutation de vie, un lieu de régénération, bref, un
lieu de renaissance, et d’orientation nouvelle. c’est pour transformer cette
situation d’épreuves où le PDcI rDA se trouve, en un lieu d’espérance, que
le Parti tient congrès. Voila pourquoi le XIIème congrès s’est choisi pour
thème : «Le PDCI RDA face aux nouveaux défis : Renouveau,
Rajeunissement et Renaissance». Le renouveau répond au souci de
s’adapter au contexte actuel largement évoqué et marqué par la perte du pou
voir d’Etat. Le PDcI rDA nouveau aura des structures plus opérationnelles
débarrassées des lourdeurs avec des hommes et des femmes qu’il faut à la
place qu’il faut. Le rajeunissement qui permet de donner plus de vigueur au
Parti répond au souci d’assurer un renouvellement de qualité avec des
jeunes pétris de talents. La renaissance vise la régénération et le renforcement
du Parti, fort de sa grande expérience, de ses succès passés et de ses nom
breux atouts.

Le XIIème congrès ordinaire du Parti suscite donc, à juste raison, beaucoup
d’enthousiasme et d’espoir au sein des populations militantes dans la mesure
où ledit congrès est appelé à faire renaitre des cendres du Parti, le PDcI
rDA nouveau pour le destin nouveau auquel aspirent les militants.

Pourtant, depuis l’annonce de plusieurs candidatures à la présidence du PDcI
rDA contre le Président sortant, le Président Henri Konan Bédié, les pas
sions se déchaînent et inquiètent l’opinion. Pour certains analystes, ces
candidatures multiples seraient le signe d’un malaise entre le Président du Parti
et son secrétaire général candidat.

Pour d’autres, elles porteraient les germes d’un conflit sérieux et d’une divi
sion profonde du Parti. Aussi, certains conseillent ils de reporter le congrès,
par prudence, pour prendre le temps d’aplanir les dissensions et d’obtenir
le consensus.

Ce n’est pas mon avis. Pourquoi ?

D’abord, parce que le congrès ne se limite pas qu’à l’élection d’un nouveau
président. Ensuite, à vouloir éliminer le conflit, nous éludons l’opportunité
de le dépasser. nous pourrions, aussi, sacrifier un meilleur possible au profit
d’une démocratie du moindre mal. Le dissensus observé, porteur du conflit
nécessaire, avec toutes les candidatures annoncées, va, à mon avis, par le lien
fécond de la parole et des critiques constructives, renforcer et consolider
le souffle de la démocratie interne au PDcI rDA. D’ailleurs, de mémoire de
militant, le consensus politique lors des élections, même par les primaires
régulières, est un équilibre instable des intérêts qui n’engage, bien souvent,
que les médiateurs ou facilitateurs.

Même, lorsque la bonne foi est au rendez vous.
Il est donc bon que chacun se mesure et pèse son propre poids.
Au demeurant, le XIIème congrès ordinaire, qui est passage et non aboutisse
ment, doit être pour chacun le carrefour, ce lieu où l’on dépose, pour
s’en débarrasser, les ordures chargées de forces impures qui pourraient
provoquer une fissure hémorragique, affaiblir le Parti et le détruire. chacun
doit se soumettre aux règles de la démocratie, chemin de liberté et
d’équité, en acceptant le verdict des urnes, une fois pour toutes. Tous ceux
qui refusent cela porteront une lourde responsabilité devant l’histoire.
on peut le dire, le PDcI rDA est visiblement prêt à opérer sa mue pour se
donner les armes politiques de demain, et son présent congrès, au thème si
évocateur, vient bien à propos.

Le XIIème congrès ordinaire sera donc, certes, l’occasion d’analyses
sans complaisance de la situation du Parti et de sa gestion, mais surtout celle
de réflexions approfondies et de propositions concrètes constructives pour sa
renaissance. Pour y parvenir, il nous faudra éviter de transformer nos assis
es en joutes oratoires, confrontations stériles et en règlements de comptes. Il
convient d’éviter également les propos haineux, condescendants, insultants,
méprisants ou infantilisants pouvant faire perdre le sens des perspectives.

A 67 ans en 2013, le PDcI rDA est le plus vieux parti du continent après
l’Anc de l’Afrique du sud. Durant son existence, le Parti a connu et su tra
verser bien des épreuves et des situations difficiles. on peut brièvement
rappeler le décès du père fondateur qui a fortement ébranlé le Parti à cause
du choc des ambitions, la perte du pouvoir en 1999, l’expérience de l’opposi
tion, le chômage prolongé des cadres et le débauchage des militants affamés
par le pouvoir, la déstabilisation planifiée par certains partis concurrents, la
répression politique, etc. on dit qu’une épreuve qui ne tue pas, rend plus fort.
La grande qualité des cadres, l’expérience et la sagesse des nombreux
anciens dont regorge le Parti nous donnent l’assurance et la confiance quant à
l’issue heureuse de notre congrès.

Nul doute que le PDcI rDA saura gérer ses propres contradictions
internes, le choc des ambitions et surtout esquiver les coups fourrés de
certains adversaires, pêcheurs en eaux troubles.

Force est de constater que, des candidats à la Présidence du PDcI rDA ont
quitté, malgré les promesses, le parti, par dépit ou pour des raisons person
nelles. Bien entendu, l’adhésion à un parti est libre et librement consentie.
cependant, le PDcI rDA, parti de rassemblement, doit s’employer à con
jurer les fissures capricieuses, parfois pernicieuses de l’édifice pour éviter les
«SPIN OFF», grands militants qui quittent, mécontents, le Parti. Le
PDcI rDA ne doit pas et ne saurait s’y résigner ! Je me permets d’engager, ici,
la responsabilité bienveillante de tous, tout particulièrement celle des sages du
Parti, avec respects, pour rechercher en toutes circonstances, ardemment, l’a
paisement des esprits et des coeurs en vue de maintenir la flamme militante
allumée pour tous.

Au total, le XIIème congrès ordinaire sera bien, comme le veut le peuple, le
congrès de la maturité démocratique pour la renaissance du PDcI rDA.
«Vox populi, vox Dei» ! Il sera l’occasion pour nous, d’additionner nos
forces et nos intelligences, et de rechercher ensemble les solutions
idoines qui permettent de moderniser et de rajeunir le Parti afin de lui
redonner sa pleine capacité de faire face aux nouveaux défis. La recon
quête du pouvoir d’Etat est à ce prix. Cela est possible.
Je souhaite, pour ma part, que nos assises se déroulent dans l’unité, la
concorde et le respect les uns des autres, pour que vive le PDcI rDA
nouveau. un PDcI rDA rajeuni, remobilisé, rassemblé autour de ses
dirigeants. un parti aux capacités renforcées et branché sur ses objectifs
politiques, dans la cohésion et la paix.
Alors, vivement le XIIème congrès ordinaire pour qu’advienne le PDcI
rDA de l’espérance ! Pleins succès à nos assises !
Abidjan, le 30 Septembre 2013.

ALAIN COCAUTHREY (alco@aviso.ci)
Vice-président du Comité Scientifique du
XIIème Congrès ordinaire
Ancien Ministre de l’Industrie
Membre du Bureau Politique du PDCI-RDA
Inspecteur du Parti
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