x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Necrologie Publié le lundi 14 octobre 2013 | L’Hebdo Ivoirien

Mort du Pr Tahi : On a tué notre Drobo II

Décédé en fin de semaine dernière, le Pr Tahiri Zagret-Boigny, est une énorme perte pour le monde de la recherche scientifique de Côte d’Ivoire. Mais surtout pour ces milliers de malades qu’il était en train de guérir, à l’instar des ceux à qui, il a déjà permis de retrouver la santé totale. Notre Drobo 2 est parti. Triste fin semblable à celle de son illustre prédécesseur ghanéen. Nous vous reproduisons l’intégralité de l’interview qu’il avait accordée à un confrère avant sa disparition.

A 83 ans, le Professeur Tahiri Zagret-Boigny, l’un des premiers savants ivoiriens, inventeur du Kabiex et du Kaviex, remèdes reconnus efficaces contre les hépatites, le cancer et le VIH sida est un chercheur qui veut léguer ses connaissances à ses pairs africains avant de mourir. Pour lui , le Sida, cette pandémie qui sème la désolation dans le monde entier ne doit plus faire peur car depuis 1993 ses recherches lui ont permis de venir à bout du virus.

C’est un homme de science très convaincu et convaincant que nous avons rencontré en sa résidence le weekend dernier. Loin d’être un entretien testamentaire, cette entrevue dénonce le manque d’intérêt des autorités pour la recherche scientifique et le complexe d’inf Lisez plutôt.

Professeur, êtes-vous sûr de guérir le Sida ?

( Rires ). Je crois que cette question ne doit plus se poser. Mais comme vous êtes journaliste, c’est votre droit. C’est bien l’un des vôtres, Ladji Sidibé ex-journaliste à Ivoir Soir qui a eu le nez creux en montrant le résultat de mes recherches sur le VIH en 1994 au cours d’un entretien.. Je pense que c’est un journaliste audacieux parce qu’à cette époque, dire qu’un africain guérit le sida paraissait de la folie. La communauté scientifique a reconnu plus tard le résultat de mes recherches. J’ai ici ( en montrant des bulletins d’analyses médicales ) des personnes séropositives que j’ai rendues séronégatives. Ce n’est pas de la magie. La science c’est la démonstration des preuves. Les noms des malades que j’ai guéris sont consignés dans mes notes mais il est clair que pour des raisons de secret médical je ne peux pas mettre cela à votre disposition sans leur consentement. Le Sida est une maladie comme toute autre maladie mais l’opinion en a fait tellement un mal mystérieux que les gens observent la loi du silence...

On se rappelle qu’à l’époque vous aviez dit qu’il serait presqu’impossible de trouver un vaccin au VIH. Il semble que vous aviez eu raison...
C’est vous qui le dites ! ( Il se redresse de son siège ). J’avais dit à l’époque que le virus manifestait un polymorphisme réactionnel bio-éthérolitique et bio-radicalaire. Face à un tel virus, il serait sage de contourner les difficultés de fabrication du vaccin selon les méthodes classiques en vigueur dans les laboratoires actuellement en s’orientant vers d’autres inédites.

Pouvez-vous rendre plus accessible ce langage scientifique ?

Je voudrais simplement dire que tout scientifique sait que les éléments blancs du sang lymphocytaires interviennent pour défendre notre organisme à chaque fois que celui-ci est attaqué, agressé par des éléments extérieurs ( microbes, bacilles ou virus ). Ces éléments qui interviennent dans la défense de l’organisme contre les agressions extérieures sont appelés anti-corps. En général, un anti-corps est spécifique à son antigène. Cela me parait être une condition nécessaire pour que l’on parle d’efficacité ou d’état de guérison. A titre d’exemple, referons-nous au vaccin BCG utilisé contre le bacille de Koch ( agent pathogène de la tuberculose ). Ce vaccin ne peut être efficace contre l’hépatite virale ou l’hépatite B et vice-versa.

En clair ?

En clair, compte tenu du fait que le virus du sida est un virus mutant, il serait difficile de mettre un vaccin au point comme l’avaient annoncé à grand renfort publicitaire certains chercheurs. Plus de huit ans après ces déclarations le vaccin n’est pas encore trouvé. Observez vous même !

Pourquoi êtes-vous resté dans l’anonymat après de telles découvertes ?

Bonne question ! Sachez que pour la communauté scientifique internationale et les nombreux malades qui viennent me voir je ne suis pas dans l’anonymat. A l’international, mes publications sur le VIH sont connues. Mais je vais au-delà en proposant des solutions pratiques aux malades. Et de mon point de vue, ce dernier aspect est important car la fin dernière de la recherche médicale c’est de trouver des solutions pratiques à nos maux. J’ai crée mon Institut de recherche en 1980 lorsque j’ai pris ma retraite.

C’est dans cet Institut situé à Yopougon Santé que j’approfondissais mes recherches sur les rétro-virus. C’est là-bas que j’ai mis au point des formules conjuguées pour préparer un médicament appelé Kabiex pour lutter contre les microbes et bactéries. Pour les virus j’ai mis au point le Kaviex. A l’époque, j’ai réalisé une courbe baptisée la courbe de Tahiri de CD4 et T4. A l’époque mes pairs ne voulaient pas accepter cette idée. Je suis allé en France pour breveter cette invention. Le temps m’a donné raison puisqu’aujourd’hui, beaucoup de chercheurs utilisent mes formules pour leurs travaux sur le VIH et les malades viennent se faire soigner avec succès au Kaviex et au Kabiex.

Pourtant beaucoup d’ivoiriens ne vous connaissent pas...
Vous n’avez pas tort ! Sur le plan scientifique je suis connu voire reconnu. Mais le problème c’est que l’Etat n’investit pas assez de moyens dans la recherche pour que les résultats de celle-ci soient vulgarisés.

Voici le drame des chercheurs du tiers-monde ! La recherche nécessite assez de moyens et l’Etat doit y injecter de l’argent. Sinon comment pouvons-nous contribuer à l’amélioration de la santé de nos populations si nos recherches dorment dans les tiroirs tandis que la population souffre ? J’ai rencontré ici même des étudiants et des chercheurs qui m’ont dit ceci : " Professeur, nous ne voulons pas mourir dans l’anonymat comme vous après tant d’années de recherches ". C’est triste mais c’est la réalité ! Ce sont des chercheurs qui ne veulent pas connaître le même sort que moi. Doit-on laisser les gens mourir du Sida alors que le traitement se trouve à portée de main ? Je dis non ! C’est criminel de penser ainsi. Ce qui est paradoxal c’est que les malades des autres pays viennent se faire soigner ici pendant me compatriotes continuent de souffrir de ce mal. Mon souhait c’est d’avoir assez de moyens pour produire ces remèdes en quantité industrielle pour sauver des vies.

En tant que chercheur africain, n’êtes-vous pas habité par un complexe d’infériorité ?
Complexe d’infériorité ? Pourquoi ? Je n’en sais rien. Beaucoup de gens pensent que la science est l’apanage de l’homme blanc. Ce n’est pas vrai. La science c’est la raison. Tous ceux qui sont doués de raison peuvent faire des découvertes scientifiques.

Je suis un savant résidant en Afrique qui guérit le sida. Dès lors que je guéris le Sida je pense qu’il n’y a plus de débat sur la nature ou l’origine du médecin-traitant. Il nous faut dépasser ce genre de débat si nous voulons rendre service à l’humanité. Si vous saviez que des occidentaux viennent se faire soigner, vous alliez en rire peut-être. On ne peut pas continuer à dire que le Prof Tahiri ne guérit pas le Sida tandis que les malades viennent trouver guérison auprès de lui.

Ne craignez-vous pas pour votre vie quand on sait qu’il y a de gros enjeux financiers en ce qui concerne le traitement du Sida ?

Je suis bien informé de ces enjeux. De grosses industries de préservatifs vont sûrement fermer. De grandes organisations qui luttent contre cette maladie vont certainement revoir leur mode de fonctionnement. Cela dit ! avions-nous le droit de laisser mourir les gens sous prétexte que celui qui a trouvé le remède du sida est un africain ? Il nous faut aller au-delà de ces considérations parce que des vies humaines sont en jeu. Pour moi le seul enjeu qui vaille c’est la guérison des malades.

Professeur, il se raconte que le Professeur Luc Montagnier vous a rencontré en 2008 lors de son passage à Abidjan pour en savoir davantage sur votre découverte. Qu’en est-il exactement ?
Luc Montagnier était effectivement à Abidjan pour recevoir un Prix dans le domaine de la Médecine. C’était donc lui qui était à l’honneur. Tous les chercheurs qui ont travaillé sur le sida ont eu leurs travaux consignés dans une revue scientifique à cet effet. Loin des projecteurs, il est passé me voir et m’a demandé de lui faire voir les résultats de mes recherches sur le virus car selon lui, j’étais très avancé dans sur le sujet. C’était comme il était venu me remettre son Prix. J’ai décodé le message et entre scientifiques nous nous sommes compris ( Rires ).

Qu’attendez-vous au juste de l’Etat ivoirien ?

Ce que je regrette aujourd’hui c’est de n’avoir pas formé assez de jeunes dans le domaine de la recherche spécifique sur le sida. J’ai pu mettre au point des remèdes contre le sida, les hépatites et les cancers de la prostate, du sein, de l’utérus etc... La Côte d’Ivoire est en avance dans la sous-région en matière de recherches biologiques. Malheureusement elle ne peut pas produire en quantité suffisante ces médicaments pour soigner le VIH. Mon plus grand souhait est que l’Etat de Côte d’Ivoire me donne les moyens de rouvrir mon Institut de recherche qui a été littéralement pillé pendant la crise post-électorale. C’est un véritable cri de cœur que je lance à l’endroit des autorités qui s’occupent de la recherche scientifique. J’ai des solutions pour traiter ce mal dont souffre l’humanité. C’est un honneur pour un chercheur de se mettre au service de ses concitoyens en les soignant. Pour ce combat je suis prêt à relever tous les défis. Je n’hésiterai pas présenter le résultat de mes recherches au plus sommet de l’Etat pour qu’une fois en Côte d’Ivoire, on sache qu’il y a des chercheurs qui trouvent et qui sont fiers de montrer les résultats de travaux à tout le monde. L’Etat doit jouer sa partition en encourageant la recherche.

C’est lui qui en sera bénéficiaire. Que ceux qui entendent mon cri de cœur réagissent. Il s’agit de sauver des vies humaines et là-dessus il ne faut pas lésiner sur les moyens. Merci pour vos compliments, votre soutient, vos coups de main. Que ce soit pour remercier, critiquer, ce site vit grâce à vous qui le visitez, toutes vos remarques sont les bienvenues et nous permettent de sans cesse améliorer le contenu, alors que dire sinon, Merci à vous tous de faire vivre ce site!

Anna Maria T.
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Titrologie

Toutes les vidéos Titrologie à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ